INTERDEPENDANCE ENTRE POLITIQUE MONETAIRE ET STABILITE MACROECONOMIQUE

INTERDEPENDANCE ENTRE POLITIQUE MONETAIRE ET STABILITE MACROECONOMIQUE

Interdépendance entre Politique monétaire et stabilité macroéconomique

Ce chapitre analyse les interdépendances entre la politique monétaire et les variables macroéconomiques. Nous analyserons dans une première section les interdépendances entre la politique monétaire et l’inflation. Nous verrons dans une deuxième section que les politiques monétaires axées sur le taux de change affectent aussi la stabilité macroéconomique. Nous terminerons ce chapitre par l’étude de la cohérence entre la politique monétaire et la politique budgétaire, car leurs actions sur l’économie peuvent être différentes selon l’objectif assigné et cela peut, en effet, contraindre la stabilité macroéconomique. I- La politique monétaire et l’inflation La lutte contre l’inflation est l’un des objectifs finals de la politique monétaire. La maîtrise de l’inflation est un moyen de favoriser l’amélioration du niveau de vie de la population. Il convient alors de poser clairement les éléments du diagnostic porté sur la maladie inflationniste. Nous commençons par la présentation des causes de l’inflation. Ensuite, nous étudierons les solutions envisagées pour lutter contre l’inflation. A- Les causes de l’inflation Selon la théorie quantitative de la monnaie l’inflation proviendrait d’un excèdent de monnaie par rapport aux besoins de l’économie, lorsque la vitesse de circulation de la monnaie demeure constant. Cette théorie s’en tient à l’hypothèse de l’absence d’incidence de la monnaie sur la production, qui domine la pensée économique jusqu’en 1936. C’est la caractéristique de l’inflation par la demande (Bouhours, 1993)56. Keynes, dans son ouvrage « Traité de la monnaie (1930) » retient l’idée d’une inflation par les coûts, qui tient à la croissance des rémunérations comparée à la croissance de la productivité. Cette hausse de revenus distribués provoquera inévitablement une hausse  des prix en provenance des secteurs les moins efficaces. Cette origine de l’inflation peut subsister même dans une situation de sous-emploi des facteurs. Par ailleurs, l’inflation peut provenir du renchérissement des éléments constituant les coûts des entreprises57. Les entrepreneurs réagiront fréquemment en augmentant les prix de vente, aussi longtemps que la demande sera soutenue. En effet, lorsque la hausse des salaires est supérieure à celle de la productivité, une hausse des coûts de production se produit dans les entreprises. Ces dernières livrent les produits à un prix en hausse. Pour les néoclassiques, « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire dans le sens où elle est, et peut être, simplement provoquée par une augmentation plus rapide de la quantité de monnaie que du niveau du produit…quelles que soient les causes individuelles d’un type d’inflation donné à un moment donné, toutes les inflations présentent ce trait commun qu’il y a augmentation excessive de la quantité de monnaie » (M. Friedman cité par Salin, 1990)58. Il en découle que c’est l’offre de monnaie, exogène, dépendante des décisions prises par la Banque Centrale qui est responsable de la variation du niveau général des prix. L’inflation ne peut donc se manifester que lorsque les Banques Centrales ont créées de la monnaie. Pour Friedman donc, la relance économique par la politique monétaire mène inéluctablement à un surcroît d’inflation, sans autre effet réel qu’une perturbation du fonctionnement du marché59. La politique monétaire a une incidence faible sur l’économie réelle dans le long terme. Elle doit donc être utilisée dans la lutte contre l’inflation dans le sens d’un abaissement progressif de la quantité de monnaie en circulation. A long terme, ce sont les forces du marché qui établissent l’équilibre, et la monnaie est neutre puisque le système est stable en lui-même. Les néoclassiques pensent aussi, qu’une politique monétaire qui consiste à accorder des crédits trop abondants et trop faciles à l’économie pour relancer la demande globale est source de stagflation. Non seulement, ces crédits sont souvent accompagnés de déficit 57 J P BENNASSY, « Macroéconomie et théorie des déséquilibres», Bordes, 1984. 58 P. SALIN, « La vérité sur la monnaie » Odile Jacob, 1990. 59 J.M. LE PAGE, « Economie monétaire », Cujas, 1991. Politique monétaire et Inflation 24 budgétaire mais contribue aussi à la croissance exagérée des masses monétaires intérieures qui se traduit par l’inflation60. La racine du problème réside donc dans la politique d’expansion monétaire qui parvint tout un temps à réduire le chômage au prix de l’inflation, ce traitement devant pourtant à la longue réussir à conjuguer l’inflation et le chômage. La politique monétaire restrictive menée par les pouvoirs publics pour ralentir ou du moins stabiliser l’inflation, pourrait aussi être source d’inflation, soutiennent les néoclassiques61. Une anticipation du taux d’inflation supérieur par rapport au taux conduit à une augmentation du salaire réel supérieure à celle de la productivité. En effet, les employeurs s’apercevront que les prix de leurs produits croissent moins vite qu’ils ne