Historique de la Vallée de la Sahatany

Historique de la Vallée de la Sahatany

Dès 1904, Lefeuvre ouvre les premières carrières de la vallée de la Sahatany, à Maharitra et à Ampantsikahitra. C’est au pic et à la main que se fera l’essentiel de l’exploitation fournissant lors de la première année de production de plusieurs kilogrammes de rubellite ainsi que d’autres variétés colorées de tourmalines lithinifères. C’est ainsi qu’à partir de 1907 environ, les prospections et les exploitations de gemmes malgaches se multiplièrent, d’abord au sud d’Antsirabe où la Société Nantaise ouvrit des carrières à Antsongombato et à Antandrokomby. Ces premiers gisements de tourmalines lithinifères exploités, furent rapidement épuisés dès 1920. Dans la première partie du 20ème siècle, de nombreux sites furent intensivement exploités par les colons dans la région d’Antsirabe, et une lecture de la « minéralogie de Madagascar » par le géologue Lacroix donne une idée des merveilleuses découvertes, elbaïtes et morganites notamment, faites à l’époque. En 1922, d’après Lacroix, seuls les gîtes des éluvions d’Anjanabonoina étaient encore productifs. Cette exploitation des gemmes de la vallée de la Sahatany coninua tant bien que mal jusqu’en 1927, année où elle s’interrompit. Dand les années soixante dix, l’acquisition de la concession du gisement d’Anjanabonoina et une petite partie d’Ampantsikahitra par la société allemande Germadco généra des études complémentaires des sites qui permirent une reprise de l’exploitation dans ces deux régions. En 1979, après la nationalisation de la société, les conditions d’exploitation se détériorent, conduisant à la fermeture des sites. Plusieurs tonnes de tourmaline gemmes ont été extraites pendant ces périodes Nombreux échantillons de tourmalines de plusieurs variétés de couleur, de béryl, de quartz, de Spodumène, d’apatite, de topaze, de spessartite ont été extraits de ces sites, qui se poursuivent jusqu’à nos jours. Le champ pegmatitique de la Vallée de la Sahatany, d’âge panafricain, se situe dans un ensemble de métasédiments à tendances évaporitiques : les pegmatites potassiques et les pegmatites sodolithiques. De part l’étude microthermométrique des inclusions fluides dans le quartz, la topaze et le spodumène, ces fluides indiquent des conditions hydrothermales de températures élevées 19 autour de 350-500oC pour une pression de 2000-3000 bars. Les inclusions solides peuvent constituer des résidus du stage magmatique dans les gemmes hôtes. En juin 2001, un résumé de Federico Pezzotta, du Museum of Natural History, Milan (Italy) a décrit la Vallée de la Sahatany dans son ouvrage « Field Course on the Rare Element Pegmatites of Madagascar », que le sous-sol cristallin de la zone comprend des calciques et des marbres dolomitiques, des quartzites, des schistes, des orthogneiss, des stocks de leucogranitiques et un pluton gabbroïque. Qu’un grand nombre de pegmatites des sous-types Lepidolite, Elbaite et Danburite se produisent, réparties principalement dans des marbres. Les pegmatites mineures du sous-type Beryl-Columbite se produisent dans la partie nord-ouest du district. Les dykes sont entachés soit concordantes, soit discordantes avec la schistosité de la roche, et sont de la sousverticale à la presque horizontale. Depuis le début de ce siècle, l’exploitation minière des cristaux de Tourmaline polychrome, béryl rose, vert, bleu et polychrome, danburite, scapolite et kunzite, et ce jusqu’à ce jour. Au début de ce siècle, un certain nombre de pegmatites, y compris Tsarafara, Ilapa, Ampatsikaitra, Manjaka, Maharitra et Antandrokomby, produisent à partir de grandes cavités miarolitiques des spécimens spectaculaires avec des cristaux polychrome ou rouge de tourmaline et, dans certains cas, de gemme de béryl rose vif. Les pegmatites de Manjaka et Maharitra sont largement épuisées tandis que les autres zones sont encore productives. La majeure partie du dépôt, principalement dans le plus grand kaolinisé, est travaillé avec des centaines de puits dangereux, et les dépôts sont complètement couverts par des décharges. Néanmoins, certains puits produisent toujours de bons spécimens. Les plus rares sont les minéraux les plus connus comme les cristaux de rhodizite jaune et les très rares cristaux de behierite issus de Manjaka. Maharitra est la localité de type pour bityite (nommé par A. Lacroix après Mount Bity, le Le massif Ibity actuel) ; ce minéral a récemment été rédécouvert comme de bons échantillons à Ilapa. Des cristaux d’hambergite ont été trouvés à Maharitra. À Tsilaizina, de grands cristaux tabulaires de beryl rose, avec un noyau jaune-vert, étaient sortis au début des années 1990 dans une pegmatite kaolinisée comme décrit par A. Lacroix. Dans la même localité, hébergée dans un quartz massif, et rarement dans de petites cavités miarolitiques, la variété jaune de tourmaline riche en Mn (manganèse) « tsilaisite » a été découverte. Parmi les pegmatites les plus importantes, se trouvent des dykes d’Antandrokomby, la localité de type pour Manandonite et londonite. Cette pegmatite est un exemple du sous-type Danburite. Les Micas sont absents, et la danburite se rencontre soit dans la zone frontalière de la digue, où des cristaux jaunes pâles en centimètre sont hébergés dans du feldspath de grain moyen, ou dans la zone 20 de poche centrale à grain grossier, en cristaux avec de la tourmaline polychrome et rouge ainsi que du spodumène rose-vert. Exposé au Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris, un specimen collecté dans la région de Tompobohitra, dans la vallée de la Sahatany à Madagascar, qui provient des collections réunies par Alfred Lacroix pour la publication de son imposante « Minéralogie de Madagascar », 3 tomes édités entre 1922 et 192, fait partie de l’histoire de la Vallée de la Sahatany

