VALORISATION ET MÉDIATION NUMÉRIQUE DU PATRIMOINE DOCUMENTAIRE COLONIAL

VALORISATION ET MÉDIATION NUMÉRIQUE DU PATRIMOINE DOCUMENTAIRE COLONIAL

Conservation : milieu tempéré et milieu tropical

L’obsolescence rapide des supports et des technologies de l’information fait de la sauvegarde du patrimoine, surtout écrit et graphique, une affaire de spécialistes. Dans le même temps, la participation de l’ensemble des professionnels des bibliothèques et des archives, comme la sensibilisation des décideurs, des professionnels, des utilisateurs et du grand public aux nouveaux problèmes de sauvegarde sont devenues indispensables. Une bonne politique de préservation doit garantir l’accessibilité à l’information et minimiser les dégradations des documents. La préservation fait ainsi partie de la responsabilité de base de tout service d’archives et de toute bibliothèque conservant des fonds patrimoniaux en général. D’une approche de conservation traditionnelle et classique du document, il faudra aller vers une approche globale des besoins de conservation des collections du patrimoine écrit et graphique. En effet, longtemps, la préservation a été limitée à la conservation et à la restauration des documents anciens, rares et précieux (comme les anciens fonds patrimoniaux des bibliothèques). Ces documents faisaient l’objet d’une attention particulière de la part des professionnels des métiers de l’information-documentation (archivistes, bibliothécaires, etc.). Devant l’étendue des altérations dues à l’augmentation de la consultation des fonds patrimoniaux, au non respect des recommandations en matière de conservation et à la mauvaise qualité des matériaux constituant les documents, le domaine d’application du concept de préservation s’est considérablement élargi. Le nouvel objectif des professionnels doit désormais être de privilégier un traitement préventif afin de diminuer la nécessité de traitements souvent lourds, de minimiser les interventions au niveau du support et de pouvoir traiter un nombre plus important de fonds. Depuis quelques décennies, « on est passé de l’évaluation de l’étendue des dégradations à la mise en place de programmes de préservation. De nombreuses enquêtes ont été ainsi réalisées pour évaluer le nombre total de documents en danger. Les résultats de ces enquêtes sont alarmants, montrant que des dizaines de millions de documents d’archives ou de bibliothèques sont en danger à court ou moyen terme, faute de mesures de prévention ou de traitements adaptés » 158. La situation de conservation catastrophique des millions de documents d’archives ou de bibliothèques constatée par ces enquêtes est encore plus perceptible dans des milieux aux climats tropicaux. Dans ces climats comme en Afrique subsaharienne ou les pays des Caraïbes, la conservation du patrimoine écrit et graphique (essentiellement constitué d’archives papier, documents manuscrits, anciennes collections patrimoniales des bibliothèques, etc.) est exposée à une dégradation de ses supports à cause des conditions climatiques souvent très humides, d’attaques d’insectes, de rongeurs, de moisissures, etc. et des moyens matériels de conditionnement qui manquent souvent. Face aux risques de dégradation auxquels sont exposés certains fonds écrits et graphiques, des politiques de préservation doivent désormais occuper une place de choix dans les missions des services d’archives et des bibliothèques. La préservation doit ainsi être assimilée au management au plus haut niveau d’un service de gestion et de conservation du patrimoine documentaire. Les programmes de préservation doivent représenter un bon pourcentage dans le budget général de l’établissement. Il faut préciser que le terme de préservation est utilisé pour désigner l’organisation et la programmation de toutes les activités touchant à la conservation des collections documentaires au sens large. Le concept de préservation englobe la conservation préventive dont l’objectif est de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour diminuer les risques de dégradations : contrôle de l’environnement, entretien régulier et protection des collections par un conditionnement adéquat et l’utilisation de systèmes antivol, constitution de documents de substitution (microfilms, numérisation) pour