le pensaient estiment les salaires réels trop élevés, réduisent la production, donc l’emploi. Toutefois, les économistes néo-keynésiens tels que Eckstein, Heller, Tobin, Dkun, proposent essentiellement une explication «réelle » de l’inflation, c’est-à-dire une explication de l’inflation à partir des comportements réels des agents. Ces auteurs ne font que reprendre les idées de Keynes pour qui l’inflation n’est pas toujours un phénomène monétaire. C’est à partir de là qu’ils fondent la nouvelle théorie de l’inflation qui consiste à détacher complètement l’inflation des phénomènes monétaires. En effet, la politique monétaire restrictive destinée à lutter contre l’inflation provoque la réduction de la production et de l’emploi, réduction qui elle-même relance l’inflation par la hausse des coûts unitaires de production qu’elle entraîne (Parkin et Laidler, 1975)62. B- La lutte contre l’inflation Les contraintes qui se posent aux autorités monétaires sont de trouver le moyen de ralentir l’inflation tout en assurant la croissance économique.  Pour E. Malinvaud et J.P.Bénassy (1984), auteurs de la théorie du « déséquilibre », il convient de rendre compte de la coexistence de deux situations : une situation keynésienne dans laquelle les entreprises ont une production limitée par la demande et une situation classique dans laquelle les entreprises ne peuvent profiter d’un accroissement de la demande. Ces auteurs ont proposé de coupler rigueur salariale et soutien de la demande par le déficit public. La coexistence des deux situations inflation et chômage conduit à penser une rationalité du choix entre les deux branches de l’alternative. C’est ce qu’on tenté de faire Phillips et Friedman. A.W.Phillips mettait en évidence l’existence d’une relation inverse entre le taux de chômage et la croissance des salaires nominaux pour l’économie anglaise de 1861 à 1957 en faisant l’hypothèse que le taux de croissance de la productivité du travail est donné et que les coûts autres que salariaux montent comme les coûts salariaux de telle sorte que le rapport profit – salaires soit constant. Cette relation explique, en effet que la réduction de l’inflation se paie d’un surcroît de sous-emploi. Ainsi, une baisse du taux de chômage ne peut se faire qu’à des rythmes d’inflation de plus en plus élevés, et en tout état de cause, il semble y avoir un taux de chômage incompressible appelé par Milton Friedman « taux de chômage naturel ». (Bouhours, 1993)63. Cette relation a été vivement critiquée par les monétaristes néoclassiques. Pour eux, la lutte contre l’inflation réside dans la politique monétaire suivie tandis que le chômage en est indépendant (Pascallon, 1972)64. En effet, il faut pour sortir des difficultés actuelles restaurer le cadre de l’économie décentralisée pour en trouver les règles de fonctionnement de l’économie et, à l’intérieur de ce système, il convient d’abandonner les politiques discrétionnaires, de remplacer les interventions par des politiques automatiques, complétant ainsi les automatismes du marché par ceux de la politique économique (J.Y.Naudet, 1976)65. En effet, seule une politique monétaire stable, organisée dans une optique à long terme est susceptible de juguler l’inflation. Pour les néo-keynésiens, la lutte contre l’inflation revient à l’Etat, avec une politique monétaire bien utilisée. L’utilisation d’une politique monétaire restrictive pour briser l’inflation est inadaptée car l’inflation n’est pas au principal une inflation monétaire mais une inflation réelle. En plus, des difficultés supplémentaires surgissent pour l’utilisation d’une politique monétaire dans le cadre d’une économie ouverte. Par exemple, pour enrayer les sorties de capitaux, il faut des taux d’intérêts élevés mais il faut dans le même temps abaisser ces taux pour favoriser l’investissement. En effet, une politique monétaire employée de façon simultanée et coordonnée avec les autres leviers dont disposent les pouvoirs publics permettra de lutter contre l’inflation en maintenant une croissance équilibrée66. La lutte contre l’inflation permet de trouver la stabilité macroéconomique d’un pays. Les différentes théories proposent des solutions pour y remédier mais c’est aux autorités monétaires que revient la décision de les appliquer et d’étudier l’adaptation de ces théories à la situation économique du pays. Cependant, la stabilité des prix est aussi caractérisée par la stabilité externe des prix notamment la stabilité des taux de change.

Table des matières

PARTIE I : RELATIONS ENTRE POLITIQUE MONETAIRE ET STABILITE
MACROECONOMIQUE – APPROCHES THEORIQUES
Chapitre I : Les apports de la politique monétaire à la stabilité macroéconomique
Chapitre II : Interdépendance entre Politique monétaire et stabilité macroéconomique
PARTIE II : POLITIQUE MONETAIRE ET STABILITE
MACROECONOMIQUE – CAS DE MADAGASCAR 2000-2006
Chapitre I : Situation économique malgache entre 2000 et 2006
Chapitre II : Les interdépendances entre politique monétaire et stabilité macroéconomique à Madagascar entre 2000 et 2006
Chapitre III : Portées et limites des stratégies de politique monétaire appliquées par la BCM
CONCLUSION

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