Potentialités minérales de la Vallée de la Sahatany

Contexte général

Les gîtes minéraux de Madagascar ont été décrits par Besairie (1966) qui a établi une carte minière (Besairie, 1964-1977). Les travaux du Projet de gouvernance des ressources minérales (analyses des sédiments fluviatiles, études gîtologiques, recherches en métallogénie) ont conduit à une meilleure connaissance du potentiel minier et des modalités de formation des gisements. Les précisions qui ont été apportées sur les corrélations, au sein du Gondwana, avec l’Afrique de l’Est et de l’Inde ont aussi apporté une contribution importante à la métallogénie de Madagascar. Actuellement, le potentiel minier est le suivant, particulièrement sur les pegmatites :  Be-Nb-Ta-gemmes : Madagascar est connue pour l’abondance des pegmatites, source de béryls, de niobo-tantalates et de pierres précieuses. Ces roches sont partout en relation avec le magmatisme granitique à 500-550 mA. Les gisements d’émeraude de la région de Mananjary sont aussi d’origine métasomatique et leur genèse est à relier à la réaction de fluides pegmatitiques sur des roches ultramafiques riches en chrome (Moine et al., 2004). Les gisements d’émeraude de Ianapera au sud-ouest 21 d’Ihosy sont également à relier à une circulation de fluides hydrothermaux issus de la mise en place de pegmatites (Andrianjakavah, 2009 ; Andrianjakavah et al., 2009). Depuis une dizaine d’années, le pays est devenu un très important producteur de corindons gemmes (saphir et rubis) et, depuis 2004, un programme de recherche sur la genèse de ces gisements est mené par l’IRD (UR154 LMTG) avec l’université d’Antananarivo (Département des sciences de la Terre). On connaît des gisements liés aux basaltes alcalins (Rakotosamizanany, 2009) et aux roches métamorphiques, mais on exploite surtout des gisements alluvionnaires (Ilakaka) qui proviennent du démantèlement de nombreux types de gisements, surtout métasomatiques, découverts dans le socle cristallin (Giuliani et al., 2007 ; Rakotondrazafy et al., 2008) ;  Pour la zone de la Vallée de la Sahatany en particulier, elle s’étend au Sud de la ville d’Antsirabe le long de la vallée de la rivière Sahatany. Elle est limitée à l’Est par le massif quartzite de mont Ibity, et au Sud, comprend toute la partie de confluence de la Sahatany avec la rivière Manandona. Le sous-bassement cristallin de la zone est composée de marbres calciques et dolomitiques, de quartzites, schistes, orthogneiss, leucogranites, et d’un pluton gabbroiques. On trouve principalement dans les marbres un très grand nombre de pegmatites du Sous-type Lépidolite, du Sous-type Elbaite, et du Sous-type Danburite. Quelques rares pegmatites du sous-type Béryl – Columbite existent dans la partie la plus au Nord-Ouest de la zone. Les dykes forment des lentilles sub-verticales ou sub-horizontales. L’exploitation de pierres gemmes de tourmaline polychrome, de béryl rose, vert, bleu et polychrome, de danburite, scapolite et kunzite a perduré depuis le siècle dernier jusqu’à nos jours. 1.4.2 Contexte économique Autrefois haut lieu d’extraction du saphir dans les années 1990, Madagascar a, par contre, constaté une légère hausse du montant total de ses exportations officielles. Les quelques 10 586 tonnes de pierres exportées, contre 1 505 tonnes auparavant, soulignent de plus qu’une plus grande quantité de pierres fines forment dorénavant l’une des bases économiques gemmifères du pays, quartz, béryls, tourmalines et topazes (Canavesio, 2010), soit des gemmes extraites aussi par le Brésil et dont le principal partenaire n’est désormais plus la Thaïlande mais la Chine. 