Evolution interannuelle de la pluviométrie à station de Linguère

VARIABILITE DES RESSOURCES EN EAU, DYNAMIQUE DES PAYSAGES ET STRATEGIES D’ADAPTATION DANS LA ZONE SYLVOPASTORALE

Etude de la variabilité pluviométrique à la station de Linguère 

L’analyse de l’évolution des précipitations durant la période allant de 1950 à 2010 est caractérisée par une grande irrégularité exprimée rapport de la pluviométrie annuelle et la normale climatique (1971-2000). Cette irrégularité s’exprime à travers des années exceptionnellement pluvieuses principalement situées de part et d’autre de la période sèche (1970-1995). Parmi celles-ci, on peut retenir les années 1951, 1953 et 1969 durant la 1ère phase et les années 2009 et 2010 de la 3ème phase. En outre, la période d’étude est par aileurs caractérisée par des déficits pluviométriques très prononcés des années 1972, 1973 et 1983. Ces dernières sont presque toutes situées, à l’exception de l’année année 2002, dans la période (1970-1995). Ces différentes extrémités laissent apparaître trois phases : – une première phase avec une moyenne pluviométrique de 526,36mm ; – une seconde phase avec une moyenne pluviométrique de 367,6mm ; – une troisième phase durant laquelle la moyenne de pluviométrie est de 440,2 mm. Durant la première phase (1950-1969), seules les années 1956 (333,2mm), 1962 (341,3mm) et 1968 (301,7mm) ont enregistré un cumul pluviométrique inférieur à la normale, alors que pour la seconde phase (1970-1995), les années 1987 (559 mm) et 1989 (587,2 mm) ont enregistré un cumul pluviométrique supérieur à la moyenne de la première période. En fin, la dernière période, caractérisée de phase hybride, les années 1997 (296,20 mm) ,2002 (234 mm) et 2006 (280 mm) ont toutes enregistré un cumul pluviométrique annuel inférieur à la normale.

Evolution interannuelle de la pluviométrie à station de Linguère

L’évolution interannuelle des précipitations au niveau de la station de Linguère met en évidence une irrégularité pluviométrique qui s’exprime à travers une évolution en dents scie. Les observations de la station affichent vingt et quatre (24) années présentant une pluviométrie inférieure à la normale, soit 37,7% de la série contre trente huit (38) années à pluviométrie supérieur à la normale, soit 62,3% des années. Cette évolution de la pluviométrie indique que les déficits par rapport à la normale sont plus fréquents à Linguère qu’à Podor. On rappelle que le pourcentage des années déficitaires par rapport à la normale à Podor représente 27,9% de la série contre 37,7% au niveau de Linguère. On remarquera par ailleurs que 66,7% des années à pluviométrie inférieure à la normale se situe à dans la 2nde phase (1970-1995) contre 12,5% dans la 1ère phase (1950-1969) et 20,8% dans la 3ème phase (1996- 2010). Il faudra par ailleurs noter que c’est durant la 2nde phase qu’on a noté le déficit le plus important de la série avec un pourcentage de -49,5% enregistré en 1984. Figure 53:Evolution annuelle de la pluviométrie à la station de Linguère (1950-2010) 165 Globalement, on peut retenir que les quantités annuelles de précipitation sont généralement supérieures à la normale. Cependant, l’irrégularité de la série se vérifie à travers les écarts entre le maximum de 780 mm de l’année 2010 et le minimum de 190 mm de 1983, soit un écart de 580mm entre ces deux extrêmes (Figure 53). .I.1.2 Evolution des écarts par rapport à la normale à la station de Linguère L’évolution des écarts à la normale à la station Linguère permet d’observer une forte variabilité. Celle-ci s’exprime à travers des pics représentant des années excédentaires et des creux symbolisent les années déficitaires. L’évolution par rapport à la normale établie à partir des totaux pluviométriques et de la normale pluviométrique montre l’existence de trois périodes : – une période relativement humide (1950-1969); – une période sèche (1970-1996) ; – une période hybride (1997-2010) ; Figure 54:Evolution des écarts de la pluviométrie annuelle par rapport à la normale de 1950 à 2010 à la station de Linguère La première période s’étale de 1950 à 1969 à l’intérieur de laquelle seule trois années sont déficitaires (1956, 1962 et 1968). Le maximum pluviométrique de la période humide est intervenu en 1969 avec 679 mm, soit un excédent 78,8% par rapport à la normale, alors que le minimum de la même séquence est intervenu en 1968 avec 291mm représentant un déficit de 20,3% par rapport à la normale. Durant cette période humide, les années déficitaires représentent 15% de la série, alors que les années caractérisées par un excédent pluviométrique représentent 85% par rapport à la normale, et la période sèche est ici moins longue que celle de la station de Podor car, elle va de 1970 à 1996. Pour celle-ci, les années déficitaires représentent 33,3% de la série, alors que les années caractérisées par un excédent par rapport à la normale pluviométrique regroupent 66,7% des années de toute la série. En outre, l’écart à la normale le plus important pour cette phase se situe en 2002 (-37,9%), alors que l’année la plus pluvieuse correspond à 2010 avec un excédent de 108,4% par rapport à la normale (Figure 54). 

