Délimitation de la zone d’étude et des bénéficiaires du projet
Madagascar est reconnu pour sa biodiversité faunistique et floristique unique dans le monde. Sonhistoire géologique particulière basée sur un long isolement (GOODMAN, 2008) a permis un développement d’écosystèmes et de ressources forestières considérables (Mc CONNELL and SWEENEY, 2005). Depuis que l’île a été colonisée par l’homme, il y a environ 2000 ans, des activités générant d’impacts négatifs, telles que la déforestation massive et la mise en place de différents aménagements, ont entrainé des changements, notamment la destruction des habitats naturels et le changement au niveau des écosystèmes (GOODMAN, 2008). Toutefois, la politique environnementale malgache est, depuis toujours, orientée vers un engagement pour la conservation. Des preuves sont la création des premières Aires Protégées (AP) dès 1927 (ALLNUTT et al., 2009), ou encore la « Vision Durban » en 2003 visant à tripler la surface de ces dernières en cinq ans (MARIA et al., 2015). La création d’AP étant, par ailleurs, une approche encouragée dans les pays en développement qui ont souvent des réserves importantes en biodiversité à taux d’endémisme élevé, mais que ces dernières sont soumises à une forte pression anthropique et à une perte d’habitats naturels (MYERS et al., 2000).
Outre l’élargissement des étendus des AP, la promotion des Activités Génératrices de Revenues (AGR) est également une méthode adoptée pour une bonne gouvernance de ces dernières (Mc CONNELL and SWEENEY, 2005). Ceci est le cas de l’AP Maromizaha, considérée dans cette étude. Elle met en avant, notamment le système « Integrated Conservation and Development Project » qui intègre le développement de la communauté dans la conservation (FORD and McCONNELL 2001). Pour les communautés qui habitent les milieux ruraux dans les pays en développement, il y a un énorme enjeu et de compromis que de vivre sur les bordures des AP (BALINT, 2006). Dans la réalité, concilier conservation de la diversité biologique et gestion des ressources naturelles relèvent d’un grand défi. En effet, un plan de conservation réussi devrait améliorer les conditions de vie des communautés environnantes afin de réduire la pression sur les ressources naturelles et les conflits entre les résidents locaux et les dirigeants du programme de conservation (BALINT, 2006), ce qui n’est pas encore le cas de Maromizaha, car les villageois prétendent, que plus la forêt a été protégée, plus leur vie est devenue plus dure.
Cependant, les efforts vers une conciliation conservation-développement sont de plus en plus remarqués dans la zone. En effet, le gestionnaire de l’AP de Maromizaha, le Groupe d’Etude et de Recherche sur les Primates de Madagascar (GERP), octroie des microprojets, notamment l’élevage de volailles, la pisciculture, l’apiculture, d’autres projets d’agriculture et aussi l’élevage porcin, qui fait l’objet de cette étude. Ces microprojets ont pour but, à long terme, de remplacer les pratiquestraditionnelles basées sur l’exploitation de la forêt et des terres par les cultures sur brûlis et d’aider les habitants à avoir une vie plus décente. De par l’importance numérique, la diversité et la spécificité régionale de son cheptel, le sous-secteur de l’élevage à Madagascar présente un potentiel de développement. Si l’élevage bovin se concentre principalement dans les Régions Atsimo- Andrefana, Androy, Anosy, Menabe, Boeny, Sofia, Melaky et Betsiboka, celui des petits ruminants, ovin et caprin se concentre dans les zones sud, ouest et nord-ouest. La pratique de l’élevage porcin, quant à lui, concerne l’ensemble du territoire national (Programme sectoriel agriculture, élevage, pêche – plan national d’investissement agricole, 2015). D’où l’intérêt de ce microprojet d’étudier l’élevage porcin dans la zone de Maromizaha.
La zone de réalisation du projet se trouve dans Région administrative d’Alaotra Mangoro, dans le District de Moramanga, dans la partie sud-est d’Andasibe et dans les villages environnants de la Réserve de Ressources Naturelles de Maromizaha. La région de Maromizaha se trouve entre les coordonnées géographiques 18°56’49’’Sud – 48°27’53’’ Est et à 140km à l’Est d’Antananarivo et à 225 km de Toamasina. Bordée au nord par la RN2, au sud par la rivière d’Ankazomirahavavy, à l’est par les monts de Befody et enfin à l’ouest par la rivière de Madiorano, l’AP de Maromizaha s’étend sur une superficie de 1 880 ha dont 1000 ha sont recouverts par la forêt (MARIE et al., 2015 ; GERP, 2015) et offre des habitats de prédilection pour la biodiversité. Les villages considérés sont ceux qui longent la RN2 et appartiennent au Fokontany de Morafeno, énumérés d’ouest en est, les villages de : Madiorano, Maromizaha, Morafeno, Anevoka, Soarano, Amalonabe et Ambatosonegaly, le long de la délimitation de l’AP. Tous ces villages appartiennent au Fokontany de Morafeno.
Milieu humain et activité principale
La zone d’étude a été définie en fonction de la délimitation de l’AP de Maromizaha. En effet, seuls les villages situés aux environs de l’AP où les personnes travaillant dans la zone protégée ont été les cibles du projet, étant donné qu’ils sont les plus touchés par les problèmes fonciers et leurs activités telles que l’exploitation des ressources forestières (charbonnage, agriculture, …) se font directement dans la zone protégée. La délimitation du parc, l’identification des villages et le choix des villageois bénéficiaires du projet ont été définis préalablement, notamment dans le document détaillant le Plan d’Aménagement et de Gestion de la Nouvelle Aire Protégée de Maromizaha (GERP, 2015) ainsi que les termes de références du projet.
Quand bien même la grande diversité ethnique et les différentes classes sociales de la population de Maromizaha, le transfert de projet a tenu compte de l’organisation qu’une plateforme de gestion a mise en place, spécialement pour assurer la bonne gouvernance des projets. C’est-à-dire, les associations formées sont composées de personnes responsables (un Raiamandreny, un secrétaire, un trésorier et des membres), intermédiaires entre l’association et GERP. Ces associations ont arrêté leur choix sur des projets, qui par la suite ont été sélectionnés pour obtenir le financement. Cette année 2017, 26 associations ont bénéficié d’un financement de 1 000 000 Ariary, dont 12 qui pratiquent l’élevage porcin.Dans les villages, l’agriculture est une activité de subsistance commune à presque tous les habitants. L’élevage quant à lui, a également une place importante dans la zone d’étude. Le plus souvent, les ménages le pratiquent intégré : volailles avec porcs par exemple. Les différents types d’élevage présents dans la région comprennent : l’élevage de porcs, de volailles, de poisson, d’abeille et de lapin. Les techniques utilisées pour ces activités restent traditionnelles bien qu’avec l’arrivée de GERP, des formations d’élevage ont été dispensées. D’autres activités telles que le commerce, le travail à la carrière de pierre sont pratiquées dans les villages aux alentours de Maromizaha, quoi qu’elles concernent une minorité.