CHIMIOPROPHYLAXIE A L’ISONIAZIDE CHEZ LES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH
Caractéristique du virus
Classification
Les rétrovirus constituent une grande famille des virus. Ils se définissent par leur structure : particules sphériques de 80 à 100nm de diamètre, possédant un génome fait de deux molécules d’acide ribonucléique (ARN) simple brin. Les particules sont enveloppées et sortent des cellules dans lesquelles elles se répliquent par bourgeonnement. Mais plus que leur structure, c’est leur mode de réplication qui les caractérise : grâce à l’enzyme qu’ils contiennent, appelée reverse transcriptase en anglais, ou transcriptase inverse en français, leur 9 génome va être rétro transcrit en un acide désoxyribonucléique (ADN) simple brin puis double brin qui s’intègre dans l’ADN de la cellule hôte sous l’appellation d’ADN pro viral. Le virus de l’immunodéficience humaine appartient à la famille des rétrovirus. Et selon la pathogénie des rétrovirus, on distingue trois sous-familles : – les Spumavirus sont les moins bien caractérisés. Ils ont été isolés de cellules en culture d’un grand nombre d’espèces de mammifères. Ils ne sont associés à aucune maladie connue ; – les Oncovirus sont les rétrovirus les plus anciennement connus. Ils sont actuellement subdivisés en cinq groupes en fonction des espèces atteintes et de l’existence ou non d’oncogènes. Les Human T-cell Leukemia Virus, HTLV-1 et HTLV-2, identifiés chez l’homme à la fin des années 1970 appartiennent à cette sous-famille ; – les Lentivirus son des virus qui provoquent des maladies à évolution lente et qui sont cytopathogénes en culture. Les HIV (Human Immundefiency Virus), ou VIH en français, agents responsables du SIDA, font partie de cette sous-famille ; deux types de virus ont été identifiés à ce jour : le VIH1, répandu sur l’ensemble des continents, et le VIH-2, présent surtout en Afrique de l’ouest. 2.2.2. Propriétés structurales du VIH [19] En microscopie électronique, le VIH-1 et le VIH-2 présentent les caractéristiques morphologiques des lentivirus avec un core excentré tronculaire et une enveloppe avec des spicules. Ce core central est formé de deux molécules d’ARN et de trois protéines. Les protéines (et glycoprotéines) du VIH-1 sont désignées souvent par leur poids moléculaire : la protéine de la capside (CA ou p25), la protéine de la matrice la plus interne associée à l’ARN (MA ou p18), la nucléocapside (NC ou p7-p9). Par ailleurs le core viral contient des molécules 10 de RT (p51-p66), d’intégrase (INT ou p32) et de protéase (PROT ou p12). Autour de la nucléocapside se trouve l’enveloppe virale, formée d’une double couche lipidique d’origine cellulaire, et de deux glycoprotéines (gp) virales. La glycoprotéine transmembranaire, appelée glycoprotéine de fusion, d’un poids moléculaire de 41000kDa (gp41) traverse la double couche lipidique. Elle est attachée par des liaisons faibles, non covalentes, à la glycoprotéine d’enveloppe externe appelée glycoprotéine de surface, d’un poids moléculaire de 120 000kDa (gp120), qui fait saillie à la surface du virus sous forme de spicules. Notons aussi que le VIH est très fragile en dehors de l’organisme humain. Il est détruit après exposition à la chaleur (60 °C) et au contact de désinfectants tels que le formol, l’eau oxygénée, l’alcool, l’acétone, le phénol et l’eau de javel. Figure 2 : Schéma structural du VIH .
