Les mythes de Tenin Camara de Dombia et du serpent sacré (N’dambou) de Komboréa

 Les mythes de Tenin Camara de Dombia et du serpent sacré (N’dambou) de Komboréa

Les lettres de l’alphabet malinké

A quelques exceptions près, l’alphabet malinké s’identifie à celui du bamanankan10. Il compte 26 lettres : a, b, d, e, ɛ , f, g, h, I, j, k, l, m, n, ɲ , ŋ, o, ɔ , p, r, s, t, u, w, x, y. Les lettres suivantes ont la même valeur phonétique que dans l’alphabet français : a, b, d, f, h, I, k, l, m, n, p, r, s, t, w, y. 1°) Les voyelles  Les voyelles brèves – Le /e/ correspond au ’’e fermé’’ du français. Exemple : te (thé), comme dans thé du français. – Le /ɛ / correspond au ’’e ouvert’’ du français. Exemple : tɛ mo (milieu), comme dans taie du français. – Le /u/ correspond au ’’ou’’ du français. – Le /o/ correspond au ’’o fermé’’ de la prononciation française. Exemple : hanmo (inquiétude), comme dans eau du français. – Le /ɔ / correspond au ’’o ouvert’’ de la prononciation française. Exemple : hɔ rɔ (noble), comme dans sort du français. /i/ comme dans sigi (s’asseoir) /e/ comme dans sege (fatigue) /ɛ / comme dans gorɛ (troupeau) /a/ comme dans saya (la mort) /u/ comme dans buluba (main droite) /o/ comme dans lolo (l’étoile) /ɔ / comme dans wɔ rɔ (cola)  Les voyelles brèves nasales 10- Nous nous référons au document intitulé Guide de transcription du malinké élaboré par Boniface KEITA et Oumar CISSE, linguistes à la Faculté des Lettres, Langues et Sciences du Langage de Bamako (janvier 2007). Ce document a vu le jour au compte de la mission Protestante Norvégienne (MPN), Académie d’Enseignement de Kita, Projet Santé et Alphabétisation à Tambaga (P.S.A.T.). Leur production entraîne la sortie de l’air par les narines. /in/ (comme dans ’’parking’’ de l’anglais), exemple : dindinɲ a (enfance) /ɛ n/ (comme dans ’’teint’’ du français), Exemple : bɛ nto (mirador) /an/ (comme ’’en’’, et dans ’’tant’’ du français), exemple : tantanba (grand tambour) /un/ (comme dans le nom Tounkara), exemple : duntunba (grand coq) /on/ (comme ’’on’’ du français), exemple : bonbonŋo (le bonbon).  Les voyelles longues orales /ii/ comme dans miiro (la pensée) /ee/ comme dans neene (tromper, berner) /aa/ comme dans maana (récit, histoire) /ɛ ɛ / comme dans hɛ ɛ ro (bonheur) /uu/ comme dans luulu (cinq) /oo/ comme dans booboolo (désherbage) /ɔ ɔ / comme dans wɔ ɔ rɔ (six). 2°) Les consonnes Elles sont au nombre de 19 : /b/ comme dans bɛ nbo (raisin sauvage) /d/ comme dans dabo (la houe) /f / comme dans fano (menteur) /g/ comme dans gonŋo (cynocéphale) /h/ comme dans haano (habit) /j/ comme dans jalo (griot) /k/ comme dans kɛ nko (la rouille) /x/ comme dans xalamaa (la louche) /l/ comme dans loolo (étoile) /m/ comme dans mumuwo (un muet) /n/ comme dans nɔ nɔ (le lait) /ɲ / comme dans ɲ ogome (le chameau) /ŋ/ comme dans ŋomi (la galette) /p/ comme dans panpan no (sautillement) /r/ comme dans baramo (la marmite) /s/ comme dans suusuulo (téter) /t/ comme dans tɔ ɔ rɔ (la détresse) /w/ comme dans wɔ lɔ (la perdrix) /y/ comme dans yɛ ndo (la hache). NB : nous nous adaptons ici aux terminologies, à la prononciation et aux tons tels qu’ils sont dans le dialecte malinké du Konkodugu Kéniéba. Les locuteurs des dialectes malinké de Kita, de Bafoulabé ou de Kangaba peuvent avoir d’autres terminologies et d’autres tons. Il importe maintenant d’étayer un certain nombre de compromis que l’on s’autorise dans le passage du récit oral à sa fixation par écrit. En passant de l’oralité d’un texte à sa fixation par l’écriture, on ne peut pas au départ, se passer de conventions.11 C’est ainsi que dans le corpus, pour garder l’originalité rythmique du texte oral en malinké, nous partons à la ligne quand le narrateur fait une pause ou une demi-pause ; un point (.) lorsque la phrase se suffit à elle-même. Au cours de ce travail, nous n’avons été guidé que par un seul souci, celui d’être proche du texte oral. Quant aux expressions et mots intraduisibles, ils ont fait chaque fois l’objet d’une note explicative pour les rendre plus intelligibles. 

