Champignons majeurs infectant l’igname
Les espèces de champignons qui attaquent l’igname sont nombreuses et beaucoup d’entre elles ont été déjà isolées. Parmi ces champignons, quatre espèces (Tableau 3) sont les plus courantes pour l’igname mais Colletotrichum gloeosporioides causant l’anthracnose est la plus dévastatrice surtout pour l’igname D. alata (ADURAMIGBA-MODUPE et al., 2008; 2012) (Photo 9). Elle entraine la réduction de la production, la mort des feuilles et celle de la plante toute entière. La pluie et l’humidité atmosphérique conditionnent le développement de l’attaque de ce champignon.
ETAT DES LIEUX SUR LA CONNAISSANCE DES IGNAMES CULTIVÉES À MADAGASCAR
A Madagascar, les principales ignames cultivées appartiennent à deux espèces différentes à savoir D. alata qui est la plus cultivée et D. esculenta. La troisième espèce D. bulbifera n’est plus cultivée actuellement à Madagascar : elle est d’ailleurs devenue spontanée. Sur le plan historique, ces plantes ont été introduites à Madagascar au début de l’ère chrétienne selon LEBOT (2009). Les ignames faisaient partie de nombreuses denrées alimentaires apportées par les indonésiens et/ ou les austronésiens qui ont probablement, peuplé la grande île au début du premier millénaire (RAISON, 1992). A cette époque, l’igname avec la banane représentaient les principales cultures. Suite à l’arrivée d’autres produits alimentaires comme le riz, la patate douce ou le manioc, l’igname qui était plus difficile à cultiver a été progressivement abandonnée au profit des autres cultigènes et a perdu sa place de choix dans l’alimentation du malgache. Toutefois même si les champs d’igname avaient disparu du paysage agricole malgache, l’igname elle-même a continué à être cultivée mélangée dans les champs à d’autres cultures alimentaires et faisait donc partie d’un système de production appelé « végéculture ». Les ignames, aussi bien sauvages que cultivées, ont été utilisées et le sont encore comme aliments de disette (FLACOURT, 1661). De nos jours, l’igname est devenue une culture marginale (PENCHE, 2008), cultivée par les paysans, en nombre de pieds très restreint (un ou deux pieds) dans certaines régions de l’île. De ce fait, très peu de gens connaissent et consomment l’igname à Madagascar (JEANNODA, 1997) car elle est devenue rare aussi bien dans les champs que sur les marchés. D’autre part, parce que l’igname était surtout consommée en période de disette, l’igname s’est vue attribuée le statut d’aliment du pauvre, en particulier dans les zones urbaines. Dans les zones rurales, bien qu’elle soit maintenant moins considérée par rapport aux autres tubercules, les populations continuent de consommer les ignames, surtout les espèces sauvages, et font même état de leur préférence à leur égard par rapport aux autres plates à tubercules. Les recherches menées sur les ignames à Madagascar depuis le début des années 2000 ont surtout été focalisées sur les espèces sauvages. WILKIN (2000, 2002, 2005, 2008b) a commencé à s’atteler à la révision de la flore des Dioscoreaceae malgaches qui date de 1950 (BURKILL et PERRIER de la BATHIE, 1950). De 2003 à 2006, le projet FADES « Fond d’Appui à la recherche sur les possibilités de valorisation des ignames malgaches » effectué par la Faculté des Sciences d’Antananarivo en collaboration avec le MNHN, le Royal Botanic Garden de Kew et le CIRAD a aussi permis d’inventorier les ignames dans trois zones pilotes de Madagascar et de les étudier tant du point de vue biologique, écologique que biochimique (rapport FADES; RAJAONAH, 2004; RAKOTOZAFY, 2012; RAKOTOBE, 2009; RAKOTOARIMANANA, 2003). Bien que les ignames cultivées aient été inventoriées lors de ces études, les travaux ont surtout concerné les espèces sauvages. Un deuxième projet financé par le MADES a aussi permis d’étudier les ignames sauvages de la côte orientale malgache (ANDRIANANTENAINA, 2005) Les travaux de recherche sur les ignames cultivées ont débuté avec le projet CORUS 6020 dont les objectifs étaient: Les travaux présentés dans le cadre de cette thèse ont été financés par le projet CORUS. D’autres travaux sur les ignames cultivées ont également été financés par le même projet. Il s’agit des études de PENCHE (2008), les mémoires de DEA de RAZAFINIMPIASA (2010) et de RAVELONJANAHARY (2011), de même que les recherches de RANAIVOSOA (2008).
les propriétés nutritionnels et antinutritionnels comme dans le cas de RANAIVOSOA (2008) portés sur la caractérisation de la farine des tubercules de D. alata ovibe récoltées dans la région de Brickaville; approche nutritionnelle et sensorielle; le cas de RANDRIAMAMPIANINA (2003) concernant les potentialités nutritionnelles de quatre variétés de D. alata récoltées sur les hauts-plateaux et dans des régions côtières de Madagascar et le cas de RALAMBOMANANA (2010) sur les potentialités nutritionnelles des tubercules d’ignames récoltées dans la régions Nord, Sud et Hauts-plateaux de Madagascar. formés essentiellement de grès et de calcaires avec une altitude comprise entre 0 et 800m. C’est dans cette région que l’on peut trouver les formations karstiques ou Tsingy, les plateaux Mahafaly et les sables quaternaires des plaines de l’Ouest. La classification géologique simplifiée de Madagascar est représentée par la carte établie par DU PUY et MOAT (1996) (Carte 1).