DEVELOPPEMENT DE L’ECOTOURISME
La réalité actuelle sur l’écotourisme dans le Parc National Tsingy de Bemaraha Le tourisme écologique ou ecotourisme met en oeuvre les moyens favorisant les voyages d’individu ou groupes d’individus motivés par la découverte du Tsingy et favorisant l’épanouissement des communautés Sakalava à travers la mise en valeur de leurs ressources naturelles. L’axe de réflexion de notre étude dans ce chapitre se base sur la connaissance de l’environnement des Tsingy, son historique, sa localité et même sa performance écotouristique.
L’information générale sur l’écotourisme dans le Tsingy
Pour étudier la situation de l’écotourisme d’une aire protégée, il importe de’avoir une information générale sur le site, son historique, son emplacement… Cette première section se divise en deux parties à savoir l’historique du parc et la localisation du site. Paragraphe 1. La description du complexe d’Aires Protégées Tsingy de Bemaraha Le Tsingy de Bemaraha était là depuis l’éternité, il a subit plusieurs transformations depuis plusieurs siècles pour parvenir à l’allure actuelle des Tsingy. Ce dernier se présente comme de véritables cathédrales de calcaires. Il a traversé une longue histoire avant sa nomination officielle en tant que « Parc National ». Nous essayerons de décrire son historique pour faire réaliser toutes ces étapes d’évolution depuis sa formation et de siècles en siècles. Il y a 200 millions d’années, la mer recouvrait la région de Bemaraha. Lentement, les coraux et les coquillages morts se sont empilés et soudés. Il a fallu plusieurs dizaines de millions d’années pour que les sédiments se déposent en couches successives. Puis, cette immense plaque s’est soulevée de la mer. Les couches calcaires ainsi formées ont commencé à sécher et des fissures sont apparues pour former des diaclases et des canions. Certaines diaclases se sont formées par cassure de la roche au cours de la montée des calcaires. Les eaux de pluie sont légèrement acides, elles attaquent le calcaire qui se dissout lentement. Cette érosion chimique a commencé il y a 5 millions d’années et a donné les différentes formes de « Tsingy ». Les eaux ne restent pas en surface, elles circulent sous terre. Elles disparaissent aussitôt et descendent en suivant les diaclases et les fissures jusqu’à un niveau imperméable. Elles se déplacent horizontalement, formant des galeries et ressortent en bordure des Tsingy pour devenir des sources. Ces eaux qui descendent lentement sur la roche en suivant les fissures dissolvent le calcaire. Quand l’eau arrive au plafond d’une galerie, chaque goutte avant de tomber, laisse un petit dépôt de calcaire. Petit à petit la stalactite se forme. Quand la goutte touche le sol, elle y dépose aussi du calcaire, c’est une stalagmite. L’érosion attaque le massif calcaire en surface et en profondeur, le modifie peu à peu jusqu’à totale disparition. Les Tsingy, se présentent comme de véritables cathédrales de calcaires, constituées d’un réseau très dense de failles, de crevasses, de surface de blocs calcaire sculptés en lames ou en aiguilles acérées. Depuis la colonisation, les dirigeants de ce pays ont tous éprouvé leur intérêt pour les Tsingy, plusieurs hautes personnalités s’y sont rendus. Alors, des autorités compétentes ont pris des dispositions légales pour assurer la protection des Tsingy de Bemaraha d’où la promulgation des arrêtés et des décrets dont: • 1927: création de la RNI n°IX ou Réserve National Intégré « Tsingy de Bemaraha » par le décret du 31/12/1927 • 1939: classement des Tsingy de Bemaraha et des gorges de Manambolo en patrimoine naturel par le décret du 11/02/1939. • 1966: renforcement du décret du 1927 par le décret n°66/242 du 01/06/1966. 