ETUDE DE L’ECHOLOCATION ET DES CRIS SOCIAUX
Les chauves-souris insectivores utilisent deux types de signaux acoustiques : l’écholocation et les cris sociaux. L’utilisation de l’écholocation consiste à émettre des impulsions sonores appelées ultrasons qui se réfléchissent sur toute surface et les échos sont ensuite captés par l’animal et les informent sur l’attitude à prendre. Ces ultrasons sont des sons de haute fréquence allant de 20 à 210 kHz, ils sont inaudibles à l’oreille humaine (Schober et Grimmberger, 1991 ; Taylor, 2000). Les ultrasons sont des signaux à intervalle plus ou moins régulier qui permettent aux chauves-souris de se repérer, de s’orienter, de se déplacer dans leur environnement, de détecter et de capturer aussi des proies (Altringham et Fenton, 2003 ; Jones et Teeling, 2006 ; Russo et al., 2007 ; Ramasindrazana, 2012). L’écholocation est aussi utilisée pour l’identification entre les individus d’un même groupe et pour la reconnaissance des échos d’un individu pour éviter la confusion avec ceux des autres (Siemers et Kerth, 2006). Les cris sociaux sont par contre les plus utilisés pour la communication entre les individus. Il s’agit des sons à basse fréquence, donc généralement audibles pour l’homme (Schober et Grimmberger, 1991 ; Taylor, 2000 ; Siemers et Kerth, 2006).
En effet, les cris sociaux présentent une plus grande variabilité structurelle qui permet une détection plus large d’information (Pfalzer et Kusch, 2003). Ces cris peuvent traduire des signaux de détresse, d’accouplement, de défense de territoire ou encore de communication entre mère et ses petits (Barlow et Jones, 1997 ; Taylor, 2000 ; Pfalzer et Kusch, 2003). Plusieurs recherhces ont été faites sur l’écholocation des chauves- souris malgaches. Des publications scientifiques sont disponibles telles que les travaux de Russ et al. (2003), concernant l’écholocation de 15 espèces de chauves-souris insectivores appartenant à la famille des Molossidae. Il en est de même pour l’étude de l’écholocation de la famille des Emballonuridae, Hipposideridae, Rhinonycteridae et Vespertilionidae (Kofoky et al., 2009). Des mémoires focalisés sur différents aspects de l’écholocation sont aussi disponibles. Il y a entre autres, le mémoire de Raharinantenaina (2008) sur écholocation des chauves-souris insectivores dans les forêts littorales de Sainte-Luce et Mandena (Région Anosy) et celui de Ramasindrazana (2012) sur l’étude bioacoustique des chauves-souris insectivores de Madagascar. Le seul article sur l’écholocation de Myzopoda aurita est celui écrit par Göpfert et Wasserthal (1995). Cette étude n’a concerné qu’un seul individu et aucune information n’est disponible sur les cris sociaux de l’espèce.
Enregistrement de l’écholocation
L’écholocation de Myzopoda aurita est enregistrée à l’aide d’un détecteur ultrasonique. Cet appareil permet de détecter et d’enregistrer les ultrasons émis par les chauves-souris et donne des informations sur la localisation de l’espèce et sur leurs comportements. Le détecteur ultrasonique à méthode d’expansion de temps (« time expansion ») Pettersson D240X (Pettersson Elektronik, AB, Uppsala, Suède) a été utilisé (Annexe 10). Cet appareil est réglé à 42 kHz, qui correspond à la fréquence de Myzopoda aurita, et permet de capter les ultrasons à temps réel et de les reconvertir en sons audibles pour l’homme (Pettersson 2001). Cet appareil stocke les ultrasons et les reproduit à une vitesse dix fois plus lente. Les ultrasons au ralentis conservent l’intégrité du signal (Rydell et al., 2002). Les sons sont ensuite stockés sur des mini- disques (Sony MZ-N505 Net MD Recorder/Player sans compression) pour une analyse ultérieure (Russ, 1999) (Annexe 10). Les enregistrements ont été réalisés à trois différents niveaux. Le premier s’effectue sur les pistes pendant le vol de l’animal. Le second est réalisé à l’intérieur du gîte ou dortoir de l’animal. Enfin, le dernier se fait lors du relâchement de l’animal.
Enregistrement des cris sociaux
Les cris sociaux sont caractéristiques et uniques pour chaque espèce. Cependant, chez les chauves-souris, la variation temporelle de la structure de fréquence des cris sociaux est beaucoup plus complexe que celle de l’écholocation, ce qui la rend difficile à interpréter. D’une manière générale, les signaux de cris sociaux, se situent sur des basses fréquences (14 à 25 kHz) et présentent une structure FM différente des signaux d’écholocation. Ils sont alors devenus audibles à l’oreille humaine et analysables à l’expansion de temps. Au niveau du gîte, les comportements social et acoustique sont suivis avec une caméra vidéo (Sony HDR-CX550V), cachée à l’intérieur d’un boîtier étanche. Des sources des lumières infrarouges (Wildlife Engineering) alimentées par deux batteries et un microphone ultrasonique CM16/CMPA (Avisoft Bioacoustics, Berlin, Allemagne) sont placées sur une plateforme (Figure 27A). Cette plateforme est ensuite fixée à proximité du gîte (Figure 27A). Le microphone est relié à un ordinateur portable Toughbook 19 (Panasonic) (Annexe 9) qui enregistre les cris sociaux de Myzopoda aurita qui sortent et entrent dans le gîte (feuille de Ravenala madagascariensis). L’enregistrement des données est fait avec le logiciel Avisoft Recorder (Avisoft Bioacoustics, Berlin, Allemagne).