Caractérisation de la variabilité pluviométrique par l’indice de Lamb à la station Linguère

L’évolution de l’indice de Lamb reflète fidèlement celle des différentes phases de la dynamique pluviométrique déjà évoquées avec l’étude des écarts à la normale. Celui-ci révèle une succession d’années humides et d’années sèches qu’on peut regrouper en trois phases au cours desquelles nous pouvons distinguer une décennie humide (1950-1969). Cependant sur l’ensemble de la période, les années à indices positifs représentent 47,5% de la série contre 166 52,5% d’années à indice négatifs. Mais cette généralité cache les singularités à l’intérieure des différentes périodes. Figure 55:Evolution de l’indice de Lamb de 1950 à 2010 à la station de Linguère. Ainsi, durant la 1ère période, les années à indice positifs représentent 70% contre 30% d’indices négatifs. Pendant la seconde période, les années avec des indices positifs représentent 26,9% contre 73,1% d’années à indices négatifs. La dernière période, quant à elle, est caractérisée par des indices relativement équilibrés avec 53,3% d’années à indices positifs contre 46,7% d’années à indices négatifs. Cette période présente donc des valeurs négatives et positives avec pratiquement le même pourcentage, alors que le déficit le plus prononcé est intervenu en 2002 avec un indice de (-1,6). L’évolution globale de la pluviométrie montre une division triphasée de la série : – Une phase humide (PH) allant de 1950 -1969 – Une phase sèche (PS) allant de 1970-1996 – Une phase hybride (PHy) allant de 1997 à 2010 (Figure 55) 

Caractéristique de l’indice de Lamb de la période 1950-1969

L’évolution de l’indice de Lamb au cours de la période 1950 à 1969 montre une dynamique pluviométrique caractérisée par une relative humidité. Durant cette phase, la dynamique pluviométrique est caractérisée par une série d’années à pluviométrie généralement supérieure à la normale et se traduisent par des indices de Lamb généralement positifs. Figure 56:Evolution de l’indice de Lamb de 1950 à 1969 167 Pour cette période, nous avons six (06) années avec des indices négatifs, soit 30% contre 16 années à indices positifs représentant 70% des années de cette phase. Il correspond à la séquence la plus humide de la série. C’est aussi durant cette phase qu’on a noté la présence des indices les plus négatifs 1956 (-2,6) et 1968 (-0,9) qui correspondent, en même temps, aux années les moins arrosées de la période (Figure 56). 

Caractéristique de l’indice de Lamb de la période 1970-1996

L’évolution de l’indice de Lamb durant cette phase indique une baisse sensible des précipitations avec la fréquence d’une série d’années particulièrement sèches. Cette période est aussi singulièrement caractérisée par une baisse de la pluviométrie exprimée par une forte proportion des années à indices particulièrement négatifs. Par ailleurs, l’aridité de la période s’explique à travers la fréquence des années à indices négatif (19 années, soit 70,4%) contre 8 années à indices positifs, soit 29,6% de l’ensemble des années de la séquence 1970-1996. Figure 57:Evolution de l’indice de Lamb de 1970à 1996 En outre, c’est pendant cette période qu’a été enregistré l’indice le plus négatif de la série pluviométrique avec une valeur de -2,01 en 1983 (Figure 57).