11 • Depuis 1990, le tsingy de Bemaraha porte le label du « site du Patrimoine mondial » de l’UNESCO. • 1991: institution des Tsingy de Bemaraha et les gorges de Manambolo en patrimoine culturel par l’arrêté n°2982 du 11/05/1991. • 1997: classification de la partie sud de la RNI Tsingy de Bemaraha en Parc National par le décret n° 97/1045 du 07/08/1997 En 1927, le complexe d’Aires Protégées Tsingy de Bemaraha, grâce aux caractéristiques biologiques, géographiques, et archéologiques de l’Antsingy, a été classé Réserve Nationale Intégrale n°9. Il se situe sur le versant occidental de Madagascar, dans le district d’Antsalova de la région du Melaky. Le massif de Bemaraha est un massif calcaire très accidenté où l’on trouve une multitude de grottes et où le fleuve Manambolo a découpé ses gorges célèbres. La partie occidentale du plateau présente un relief très déchiqueté, recouverte en grande partie par la forêt dense sèche. Dans sa partie orientale, la forêt est entrecoupée de savanes. Le massif karstique de Bemaraha offre une multitude d’habitats naturels qui sont autant d’écosystèmes différents tels que la forêt dense sèche caducifoliée, la végétation buissonnante xérophytique sur tsingy (plateau calcaire lapiézé) et les forêts sub-humides dans les avens ou les bas fonds humides entre des blocs calcaires ainsi que des savanes arborées ou herbacées. Au niveau des habitats, le massif karstique des Tsingy de Bemaraha est un centre d’endémique ou de différenciation floristique avec un fort pourcentage d’endémisme général 86,7% et d’endémisme éco régional 47%. Le taux de régénération forestière est élevé grâce au renouvellement rapide des arbres. En revanche, la croissance individuelle reste très lente. L’équilibre est très fragile et il suffit d’un peu de perturbation pour faire reculer la lisière forestière ou changer la structure de la végétation, et donc une perte de biodiversité. L’écosystème complexe des « Tsingy » se subdivise en plusieurs habitats majeurs suivant la qualité de la biodiversité: • forêt dense caducifoliée typique sur plateau calcaire dont la canopée est de 10 m à 15 m. • forêt dense sub-humide à feuillage persistant des avens ou des bas fonds humides, dont la canopée peut atteindre 25 m • végétations buissonnantes xérophytiques sur les toits des tsingy d’une hauteur de 5 m, parfois discontinues, dont les espèces présentent des caractéristiques d’adaptation à la sécheresse • savanes avec ou sans éléments ligneux. La flore de l’Antsingy présente plus de 824 espèces dont 571 sont des espèces forestières avec 20 espèces endémiques locales. Selon le classement de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), la flore de Bemaraha présente 1 espèce rare (Pachypodium lamein), 2 espèces menacées (Diospyros perrieri, Hildegardia erythrosiphon), 4 espèces en danger et 8 espèces vulnérables. La faune est constituée de 13 espèces de Lémuriens dont 3 diurnes et 10 nocturnes, 4 espèces de carnivores dont 2 menacées (Fossa – Cryptoprocta ferox et Galidia elegans), 5 espèces de Rodentes dont 2 endémiques à Bemaraha, (Nesomys lambertoni classée en danger et Elyuris antsingy espèce rare selon l’UICN), 103 espèces d’oiseaux réparties en 46 familles (parmi eux, Canirallus sp et Montacola sp sont endémiques régionales) et de 17 espèces de chiroptères ou chauve souris dont 1 espèce (Socotophillus sp.) à la forme de Bemaraha. Bemaraha est la plus riche de toutes les forêts caducifoliées de l’Ouest de Madagascar en espèces de reptiles (66 espèces) et d’amphibiens (22 espèces). Deux espèces d’amphibiens et 15 espèces de 12 reptiles sont endémiques de Bemaraha. A ceci s’ajoute, 15 espèces de poissons, 26 familles d’insectes, 112 espèces de Rhopalocères ou Papillon diurnes, 26 genres de fourmis. Du point de vue conservation à l’échelle mondiale, la