soustraire les documents originaux à une consultation trop fréquente et souvent maladroite. La réussite d’un programme de préservation suppose une bonne connaissance des facteurs de dégradation des documents. Cette connaissance permet de mieux définir et de mettre en œuvre une bonne politique de conservation préventive. Ces précautions préventives sont d’autant plus nécessaires quand il s’agit de faire un prêt de documents pour des expositions à l’extérieur. Car tout prêt en général présente un danger potentiel supplémentaire 158 BRANDT-GRAU Astrid, Coordonnateur scientifique du projet Mission de la recherche et de la technologie Ministère français de la culture et de la communication. Conservation préventive du patrimoine documentaire. [En ligne] sur : http://www.culture.gouv.fr/culture/conservation/dswmedia/fr/index.html. [Consulté le 04-09-2011] pour la préservation des documents. Les mesures scientifiques préconisées pour le prêt des documents originaux se résument comme suit : « réalisation d’un constat d’état au départ et à la réception des documents, convoiement des documents à l’aller comme au retour par un archiviste ou un restaurateur, établissement d’un contrat d’assurance par l’emprunteur, mise en place des mesures de conditionnement et de climat strictes pour le transport, respect des normes climatiques pendant l’exposition, utilisation de matériaux chimiquement stables pour l’emballage, le transport et pendant l’exposition » . La conservation préventive doit être prise en compte à toutes les étapes de la chaîne du traitement archivistique, qui est résumée par la théorie des quatre « C » en : collecter, classer, conserver et communiquer. La politique de conservation préventive doit d’abord établir les objectifs et les priorités en fonction de l’état d’altération, de la fréquence de communication et de la valeur du document, puis de déterminer le budget pour réaliser les mesures nécessaires à la bonne conservation, enfin de passer à l’action dans un souci de cohérence et de logique. Certes, la diminution des facteurs de dégradation est l’objectif final de tout programme de préservation du patrimoine, mais la politique de conservation préventive doit être adaptée à la situation spécifique de chaque institution. En effet, si le patrimoine qu’on gère et conserve dans un service d’archives comme dans une bibliothèque relève du patrimoine documentaire en général, les caractéristiques et les typologies de celui peuvent être différentes en raison de la nature des supports des documents des fonds de ces deux établissements. Car les mesures de conservation préventive qu’on doit prendre pour les fonds d’archives ne peuvent pas être les mêmes que celles des collections patrimoniales ou de la lecture publique. Cela s’explique par le fait que les conséquences que produisent les causes de dégradation sur les documents d’archives (feuilles, liasses, dossiers, etc.) ne sont pas identiques à celles qu’elles produisent sur les monographies. Les programmes de préservation dépendront ainsi de nombreux facteurs qui devront être analysés au préalable et selon les réalités et spécificités des établissements de gestion et de conservation du patrimoine. L’Instruction de l’ex Direction des Archives de France (DAF), devenue Service Interministériel des Archives de France (SIAF) recommande que « pour des raisons de sécurité contre l’incendie, la superficie maximum autorisée pour une salle d’archivage soit de 200 m², que la largeur minimale des couloirs de circulation susceptibles d’être empruntés par les chariots chargés soit de 1,50 m, 159 Norme Afnor n°CG46/CN10 Z40L : Prescriptions de conservation des documents graphiques et photographiques dans le cadre d’une exposition. tel-00942980, version 1 – 6 Feb 2014 78 que la hauteur sous-plafond soit de 2,50 m minimum, que la température soit comprise entre 16°C et 22/23°, voire 25° exceptionnellement avec une variation maxima de 2°C par semaine et d’1° par 2́ heures et que l’hygrométrie soit entre ́5 et 55% » 160. La norme ISO 11799 prévoit pour les rayonnages « un espace d’au moins 15 cm entre le sol et la tablette la plus basse. Cette hauteur pourra être augmentée dans les locaux situés au rez-de-chaussée et en sous-sol pour tenir compte des risques d’inondation ».

