El Hadji Omar Ndao : Une Grande Figure Islamique Soufie en Sénégambie (1900 – 1977)

El Hadji Omar Ndao : Une Grande Figure Islamique Soufie en Sénégambie (1900 – 1977)

Études coraniques, voyages et disciplines étudiées 

Ses études coraniques

Les études d‟El-Hadji Omar Ndao connaissent deux grandes phases. Une phase réservée à l‟apprentissage du Saint Coran et de l‟exégèse sous le contrôle de son père ; une étude qui s‟est déroulée derrière le troupeau de son père qu‟il conduisait au pâturage chaque jour, du lever du soleil à son coucher. L‟autre phase portait, d‟une part, sur les sciences littéraires à savoir la grammaire, la rhétorique, la métrique et la langue ; et d‟autre part, sur celles religieuses telles que la jurisprudence musulmane, le dogme, le soufisme, l‟héritage, et d‟autres. En guise d‟illustration, lisons les propos de Serigne Mai„î : « son père Ali Dabo lui a enseigné le saint Coran jusqu’à ce qu’il le maitrise et le « tafsîral-Jalâlayni115 ». Il associait l’apprentissage et la gestion des troupeaux de son père. Il prenait une leçon, de lui chaque matin, qu’il doit apprendre derrière le troupeau. À son retour de la brousse le soir, son père lui fait l’exégèse des versets de sa leçon du jour. Donc, il fut en même temps, élève et berger. Il a continué ainsi jusqu’à ce qu’il maitrise, entièrement, le Saint Coran et son exégèse ». 116 Mieux, Serigne Ma„î ajoute que : « Il s’est excellé aux sciences coraniques surtout à l’exégèse qu’il faisait sans l’aide d’un support coranique comme l’on constate, généralement, chez la plupart des exégètes. Ce qui faisait partie de ses particularités distinctives»117. C‟est dans ce même sillage qu‟abonde Sérigne El-Hadji Taha Ka lorsqu‟il affirme que: « En tant que maitre coranique, Ali Dawo Ndao a enseigné, à son fils, le Saint Coran. Tout son cursus d’études coraniques se passa derrière les troupeaux de son père. Pendant l’hivernage, il mettait son Livre dans un sachet d’imperméable pour le protéger de l’eau de pluie. Il apprend sa leçon avant la prière de Zouhr. Juste après la prière de Zouhr ou Tisbar, son père lui donne rendez-vous dans un lieu qui s’appelait Nguet Ndemba Tiawo118 pour lui faire l’exégèse de sa leçon du jour. Ensuite, Ali Dawo retourne à Ndama et El-Hadji Omar Ndao retourne au pâturage jusqu’au soir. Voilà les circonstances dans lesquelles, il a fait ses études coraniques et exégètes dans le village de Ndama.  Une forêt qui se situe dans le village de Ndama.  Un jour, il a rencontré dans la forêt de Ndama, l’un de ses oncles, Ousmane Fatim qui lui demandait qui est son père ? El-Hadji Omar lui rétorqua : mon père est Ali Dawo. Ensuite, il lui demanda sa mère. Il lui répond : ma mère c’est Aissatou Ndiaye. Ensuite, son oncle lui dit : si tu retourneras à la maison, tu diras à ton père que mon oncle vous demande de m’enseigner au lieu de me charger la gestion de ses troupeaux. Arrivé à la maison, El-Hadji avait honte de raconter, fidèlement, à son père, ce que son oncle lui avait dit. Par conséquent, il lui avait, seulement, dit: mon oncle vous demande de me charger le contrôle de vos troupeaux, mais également, de m’enseigner. Son père, ayant compris son fils par sa sagesse dans