Vers une stratégie de gestion participative
multi-usages de la ressource en eau
La pratique de la gestion participative autour du lac de Guiers : l’action de l’OLAG en matière de gestion partagée
La gestion de la zone du lac de Guiers a toujours intéressé l’Etat Sénégalais. En 1973, deux textes juridiques de base ont régi la zone du lac de Guiers : le décret 73-0275 du 19 Mars 1973 déclarant le lac de Guiers et ses abords des zones protégées ; le décret 7360276 du 19 Mars 1973 fixant les modalités d’utilisation des eaux du lac de Guiers. En 1994, par décret n° 94-106 du 12 Février 1994, la Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau (DGPRE) a été créée avec pour mission de prendre en charge la gestion de toutes les eaux de surface et souterraines à l’échelle du Sénégal, dont évidemment celle du lac de Guiers. Cette mission était partagée avec d’autres structures qui étaient chargées de coordonner, d’organiser et de suivre les activités lacustres. La présence d’un nombre important d’acteurs et d’usagers différents a depuis longtemps caractérisé l’environnement du lac de Guiers. Il s’agit: des administrations ou services étatiques, des structures, des ONG, des fédérations et des regroupements. Ils étaient organisés en Comité de zone, en Filière, en Association et en Cellule de gestion du lac de Guiers (Mbengue, 1981; Coly, 1996). La cellule de gestion du lac de Guiers comprenant l’Etat, les collectivités locales, le secteur privé, les populations riveraines et les projets, avait été mise en place en vue de définir les grandes orientations en matière de gestion des eaux du lac, de faciliter la concertation et d’émettre des avis sur tous les projets d’utilisation du lac. Elle disposait d’un comité de pilotage composé de sept membres, représentant chacun un groupe d’intérêt. En fait, cette cellule a servi d’outil de gestion pour la participation des usagers dans le cadre institutionnel. Malheureusement, l’arrêté du 20 Décembre 2002 la créant ne lui donne qu’un pouvoir très limité. Avec l’aide de la Banque Mondiale, une étude a été faite par la DGPRE en 2005 pour l’élaboration d’un plan de gestion du lac de Guiers. D’après les résultats de cette étude, la majorité des autorités et services techniques, de nombreux partenaires du développement et des élus locaux s’inquiétaient de la méthode d’organisation de la cellule après deux ans d’existence. Elle n’a pas pu réaliser sa mission du fait d’un mandat seulement consultatif et de la diversité des usages et des acteurs. Cependant, la gestion du lac de Guiers ne pouvait pas attendre car les problèmes y sont nombreux et s’accroissent. A ce propos, l’environnement du lac est marqué par une accélération du processus d’aménagement agricole des rives, par une multiplication des formes d’usage de l’eau (alimentation en eau potable, irrigation, drainage), par une inquiétante dégradation de la qualité de l’eau du fait, entre autres, des rejets toxiques et de la prolifération de plantes aquatiques, par des risques de conflits liés au désir de plus en plus pressant des populations locales d’accéder à l’eau, par une sollicitation assez claire formulée par l’Etat du Sénégal, pour régler la question de l’Approvisionnement en eau potable (AEP) de Dakar et de certaines villes secondaires. Tous ces facteurs entraînent une exacerbation des problématiques liées aux différents enjeux. Première partie Page 71 sur 370 Comme le lac de Guiers est l’une des plus importantes réserves d’eau douce du pays et qu’il joue un rôle prépondérant dans son processus de développement économique, les autorités sénégalaises ont jugé nécessaire d’ériger sa gestion durable en priorité de premier plan de l’Etat sénégalais. Dès lors, sa protection, son contrôle et son suivi sont devenus une préoccupation nationale. L’Etat franchit un pas dans le processus de prise en charge du lac, en créant un établissement public à caractère industriel et commercial exclusivement chargé de la gestion du lac de Guiers, nommé Office du Lac de Guiers (OLAG) (Loi n°2010-01 du 20 janvier 2010). L’OLAG est régi par les dispositions de la loi n° 90-07 du 26 juin 1990 relative à l’organisation, au contrôle des entreprises du secteur parapublic et au contrôle des personnes morales de droit privé bénéficiant du concours financier de la puissance publique (article premier de la loi portant sa création). A travers l’OLAG, l’Etat a pour objectif mettre en œuvre une politique hardie de contrôle, de suivi et de protection de la ressource dont la pérennité est tributaire d’une gestion rationnelle et efficiente impliquant l’ensemble des acteurs concernés, notamment l’Etat, les collectivités locales, le secteur privé, et les populations riveraines. Placé sous la tutelle technique du ministre chargé de l’hydraulique, et sous la tutelle financière du ministre chargé des finances, l’OLAG est un établissement public à caractère industriel et commercial. Le budget de l’OLAG est constitué essentiellement de l’appui de l’Etat et des partenaires au développement. Il a trois organes qui sont : la Direction générale, chargée de coordonner les actions et d’appliquer les décisions du conseil d’administration; le Conseil d’Administration, allégé par souci d’efficacité, qui a compétence, au moyen de ses délibérations, pour approuver les comptes de gestion, le programme annuel de travail de l’Office, les programmes pluriannuels d’actions et d’investissements, les budgets et comptes prévisionnels, entres autres; le Comité de direction qui assure, sur délégation, les attributions du conseil d’administration entre deux sessions et l’assiste dans la préparation de ces sessions. Il a pour mission : la planification et la gestion des eaux du lac de Guiers, ainsi que la programmation des investissements, la maîtrise d’œuvre, la conception et le contrôle des études et des travaux portant sur les infrastructures relatives à la gestion du plan d’eau du Lac de Guiers ; l’exploitation et la maintenance des équipements; le suivi qualitatif et quantitatif des ressources du lac.
Avant-propos et remerciements |