LES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
PRINCIPAUX CONSTATS DE CES ENQUETES : SPECIFICITE DES JEUNES
Idées erronées sur le VIH La répétition des enquêtes KABP (10) a permis de mettre en évidence des évolutions particulièrement contrastées chez les jeunes depuis 2004 par rapport au VIH. L’édition 2010 (9) met l’accent sur les 18-30 ans. Ils ont commencé leur sexualité après l’arrivée des traitements contre le VIH, dans un contexte différent où la maladie est moins visible. Ils sont de moins en moins nombreux à connaître une personne séropositive et la maladie n’est plus aussi présente dans l’agenda médiatique. Ce sont eux qui maitrisent le moins bien les modes de transmission du VIH, et ont le plus d’idées reçues. Ils sont les plus nombreux à croire possible la contamination par le VIH par une piqure d’insecte ou dans les toilettes publiques. Leur niveau de connaissance ne cesse de décroître depuis 1992. Relâchement de l’utilisation du préservatif au cours de la vie sexuelle L’enquête KABP 2010 (9) met aussi en évidence une baisse de l’utilisation du préservatif lors du dernier rapport sexuel, sans lien avec le fait d’avoir réalisé ou non un dépistage. Cette diminution est plus marquée là encore chez les 18-30 ans. Ils sont aussi les plus nombreux à s’interroger sur l’efficacité du préservatif et à croire possible la transmission du virus malgré son utilisation Ce constat est aussi fait par la LMDE (13). En 2012, seulement 57% des jeunes interrogés disaient avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel. Parmi ceux qui n’en avaient pas utilisé, seulement 14% disaient que c’était parce qu’ils avaient réalisé un dépistage du VIH. La durée d’utilisation du préservatif avec un même partenaire apparaît très variable selon l’IFOP (12). En 2013, 20% des jeunes déclaraient arrêter le préservatif après un mois de relation stable, 6% après une semaine, 38% après 6 mois et 28% jamais. Les multipartenaires étaient moins nombreux à utiliser un préservatif lors de nouvelles relations d’après l’enquête Baromètre Santé Jeunes (11) (77 contre 90% des jeunes ayant un seul partenaire). Un recours au dépistage fluctuant Les structures de dépistage spécifiques ne sont pas assez visibles, la connaissance d’un CDAG à proximité baisse au fil des enquêtes de la LMDE (13) (47% en 2008 contre 35% en 2012). Ces structures sont aussi assez peu utilisées par les jeunes, 19,5% des étudiants s’y étaient déjà rendus d’après la LMDE en 2012 (13). Le taux de réalisation de dépistage du VIH varie selon les enquêtes, pour la LMDE le taux record date de 2011 (47%). Le recours au dépistage est en baisse chez les jeunes multipartenaires (21-25 ans) par rapport aux 26- 54 ans d’après l’Enquête Baromètre Santé jeunes (11).
OBJECTIFS DE L’ETUDE
30 ans après le premier spot publicitaire sur le préservatif et la baisse significative des infections sexuellement transmissibles, on constate une stagnation de l’infection à VIH en France et une augmentation nette et constante des autres infections sexuellement transmissibles. Certaines avaient même disparu, telles que la syphilis ou la LGV, mais connaissent une croissance quasi exponentielle depuis peu. Comment expliquer ces tendances ? Les jeunes : un public particulièrement sensible Les jeunes adultes sont les plus touchés par les IST. Le nombre de cas ne cesse d’augmenter que ce soit chez les homosexuels ou les hétérosexuels, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. Les conséquences sur la fertilité peuvent être majeures. Les 18-30 ans ont commencé leur sexualité après l’arrivée des traitements contre le VIH et ont une moindre visibilité de cette maladie. Pour eux, il s’agit d’une « maladie fantôme », qui ne représente plus une fatalité. Ils maitrisent moins bien les modes de transmission du VIH, et ont plus d’idées reçues. Le niveau de connaissance ne cesse de décroître. Ils sont plus nombreux à s’interroger sur l’efficacité du préservatif et à croire possible la transmission du virus malgré son utilisation. Les conséquences sont notables puisque on observe un relâchement des comportements de prévention très marqué chez les jeunes, les rapports non protégés augmentent et le recours au dépistage du VIH baisse. Vers un relâchement de l’utilisation systématique du préservatif au cours de la vie sexuelle… Toutes les enquêtes convergent vers ce constat, qui tend à s’accentuer ces dernières années. Comment expliquer ce phénomène ? La moindre visibilité de la maladie y est sûrement pour beaucoup mais cela suffitil à l’expliquer ? Quels sont les freins aujourd’hui à l’utilisation du préservatif ? … associé à une utilisation imparfaite du préservatif Il a été mis en évidence par les réseaux de surveillance épidémiologiques que les rapports anaux et orogénitaux étaient insuffisamment protégés parmi les cas diagnostiqués d’IST. De même, les jeunes ayant fait appel à Sida Info Service (14) à la suite de prise de risque reconnaissaient ne pas se protéger pour la pénétration anale ou la fellation. Il n’existe pas de données à ce sujet à grande échelle dans la population générale. Comment expliquer ce phénomène ? S’agit-il d’un défaut d’information sur les mécanismes de transmission du VIH et des IST ? Dans la population générale française, comment le préservatif est-il utilisé en dehors de toute notion de prise de risque antérieure, selon le type de rapport sexuel ? 35 Le dépistage du VIH reste insuffisant notamment chez les multipartenaires Les CDAG semblent peu fréquentés par les jeunes. Quels sont les obstacles rencontrés par les jeunes dans l’accès au dépistage ? S’agit-il d’un manque d’information ou de disponibilité ? Quasiment pas de données sur les IST autres que le VIH Alors qu’on assiste à une recrudescence des IST depuis quelques années, l’état des connaissances sur les IST n’est pas étudié dans les enquêtes à échelle nationale. Quelques mémoires et thèses, ont été réalisés et mettent en évidence que les IST ne sont pas connues du jeune public, mais l’on ne peut extrapoler les résultats. Il semble intéressant d’étudier la question dans notre région, où les IST y sont présentes et en augmentation comme dans le reste de la France. L’objectif principal de ce travail est : 1) D’établir l’état des connaissances sur les IST des adultes de moins de 30 ans consultant en médecine générale, et d’identifier leurs lacunes afin de permettre au médecin généraliste d’exercer une prévention efficace. 2) D’établir quels sont les freins à une utilisation systématique et efficace du préservatif, et les freins à un recours plus fréquent au dépistage. L’objectif secondaire de ce travail est de mettre en évidence ou non d’éventuels facteurs pouvant influencer ces résultats (âge, sexe, niveau socio-professionnel, niveau d’étude, information préalable…) afin de permettre au médecin généraliste de dispenser un message éducatif plus adapté au profil du patient
1. INTRODUCTION |