Interaction VIH-Cellules, et leurs conséquences sur la physiopathologie de la maladie
les cellules cibles de l’infection à VIH sont principalement les cellules exprimant à leur surface le récepteur CD4 et l’un des corécepteurs, en particuliers CXCR4 et CCR5 ; il s’agit de la sous population lymphocytaire CD4+, mais aussi des monocytes/macrophages, des cellules dendritiques dont les cellules de Langerhans ( cellules dendritiques différenciées de la peau et des muqueuses), ainsi que des cellules de la microglie cérébrale ( macrophages différenciés ). Le VIH est localisé dans de nombreux tissus (ganglions lymphatiques, intestin, thymus, cerveau, etc.) et liquides biologiques (sang, liquide broncho-alvéolaire, sperme, sécrétions génitales, liquide céphalorachidien…) dans lesquels on retrouve les cellules cibles du VIH. Le processus de réplication virale se déroule en plusieurs étapes [23] qui sont : – La pénétration du virus dans la cellule ; – La transcription inverse de l’ARN viral en ADN double brin pro viral grâce à la reverse transcriptase ; – La pénétration de l’ADN pro viral dans le noyau ; – L’intégration de l’ADN pro viral au génome de la cellule hôte grâce à l’intégrase ; – La synthèse des protéines virales sous l’action de la protéase ; – L’assemblage des protéines virales grâce à des protéases et encapsulation de l’ARN conduisant à la formation des nouvelles particules virales ; – La libération des particules virales formées 12 Figure 3 : Cycle de réplication virale du VIH/Sida [24] L’infection chronique par le VIH est responsable d’une déplétion progressive en lymphocytes TCD4+. Et la pente de la déplétion lymphocytaire constitue le principal marqueur pronostique de la maladie. D’autres anomalies immunologiques sont également observées au cours de l’infection par le VIH : anomalies des lymphocytes CD8+, des cellules « Natural killer » (cellules NK) et des cellules présentatrices d’antigènes.
Histoire naturelle de l’infection à VIH/SIDA
L’histoire naturelle désigne l’ordre habituel et prévisible dans lequel se déroulent les manifestations cliniques et biologiques de l’infection à VIH en dehors de toute thérapeutique ARV. L’infection par le VIH est chronique sans période de latence virologique. Les lymphocytes TCD4+ sont la cible principale du VIH ; et leur destruction va favoriser la survenue des infections opportunistes. Ainsi l’évolution de l’infection à VIH se fait en plusieurs phases : Phase de primo-infection Elle fait suite au premier contact avec le virus et dure 02 à 06 semaines. La réplication virale est intense. Chaque jour, 1 à 10 milliards de nouveaux virus sont produits et autant de lymphocytes TCD4+ sont détruits. Du fait de l’intensité de la réplication virale, l’infectiosité est maximale, avec un risque de transmission du VIH très élevé. Au début : – il existe une réduction du nombre de lymphocytes TCD4+, car les lymphocytes détruits ne sont pas encore remplacés par de nouveaux produits par les organes lymphoïdes ; – les anticorps anti-VIH dans le sang ne sont pas encore détectables: c’est la « fenêtre sérologique », pendant laquelle les personnes infectées par le VIH peuvent transmettre le virus tout en ayant une sérologie négative. Après les 3 premières semaines, des anticorps anti-VIH apparaissent et la sérologie VIH devient positive. Phase chronique de latence clinique, avec séropositivité Elle est de durée variable, de 02 ans jusqu’à plus de 15 ans. Grâce au système immunitaire, la réplication virale est plus faible que pendant la primo-infection, mais elle est continue (pas de latence virologique). L’infection est asymptomatique, sans manifestation clinique. La sérologie VIH est positive car 14 les anticorps anti-VIH sont présents à ce stade en quantité suffisante pour être détectés. Phase symptomatique, avec apparition d’infections opportunistes (IO) Elle dure de quelques mois à plusieurs années. La réplication virale est moins freinée par le système immunitaire et, par conséquent, ré-augmente. Le nombre de lymphocytes TCD4+ diminue de façon importante car leur production par les organes lymphoïdes ne compense plus la destruction liée à la réplication virale. Le déficit immunitaire s’accentue, ce qui entraîne l’apparition d’IO définissant le stade SIDA de l’infection à VIH.
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