EVOLUTION CLIMATIQUE RECENTE, IMPACTS ET
STRATEGIES D’ADAPTATION DES POPULATIONS
Les nappes superficielles
Les nappes superficielles, dans les arrondissements de Sakal et de Ndande, sont celles du Quaternaire. C’est l’ « aquifère libre des sables dunaires ». Il constitue la principale aquifère du littoral nord sénégalais. Du fait de sa proximité, il est exploitable par les puits. Cependant, près des côtes, nous notons la présence des eaux marines salées. Les eaux douces y existent sous forme de « lentilles ‘‘posées’’ sur des eaux saumâtres à salées »234. Pour autant, globalement, la salinité des eaux superficielles est faible. Sur 90 % du bassin sédimentaire, le niveau de salinité des nappes superficielles est inférieur à 1 g/litre même dans les zones où elles sont très exploitées tel que le littoral nord235. Vers le nord de l’arrondissement de Sakal, nous remarquons des unités à eaux salées. Celles-ci sont justifiées par la présence et la proximité de l’embouchure du fleuve Sénégal qui favorise la pénétration des eaux marines. Au cours des décennies 1970 et 1980, le niveau des nappes, notamment superficielles, s’est rétréci. Cette diminution est causée par la succession des années déficitaires. Elle est à mettre en rapport aussi avec un autre phénomène. Il s’agit de l’augmentation de la température et par conséquent de l’évapotranspiration. Les méthodes isotopiques employées avec le dosage du Tritium ont démontré récemment, que l’évaporation pouvait agir sur le niveau des nappes jusqu’à une profondeur de plusieurs dizaines de mètres 236 . L’atmosphère, tant qu’elle n’est pas saturée, dispose d’un important pouvoir évaporant. Cela a été davantage le cas au cours des années de sécheresses. A cause de ces ponctions, même si nous observons une succession d’années excédentaires, il se passe ce qu’on appelle un « effet mémoire ». C’est ce qui fait que dans certaines zones bien que la pluviométrie affiche une certaine amélioration après avoir connu une péjoration, le niveau des nappes semble ne pas s’élever ou si c’est le cas, augmente légèrement. Si elles sont accessibles par les populations du fait de leur faible profondeur, ces ressources hydrogéologiques sont confrontées au problème de renouvellement du stock exploité à cause d’une pluviométrie aléatoire et d’une évapotranspiration plutôt élevée. En dehors de ces facteurs naturels, l’augmentation de la population et le développement des activités, accroîssent également les ponctions et donc exercent une pression sur elles aussi. En outre, avec la proximité de la mer, il y a des risques de contamination ou de salinisation énormes des nappes même si pour le moment ils paraissent faibles. La nappe du Continental Terminal lui est sous-jacente. Elle est sableuse et grésosableuse. Les nappes situées un peu plus en profondeur affichent une situation hydrique beaucoup plus intéressante.