22 En 2010, La Chine se présentait comme le partenaire privilégié de nombre de pays extracteurs : dont le principal est Madagascar, qui y exportait la quasi totalité de ses quartz et améthystes pour 4,8 millions US$ en valeur, soit 15 107 tonnes et ses tourmalines pour 1,2 millions en valeur, soit 800 tonnes (UNComTrade 2012), une grande partie de ces pierres était généralement extraite de la région de la Vallée de Sahatany. Si les pierres les plus recherchées sont généralement de moindre qualité, les quantités demandées par la Chine venant de Madagascar restent néanmoins gigantesques et font du géant asiatique l’acteur émergeant du début de ce troisième millénaire. Ses importations de gemmes de couleur ont en effet été multipliées par huit en dix ans et ont pour principal objet d’alimenter son marché de consommation national et sa filière de production bijoutière. D’autres pays asiatiques se sont imposés sur la scène internationale comme des intermédiaires influents tel Singapour qui a multiplié par cinq ses importations entre 2000 et 2010, et par près de quinze ses exportations qui atteignent aujourd’hui 85 millions US$. La figure 7 montre une cartographie mondiale de la filière d’exploitation des pierres de couleur qui regroupe les principaux flux de pierres de couleur en 2010 (UNComTrade 2012) ; nous pouvons constater la place que Madagascar occupe sur le marché le monde, qui entre dans la catégorie des flux entre 5 et 50 millions US$en matière d’extraction minière annuelle. Figure 6 : Cartographie mondiale de la filière d’exploitation des pierres de couleur en 2010 (UNComTrade 2012) L’évolution mondiale des activités extractives est de plus en plus dépendante de la demande des pays émergents. Les conséquences de la croissance de ces pays sur les exploitations de pierres précieuses sont complexes car le marché des gemmes a de nombreuses particularités. 23 La demande est étroitement liée aux matrices socioculturelles de chaque pays. Par ailleurs, l’enrichissement des populations a également un impact sur la production de pierres telles que les saphirs ou les rubis. En effet, ces gemmes sont principalement extraites dans des exploitations informelles et cette activité est de moins en moins attractive pour une population dont le niveau de vie s’élève peu à peu. Dans les vastes gisements sri lankais et birmans, l’épuisement de la ressource est une autre menace. Finalement, si la croissance du marché du diamant est assurée par le Canada, la Russie et l’Australie, pour les autres gemmes, l’Afrique de l’Est est devenue le nouvel « Eldorado ». Dans ces pays, les contextes géologiques, économiques, politiques et sociaux sont très favorables au développement des exploitations artisanales de gemmes. Sur la figure 8 ci-dessous, on peut voir l’évolution des activités minières des pays d’Afrique et d’Asie depuis 1975 jusqu’en 2008. L’indice de développement humain (IDH) est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en 1990 pour évaluer le niveau de développement humain des pays du monde, sur la base de l’espérance de vie, du taux d’alphabétisme des adultes et du taux de scolarisation à l’école au primaire, au secondaire et au troisième cycle, ainsi qu’en fonction du revenu réel corrigé, les données les plus récentes des partenaires des Nations Unies et d’autres sources officielles étant utilisées. Pour Madagascar, selon cet IDH, en partant de + 0.400 en 1975, on a eu une évolution de plus de 0.100 unités, qui signifie que l’activité minière se développe dans le pays, et qui contribue à la reconnaissance de gemmes malgaches.

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