CONSERVATION ET EXPLOITATION DU MILIEU NATUREL
CONCEPTUALISATION ET DEMARCHE DE LA RECHERCHE
Concept fondamentaux et contexte de la recherche
Conceptualisation Avec notre sujet, intitulé : «conservation et exploitation du milieu naturel du lac Alaotra pour une gestion rationnelle. », il nous est nécessaire d’expliquer brièvement les termes suivants et leurs interrelations : Gestion rationnelle, exploitation, conservation.
Gestion rationnelle
Le mot : « gestion », se définit comme la manière de « développer et mettre en place les outils qui permettent le partage d’informations, la discussion de stratégies et la prise de décisions en toute transparence, afin de fixer les priorités. »(Richards T., 1989). Associé au terme « rationnel », ce mot signifie : la planification d’une stratégie pour le développement d’une entreprise ou d’un organisme communautaire, suivant une logique afin d’être pratique et efficace. Dans le domaine de l’environnement, la notion de gestion rationnelle est inhérente avec le terme, ressource naturelle. Ensemble, ces mots désignent, « une gestion qui permet aux ressources de se renouveler et d’être conservées de manière pérenne, sans être menacées par la surexploitation. 1 ». La gestion rationnelle est donc synonyme de gestion raisonnable. Pour ce faire, il est crucial, d’utiliser les ressources naturelles, qu’elles soient animales, végétales ou minérales, de manière rationnelle. A cause de la dégradation progressive du milieu naturel actuellement, la gestion durable des ressources naturelles, faisant partie des éléments du développement soutenable, est devenue une condition et un enjeu de survie pour l’humanité et de nombreuses autres espèces avec qui elle partage la biosphère. Afin de remédier aux méfaits occasionnés sur l’environnement, des principes ont été définis pour gérer d’une façon raisonnable les ressources naturelles, sans surexploitation. Dans le cas des ressources non-fossiles ayant une origine biotique (origines animales et végétales), il s’agira de gérer les conditions d’auto entretien des ressources, qui passent par le maintien ou la restauration du bon état écologique et des capacités de résilience écologique. 1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_ressources_naturelles. Certains auteurs et organismes proposent de développer une gestion participative des ressources naturelles basée sur la négociation, l’apprentissage et des approches collaboratives, avec un objectif de réduction de la pauvreté et des inégalités. Prenons comme exemple le WWF qui propose d’associer respectivement les populations et les pêcheurs à la gestion des ressources forestières et halieutiques, et l’UICN qui a mis en place un groupe de travail sur la gestion participative tel que la GTGP, le GTZ.
Exploitation
Suivant la logique du mot Géographie, qui étudie les relations réciproques entre l’homme et le milieu naturel, la notion d’exploitation est inévitable. L’exploitation des ressources naturelles parle des activités par lesquelles l’homme consomme les ressources animales et végétales pour satisfaire ses propres besoins. Ce phénomène est constant et vital pour tout être vivant, puisque la plupart des activités primaires, la base de tous les autres activités, sont directement liées à l’exploitation des ressources naturelles, agriculture, pêche, sylviculture Cela justifie qu’au moment où une ressource dans un écosystème déterminé est déjà limitée, suite à une catastrophe naturelle ou à une action humaine, il peut y avoir surexploitation, qui peut conduire à la disparition de la ressource. Au-delà d’un certain seuil de surexploitation, une ressource a priori renouvelable comme la forêt, les ressources halieutiques et la cynégétique, peut devenir épuisable. Par conséquent, la gestion durable d’une ressource vise à éviter que ce seuil ne soit jamais atteint, si non, le dépassement de ce seuil serait irréversibles et conduirait au collapsus écologique avec la destruction de l’espèce humaine et d’une partie de son environnement par elle-même.
Conservation
D’une manière générale, la conservation est l’action qui consiste à préserver un élément dans un état constant. Ce mot est présent dans plusieurs domaines, mais en écologie, il est surtout connu avec la notion de « conservation de la biodiversité » qui consiste en la protection des populations d’espèces animales et végétales, ainsi que la conservation de l’intégrité écologique de leurs habitats naturels ou de substitution. Son objectif est de maintenir les écosystèmes dans un bon état, et de prévenir ou de corriger les dégradations qu’ils pourraient subir. L’un des objectifs que l’Union Européenne s’est donné dans son sixième programme d’action pour l’environnement, est de « protéger et restaurer la structure 13 et le fonctionnement des systèmes naturels, en mettant un terme à l’appauvrissement de la biodiversité dans l’Union européenne et dans le monde ». La conservation de la nature ou de la biodiversité est à l’origine de la biologie de la conservation, une science nouvelle appliquant les principes de l’écologie, de la biogéographie et de l’écologie du paysage, ainsi que de la dynamique et de la génétique des populations. Michael E. Soulé, biologiste américain, l’un des fondateurs de cette science nouvelle, décrit la biologie de la conservation comme la « science de la rareté et de la diversité » (dans « Science of Scarcity and Diversity »). Cette nouvelle discipline scientifique inclus également l’anthropologie, les sciences économiques etla sociologie, pour la mise à contribution, d’un triple objectif de restauration, protection et/ou gestion de la biodiversité. La biologie de la conservation vise surtout à protéger une espèce rare. Dans notre cas, il s’agit du lémurien endémique local « hapalémur griseusalaotrensis », ce qui implique la protection ou la restauration de ses conditions de vie ou de survie, protéger une population d’individus menacés, protéger un complexe d’habitats naturels. Habituellement, la conservation de la biodiversité implique la création d’une aire protégée, dans ce contexte, 45 milliards de dollars par an sont affectés aujourd’hui à la création d’aires protégées. Ce qui justifie que la conservation de la biodiversité est caractérisée également par la nécessité de grands investissements.