Caractéristique de l’indice de Lamb de la période 1997 à 2010

L’évolution de l’indice de Lamb au cours de la période 1997 à 2010 est caractérisée par une situation globalement positive au niveau de la station de Linguère. Figure 58:Evolution de l’indice de Lamb de 1997 à 2010 La dynamique pluviométrique est caractérisée par un retour progressif à la normale. Cependant, il existe des indices assez négatifs enregistrés notamment en 2002 et 2006 avec respectivement (-1,6) et (-1,11). Toutefois, on note autant d’années à indices négatives que 168 d’années à indices positifs dans cette phase. Elles représentent 50% chacune mais la période demeure relativement moins aride que la 2nde période (Figure 58).

Les caractéristiques des saisons pluvieuses de 1950 à 2010

La caractérisation des saisons a été déterminée de la même manière que durant la première période. Celle-ci, en permettant d’avoir une meilleure lecture de l’évolution globale de la pluviométrie, met en évidence la dynamique des saisons pluvieuses par une caractérisation des débuts et fins d’hivernage qui, à son tour, a permis de déterminer la durée des hivernages et la pluviosité des mois.

Débuts et fins d’hivernage pendant la période 1950-1969

Durant cette période, l’analyse de la saison a permis de constater que les débuts d’hivernage sont généralement situés au mois de Juin. Sur l’ensemble de la période 55% des hivernages ont un début normal contre 45% d’hivernages à débuts précoces. Par ailleurs, la fin des hivernages est généralement centrée sur le mois d’Octobre avec 65% des fins d’hivernage, alors que les fins tardives sont situées au mois de Novembre pour une fréquence de 35%. Tableau 16:Début et fin d’hivernage pour la période 1950-1969 Le caractère particulièrement humide de cette phase s’illustre à travers l’absence des débuts d’hivernage tardives et les fins précoces. Cependant, les débuts d’hivernage précoces (45%) et les fins tardives sont particulièrement importantes (Tableau16). 

Débuts et fins d’hivernage pendant la période 1970-1996

L’analyse de l’hivernage à travers les débuts d’hivernage au cours de cette période montre que la plupart des hivernages ont débuté au mois de Juin 77%, alors qu’on note un début précoce de 15 %, et que les hivernages à début tardif représentent 8% dans cette séquence. En outre, cette séquence est caractérisées par des hivernages avec une fin normale moins importante que celles de la période précédente (54%), alors que les fins d’hivernages précoces ont connu une hausse et représentent (23%). Tableau 17:Début et fin d’hivernage de la période 1970-1996 169 Les fins tardives ont, elles aussi, connues une baisse par rapport à la situation précédente. En effet, située dans la séquence la plus sèche de la série, cette phase est caractérisée par des débuts et des fins d’hivernage concentrées entre le mois de Juin et le mois d’Octobre. Par ailleurs, les hivernages sont particulièrement marqués par la fréquence des débuts tardives (8%) et des fins précoces (23%) (Tableau17). 