Le papier : importance et précautions de conservation

Le support papier fut et demeure encore aujourd’hui le moyen de diffusion de l’information documentaire le plus utilisé. Cette situation tend probablement à se renverser d’ici quelques décennies au profit du support numérique, mais le papier reste, néanmoins, la preuve probante aux yeux de la loi de beaucoup de pays, notamment la France. C’est pourquoi l’essentiel des mesures préventives qui seront étudiées dans les paragraphes qui suivent sera consacré au support papier. Mais on s’arrêtera d’abord brièvement sur les caractéristiques spéciales des techniques et substances ayant présidé à la fabrication du papier. En effet, contrairement aux autres supports, la fabrication des différentes sortes de papiers présente le concours d’une importante classe de matériaux intermédiaires. Ces matériaux « peuvent être définis très généralement comme des substances artificielles élaborées à partir de fibres organiques naturelles où domine la cellulose ». C’est ce que Pierre Diaz Pedregal considère comme « le premier paradoxe du papier, tout à la fois produit de la nature et de la technologie » 161. Un autre paradoxe, relatif aux caractéristiques du papier, soulevé par M. Diaz Pedregal concerne le fait que c’est « un matériau dont la résistance mécanique est somme toute assez faible (il se froisse et se déchire facilement), dont la cohésion interne des fibres n’est due qu’aux interactions électrostatiques des liaisons hydrogène, capable de traverser les siècles, se révélant ainsi étonnamment durable, s’il est correctement fabriqué et conservé dans de bonnes conditions » 162 . 160 Instruction DITN/RES/2008/005 du 15 juillet 2008 sur les rayonnages dans les magasins d’archives. 161 DIAZ PEDREGAL Pierre. Climat des magasins d’archives : objectifs, moyens, méthodes. Petit manuel de climatologie appliquée à la conception des bâtiments d’archives. Il s’agira donc de distinguer, dans le cadre d’un programme de conservation préventive d’une bibliothèque ou d’un service d’archives, les facteurs de dégradation internes ou endogènes des documents et des facteurs de dégradation externes ou exogènes. Les facteurs internes de dégradation dépendent en grande partie des constituants du papier. Si ceux-ci sont relativement purs, le papier présente une bonne résistance et une assez grande longévité. C’est le cas de la plupart des papiers fabriqués jusqu’au XIXe siècle. Cependant, l’apparition au XIXe siècle de la pâte de bois (pâte mécanique de bois ou pâte chimique de bois) a entraîné une baisse de qualité du papier en termes de conservation. Car le papier jaunit et perd rapidement sa flexibilité d’origine. C’est pourquoi, on constate aujourd’hui – surtout sous les climats tropicaux – que beaucoup de documents imprimés ou manuscrits des XIXe et XXe siècles conservés dans les collections patrimoniales des bibliothèques et des fonds des services d’archives sont souvent en très mauvais état et ne peuvent plus être communiqués aux lecteurs. La protection préventive du patrimoine écrit et graphique contre les facteurs internes de dégradation semble plus difficile, pour les professionnels, à mettre en œuvre parce que dépendant des éléments intrinsèques ayant présidé à la fabrication et à la production du support papier. Les moyens de conservation préventive qui s’offrent aux professionnels contre ces facteurs internes de dégradation sont essentiellement de mettre en place un programme de production des documents de substitution (microfilms, numérisation, etc.) afin de réduire la fréquence des communications et des manipulations indélicates des documents. En ce qui concerne les facteurs externes qui, malheureusement, s’ajoutent aux facteurs internes, on peut distinguer : la pollution atmosphérique, les mauvaises conditions climatiques, d’éclairage ou de stockage et les attaques par des agents biologiques (rongeurs, insectes, moisissures, etc.). Voici un résumé des mesures préventives163 contre ces facteurs externes tirées des préconisations des