la parole, sa pudeur et son respect particulier envers ses parents, il lui dit que tu ne m’as pas dit, réellement, ce que ton oncle t’avait vraiment dit ; je pense qu’il me demande d’arrêter de te charger de la gestion des troupeaux en te laissant te consacrer à l’apprentissage et à la quête du savoir. Puis, il lui dit : « je ne vois aucun mal sur le fait que tu associe l’apprentissage et le travail, car tu parviens à mémoriser, parfaitement, le Saint Coran et maitriser beaucoup de sciences arabo-islamiques derrière les troupeaux. En plus, tu seras compté par les futures éminents guides qui mèneront les musulmans sur le droit chemin ». El-Hadji Omar Ndao a affirmé, lui-même qu‟il a commencé à associer le contrôle du troupeau de son père et l‟apprentissage du Saint Coran ainsi que son exégèse à l‟âge de cinq (5) ans sans aucun soutien émanant ni de ses frères ni d‟aucun des membres de sa famille. Ce qui nous permet de dire qu‟El-Hadji Omar Ndao est, aujourd‟hui, une référence idéale pour tout musulman et surtout les élèves, les étudiants et même les chercheurs et travailleurs. Car, le savoir et le travail sont les seuls socles du développement et les seules voies qui conduisent au salut et à la satisfaction. Contrairement à l‟actuelle génération, malgré les conditions favorables, elle devient de plus en plus inactive et moins engagée dans la quête du savoir et le travail au compte de l‟ignorance et de la facilité. Après sa maîtrise du Saint Coran et de son exégèse, il demanda à son père l‟autorisation d‟écrire un exemplaire du livre coranique. Son père accepte sa demande et lui recommanda d‟aller à Balangar chez son oncle pour y écrire son livre, comme l‟atteste El-Hadji Babou Ndiaye :  C‟est un village Gambien qui situe entre la frontière de la Gambie et du Sénégal. C‟est un village historique ou résident d‟éminents savants à travers divers domaines à savoir culturel, religieux et d‟autres.  « Après avoir terminé ses études coraniques et exégètes sous la direction de son père, ElHadji Omar Ndao désirait écrire, par ses propres mains, l’intégralité du Saint Coran selon la coutume des disciples une fois terminer leurs études. Face à cette ambition, il demanda, à son père, des conseils et l’autorisation de la rédaction du Livre de Dieu. C’est ainsi qu’il lui a ordonné d’aller à Balangar chez l’un de ses oncles qui s’appelait Babou Adam. Suivant les recommandations de son père, El-Hadji Omar Ndao quitta Ndama vers Balangar chez son oncle Babou Adam. Il y consacra tout son temps à la réécriture du livre de Dieu. Grâce à sa parfaite maitrise du Coran, il parvenait à écrire une copie de ce livre sans regarder sur un autre support coranique ni s’appuyer sur un homologue kangue en cas d’oubli, de doute ou de confusion. Toute la période de cette écriture s’est déroulée sous l’ombre d’un arbre qui s’appelle scientifiquement « khaya sénégalensis », communément appelé en wolof « Khay  » où il se dirigea, chaque matin après le petit déjeuner, et y resta jusqu’à l’approche du repas du midi, il retourna à la maison pour le repas. Et après l’accomplissement de la prière de Zuhr, il y retourna jusqu’à la soirée. Il a continué ainsi jusqu’à la fin de sa rédaction.