Le lac Alaotra
Définition d’un lac
un lac est une étendue d’eau de superficie variable qui peut être petite pour des lacs de cratère. Leur profondeur moyenne est supérieur à 1,50 m aussi bien en saison sèche qu’en saison humide. Ils possèdent toujours une eau de surface libre de végétation et la ceinture de végétation émergée ne se rencontre que sur les berges ou dans les zones temporairement inondées. Classification des lacs Selon KIENER en1963 et FERRY et al en 1995, les lacs de Madagascar peuvent être classifiés comme suit : -les lacs d’origines tectonique qui sont des lacs de forme généralement allongée occupant d’importantes failles. 14 – les lacs de plaine ou de vallées alluviales : lacs caractérisés par une faible profondeur. Ce type de lac est fréquent dans la grande Ile comme la majorité des lacs de l’Ouest dont la surface augmente considérablement avec la montée des eaux en saison de pluie. – les lacs artificiels ou naturels aménagés. Ce sont des lacs de barrage, formés par la fermeture d’une vallée ou d’un bas-fond à la suite d’un éboulement, d’une coulée de lave, d’alluvionnement intense ou par l’action de l’homme comme Mantasoa… – les lacs volcaniques ou de cratère : lacs souvent de forme ovale ou ronde et de surface relativement faible. Ils constituent souvent des chapelets de lacs selon les lignes de volcans comme le Tritriva dont la profondeur avoisine 160m, le lac Itasy qui est également un lac volcanique verrouillé par une coulée de lave. – les lacs littoraux et les lagunes de l’Est – les lacs côtiers de l’Ouest tels les lacs Ihotry et Tsimanampesotse – les étendues d’eau salées ou saumâtre sont classées parmi les lacs lorsqu’elles répondent aux critères de définition Le lac Alaotra fait partie de la première classification, c’est-à-dire un lac d’origine tectonique. Situé à 750 m d’altitude. Le plan d’eau couvre 19.971 ha mais avec les zones de marais, les rizières et les vallées des cours d’eau, sa surface atteint 722.500 ha. L’Alaotra est un lac peu profond avec une moyenne de 1,5 m pendant la saison sèche et 2 à 3m à la fin de la saison des pluies. Il est le plus grand écosystème d’eau douce de Madagascar et classé 3e site Ramsar de la grande île s’il constitu le 1312 esite Ramsar du monde. Cette Convention de Ramsar est entrée en vigueur le 25 janvier 1999 à Madagascar. Et c’est à cette époque qu’ont été inscrits les 2 premiers sites Ramsar de Madagascar : le Lac Tsimanampetsotsa et le Complexe des lacs de Manambolomaty. Quatre ans après, le 2 février 2003 : Journée Mondiale des Zones humides, le ministre de l’Environnement et des Eaux et Forêts a annoncé que le Lac Alaotra avec ses bassins versants figure parmi dans la liste Ramsar Malgache.
Contexte et justification du sujet
Depuis 2013, en réponse à l’engagement de Madagascar lors du cinquième congrès international sur les parcs à Durban, plusieurs Aires Protégées ont été créées au sein du Système d’Aires Protégées de Madagascar (SAPM). La future Nouvelle Aire Protégée lac Alaotra entre dans le cadre de cet engagement. La particularité du Lac Alaotra est que d’une part, il fait partie des rares zones humides d’importance international et que d’autre part, il est non seulement le sanctuaire de l’unique primate, le « bandro » (Hapalémur griseusalaotrensis), qui vit dans les zones humides mais aussi il abrite des populations faunistiques endémiques remarquables aussi bien terrestres qu’halieutiques. Cependant, la création de la Nouvelle Aire Protégée (NAP) à travers son type de gestion, sa nouvelle distribution dans l’occupation de l’espace, ses règles de gestion et autres mesures d’organisation ne serait pas sans apporter des bouleversements dans la vie socio-économique des communautés riveraines. C’est ainsi que la présente recherche s’inscrit dans le plan de sauvegarde social et environnemental de la commune Ambohitsilaozana. Son objectif est d’assurer que la création et la gestion de la NAP, n’aient pas d’effets négatifs sur les conditions de vie des communautés locales riveraines et que leurs intérêt soient sauvegardées par des mesures de compensation voire même d’amélioration. L’approche adoptée accorde une attention particulière aux communautés riveraines en conciliant dans la mesure du possible les impératifs de conservation de la biodiversité du site et le bien être des communautés riveraines. Néanmoins, il convient de souligner que conformément au cadre fonctionnel de procédures de sauvegarde, 2007, les mesures de compensation adressent uniquement aux Populations Affectées par le Projet (PAP) parmi les populations vulnérables. Une Population Affectée par le Projet (PAP) se définit comme toute communauté vivant et dépendant de façon licite ou illicite des ressources naturelles renouvelables ou non renouvelables au sein d’une Aire Protégée (AP) à créer et qui est susceptible de subir un préjudice du fait de restriction apportées à l’accès à ces ressources. (Impacts sur ses sources de revenu et sur son niveau de vie).
INTRODUCTION |