programmes de « l’IFLA PAC » et « Mémoire du monde » de l’Unesco : – L’élimination des rayons ultraviolets (UV) et infrarouges (IR), en fermant les volets des fenêtres ou en installant des stores adéquats dans les locaux. Les lampes à fluorescence (néons) dégagent beaucoup d’ultraviolets et doivent être impérativement  équipées de filtres. Les documents doivent être éloignés de toute source de chaleur dégageant un rayonnement infrarouges (lampes à incandescence) ; – Le contrôle de l’intensité de l’éclairement. Pour les documents graphiques fragiles (dessins, aquarelles, photographies en couleur, enluminures), cette intensité ne doit pas dépasser 50 lux ; – La limitation de la durée d’éclairement. Celle-ci ne doit pas excéder 3 mois pour une durée d’exposition de 8 heures par jour à 50 lux ; – Le contrôle climatique : il est généralement recommandé pour la bonne conservation des collections d’imprimés, de manuscrits ou d’estampes, une température de 18 C +/-2 C° et une humidité relative de 55% +/-5%. Les matériaux organiques constituant la majorité des documents sont très sensibles aux fluctuations de l’humidité relative, c’est pourquoi celle-ci doit être maintenue stable tout au long de l’année ; – La lutte contre la pollution : les documents graphiques doivent être protégés contre la pollution atmosphérique. Les centrales de climatisation modernes peuvent être équipées de filtres performants permettant d’arrêter les polluants chimiques et les particules. En l’absence d’un tel système, il est encore plus indispensable d’assurer l’entretien des locaux de réserve, notamment par un dépoussiérage régulier et le conditionnement dans des contenants protecteurs ; – La lutte contre les agents biologiques : les agents biologiques se développent de préférence dans des locaux insalubres et humides. Il faut absolument éviter d’apporter des matériaux organiques à l’intérieur des locaux de stockage ou de lecture (aliments, cartons d’emballage non autorisés). De même, les documents anciens entrant par don ou par achat doivent être préalablement examinés et désinfectés si nécessaire. Dans le doute, ces documents doivent être placés en quarantaine et leur état de conservation évalué par un spécialiste. En outre, une inspection régulière et le traitement préventif des locaux (nettoyage, trappes, etc.) éloignera les insectes et les vertébrés nuisibles, tout en étant moins coûteuse et moins nocive pour le personnel, les collections et l’environnement, que le traitement chimique indispensable suite à une infestation ; Pour compléter la liste des mesures préventives ci-dessus, il sera nécessaire de veiller à la sécurité des collections contre les vols et l’incendie. Pour se protéger contre le vol, les locaux doivent être équipés de systèmes antivol. Ceci n’exclut pas une surveillance en salle de consultation (vigilance permanente du personnel, et éventuellement caméras). Dans les bibliothèques comme les services d’archives, les risques en cas d’incendie doivent être tel-00942980, version 1 – 6 Feb 2014 81 minimisés par l’installation de dispositifs de détection de fumée ou de chaleur. Dans les lieux où sont conservés des documents graphiques, il devrait toujours et partout être interdit de fumer (ce qui est heureusement le cas maintenant dans presque tous les établissements). De plus, il est fortement recommandé d’établir un programme permanent de prévention contre les sinistres, ainsi qu’un plan d’urgence. La prévention s’effectue par le biais d’inspections régulières des zones à risque (par exemple les gouttières qui risquent de se boucher parfois), tandis que le plan d’urgence assure qu’en cas de désastre, l’expertise humaine et les fournitures indispensables au sauvetage des documents seront disponibles. Une bonne politique de conservation préventive du patrimoine écrit et graphique devra nécessairement prendre en compte toutes les mesures de prévention étudiées ci-dessus. De l’efficacité et de la réussite de cette politique dépendra en grande partie la pérennité de ce patrimoine.