Débuts et fins d’hivernage pendant la décennie 1997-2010

L’analyse de l’évolution de la saison pluvieuse est caractérisée durant cette phase par la diminution de la fréquence des hivernages à début précoce mais aussi par une augmentation de la fréquence des hivernages à début tardive. En effet, la fréquence des hivernages à début précoce est passée de 15% pour la période précédente à 13% pour cette période. Durant cette phase, il n’est pas constaté de fins d’hivernage tardives alors que les hivernages à fin précoces sont passés de 23% au courant de la période précédente à 7% pour cette période.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE « RESSOURCE EN EAU »
I.1 Eléments théoriques de concept de ressource en eau
I.2 Ressource en eau et vunérabilité des systèmes de production
CHAPITRE II CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA NOTION DE PAYSAGE ET DE SA DYNAMIQUE 
II.1 Le paysage un : concept polysémique
II.2 Le concept de paysage : une notion au carrefour des relations de l’homme et de la nature
II.3 Paysage et échelle d’analyse et de représentation spatiale
CHAPITRE III CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DES « STRATEGIES D’ADAPTATION »
III.1 Définition et origine de la notion de « stratégie »
III.2 La vulnérabilité aux changements climatiques : un concept au cœur des stratégies d’adaptation des populations
CHAPITRE IV CADRE PHYSIQUE DE LA ZONE D’ETUDE
IV.1 Géomorpholgie et types de sols
IV.2 Le cadre climatique de la zone sylvopastorale
IV.3 Les ressources en eau de la zone d’étude
IV.4 Caractéristiques générales de la végétation
CHAPITRE V LES HOMMES, LA SOCIETE ET LES ACTVITES
V.1 Le processus de peuplement
V.2 La zone sylvopastorale : un espace aux activités socio-économiques assujetties aux pratiques agricoles et pastorales
CHAPITRE VI ANALYSE DE LA DYNAMIQUE PLUVIOMETRIQUE
VI.1 Les méthodes et techniques d’analyse
VI.2 Etude de la variabilité pluviométrique à la station de Podor
VI.3 Etude de la variabilité pluviométrique à la station de Linguère
VI.4 Etude de la variabilité du climat à la station de Louga .
CHAPITRE VII ANALYSE DE LA PERCEPTION COMMUNAUTAIRE DE LA DYNAMIQUE DU PAYSAGE 
VII.1 Matériels et méthodes
VII.2 Justification du recours aux services écosystémiques : éléments d’entrée de l’analyse de la dynamique du paysage
VII.3 Les différentes typologies des services écosystémiques
VII.4 La dynamique des paysages : la perception des changements par les communautés et impacts
sur les services écosystémiques
VII.5 Perception des changements et facteurs de la dynamique des paysages de la zone d’étude
CHAPITRE VIII LA DYNAMIQUE DES PAYSAGES : METHODES ET TECHNIQUES D’ANALYSE PAR LA TELEDETECTION ET LES SYSTEMES D’INFORMATION GEOGRAPHIQUES
VIII.1 Justification de l’utilisation de la télédétection et des SIG pour l’étude de la dynamique des paysages
VIII.2 Les principes de la télédétection
.VIII.2.1 Interaction entre atmosphère et rayonnement électromagnétique : les phénomènes de dispersion
VIII.2.1.1 Le phénomène de dispersion
VIII.2.1.2 Le phénomène d’absorption
.VIII.2.2 Les corrections atmosphériques des interactions capteur-cible
.VIII.2.3 Les fenêtres du spectre électromagnétique et leur utilisation en télédétection
VIII.2.3.1 Caractérisation de la réflexivité des objets
VIII.2.3.2 Utilisation de quelques bandes spectrales en télédétection
VIII.3 Limites de la télédétection dans l’élaboration des cartes d’occupation des sols
VIII.4 Le système d’information géographique (SIG)
VIII.5 Analyse de la dynamique des paysages : matériel et méthode de cartographie de l’évolution de
l’occupation
CHAPITRE IX LES PASTEURS DE LA ZONE D’ÉTUDE : CONTEXTE ET STRATÉGIES D’ADAPTATION
IX.1 Le contexte des mutations socio-spatiales dans la zone d’étude
IX.2 Stratégies institutionnelles : les politiques publiques et la prise en charge de la problématique environnementale
IX.3 Les réponses adaptatives communautaires : stratégies des éleveurs
CHAPITRE X : LES AGRICULTEURS DE LA ZONE SYLVOPASTORALE : CONTEXTE ET STRATEGIES
D’ADAPTATION
X.1 La problématique de l’agriculture sénégalaise : de l’omniprésence de l’Etat au dégagement de l’Etat
du secteur dans un contexte d’irrégularité pluviométrique
X.2 Les réponses adaptatives communautaires : les stratégies des agriculteurs

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