PRISE EN CHARGE DES URGENCES CARDIO-VASCULAIRES
PROPOSITION DE STRATEGIES DE PRISE EN CHARGE DES URGENCES
Une prise en charge adéquate des urgences cardiovasculaires nécessite plusieurs dispositions au plan social, économique, et structurel. Cela doit procéder d’une volonté de la part des pouvoirs publiques et des professionnels de la santé. Différents problèmes entravent la prise en charge optimale des urgences cardiovasculaires. Ces problèmes sont liés : • au retard de consultation, • à l’ignorance de la population en matière d’urgence, • au bas niveau socio-économique, • au nombre insuffisant d’ambulances médicalisées, • aux insuffisances des structures d’accueil (manque de personnels qualifiés, de matériel de première nécessité, de coordination entre les structures d’accueil, absence de protocoles de prise en charge). La solution à ces différents problèmes passe par la sensibilisation des pouvoirs publics et la formation continue du personnel de santé. I- Les pouvoirs publics Un devoir de sensibilisation de la population s’impose.
L’information
La population devra être informée sur la pathologie cardiovasculaire par des campagnes à travers : – des programmes scolaires, – des cours de secourisme, – des spots et panneaux publicitaires, – des sites Internet, – des conférences. 90 Ainsi seront impliqués les mouvements associatifs de quartiers ou de villages, les autorités religieuses, le pouvoir politique.
L’éducation
L’éducation de la population devra se faire par la reconnaissance des signes d’appels cardiaque : douleur thoracique, trouble de la conscience, dyspnée, cyanose. Les populations doivent savoir à qui s’adresser ou qui appeler pour une aide diligentée et efficace : médecin, sapeur pompier, ambulance. Elles doivent savoir effectuer les gestes de premiers secours.
La communication
La communication sera assurée par des professionnels à travers des conférences, des débats. Tous les médias devront être utilisés : télévision, radio, presse écrite.
Au plan social
La pauvreté dans nos pays constitue un véritable frein à la prise en charge des urgences. Ainsi un système d’assistance médicale devra être mis en place afin de réduire le coût de la prise en charge.
Les infrastructures
Pour faire face aux urgences survenant à l’extérieur de l’hôpital, des services mobiles d’urgence et de réanimation doivent être créés. Ainsi c’est l’hôpital qui vient à la victime et non pas seulement la victime qui vient à l’hôpital. Cela nécessite une « chaîne de survie » comprenant : • le témoin qui est capable de reconnaître le plus rapidement les signes présentés par la victime et d’alerter immédiatement et correctement le système de secours médicaux, • les secours qui vont transporter rapidement le malade vers la structure d’accueil par des ambulances ou hélicoptères médicalisés, • les structures d’accueil. Au Sénégal, le transport médicalisé est peu développé. L’ambulance des sapeurs pompiers pourrait être équipée et les sapeurs pompiers mieux formés aux gestes vitaux. 91 L’ambulance doit être équipée [14] : – d’un scope avec défibrillateur s’accompagnant d’un graphe et éventuellement d’un entraînement électrosystolique temporaire, – d’un aspirateur de mucosités, – d’un respirateur automatique de transport muni de tuyaux de connexion avec raccords nécessaires, – des masques et ballons adaptés, – d’un matériel d’intubation avec un jeu complet de laryngoscope et sonde d’intubation, – de seringues électriques, – d’un oxymètre pulsé, – d’un pantalon antichoc, – d’un assortiment de minerves et attelles, – d’un brancard à béquilles escamotable avec oxygène, – d’un matelas de dépression, – des thrombolytiques, – de valve ou masque de CPAP (Continuous Positive Airway Pressure). Le transport héliporté des patients venant des zones reculées ne devrait pas être un luxe. L’hélicoptère permet un transport rapide et confortable mais l’exiguïté de la cabine gène d’éventuels actes médicaux [11]. Un plan de circulation correct et des routes de meilleure qualité sont nécessaires pour l’accès rapide sur le terrain. Une bonne organisation du système de santé est nécessaire afin de désengorger les hôpitaux. Des médecins formés à la prise en charge des urgences devraient être présent dans chaque région.
