Flore et végétation du Ferlo

Flore et végétation du Ferlo

Le terme végétation est employé pour désigner le groupe de végétaux qui existent dans un espace géographique donné. Elle est déterminée par la strate herbacée, arbustive et arborée ; alors que la Flore peut être définie comme l’ensemble des espèces végétales qui poussent dans un écosystème (Guillaumet & Koechlin, 1971). Dans les formations végétales du ferlo, les espèces plus représentées sont le Balanites aegyptiaca, Calotropis procera, Boscia senegalensis, Acacia senegal et Combretum micranthum. Cette tendance a été soulignée par plusieurs auteurs, (Bille, 1974; Toutain et al., 1983; Akpo & Grouzis, 1996). La prépondérance de Calotropis procera serait dû au fait qu’il n’est pas appétée par le cheptel et ne peut être utilisé comme bois de chauffe par la population du fait de son pouvoir calorifique faible. La flore végétale du ferlo s’ordonne selon un gradient pluviométrique avec une disposition zonale des domaines phytogéographiques interrompus par quelques groupements azonaux au niveau de la vallée du Ferlo (Ndiaye et al., 2013). Les grande types de flore influencés par les grandes formations édaphiques, mais aussi par le climat qui joue un rôle essentiel dans la composition et la structure floristiques, se présentent sous forme de pseudo-steppes arbustives et de savanes arbustives à arborées caducifoliées, très ouvertes, souvent épineuses où prédominent Acacia raddiana et Balanites aegyptiaca (Sarr, 2009). En rapport avec les types de sols et la topographie, des ligneux comme Acacia senegal, Balanites aegyptiaca et Combretum glutinosum impriment leurs marques sur les paysages. Les type de végétation caractéristique du ferlo et le plus répandu dans un grand nombre de milieux sahéliens, les steppes arbustives et arborées présentent une strate arborée ou arbustive. Ce couvert ligneux joue un rôle important aux niveaux socio-économique et écologique. Il est considéré comme un indicateur utile pour évaluer la distribution des plantes ligneuses, leur impact sur les facteurs de production végétale entre les ligneux et les herbacées. A cette strate, est associé un tapis herbacé très discontinu composé essentiellement des herbacées annuelles avec une nette dominance des Poaceae comme le Dactyloctenium aegyptium, Cenchrus biflorus, Aristida mutabilis, Schoenefeldia gracilis, Eragrostis tremula, Tragus berteronianus et le Zornia glochidiata (Fall, 2014). La plupart des familles sont principalement constituées d’herbacées qui sont majoritairement des espèces annuelles. Les espèces ligneuses sont constituées essentiellement d’arbres épineux appartenant à la famille des fabaceae et à la sous famille des mimosoideae (Ba & Noba, 2001).

Importance de la Flore et de la Végétation

Comme dans toutes les zones à vocation sylvopastoral, les ressources ligneuses jouent un rôle important dans la vie des populations. Elles nourrissent la quasi-totalité des troupeaux, surtout les petits ruminants grâce à leur feuilles, fleurs et fruits (Ndong et al. 2015). Les espèces ligneuses sont d’une grande utilité pour la population du Ferlo. Elles entrent dans l’alimentation du bétail pendant la période de soudure et constituent aussi une source d’aliment, de médicaments et surtout de revenus pour les populations du ferlo. Elles sont aussi à la base de toute stratégie d’adaptation et de subsistance des éleveurs surtout pendant la saison sèche (Bakhoum, 2013).  Dans l’alimentation Dans le ferlo, la couverture ligneuse (arbres et arbustes) constitue une ressource importante pour l’alimentation des hommes et du bétail. La plupart des ligneux relevés donnent des fruits et des feuilles qui sont comestibles. Au sein du système socio écosystème agropastoral sahélien, l’arbre a une place très importante. Toutes ses parties (végétative et reproducteur) peuvent servir. Elles donnent par ailleurs des fruits destinés à l’alimentation humaine (Fall, 2014). Les deux espèces les plus consommées au Ferlo sont le Balanites aegyptiaca et Adansonia digitata. Elles sont suivies par Ziziphus mauritiana et Sclerocarya birrea (Ndong et al., 2015).  Dans la pharmacopée Les plantes ont servi comme première source de médicaments pour les hommes, et elles ont continué à fournir à l’humanité, des remèdes thérapeutiques nouveaux et originaux jusqu’à aujourd’hui (Leduc et al., 2006; Hartmann, 2007). Pour parer au déficit de structures sanitaires appropriées et la recrudescence de certaines maladies liées aux conditions de vie, des populations locales du ferlo se rabattent souvent sur les arbres pour se soigner. C’est ainsi que plus de 60 espèces interviennent dans le traitement de maladies, de symptômes ou d’affections. L’application des savoirs locaux oblige la population à exploiter ou surexploiter les ressources concernées à travers les écorces, les feuilles, les fruits ou les racines (Niang et al., 2014). Les populations pastorales du ferlo ont des connaissances très précieuses sur les maladies humaines ainsi que les plantes à utiliser pour les guérir. Parmi les espèces les plus utilisées dans la pharmacopée, nous pouvons citer le Combretum glutinosum, Zizyphus mauritiana, Acacia nilotica, Guiera senegalensis, Sterculia setigera, Acacia senegal, Balanites aegyptiaca, Adansonia digitata, Pterocarpus erinaceus. Les pathologies les plus soignées chez les hommes sont les maux de ventre, la diarrhée, la constipation (Ngom et al., 2014).