Les nappes semi-profondes
La seule nappe semi-profonde présente dans les arrondissements de Sakal et de Ndande est de l’Eocène. Elle appparaît sur toute la limite orientale de l’arrondissement de Ndande et le milieu de la limite orientale de l’arrondissement de Sakal. L’eau de cette nappe est douce. En effet, le niveau de salinité n’excède pas 1g/litre 237. Cela pourrait trouver son explication dans les apports d’eau douce des nappes sus-jacentes du Continental Terminal et du Quaternaire. Selon Depagne J. et Moussu H., (1967), « c’est la seule zone où ont pu être distingués deux niveaux aquifères dans les « nappes superficielles » . La première nappe se situe à faible profondeur dans des dépôts quaternaires, où elle forme un ensemble assez compliqué dans le détail. Des puits plus profonds ont touché une seconde nappe dans des marnes yprésiennes. Plus au sud, les calcaires lutétiens constituent le gisement de cette nappe et la karstification s’y est développée ». C’est ce que confirme Fall M. (1986) « Le massif dunaire qui jalonne le littoral nord constitue un système aquifère phréatique qui repose sur un mur formé de marnes de l’Eocène inférieur »239 . 3.2.3 Les nappes profondes La nappe la plus profonde du pays est logée dans les sables et grès du Secondaire et les formations littorales du Crétacé supérieur. C’est le Maëstrichtien. Profonde et captive, cette nappe n’est atteignable voire exploitable que par le biais de forage, à des profondeurs variant entre 100 et 350 m. Elle offre des débits tournant autour de 200 m3 /h0 . « Les plus grandes possibilités d’approvisionnement en eau douce reposent sur l’existence de cet aquifère dont la transmissivité est bonne »1 . Dans les régions sédimentaires sèches, les nappes phréatiques sont puissantes mais profondes ; l’exhaure de l’eau nécessite alors une importante dépense énergétique 2. En effet, plus les nappes sont profondes, plus leur exploitation devient pénible et requiert davantage d’investissements. C’est le cas du Maëstrichtien. Il a d’importantes et bonnes réserves hydriques mais son exploitation requiert d’énormes moyens financiers. C’est pourquoi, il n’est exploité que par les forages profonds. Avant la mise en place de ces ouvrages mécaniques, les eaux souterraines ont été exploitées traditionnellement à travers les puits non cimentés, les céanes ou les puisards. L’exploitation, à travers des infrastructures modernes, a démarré à travers les puits villageois, dont les parois sont cimentées avec une ouverture de commencé à être implantés au Sénégal vers les années 19304. Toutefois, au cours des années 1970, 1980, du fait qu’ils étaient capables d’atteindre les nappes les plus pronfondes et moins soumises aux aléas climatiques, les autorités ont augmenté le nombre de ces infrastructures. Ces équipements ont été multipliés pour pallier les baisses, énormes, de niveau des nappes superficielles causées par les sécheresses, et, paradoxalement, l’accroissement des besoins d’approvisionnement en eau pour les populations. L’évolution des ressources en eau est, de ce fait, fortement tributaire des facteurs naturels, en l’occurrence du climat. 4 Caractéristiques climatiques de la zone d’étude Pour déterminer le climat d’une zone donnée, il convient d’étudier les « facteurs » qui permettent de prendre en compte aussi bien les « causes » que les « effets du climat »5, c’està-dire les « apports » et « les réponses »6. Les apports constituent les conditions atmosphériques globales dont les manifestations en surface sont les éléments climatiques, qui sont les réponses. Ainsi, pour mieux analyser le climat de nos zones d’études, nous allons, dans un premier temps, intérroger les mécanismes du climat avant de passer à l’étude des éléments qui composent le climat. 4.1 Les mécanismes du climat Le climat d’une région dépend de deux types de facteurs : les facteurs lointains et les caractéristiques géographiques du milieu. Les facteurs lointains sont déterminés par des apports extérieurs dont les principaux vecteurs sont les vents. Ceux-ci circulent à partir de centres d’action. Ces derniers alimentent la circulation des alizés à partir des Hautes Pressions Tropicales. Les flux d’alizé finissent généralement leurs parcours à la hauteur de l’équateur géographique : c’est la zone des Basses Pressions Intertropicales. L’axe de celles-ci, est matérialisé par l’Equateur Météorologique, dont les migrations déterminent le caractère saisonnier des précipitations en Afrique de l’Ouest. 4.1.1 La circulation générale de l’atmosphère La circulation générale de l’athmosphère est liée au préalable au rayonnement solaire. D’autres facteurs interviennent dans les échanges énergétiques existant ou se passant entre ce dernier et la terre. 