Ses voyages

Avant d‟aborder ses voyages d‟études, nous jugeons nécessaire de s‟arrêter un peu sur son village natal Ndama où il suivit ses premières études du Coran. Des témoignages considérables portant sur ce point ont été requis, des témoignages qui méritent une analyse appuyée. Ndama est un petit village situé à douze (12) Kilomètres de l‟Est de Nioro Du Rip128selon l‟actuel chef de village, Mokhtar Cissé. D‟après Mame Abdou Cissé, le village de Ndama a été occupé durant l‟époque de Tamsir Malick Khoudia Nidaye et d‟Ali Dawo Ndao. Ensuite, il fut abandonné pendant trente ans dont nous ignorons les raisons. C‟est à partir de 1839 que ce village s‟est refondé et rebaptisé sous le nom de: « Ndama »par Tamsir Malick Khorodia. Ensuite, ce dernier quitta le village de Ndama, se dirigea vers Ndoffane et fonda le village de Ngambie en 1900. Mais, le père d’El-Hadji Omar Ndao, Ali Dawo et sa femme Aissatou Ndiaye restèrent à Ndama, où ils furent morts et inhumés. Ensuite, il fut abandonné pendant trente ans. Ce n’est qu’en 1939 qu’il fut rebaptisé par Moth Pithie après avoir visité Gnorole129 et Macka130à la recherche de terres convenables pour l’habitation et les activités agricoles. Mais, ces deux derniers villages n’étaient pas favorables pour l’agriculture. Par conséquent, Moth Pithi de Ngoukou a refondé le village de Ndama sous la demande de Sérigne Aliou. Toutefois, Ndama existait bien avant cette date de 1939. Selon El-Hadji Omar Ndao, ce village occupe une place capitale dans sa vie. En effet, c‟est là où il est né, c‟est de là aussi que ses deux parents, Ali Dawo Ndao et Aissatou Fatim Ndiaye, sont morts et enterrés. C‟est dans ce village qu‟il a fait une bonne partie de ses études religieuses. Par conséquent, il lui avait accordé, durant toute sa vie, une importance capitale jusqu’à dire que si Ndama et Darou Salam s‟exposent au danger en même temps, il sauverait d‟abord Ndama avant Darou Salam. C‟est dans ce sillage que Mokhtar Cissé affirme que : « El-Hadji Omar disait si les deux villages Ndama et Darou Salam s‟incendiaient, même temps, il aurait éteindre Ndama avant Darou Salam. Ce qui justifie l’attention particulière qu’il avait accordé à ce village. Il ajoute 128 C‟est l‟un des trois départements de Kaolack. Il est parmi les zones frontalières entre le Sénégal et la Gambie. Il fut le fief de Maba Diakhou Ba qui l‟a érigé en royaume islamique ou règne la Parole de Dieu et la Sunna du Prophète (P.S.L). C‟est le nom d‟un village qui situe dans la commune de Kayemor, département de Nioro Du Rip dans la région de Kaolack. 130 C‟est le nom d‟un village prés de Gnorole toujours dans la commune de Kayemor. 131 Propos recueillis d‟Abbou Cissé lors d‟un entretien ayant lieu le 01-10/2015 à Ndama entre 11H30-12H00., 45 également, qu’après la mort de son père les troupeaux ont été gérés par des peuls. Chaque fois qu’El-Hadji Omar Ndao arrive à Ndama, les peuls disaient qu’un bœuf vaut un livre. Car ElHadji Omar Ndao vendait ses bœufs pour acheter des ouvrages du fait de son amour du savoir et des livres »132 . En ce qui concerne le tombeau de son père, Ali Dawo Ndao, il a été construit en 1970. Selon Mokhtar Cissé: «la construction de ce mausolée a été assistée par El-Hadji Omar Ndao et une bonne partie des membres de sa famille et de ses disciples. Ce jour-là, El-Hadji Omar Ndao avait témoigné que son père avait maitrisé le Saint Coran et les sciences religieuses, il fut, aussi, un homme saint et ami de Dieu. Il disait, également, que le corps de son père fut rempli de Coran des pieds à la tête. Ainsi, les travaux de la construction de ce tombeau furent dirigés par l’un de ses plus grands disciples, El-Hadji Aliou Ngouthi de Segré . Ce dernier n’attendait que l’autorisation de son guide, s’il veut, il bâtira tout le cimetière, et s’il veut il se limitera seulement, à la tombe de son père, le choix émane de lui. Ce tombeau constitue un lieu saint où la famille Ndawène et beaucoup de ses disciples voire des simples musulmans viennent, des différentes régions du Sénégal et de la Gambie, visiter et y formuler leurs prières ». Bref, ce village représente pour El-Hadji Omar Ndao ce que la Sainte Mecque représente pour le Prophète Mohammad (P.S.L). C‟est pour son amour extrême du savoir et de la connaissance, qu‟il décida de le quitter après le décès de son père en 1924 vers l‟école de Diamal où il a fait un séjour exceptionnel d‟apprentissage sur lequel nous allons essayer d‟apporter quelques éclairages à travers notre sous chapitre suivant. – Son voyage d’étude à Diamal (1924-1929) Le premier voyage d‟études qu‟El-Hadji Omar Ndao avait effectué, après le décès de son père, est celui de Diamal. Cependant, nous jugeons nécessaire de faire un bref aperçu sur l‟école islamique de Diamal avant de parler de son séjour dans la localité. Selon certaines sources, la naissance de l‟école de Diamal précède la création du village de Diamal. Autrement dit, en nous fondant sur la thèse de Djim Dramé et sur les enseignements d‟El- Hadji Abdoulaye Cissé, nous pouvons dire que ce célèbre foyer d‟enseignement arabo-islamique de Diamal est, en réalité, plus ancien que le village qui l‟abrite. En effet, cette école fut fondée au Cayor autrement dit Kajoor135. Sa fondation remonte, selon Djim Dramé, en 1887 au village de Cherif-Lô, sur les conseils de Qâdi Madiakhaté Kalla136et Serigne Massamba Toucouleur Ka. Ensuite, elle a été transférée du Cayor au Saloum. Mais avant son implantation à Diamal, elle a été implantée, d‟abord, au village de Cherif Lô, ensuite à celui de Ndiéry, puis à Kacouné, puis à Ndimbré en 1900 et enfin à Diamal où elle s‟est établie définitivement en 1910. Le village fut nommé, au début, Médina al-Mounawwara, mais cette appellation reste peu connue. Situé à quelques kilomètres de Mbirkilane, l‟un des départements de la région de Kafrine, ce village se trouve presqu‟à la frontière du Saloum et du Baol. Les terres situées auprès de l‟actuel Diamal étaient occupées par des peuls, dirigés par leur chef et responsable moral Ardo Bomal Diabou.

