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La zone A
La première période a connu une influence assez importante de la mer matérialisée par la mise en place d’une flore diatomique polyhalobe à mésohalobe. Navicula yarensis ayant trouvé des conditions favorables à son développement, domine largement la microflore. Il s’agit d’une espèce de milieu marin à sau mâtre, cosmopolite, benthique (Foged, 1986a et 1987). Elle est rencontrée en Afrique (Foged, 1986a) en Australie, aux Caraïbes, en Europe, dans les eaux d’Amérique du N ord, au Sri Lanka (Podzorski & Hakansson, 1987) et au Sénégal (lac Retba, à Ziguinchor et Sédhiou) (Sow, 2001).Les principales espèces qui l’accompagnent dans cette zone sont connues aussi en milieu marin à saumâtre (Cyclotella striata, Dimeregramma minus, Plagiogramma rhombicum, Navicula abruptoides, Diploneis bombus, Cerataulus smithii, Actinoptychus splendens, Auliscus sculpus, Thalassionema nitzschioides, Cocconeis debesii var. rufisquiana, Synedra investiens). Tout semble indiquer ici un milieu marin peu profond du type littoral. Les formes épiphytiques indiquent l’installation des macrophytes, caractéristiques d’un milieu aquatique peu profond (Fourtanier et al, 1993). Dans cette zone la tendance à la diminution de leur abondance du ba s vers le haut de la zone pourrait s’expliquer par un rétrécissement de la ceinture à macrophyte à la suite d’une augmentation probable du niveau des eaux. L’ espèce Cocconeis debesii var. rufisquiana, la forme épiphytique la plus abondante dans cette zone a été rencontrée sur les côtes sénégalaises : îles Saï Saï (Rufisque), Pointe de Fann et Anse Bernarrd (Dakar) dans des dépôts sur rochers ou sur des macrophytes (Sow, 2001).
La présence constante de formes planctoniques témoigne de l’ouverture importante du lac sur la mer. Cependant la profondeur devait être peu importante compte tenu de l’abondance des autres formes. La sédimentation fine (vase argilo-sableuse) décrite plus haut dans cette zone traduit un milieu calme, favorable au développement des diatomées. La productivité primaire est alors importante pendant cette période. Cette zone A pourrait correspondre donc à un milieu lagunaire peu profond mais ouvert sur l’océan et entouré d’une ceinture végétale plus ou moins importante.
La zone B
L’extrême rareté des diatomées dans cette zone est à mettre en rapport avec l’agitation du milieu (richesse en sable et coquilles brisées), agitation plus marquée pendant la période du dépôt des sédiments aux profondeurs 200 à 205 cm. L’analyse lithologique semble indiquer ici que la ligne de rivage se situait à la hauteur du lac pendant cette période. La présence épisodique de rares espèces de diatomées oligohalobes halophiles pourrait s’expliquer par l’existence de retenues d’eau douce près du lac. Par des phénomènes de ruissellement, certaines de ces espèces se retrouvent dans le lac.
La zone C
La nette dominance des espèces d’eau douce indique un retrait total de la mer. Des conditions de milieu continental aquatique salé s’installent. L’abondance des formes planctoniques dont le pourcentage relatif est peu différent de celui du total des formes d’eau douce, implique une élévation du plan d’eau (Gasse, 1975). Fragilaria brevistriata est une espèce d’eau douce pouvant vivre en eau saumâtre (Vyverman, 1991). Elle est planctonique ou pé riphytique dans les lacs peu profonds, les rivières et les marais (Gasse, 1986).