Le document audiovisuel

Concernant la préservation du document audiovisuel, les principaux facteurs de dégradation qui influent sur leur stabilité et la communicabilité de l’information dont ils sont porteurs sont essentiellement : l’humidité et la température, les déformations mécaniques, les poussières et les champs magnétiques parasites. L’humidité est le facteur le plus dangereux. L’eau est l’agent du principal processus de dégradation chimique des polymères, l’hydrolyse. En outre, un taux d’humidité élevé (humidité relative supérieure à 65%) favorise le développement des moisissures qui « mangent » littéralement la couche pigmentaire des bandes magnétiques et des disquettes et gênent, quand elles n’interdisent pas complètement, la lecture des informations. La température agit quant à elle sur les la dilatation des supports, phénomène particulièrement gênant pour les bandes à haute densité. Elle détermine aussi la vitesse d’évolution du processus chimique : plus la température est élevée, plus la réaction chimique (l’hydrolyse par exemple) est rapide, l’inverse étant également vrai164 . 164 Les données scientifiques (chiffres) en matière de mesures préventives contre la dégradation des documents audiovisuels sont extraites de : « Conservation préventive du patrimoine documentaire ».  Pour les déformations mécaniques, l’intégrité mécanique est un facteur auquel on ne pense pas assez alors qu’il joue beaucoup sur la lecture des données : la moindre déformation peut entraîner de graves dysfonctionnements au moment de la lecture. Quant aux poussières et salissures, elles empêchent les têtes de lecture de s’appliquer parfaitement sur la bande, ce qui est indispensable à la lecture, surtout dans le cas des supports à haute densité. Plus la densité des données est élevée, plus la propreté doit être grande. A titre d’exemple, les particules de fumée de cigarette sont suffisamment grosses pour masquer les informations sur les formats magnétiques modernes. La poussière peut aussi engendrer l’effet de « crash » de la tête de lecture/écriture des disques durs et des formats à tête rotative, avec sa conséquence inévitable qui est la perte irrémédiable des données. Il va sans dire que, outre les problèmes mécaniques engendrés par la poussière, les traces de doigt et la fumée, la pollution chimique due à l’atmosphère industrielle peut accélérer la détérioration de ces supports. Enfin, les spécialistes remarquent que les champs magnétiques parasites sont l’ennemi naturel de l’information enregistrée sur support magnétique. Les sources de champs dangereux sont les microphones dynamiques, les enceintes et les casques d’écoute. Les aimants, ceux utilisés sur les tableaux d’affichage magnétiques par exemple, émettant aussi des champs magnétiques dont l’intensité est dangereuse. Les enregistrements audio analogiques, notamment les pistes audio des bandes vidéo sont par nature les supports les plus sensibles aux champs magnétiques parasites. Les vidéos analogiques et les enregistrements numériques d’autres sortes y sont moins sensibles. En ce qui concerne les mesures préventives à prendre contre ces facteurs de dégradation des documents audiovisuels énumérés ci-dessus, bien que les supports magnétiques présentent dans l’ensemble une bonne stabilité et qu’il existe des bandes analogiques depuis plus de 60 ans, assurer leur longévité n’a jamais été le souci des concepteurs et constructeurs dont les motivations sont plus orientées par la rentabilité de leurs produits. Quand bien même l’on suivrait ponctuellement toutes les recommandations prescrites pour assurer la conservation des originaux des supports magnétiques, il n’apparaît pas possible qu’ils se conservent durablement. La solution sera donc d’en établir des copies de sauvegarde. Etant donné que les informations audiovisuelles se détériorent un peu plus chaque fois que l’on en établit une copie analogique, la seule démarche sans risque est de réaliser des tel-00942980, version 1 – 6 Feb 2014 83 copies numériques. S’agissant des documents numériques (audiovisuels comme informatiques), le problème de la