Menaces

Les ressources forestières constituent une part importante de l’économie sénégalaise. Actuellement, ces ressources subissent de nombreuses pressions dues particulièrement à la forte démographie mais aussi aux actions anthropiques, aux variations climatiques et aux systèmes d’utilisation des terres (DNP, 2010), cité par Ba, (2006). Les sècheresses répétées et les exploitations abusives sont à l’origine de régression de nombreux ligneux en zone sahélienne.

Perturbations anthropiques 

L’agriculture L’agriculture est une activité importante dans le ferlo. Elle est pratiquée essentiellement par les wolofs et les sérères, mais aussi par les peulhs et les toucouleurs. Pratiquée sous pluie et en décrue, l’agriculture fut naguère plus orientée vers l’autoconsommation ce qui favorisa un commerce de troc d’une partie de la récolte si besoin se faisait sentir. Avec la croissance des demandes dans le marché alimentaire, des parcelles forestières sont devenues maintenant vulnérables au défrichement, non seulement au bénéfice des terres agricoles, mais aussi pour les parcelles des infrastructures et les résidences urbaines de toute sorte (Boudjema, 2017). Au Sénégal, la végétation a progressivement disparu sur de larges étendues. Cette situation actuelle n’est qu’une conséquence de la sècheresse des années 1968 et 1997, aggravée par un défrichement anarchique des ressources forestières pour la satisfaction des besoins agricoles (Pimentel et al., 1987).  L’élevage Le Ferlo appartient à la zone sahélienne et correspond à la zone sylvo- pastorale du Sénégal (Sy, 2009). Dans cette zone, l’élevage, de type extensif, exploite les pâturages naturels et fonctionne selon deux modes distinctes. Pendant la saison des plus les herbacées constituent la principale source de pâturage alors qu’en saison sèche, les ligneux jouent un rôle essentielle dans l’alimentation du bétail (Akpo & Grouzis, 1996). La mobilité de l’élevage pastoral est aujourd’hui scientifiquement et politiquement admise un niveau général comme une dégradation des ressources. Plusieurs études sur les pâturages sahéliens font mention, ces dernières années d’une dégradation progressive du couvert végétal. Ce problème se pose avec acuité surtout aux abords immédiats des forages aménagés dans le nord du Sénégal où l’on observe des zones où la végétation tend à disparaitre (Toutain et al., 1983) .

Les Perturbations naturelles 

Le Sahel d’Afrique de l’ouest est une zone de transition, entre le désert du Sahara au nord et la zone tropicale humide au sud. Il est caractérisé par l’alternance d’une saison sèche longue et d’une brève saison pluvieuse. Le développement du couvert végétal est lié essentiellement à l’intensité et la distribution annuelle des pluies. Toutefois, le déficit de ces précipitations observé au sahel durant les années 1970-1990, avec les grandes sècheresses des années 1972- 1974 et 1983-1985 ont conduit, depuis la fin des années 1970, la communauté internationale à s’interroger sur une éventuelle désertification de la région. En 1991, le programme des Nation Unies pour l’Environnement (PNUE) définissait la désertification comme une « dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches, qui résulte principalement de l’activité humaine. Elle intègre également un certain nombre de processus qui aboutissent à l’appauvrissement des sols et de la végétation là où l’activité de l’homme constitue le principal facteur ».  Les incendies Selon l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qu’environ 350 millions d’hectares de terres sont boisées, de friches et de cultures sont ravagés par les flammes chaque année dans le monde. Ces incendies provoquent plusieurs conséquences dont le réchauffement climatique, des pertes en vies humaines, la pollution de l’air, la désertification et la perte inestimable de biodiversité. En région sahélienne, les feux sont l’un des principaux facteurs de dégradation de l’environnement en raison des menaces qu’ils exercent sur le patrimoine floristique déjà rendu vulnérable par une importante variabilité climatique. Les impacts notés au Sénégal en général peuvent aller jusqu’à la disparition du couvert végétal, la baisse de la fertilité de sols, le déficit du fourrage pour le bétail et l’augmentation de concentration de CO2 dans la basse couche de l’atmosphère (Sarr et al., 2015). Les observations ont montré que les quantités de biomasse brûlées par les feux de brousse augmentent en saison de bonne pluviométrie. Les pratiques de feux précoces représente 50% des feux de brousses sont en train d’être remises en cause par les services habilités du fait de la rareté croissante de la ressource. Le suivi des feux par télédétection montre une augmentation sensible des superficies brulées. Ces feux sont dus essentiellement à la senescence maximal des végétaux pendant cette période favorisant ainsi la survenue et la propagation des feux à la moindre étincelle (CSE, 2011). La vulnérabilité des ressources sylvo-pastorales est liée à l’extrême sensibilité des formations végétales aux menaces des feux. Les formations forestières reculent chaque année de 45 à 80 000 ha (OSS, 2015). Au Sénégal, d’importantes superficies sont transformées en cendres sous l’action dévastatrice des feux de brousses. Une telle contrainte 7 contribue à la dégradation de l’environnement en général et à la perte de formations ligneuses (FAO, 1982).  Le déficit de la pluviométrie Le sahel est caractérisé par un gradient croissant du nord au sud de la pluviométrie et où le couvert végétal à un rythme de croissance dépendant de la pluviosité (Fall, 2014). Ces formations végétales sont confrontées à une forte dégradation. Ces défis environnementaux ne pourront être relevés que par une coopération étroite en matière de surveillance environnementale, d’échange d’informations et d’adaptation aux changements globaux. Elles sont fortement dépendantes des conditions climatiques et plus particulièrement de la pluviométrie. Cette situation contribue à fragiliser l’ensemble des écosystèmes, à réduire la productivité des ressources naturelles (OSS, 2015).

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