Critères de performance d’un adhésif
Un adhésif amélo-dentinaire ou système adhésif amélo-dentinaire est un biomatériau d’interface. Il contribue à former un lien idéalement adhérent et étanche entre les tissus dentaires calcifiés et des biomatériaux de restauration ou d’assemblage .Un adhésif doit posséder un certain nombre de critères propres tels que la biocompatibilité, l’adhésion et l’étanchéité, la durabilité, la simplicité et la facilité d’utilisation. Un adhésif ne devrait pas induire de réaction néfaste ni pour son utilisateur, ni pour son destinataire. Idéalement, il ne doit pas être allergisant ni toxique. Il ne doit pas avoir de potentiel mutagène (34). Sur un plan plus local, un adhésif ne doit pas être cytotoxique pour la pulpe, il devrait promouvoir la cicatrisation dentino-pulpaireAdhésion et étanchéité Un adhésif doit avant tout coller. Il doit assurer de manière immédiate un joint adhèrent suffisamment fort pour s’opposer aux contraintes de polymérisation du composite qu’on applique à sa surface. Par ailleurs, ce joint doit présenter une résistance précoce suffisante particulièrement lorsque la rétention est faible et que l’essentiel de la tenue est assurée par le collage. Il est habituellement admis qu’il doit être étanche à l’échelle du micromètre qui est celle de la bactérie .
Les qualités d’adhérence et d’étanchéité doivent non seulement être immédiates mais durables pour éviter les colorations marginales, les caries récurrentes, les sensibilités, voire la perte de la restauration qui sont autant des phénomènes de dégradation limitant la longévité des restaurations. Au niveau de l’émail, ce critère est bien établi par le mordançage avec des solutions d’acide phosphorique. Quant à la dentine, plusieurs études mettent en évidence in vitro et in vivo, une détérioration de la zone profonde de la couche hybrideDans l’emploi de tout adhésif, on devrait idéalement pouvoir espérer des résultats thérapeutiques fiables et reproductibles. Ce n’est pas le cas actuellement car la technique adhésive est très sensible à la manipulation. Des écarts dans la procédure de mise en œuvre sont susceptibles de compromettre la durabilité du collage.
Classification en « générations »
Elle distingue sept générations:La recherche d’une adhésion à la dentine commence au début des années 50 avec l’avènement des résines acryliques pour remplacer les ciments notamment les silicates au niveau des dents antérieures mais ces résines atteindront rapidement leurs limites. C’est ainsi que le chimiste suisse Hagger a mis en œuvre un adhésif à usage dentaire qui a été commercialisé sous le nom de Elle découle, à la fin des années 1970, de l’utilisation sans cesse croissante des composites et de la nécessité de s’opposer à leur retrait de polymérisation. L’innovation réside, alors, dans la nature chimique des monomères proposés. exploités par la firme Vivadent avec le Dentin Adhesit®. Le potentiel d’adhérence dentinaire de ces produits s’avère cependant encore faible (3 à 5 MPa) et très inférieur à la rétention procurée par l’émail mordancé (15 à 20 MPa). Cependant il convient de rappeler que ces adhésifs n’étaient pas appliqués sur l’émail mais sur la dentine intacte, c’est-à-dire recouverte de sa couche de boue dentinaire qui a une faible tenue sur les parois cavitaires.
Troisième génération Elle s’étend de 1985 à 1991 et correspond au développement du concept du système adhésif. C’est une association de plusieurs produits qui permettent un traitement de la surface dentinaire et des agents de couplage présentant un caractère hydrophile favorable au mouillage de la dentine traitée. Ces systèmes ont permis d’élever la valeur moyenne de l’adhérence à la dentine, dans la fourchette de 8 à 12 MPa. Cette génération est représentée par trois produits Ce concept a été découvert par Fusayama. Au niveau de la dentine, l’attaque acide permet d’éliminer la boue dentinaire et de déminéraliser ce substrat sur une profondeur de quelques micromètres en moyenne. Le but de ce traitement est de permettre la pénétration d’une résine adhésive dans les canalicules et à l’intérieur du réseau de fibrilles de collagène dégagé par le mordançage dans les espaces inter et péri-tubulaires. Le principe de cette adhésion est d’ordre micromécanique. C’est le principe de la couche hybride ou hybridation qui a été décrite par Nakabayashi en 1982 selon Degrange .
Cinquième génération Au milieu des années 90, on voit apparaître, sur le marché dentaire, des systèmes adhésifs basés commercialement sur la simplification d’où leur appellation de «systèmes monocomposants » ou « one-bottle systems ». La grande majorité d’entre eux comprend deux produits : un gel de mordançage et l’adhésif conditionné en un flacon. En fait, ces nouveaux produits regroupent en un seul flacon ce qui était présenté dans les systèmes de quatrième génération dans deux conditionnements différents. Le primaire d’adhésion et la résine adhésive étaient mélangés dans un solvant organique qui est généralement de l’alcool ou de l’acétone. Le concept fondamental du collage à la dentine reste inchangé, les principes sont les mêmes. Ces systèmes monocomposants sont, tout au plus, une évolution de la quatrième génération.