Table des matières

 introduction Général
1- Présentation duSujet
2- Raisons du choix du sujet
3- Problématique
4- Objectif de larecherche
5- Etat de lieu dessources
6- Approcheméthodologique
7- Justification duplan
Première partie : El-Hadji Omar Ndao : Origines, Etudes et Famille
Introductionpartielle
Chapitre : Aïeul, Naissance et Etudes d‟El-Hadji OmarNdao
1- Aïeul
2- Naissance
3- Etudes
Chapitre II : Réalisations et Degrésspirituels
a- Création de foyers religieux et de mosquées
b- Degrés spirituels d‟El-Hadji OmarNdao
Chapitre III : Famille, Disciples Compagnons etKhalifes
1- Famille
2- Disciples compagnons
3- Ses khalifes
Conclusionpartielle
Deuxième partie : Rayonnement d‟El-Hadji Omar Ndao en Gambie par le biais de Sérigne Orly
Touré
Introductio partielle
Chapitre I : Un aperçu sur la vie de Sérigne OrlyTouré
1- SonOrigine
2- Naissance de Sérigne OulyTouré
3- SesEtudes
Chapitre II : Disciples Compagnons etCalifat
a- Disciples compagnons
b- Califat
Chapitre III : Œuvre Scientifique et littéraire de Sérigne OulyTouré
a- Sermons de la fête duRamadan
b- Sermons de la fête du Sacrifice
Conclusionpartielle
Troisième Partie : l‟œuvre scientifique et littéraire d‟El-Hadji Omar Ndao
Introductionpartielle
Chapitre I : El-Hadji Omar Ndoa, le Poète Soufi
a- Aperçu sur la définition et l‟origine du soufisme
b- Le soufisme selon El-Hadji OmarNdao
Chapitre II : El-Hadji Omar Ndao : un pète éducateur et dévot
1- El-Hadji Omar Ndao, le poèteéducateur
2- El-Hadji Omar Ndao, le poètedévot
Chapitre III : El-Hadji Omar Ndao, le poète Tijânî et duProphète
a- El-Hadji Omar Ndao AtTijânî301
b- El-Hadji Omar Ndao: le bienaimé du Prophète(P.S.L)
Conclusionpartielle
Conclusiongénérale.
Annexes

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