PREMIERE PARTIE : CORPUS

Halayi sousoxo la ɲ a holo N’te toxo Halayi Susoxo. N’siyo be san bi sagi nin lulu lela. N’be Tenɛ n kamara saraxo boxan ne. N’man kuulon. 5. Baari, N’sin nta ho a to. Moxo baalu xa mɛ n ho n’ɲ e, Hamaxan bota Hagayi le to. Halayi bota kani layi le to xa bo Marintabayaya. 10. Halayi tun be yalayal hiro le kela. A be mungo nin keso le hiri la kele manso lu ma. A la yalayalo siita donbiya. Moxo baalu tilila muta to, I xa je xa si kuuba ke donbiya kuwo to naa sigi ta je. 15. Ii xa ho a ye xa xa na sigi donbiya jan. A taxa ta a baba lu ya xa yanmaruya ɲ inin. A baba xo : – Wosi kele n’din. Nin siyo sari ta le xa ɲ in. 20. A nin a la hɛ nŋo lu be naata donbiya. Moxo balu xo Xo xeba musuntan mara man di. Sugulun denba xo : – N’na jon muso do be je 25. Honin wo be dii la a ma de Jon muso tun be hutu la loxo kutun keme lela wu tumo. Xo hona nata woti de. Version Falaye SISSOKO12 Moi, je m’appelle Falaye SISSOKO. J’ai quatre-vingt-cinq ans. Je suis sacrificateur de Tenin Camara. Je connais peu de choses, 5. Malgré ce savoir limité, Je dirai ce que je connais de l’histoire de Ténin Camara Selon ce que les vieilles personnes m’ont confié. M’bamakan est descendante de Fagaye. Fagaye avait pour père Kani Layi de Marintambaya. 10. Fagaye était un marchand ambulant Qui vendait aux rois guerriers des tonneaux de poudre et de balles. Sa tournée le conduisit à Dombia. Au moment de bivouaquer sous l’arbre à palabres, Les vieux prédirent qu’il jouerait un rôle irremplaçable dans l’histoire de Dombia s’il acceptait de s‘installer là. 15. Ils lui proposèrent de venir y vivre. Il retourna chez lui et demanda l’accord de son père. Son père lui dit : -Ce n’est pas un problème mon fils. Il est préférable qu’une lignée soit disséminée. 20. Il prit alors ses marchandises et vint s’installer à Dombia. Les vieilles personnes ont dit qu’il est difficile de fixer un homme Sans lui donner une femme en mariage pour laver ses draps. Sougouloun Demba proposa : -J’ai une esclave. 25. On pourrait lui donner cette dernière en mariage A condition qu’il apporte cent tronçons de bois. La dot d’une esclave était de cent tronçons de bois à cette époque. Wo jon muso tun toxo mu sira suxo le ti. 12 – Enregistré en décembre 2010. Halayi xa loxo kutun kemo saara. 30. Sira suxo di ta a ma hutuwo la. A xa kani layi wulu. Wo jehe Hamaxan.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CORPUS
Version Falaye SISSOKO
Version de Filifing KEITA
Version de Noumakan SISSOKO
Version de Bakary DANSOKO
Version de Fabandia KEITA
Version de Djekouna KEITA
Version de Fadiata KEITA
Version de Mamadou KEITA
DEUXIEME PARTIE  ANALYSE
PREMIERE SOUS-PARTIE
LE CADRE GEOGRAPHIQUE ET CONCEPTUEL
CHAPITRE I : LA SOCIETE MALINKE
I- Cadre historique et linguistique
1°) Généralité sur les ethnies
2°) Panorama historique sur le Mali
3°) Le cercle de Kéniéba : données historiques et administratives
II- Cadre géographique
III- L’éducation traditionnelle malinké
Les techniques de l’éducation malinké
IV- Les interdits et le sacré dans l’éducation traditionnelle malinké
V- Le concept de la terre et des Morts chez les Malinké du
Konkodugu
VI- Le namo
VII- Ressources économiques du cercle de Kéniéba
Conclusion
CHAPITRE II : LE CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
I- Les problèmes de définition du terme mythe
