Etude phytochimique des espèces Plectranthus neochilus et Plectranthus amboinicus de l’île de La Réunion
La Phytochimie, ou chimie des substances naturelles, consiste en l’étude du métabolisme, de la structure et du rôle des substances produites par les végétaux. Cette science est étroitement mêlée à la Pharmacognosie, axe diagonal de la pharmacie qui traite tous les aspects allant de la plante au médicament. Elle permet la connaissance des matières premières végétales possédant des propriétés médicamenteuses. Les plantes sont de véritables « usine chimique ». Elles sont capables de synthétiser une grande variété de métabolites (produits intermédiaires du métabolisme) qui ont diverses fonctions : énergétique, structural, signalisation, stimulation ou inhibition d’enzymes… – Les métabolites secondaires : de structures chimiques souvent complexes, très dispersés et très variables selon les espèces, jouant un rôle dans la survie et la propagation de l’espèce. Ils sont également répartis en quatre catégories : les composés phénoliques, les saponines, les alcaloïdes (et dérivés azotés) et les composés terpéniques. (Tous possédant des sous catégories)
Parmi les métabolites secondaires, on retrouve les terpènes. Ce sont des composés issus de la condensation d’unités de base à 5 carbones appelé isoprène. On parle également de terpénoïdes ou d’isoprénoïdes. Ils regroupent à la fois des composés de faibles poids moléculaires, volatiles et composants principaux d’huiles essentielles, et des molécules hautement polymérisées comme le caoutchouc. Cette voie de biosynthèse donne naissance à de très nombreux métabolites secondaires. On les classe selon le nombre d’unités terpéniques. L’unité monoterpène correspond à une molécule à 10 carbones formée à partir de deux unités isoprènes. La phytochimie du genre Plectranthus est encore mal connue. Abdel-Mogib et al ont présenté en 2000 une revue regroupant les constituants phytochimiques du genre Plectranthus rapportés jusqu’en 1999 [24]. Les principaux sont les diterpénoïdes, les huiles essentielles et les composés phénoliques.
Les abiétanes :
Parmi les diterpènes d’origine naturelle, les abiétanes sont isolés à partir d’une grande variété de plantes terrestres. Ces composés possèdent un large éventail d’activités biologiques : antimicrobiennes, antiulcéreuses, anti-oxydantes, anti-inflammatoires, cardiovasculaires et cytotoxiques. Ces propriétés ont suscité un intérêt considérable de la part des milieux pharmaceutique et médical. En effet avec l’émergence de bactéries multi-résistantes aux antibiotiques présents sur le marché, la nécessité de trouver de nouvelles molécules devient une priorité en santé publique. Les recherches se tournent vers les molécules issues du vivant car elles présentent des diversités structurales très intéressantes et le fait que certaines plantes soient utilisées depuis des dizaines d’années (voir plus) dans les médecines traditionnelles, poussent les scientifiques à extraire, isoler et analyser ces métabolites issus du métabolisme végétal. Ces molécules possèdent un squelette carboné caractéristique à 20 atomes de carbones. Certains dérivés possèdent un cycle aromatique, d’autres vont avoir des fonctions hydroxyliques ou carboxyliques. Chez les Plectranthus, ce sont majoritairement les abiétanes aromatiques qui sont retrouvés. Ils sont caractérisés par un cycle aromatique C avec un degré d’oxygénation pouvant varier de positions.
Travaux antérieurs sur la composition phytochimique des espèces Plectranthus neochilus et Plectranthus amboinicus
L’huile essentielle de Plectranthus neochilus a fait l’objet de diverses études dans différents lieux géographiques. Les constituants principaux retrouvés dans ces huiles sont les monoterpènes (C10) et les sesquiterpènes (C20). Les fractions majoritaires varient d’une espèce à l’autre mais aussi au sein d’une même espèce selon le lieu de récolte du spécimen. On retrouve en annexe 3 page 79 un tableau comparant la composition des huiles essentielles de spécimens d’Afrique du Sud [28] du Brésil [29] et du Portugal [30]. D’autres classes sont aussi présentent dont des alcools, des aldéhydes non aromatiques, des hydrocarbures et des acides gras. Pour le spécimen d’Afrique du Sud et du Portugal, ce sont les monoterpènes qui prédominent alors que pour celui du Brésil, ce sont les sesquiterpènes. Ces différences peuvent être attribuées à des facteurs géographiques et climatiques. Certains éléments sont bien connus pour faire varier les profils chimiques : le stade de développement de la plante, l’organe étudié, les conditions géographiques, climatiques, agronomiques, le moment de la récolte et les méthodes d’extraction. Ces dernières sont similaires, mais il y a un manque de données sur les quantités de matières utilisées. Au Portugal, les feuilles et souches étudiées sont à tous stades végétaux et floraux alors que dans les autres études le stade de développement n’est pas précisé.