L’hyperpyrexie habituelle ou « physiologique »
Comme toute donnée physiologique, la valeur normale de la température est une moyenne, dont certaines personnes peuvent s’écarter. Ainsi une température élevée peut être observée chez certaines personnes sans que cela traduise un phénomène pathologique sous jacent. L’absence d’autres signes associées et la stricte conservation de l’état général sont des éléments très rassurants.
La fièvre simulée
– L’obsédé du thermomètre Suite à un épisode fébrile authentique, le sujet se sent toujours fébrile et multiplie les prises de la température, souvent dans des conditions aberrantes. Il se présente la plupart du temps avec des relevés biquotidiens de température depuis des semaines voire des mois.
La thermopathomimie
Elle se définie par une augmentation volontaire de la température par un sujet, le plus souvent averti. [41] De nombreux artifices et astuces peuvent permettre d’augmenter délibérément la température : flamme, lampe, friction sur les draps, contractions répétées su sphincter anal, etc. Différents indices permettent de démasquer la supercherie : • dissociation entre le pouls et la température • absence de variation nycthémérale, de frissons, de sudation lors de la défervescence thermique • fièvre trop élevée (supérieur à 41°C) • normalisation de la température si quelqu’un reste au pied du lit pendant la prise thermique • normalité de la température des urines prise lors de la miction. [17] 25 VII.8.3 – Les thermopathopsychose Il s’agit généralement de sujets exerçant une profession paramédicale ou médicale. Les modalités employées tournent autour de l’auto-inoculation de pyrogènes ou de substances septiques. Il s’agit là d’un début d’autodestruction ou équivalent suicidaire .
DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
Enquête étiologique
Les fièvres prolongées restent un défi diagnostique pour les médecins internistes. Plus de 200 causes peuvent être incriminées et il convient donc d’aborder la démarche diagnostique de manière raisonnée afin d’élaborer au mieux la prescription des examens complémentaires. Un interrogatoire complet et orienté permet d’évoquer le diagnostic dans 15 % des cas [45]. Il convient de garder à l’esprit que la plupart des patients présentant une fièvre prolongée ne sont pas atteints d’une maladie rare, mais d’une maladie courante d’expression inhabituelle et que 30 % des fièvres prolongées restent inexpliquées [45]. L’orientation diagnostique reposesur un interrogatoire rigoureux et détaillé, et sur un examen clinique complet qu’il faut savoir répéter. L’enquête doit découvrir aussi rapidement que possible une étiologie curable, notamment infectieuse, expliquant l’ensemble du tableau clinique. L’interrogatoire et l’examen physique occupent une place essentielle. Ils doivent précéder toute investigation notamment agressive .
Interrogatoire
Il doit être extrêmement détaillé ; il recherche : • l’origine ethnique • l’état de vaccination, notamment au BCG • les antécédents personnels (primo-infection ou tuberculose maladie, tumeur et son traitement, infection biliaire ou urinaire, accidents thromboemboliques, allergies, pathologie valvulaire cardiaque, interventions chirurgicales, abcès, corps étrangers, transfusion, prothèses biomédicales, soins dentaires récents, contages vénériens. • les activités (inhalations, profession de santé…) • les habitudes alimentaires • la présence d’animaux dans l’environnement proche, d’éventuelles morsures et piqures • les maladies de l’entourage et des membres de la famille, notamment la tuberculose et les maladies auto-immunes • les traitements prolongés, sans oublier ceux qui ne sont pas considérés comme tels par le malade (collyres, suppléments diététiques) et les traitements administrés depuis le début de la fièvre (antibiotiques, anti inflammatoires) • le mode de vie, notamment lieu de résidence, toxicomanie, comportement sexuel à risque, situation sociale, loisirs, bain de rivière, jardinage, chasse, promenades en forêt • les caractéristiques de la fièvre, jugées sur une courbe pluriquotidienne : mode d’installation, ancienneté, périodicité à court terme ou moyen terme, caractère ondulant • l’existence de manifestations associées : frissons, sueurs, chute tensionnelle, douleurs, symptômes fugaces non signalés spontanément par le malade tels que les faux-panaris, une éruption, des aphtes, une chondrite, etc. • la tolérance physique et psychique de cette fièvre : asthénie, amaigrissement, syndrome confusionnel.
Examen physique
L’examen physique doit être complet et répété. Il peut fournir, d’emblée, une orientation (tableau III). Les éléments suivants sont systématiquement notés ou recherchés : • Poids, fréquence cardiaque • Eruption cutanée permanente ou transitoire • Etat dentaire • Souffle cardiaque ou modification d’un souffle connu • Anomalies de l’auscultation ou de la palpation artérielle, incluant les artères temporales • Douleur à l’ébranlement du foie • Splénomégalie isolée ou associée à des adénopathies • Palpation thyroïdienne • Motilité articulaire et percussion osseuse • Palpation et auscultation abdominale • Examen des organes génitaux externes • Touchers pelviens [46] Au terme de cette étape clinique, il convient de réaliser des examens complémantaires en fonction du contexte clinique.