catégorisation effectuée par l’UICN met en exergue la présence de 2 espèces gravement menacées, 9 espèces en danger, 21 espèces vulnérables dont parmi elles 2 espèces n’existent nulle part ailleurs que dans l’Antsingy. Le rôle écologique que tiennent les Tsingy de Bemaraha est de jouer le rôle de Château d’eau de toutes les parties en aval du District d’Antsalova, surtout au niveau du complexe Manambolomaty, un des sites RAMSAR de Madagascar, et au niveau de la plaine de Bemamba un des greniers à riz de la région. Les cours d’eau qui drainent l’Antsingy sont des cours d’eau permanents. La région est habitée par une population à majorité Sakalava, une ethnie organisée en clans et lignages, descendante des Vazimba qui, au XVIème ou, du XVII ème siècle, ont fui les hautes terres, pourchassées par l’envahissement merina, ayant un caractère conservateur de la nature. Ceci se manifeste par la mise en place de réglementation pour une utilisation rationnelle de la biodiversité par le biais du « Fady » (interdiction ou tabou). Les usages des ressources étaient limités aux demandes de bénédictions aux ancêtres avec comme offrandes les lémuriens. L’arrivée des immigrants qui ne cessent de venir peupler la région, et qui se montrent plus agressifs face à l’environnement naturel, a bouleversé le milieu. Sous leur influence, les jeunes Sakalava commencent actuellement à ne plus respecter les règles traditionnelles ainsi que leur environnement naturel.
La localisation du site
Madagascar est un grand pays constitué de 22 régions ayant différents écosystèmes, climat, relief, caractéristiques géologiques. Pour le cas du Tsingy, il se trouve dans la région Melaky. Cette localisation fait partie des informations que nous devons diffuser afin de bien focaliser l’étude. D’abord, le parc National Tsingy de Bemaraha se situe dans le moyen Ouest malgache, entre 18° et 19°20 de latitude sud; 44° et 45°10 de longitude Est, dans la province de Mahajanga, dans la région Melaky, district d’Antsalova. La superficie du parc est de 72.340ha. La partie attenante au nord, qui est une réserve naturelle intégrale, couvre encore 85.370ha. Ensuite, le Bemaraha est caractérisé par un climat tropical sec, avec un contraste marqué entre une saison sèche fraîche et tiède (Avril à Octobre) et une saison pluvieuse très chaude (Novembre à Mars). La température moyenne se situe entre 25 et 28°C. Aussi, la commune rurale de Bekopaka possède un relief karstique à surface ondulée ou lapiazée. Le relief est très accidenté et marqué par des failles et des fractures de massifs de calcaire. En effet, le plateau de Bemaraha a une altitude de934 km (point culminant), il est individualisé dans le paysage grâce à l’impressionnante falaise d’orientation Nord-Ouest/Sud-Est qui le borde à l’Est. Ce plateau d’une longueur dépassant 80km et d’une largeur moyenne de 20km qui est incliné vers l’Ouest. La moitié ouest du site est occupée dans son ensemble par une vaste dépression argilo-greneuse, parfois sableuse à relief tantôt mou, tantôt accidenté. Enfin, la principale caractéristique géologique de la zone d’étude est la puissance d’un dépôt jurassique de calcaire massif (ces dépôts sont d’origine marine et datent de la transgression qui a couvert l’ Ouest de Madagascar à l’ère jurassique). Des polypiers fossiles noyés l’attestent. La carte des sols de Madagascar nous donne une esquisse pédologique pour la zone d’Antsalova à dominance de sol ferrugineux tropical non ou peu lessivé sur des matériaux originaux sableux ou sablo-argileux. Cependant, on rencontre autour du chef lieu de Bekopaka des sols d’apport:alluvions. Du coté sud du Manambolo en amont, il y a une prédominance de sols ferrugineux tropicaux rouges.
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