4 Idem. 5 Sagna P., 2000, p. 18. 6 Sagna P. (entretien). 79 La disposition du globe terrestre par rapport au soleil, l’épaisseur de la couche atmosphérique, le mouvement circulaire qu’il fait sur lui-même (la rotation) et celui qu’il effectue autour du soleil (la révolution), son inclinaison au niveau des pôles, font que les rayons solaires n’arrivent pas de la même manière au niveau de la terre. Il y a des parties plus éclairées et d’autres moins éclairées par moment. Dans cette répartition de l’énergie solaire, les latitudes tropicales reçoivent plus d’énergie que les hautes latitudes. On dit que le bilan est positif à ces latitudes tropicales. Il y a un excès d’énergie. Par contre, au niveau des pôles et d’une partie des régions tempérées plus proches de ces hautes latitudes, le bilan est déficitaire. Il y a un déficit d’énergie. Ce déséquilibre énergétique est rétabli par les courants marins et aériens. Par ailleurs, il existe un autre mouvement de transfert s’inscrivant dans un cadre plus global. Le refroidissement excessif au niveau des pôles et l’intense réchauffement au niveau de l’équateur ont pour conséquence la création de centres de hautes et de basses pressions. Au niveau des pôles, le mouvement d’affaissement de l’air sur un substratum refroidi, crée les Hautes Pressions Polaires en surface (HPP). Au niveau de l’équateur, le réchauffement constant, assurant une ascendance régulière, crée les Basses Pressions Intertropicales (BPIT). C’est l’origine principale des centres d’action : elle est d’ordre thermique. Pour rappel, un centre de hautes pressions est un individu isobarique où la pression est supérieure à 1015 hpa. Dans ce cas, il s’agit d’un anticyclone. Quand la pression est inférieure à cette valeur, c’est un centre de basses pressions ou une dépression. Comme s’il glissait sur une pente, l’air quitte les hautes pressions pour se diriger vers les basses pressions. Au niveau de l’équateur, le réchauffement excessif crée des ascendances d’air au-dessus des Basses Pressions Intertropicales. Il se forme en altitude une accumulation d’air ou Hautes Pressions Equatoriales (HPE). Par contre, au niveau des pôles, le refroidissement favorise l’affaissement d’air : il se forme alors les Basses Pressions Polaires (BPP). Ces différents centres d’action assurent les échanges méridiens pour rétablir l’équilibre énergétique : ils ont ainsi une origine dynamique. Ces transferts méridiens permettent de combler le déficit d’énergie au niveau des pôles et de réduire l’excès d’énergie au niveau de la zone intertropicale. Ils se déroulent au niveau des hautes couches mais aussi dans les basses couches et en surface. Dans les hautes couches, le transfert se fait de l’équateur vers les pôles par la voie atmosphérique. En surface et dans les basses couches, le transfert se fait des pôles vers l’équateur. Cependant ces mouvements ne s’effectuent pas directement. 80 En altitude, le vent issu des Hautes Pressions Equatoriales, du fait de l’influence de la force de Coriolis, est dévié vers l’est. C’est l’origine des courants jets ou vents d’ouest circumpolaires évoluant sous les moyennes latitudes. Ces jets d’ouest se décalent vers les pôles en été et s’en éloignent en hiver où ils deviennent proches des tropiques. En hiver, leur vitesse devient élevée, contrairement en été où elle décroît. Dans chaque hémisphère, on a un jet d’ouest au niveau des latitudes tempérées et un Jet Subtropical. Le Jet Subtropical effectue un mouvement d’affaissement vers la droite dans l’hémisphère nord et la gauche, dans l’hémisphère sud, à cause de l’influence de la force de Coriolis. Les Hautes Pressions Tropicales sont liées en partie à ces mouvements des Jets d’Ouest, mais aussi aux Anticyclones Mobiles Polaires (AMP). Leur origine est donc dynamique puisqu’elle résulte du mouvement général d’affaissement. Ce sont des centres d’action interméd iaires qui facilitent les échanges dans les basses et hautes couches. Ceci montre que les échanges ne se font pas directement des hautes vers les basses pressions ou inversement, puisque, de l’équateur aux pôles ils se réalisent par l’intermédiaire des jets d’ouest et du pôle à l’équateur par le biais des coulées froides ou masses d’air froid ou AMP. Ces masses d’air froid s’échappent souvent des pôles, s’incrustent sur la face orientale des Hautes Pressions Tropicales et finissent à la longue par participer à la circulation tropicale et ou en la renforçant de temps en temps.
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