II- Les types de mythes
1°) Le mythe cosmogonique
2°) Le mythe anthropogonique
3°) Le mythe théogonique
4°) Le mythe de régénération
5°) Le mythe de fondation
III- La corrélation entre le mythe et quelques genres oraux
1°) Le mythe et l’épopée
2°) Le mythe et la légende
3°) Le mythe et le conte
4°) Convergence entre le mythe, la légende
5°) Le mythe et l’histoire
Conclusion
DEUXIEME SOUS-PARTIE
FONCTIONS ET ETUDE THEMATIQUE
1°) Le mythe de Tenin Camara : résumé
2°) Le mythe du serpent sacré (Ndambou) : résumé
3°) Les similitudes entre les deux mythes
CHAPITRE I : LES FONCTIONS SOCIALES ET RELIGIEUSES
I- La morale sociale et religieuse
II- L’éthique du prêtre du culte
III- La mythologie de la parole
1°) Le serment
a°) Définition et caractéristiques
b°) Les motifs du serment
IV- L’idéologie du groupe social
1°) La stratification sociale chez les Malinké du Konkodugu
a°) Les Horon ou nobles
b°) Les Niamakala
2°) Elaboration d’une Charte entre les strates sociales par Tenin Camara
3°) La consécration des institutions traditionnelles par N’dambou
Conclusion
CHAPITRE II : L’ETUDE THEMATIQUE
I- L’animisme
1°) Le culte
Les types de culte
2°) Les pratiques magico-occultes
a°) La sorcellerie
b°) La divination
.c°) Le fétichisme
II- L’homme et la société
1°) La pauvreté
2°) La femme dans son environnement humain
a°) La femme dans la mythologie
b°) La femme dans la religion
c°) La femme dans la société traditionnelle malinké
d°) La femme dans les récits de N’dambou et de Tenin Camara
III- L’homme et la nature
1°) Les animaux
2°) Les végétaux
IV- La guerre
Conclusion
TROISIEME SOUS-PARTIE
ESPACE, TEMPS ET ACTANTS
CHAPITRE I : L’ESPACE ET LE TEMPS
I- Les catégories de lieux évoqués
1°) La terre des Ancêtres
2°) Les lieux sacrés
3°) Les sources d’eau
II- Les villages évoqués
1°) Le village de Dombia
a°) Situation géographique
b°) Organisation administrative et institutionnelle
c°) Climat et relief
d°) L’agriculture
e°) Les dates historiques du village
f°) Les personnalités de l’histoire du village
g°) Les chefs de village qui se sont succédé
h°) Les chefs d’arrondissement et préfets qui se sont succédé
2°) Komboréa
3°) Synthèse de l’histoire des deux villages : Komboréa et Dombia
Conclusion
CHAPITRE II : ACTANTS ET REALITES HISTORIQUES
I- Les personnages du mythe de Tenin Camara
1°) Tenin Camara
2°) Sougouloun Demba KETA
3°) Sougouloumba DANSIRA
II- Les personnages du mythe du serpent sacré
1°) N’dambou
2°) Komboroba KEITA
3°) Sira Dialou KEITA
4°) Filifimba KEITA
Conclusion
QUATRIEME SOUS-PARTIE
TRANSTEXTUALITE, ETUDE DES PROCEDES NARRATIFS ET STYLISTIQUES
CHAPITRE I : TRANSTEXTUALITE
I- Le sacrifice d’homme
II- La zoolâtrie
1°) L’histoire du Tyanaba ou Tyamaba
2°) Le Wagadou Bida
3°) Mali Sadio
Conclusion
CHAPITRE II : LES PROCEDES ARGUMENTATIFS, NARRATIFS ET STYLISTIQUES
I- La narration
1°) Les analepses
2°) La prolepse
II- L’argumentation
1°) Le modèle argumentatif
a°) La réfutation
b°) Le raisonnement par l’absurde
2°) Les ruses argumentatives
a°) L’aposiopèse
b°) L’argument du témoin fictif
III- Les procédés stylistiques
1°) La périphrase
2°) La prosopopée
3°) L’antéisagoge
4°) L’apostrophe
5°) Le chleuasme
6°) La comparaison et l’épanalepse
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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