La présence des formes épiphytiques et benthiques traduit aussi une présence permanente de macrophytes, et une profondeur peu importante du l ac. Celui-ci devait être fertile dans un milieu relativement calme, ce que traduit la nature fine des sédiments (vase argilo-sableuse). Cette sédimentation calme s’accompagne parfois par une mise en place de sable éolien ou de ruissellement qui se justifie par une quasi absence de coquilles et d’espèces marines. L’absence de diatomées dans la partie sommitale de la carotte serait liée au caractère saisonnier du lac acquis durant la période subactuelle. Au plan méthodologique Les résultats obtenus montrent que les différentes méthodes d’investigation utilisées (lithologique et microfloristique) sont concordantes et complémentaires quant à l a reconstitution du paléoenvironnement. Les diatomées sont autotrophes et susceptibles d’être rencontrées dans tous les milieux aquatiques aussi bien salés que d’eau douce. A cause de leur très petite taille, elles sont associées aux faciès fins, essentiellement pélitiques. Les accumulations coquillières caractérisent des milieux très peu profonds et sont au même titre que le lithofaciès des indicateurs de l’hydrodynamisme du milieu. Cependant, l’utilisation du lithofaciès doit être menée avec prudence ici car une bonne partie des sables serait transportée par le vent.
Au plan paléoenvironnemental
Les différentes méthodes d’investigation concordent pour indiquer que le lac Mbawane, de la base de la carotte à son sommet, est passé d’une lagune ouverte sur l’océan à un lac permanent puis temporaire. Il s’agit d’une phase régressive bien marquée par le contenu lithologique et micropaléontologique. Au stade de lagune ouverte, la sédimentation est fine et peu coquillière, la microfaune à foraminifères est assez diversifiée de même que la microflore à diatomées assez diversifiée et constituée d’espèces polyhalobes à mésohalobes. Au stade lacustre les sédiments restent fins et pauvres en coquilles de mollusques, la microfaune est totalement absente et la microflore largement dominée par des formes oligohalobes halophiles. Le passage d’un stade à l’autre est marqué par une sédimentation plus grossière riche en coquilles de mollusques, une microfaune à foraminifères abondante et peu diversifiée, et une quasi absence de diatomées La diminution progressive de la diversité spécifique montre que le milieu a évolué vers un confinement de plus en plus affirmé. L’ absence totale de fossiles observée au sommet de la carotte s’explique par le caractère temporaire du lac survenu durant les dernières décennies.
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : PRESENTATION
I – GEOLOGIE DU BASSIN SENEGALO-MAURITANIEN
1 – La lithostratigraphie
1-1 – Le Trias et le Lias
1-2 – Le Jurassique moyen et supérieur
1-3 – Le Crétacé
1-4 – Le Paléocène
1-5 – L’Eocène
1-6 – L’Oligocène
1-7 – Le Néogène
1-8 – Le Quaternaire
2 – La tectonique
II – APERÇU SUR LE QUATERNAIRE RECENT DU SENEGAL
1 – L’Ogolien
2 – Le Tchadien
3 – Le Nouakchottien
4 – Le Tafolien
5 – Le subactuel
6 – Morphologie du littoral nord sénégalais
6-1 – La côte et le plateau continental
6-2 – Les systèmes dunaires
6-3 – Les sols des zones interdnaires
III- ETAT DES CONNAISSANCES SUR LES DIATOMEES DU
IV – CADRE ET BUT DE L’ETUDE
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES D’ETUDE
I – ECHANTILLONNAGE
II – TRAITEMENT DES ECHANTILLONS
CHAPITRE III : INVENTAIRE FLORISTIQUE
I – QUELQUES DEFINITIONS
II – CLASSIFICATION ECOLOGIQUE DES ESPECES
III – SYSTEMATIQUE DES DIATOMEES
1 – Ordre des Centriques
2- Ordre des Pennales
CHAPITRE IV : ANALYSES LITHOLOGIQUE ET MICROFLORISTIQUE A DIATOMEES
I – LA LITHOLOGIE
1 – La fraction arénitique
2 – La fraction coquillière
3 – Discussion
II – ABONDANCE DES FRUSTULES DE DIATOMEES DANS LE SEDIMENT
1 – La Zone A
2 – La Zone B
3 – La Zone C
4 – Discussion
III – EVOLUTION DES ASSOCIATIONS DE DIATOMEES
1 – La Zone A
2 – La Zone B
3 – La Zone C
4 – Discussion
4-1 – La Zone A
4-2 – La Zone B
4-3 – La Zone C
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
LISTES DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
PLANCHES ANNEXES