conservation des supports voit son importance reculer par rapport à celui de l’obsolescence du matériel et des logiciels associés. La manière dont il faudra gérer le futur transfert de ces documents sur d’autres supports devient par conséquent une question centrale aussi bien pour les archives audiovisuelles que pour les autres types d’archives. De nos jours, les systèmes de stockage numérique de masse à contrôle et régénération automatiques deviennent de plus en plus un puissant outil de conservation. La numérisation des supports audiovisuels et la reproduction de l’information se présentant déjà sous forme numérique sont des tâches gigantesques. Comme il faudra du temps pour les mener à bien, les programmes de numérisation devront être de plus en plus encouragés au niveau des institutions de gestion et de conservation du patrimoine. La priorité devra cependant être donnée aux documents fréquemment demandés (comme l’état-civil, cadastre, etc.) et à ceux qui courent des dangers immédiats, les documents en bon état pouvant attendre. Il faudra aussi toujours penser à stocker ces derniers dans les meilleures conditions possibles afin qu’ils se conservent au mieux avant leur numérisation éventuelle. A la lecture des recommandations exposées ici, on imagine bien que la conservation des collections patrimoniales (surtout audiovisuelles) dans les régions géographiques où les conditions climatiques sont éloignées des conditions générales d’une partie de l’hémisphère Nord présente encore un problème plus difficile à résoudre. Les solutions à préconiser pour les climats tropicaux se heurtent à deux inconvénients aux conséquences non négligeables car pour respecter les données idéales de température et d’humidité relative, il faudrait imposer une climatisation intense et performante qui entraînerait des coûts de fonctionnement et de maintenance très importants et risquerait de provoquer des chocs thermiques. En outre, une climatisation permanente pose un problème environnemental car elle participe à la pollution atmosphérique. En revanche, compte tenu de la position géographique des pays tropicaux, souvent bien ensoleillés, l’utilisation des énergies renouvelables comme les panneaux solaires pourrait constituer une alternative intéressante pour un conditionnement optimal des locaux de conservation des documents patrimoniaux. Pour réussir une telle politique énergétique pour la pérennité du patrimoine, il faudra évidemment une impulsion et un appui des autorités gouvernementales, ce qui malheureusement, n’est souvent le cas dans les pays en voie de développement.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I. NOTIONS DE PATRIMOINE ET DE PATRIMOINE DOCUMENTAIRE : EVOLUTION ET TRANSFORMATION
Chapitre 1. Patrimoine : des patrimoines et des définitions
Chapitre 2. Patrimoine documentaire
Chapitre 3. Patrimoine : moyen de construction d’une culture
PARTIE II. HISTOIRE COLONIALE ET DE L’ESCLAVAGE : ENTRE PATRIMONIALISATION ET LEGISLATION MEMORIELLE
Chapitre 1. Rappel historique des activités de l’esclavage et de la colonisation
Chapitre 2. Regards croisés entre partisans de la patrimonialisation et de la législation mémorielle de l’histoire coloniale et de l’esclavage
Chapitre 3. Un patrimoine à vocation plutôt culturelle, universelle et consensuelle
PARTIE III. NUMERISATION : MOYEN DE PRESERVATION ET DE VALORISATION DU PATRIMOINE DOCUMENTAIRE COLONIAL ET DE L’ESCLAVAGE
Chapitre 1. Définition des critères de choix des documents à numériser et des questions législatives
Chapitre 2. Gestion de projet de numérisation et définition de la chaîne documentaire
Chapitre 3. Choix du matériel de numérisation, mise en œuvre opérationnelle et moyen de mise à disposition au public
PARTIE IV. PATRIMOINE DOCUMENTAIRE ET MEDIATION NUMERIQUE
Chapitre I. Enjeux documentaires, culturels et sociaux de la médiation numérique
Chapitre 2. Evaluation des besoins des usagers en matière d’information numérique
Chapitre 3. Accès au patrimoine et conditions documentaires
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET SOURCES

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