Professionnels de santé
Il faudra une coordination entre les différentes structures de santé. Ainsi des fiches de liaison standard devront être élaborées facilitant ainsi la transmission des informations. Cette fiche de « traçabilité » permettra le recueil des données suivantes : – patient : sexe, âge, état clinique préalable ; – circonstances de survenue de l’urgence, présence et qualification des témoins ; – données du premier examen ; – type de prise en charge : gestes et thérapeutiques réalisés ; – horaires des différentes étapes et événements de la prise en charge relevés. La formation continue concernera le personnel médical et paramédical. Le personnel médical devra bénéficier d’un enseignement spécifique sur la prise en charge des situations d’urgence. Il convient d’harmoniser cette stratégie de formation en privilégiant les méthodes de pédagogie active. Pour le personnel paramédical, l’enseignement des gestes élémentaires de survie et la formation aux soins d’urgence avec utilisation de matériel devront être organisés.
L’Hôpital Général de Grand Yoff
Le service des urgences
L’accès au service des urgences doit être facilité permettant ainsi l’arrivée et le dégagement rapide des ambulances. Il faudra augmenter le personnel soignant afin de réduire considérablement le délai d’attente des patients aux urgences. Le service des urgences doit être équipé : – d’un électrocardiographe, – d’un défibrillateur, 93 – d’un oxymètre pulsé, – d’un respirateur, – d’une pompe d’aspiration gastrique, – des prises murales d’air comprimé, – de bonbonnes d’oxygène, – de prises murales d’oxygène, – de prises murales de vide, – d’armoire de médicaments, – d’un entraînement électrosystolique transitoire, – d’un système téléphonique et d’interphonie pour la liaison avec les unités médicales et chirurgicales de réanimation. Les locaux doivent être aménagés pour améliorer la qualité des soins et le confort des patients. Des paravents doivent être disposés dans le but de respecter l’intimité du patient et de personnaliser les soins.
Le laboratoire de biologie
Tous les examens biologiques nécessaire dans le cadre de l’urgence devraient être disponibles vingt quatre heures sur vingt quatre. Certains examens capitaux tels les gaz du sang, ont une importance extrême dans la prise en charge des urgences et leur acquisition ne devrait souffrir d’aucun délai.
Le service de cardiologie
Les locaux
Le service des explorations fonctionnelles et de consultation doit être mieux aménagé pour le confort des patients. Il est de ce fait indispensable de compartimenter le service et d’effectuer chaque examen complémentaire dans un compartiment précis. Il faut envisager à long terme une extension du service de cardiologie avec augmentation du nombre de lits ; ce qui permettra d’élever le paquet d’activité du service.
Le matériel et les médicaments
Les moyens diagnostiques doivent encore être améliorés avec l’acquisition d’au moins deux appareils d’échocardiographie dont un mobile dans le service permettant ainsi la réalisation d’échographies en urgence au lit du malade. La coronarographie et l’angioplastie devraient entrer dans les habitudes thérapeutiques. Le service de cardiologie devrait bénéficier également d’une baie d’électrophysiologie et d’un matériel d’ablation par radiofréquence. Les médicaments d’urgence devraient être disponibles.
Le personnel médical et paramédical.
Les cardiologues et le personnel paramédical doivent bénéficier d’une formation spécifique dans divers domaines tels : la cardiologie interventionnelle, la rythmologie, la cardiologie pédiatrique, l’échocardiographie, l’angéiologie. Une formation continue du personnel médical et paramédical doit être organisée. Des protocoles de prise en charge doivent être mis en place afin d’améliorer la qualité des soins.
L’unité de soins intensifs cardiologiques
L’unité de soins intensifs cardiologiques doit être munie de moniteurs de surveillance avec télémétrie et un poste central permettant la surveillance continue des patients. Aux vues de toutes ces propositions, un algorithme décisionnel de prise en charge des urgences cardio-vasculaires peut être élaboré (figure 5).
INTRODUCTION |