DE LA STRUCTURATION DU SLAM POESIE COMME MOYEN D’APPRENTISSAGE INTERCULTUREL AXE SUR LES STEREOTYPES

DE LA STRUCTURATION DU SLAM POESIE COMME MOYEN D’APPRENTISSAGE INTERCULTUREL AXE SUR LES STEREOTYPES

Nous avons montré via le modèle de développement que le travail en amont sur les stéréotypes est une condition nécessaire à l’apprentissage interculturel des lycéens. Dans le chapitre qui suit, nous envisageons une modalité d’application de cette condition. Pour cela, nous avons opté comme outil d’apprentissage interculturel le slam poésie. En premier lieu, nous nous attachons à définir les stéréotypes ainsi que leurs conséquences sur les relations intergroupales et interculturelles. En deuxième lieu, nous nous intéressons sur ce qui a été fait en matière de recherche sur la compréhension et le dépassement des stéréotypes. Enfin, nous évoquons l’implication de ces recherches sur l’utilisation du slam poésie en tant qu’outil d’apprentissage interculturel axé sur les stéréotypes. 5. Les stéréotypes 5.1 Définition Les stéréotypes sont des « images, concepts, croyance et attitudes, qui essentiellement rigides et difficiles à modifier, tendent à représenter les faits sous une forme simpliste »13. Le stéréotype se construit « sur un l’un des éléments constitutifs du sujet tributaire d’une identité ; celui-ci est alors perçu d’un point de vue analytique, comme objet fragmenté dont les composantes physiques ou moral, comme objet fragmenté dont les composantes physiques ou moral, sont isolément soumises à des appréciations normatives, en vue, chaque fois, d’une caractérisation globale de l’objet ».Le stéréotype se caractérise donc par une image faussée de l’Autre par simplification extrême et non représentative de sa réalité.

Les mécanismes constitutifs des stéréotypes

La généralisation

L a généralisation se définit par « l’extrapolation d’un trait ou d’un élément d’un trait ou d’un élément d’un groupe à un ensemble. Par ailleurs, à la différence des autres généralisations, 13 Abdallah Pretceille M., Vers une pédagogie interculturelle, Anthropos, p.77 14 Abdallah Pretceille M., op. cit., p.79 28 les stéréotypes ne sont pas formés par induction à partir d’un ensemble de données : ils se fondent sur les « on-dit », des rumeurs, des anecdotes, bref sur des témoignages qui ne suffisent pas pour justifier une généralisation. Ils ne s’appuient pas sur des objectifs et se présentent donc comme une sorte de pensée autistique relativement indépendante de la réalité extérieure.»15 Cette définition de la généralisation signifie que le raisonnement à la base du stéréotype est totalement indépendant d’une recherche quelconque de la vérité telle que celleci peut être connue et conçue par la science ou d’autres types d’investigation. La généralisation ne se base ni sur une analyse du réel ni sur une modélisation de celui-ci. Le réel sert au contraire de plaquage et de confirmation à cette pensée « autistique ». O. Klineberg dit à ce propos : « il se produit souvent des distorsions : nous[les personnes qui fonde leur raisonnement sur les stéréotypes] changeons la perception de la réalité que nous avons sous les yeux pour mieux l’adapter à nos stéréotypes ».

Le réductionnisme

Le réductionnisme est la « réduction des caractéristiques du réel à quelques traits saillants, généralement peu structuré entre eux et qui tendent à faire une caricature de la réalité vidée de son contenu réel et complexe et dont il ne subsiste qu’un contour squelettique ».17 Ce mécanisme renvoie à la conception courante des stéréotypes comme des descriptions raccourcies d’autrui. Pour donner quelques exemples, les Italiens sont séducteurs et jaloux, les Allemands sont froids et rigoureux, les Malgaches sont accueillants et hospitaliers, les Français sont arrogants et chauvins. Nous avons pris des exemples qui se rapportent à la nationalité, mais les stéréotypes s’appliquent aussi à d’autres niveaux. Ainsi, entre groupes issus d’un même pays, entre genre (stéréotype sur les hommes et sur les femmes), ou même entre des entités sociales vivant côte à côte. 

La permanence

«La distance est grande entre celui qui opère provisoirement par simplifications, celles-ci n’étant considérées que comme de simples modalités discursives, et celui qui construit son raisonnement à partir de simplifications érigées en postulats. »1La permanence se situe dans cette durée « injustifiable » de ce qui ne doit être que provisoire. Par exemple le stéréotype français de l’Allemand discipliné est concomitant à l’apparition des guerres franco-allemandes et pourtant les études récemment conduites démontrent que ce stéréotype de l’Allemand est toujours présent dans la génération française actuelle, c’est-à-dire la jeunesse qui n’a pas connu la guerre et surtout le témoin de la construction européenne, base de l’amitié franco-allemande.

L’amalgame

Le mécanisme de l’amalgame, qui « opère par téléscopage chronologique et/ou spatial en passant d’un niveau de réalité à un autre et en tentant de ramener l’inconnu au connu. »  Ce mécanisme est à la base de l’explication totalitaire et essentialiste, qui ne reconnaît aucune zone d’ombre dans la compréhension d’autrui. Avec l’amalgame, ce qui est complexe devient simple, ce qui peut poser question devient limpide et n’est plus susceptible d’aucune analyse. L’autre devient totalement lisible. Mais c’est à cette illusion de la transparence totale de la culture de l’Autre que la démarche interculturelle invite à prendre garde. G. Zarate analyse cette impossibilité pragmatique et arrive à la conclusion de « l’incommunicabilité relative des cultures ».

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