DÉPERDITIONS SCOLAIRES DANS LE SECTEUR DE L’ÉLÈMENTAIRE AU BURUNDI
La politique éducative actuelle
Seront évoquées dans cette section l’organisation administrative et l’organisation pédagogique. a). L’organisation administrative La politique éducative actuelle est définie par le décret n°100: 054 août 1999 portant organisation du Ministère de l’Éducation Nationale. Ledit décret définit la mission de ce ministère de la manière suivante: – élaborer, planifier et exécuter une politique nationale cohérente en matière d’enseignement; – introduire dans le milieu rural un système éducatif de base capable d’induire un développement économique endogène en collaboration avec d’autres ministères concernés; – élaborer et exécuter une politique nationale cohérente en matière d’alphabétisation des adultes; – promouvoir le développement de l’enseignement préscolaire; – veiller à l’amélioration constante de la qualité de l’enseignement; – établir et mettre en pratique un plan visant la généralisation de l’enseignement de base pour tous les enfants en âge scolaire; – établir une adéquation entre la formation et l’emploi; – assurer aux écoliers, aux élèves et aux étudiants une formation civique, morale et intellectuelle propre à favoriser une conscience aiguë des réalités nationales; 7 Depuis 1980, les écoles moyennes pédagogiques qui formaient les instituteurs ayant une année de formation après le collège et ayant un diplôme appelé D4 ont été remplacées par les écoles dites « écoles de formations d’instituteurs-adjoints». Celles-ci offrent une formation de 2 ans après le collège et ses lauréats sont porteurs d’un diplôme de D6. Ces derniers totalisent ainsi 12 ans de formation. Ils correspondent au niveau 3 de la CITE 97. 8 Les D4 sont des enseignants dont la durée de formation est de 11 ans, à compter de la première année primaire. Au niveau de la CITE 97, ils correspondent au niveau 3. 9 Les D7 sont des enseignants qui totalisent 14 années de formation. Au niveau de la CITE 97, ils correspondent au niveau 4. – préparer, en collaboration avec d’autres ministères et services concernés, les éléments en formation à œuvrer pour le développement socio-économique du pays, pour la promotion de la culture et le respect des droits des droits et libertés de la personne humaine; – planifier en collaboration avec les ministères concernés un service civique obligatoire pour les élèves et étudiants. b) Organisation pédagogique La logique interne du système éducatif formel est donc telle que celui-ci se présente comme un superposé de trois niveaux d’enseignement dont l’accès au niveau directement supérieur est conditionné par la réussite à une épreuve organisée en dernière année du niveau inférieur (concours national à la fin du cycle primaire de six ans, test de niveau à la fin du premier cycle du secondaire de quatre ans et, enfin, examen d’État à la fin du deuxième cycle du secondaire de trois à quatre ans). A côté de ces trois niveaux, il existe un quatrième niveau, le préprimaire, qui reste cependant accessible à une minorité d’enfants suite à son coût de formation élevé. b1). Niveau préprimaire L’enseignement préprimaire ou préscolaire n’est régi par aucune loi concernant l’âge d’admission et la durée de la formation. Les écoles maternelles publiques reçoivent en général les enfants de quatre à six ans, alors que les écoles privées accueillent ceux de trois ans. La durée de formation varie d’un à trois ans. Laissé à l’initiative privée et presque exclusivement dispensé en milieu urbain, l’enseignement préscolaire devient dès 1999 une des préoccupations des services publics. La volonté politique de mieux organiser ce type d’enseignement se traduit dans le récent décret n°100 : 054 août 1999 portant réorganisation du Ministère de l’Éducation Nationale, qui crée en son sein une structure administrative de conception, d’organisation et d’encadrement : le Département de l’enseignement préscolaire. Contrairement à l’enseignement primaire et secondaire, le préprimaire est peu développé, comme c’est, d’ailleurs, le cas de tous les pays en développement. En effet, le préprimaire n’a pas été défini historiquement comme une responsabilité gouvernementale dans les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme. L’attention relative à ce pari d’enseignement a été tirée à partir de 2000 dans le cadre d’action de Dakar et des objectifs de développement du millénaire (Tomasevski, 2003). En outre, le coût élevé de l’enseignement privé en fait un domaine réservé aux couches les plus aisées de la société qui, souvent, sont installées en milieu urbain et sensibilisées plus que les autres aux services et bénéfices de l’éducation préscolaire. b2). Niveau primaire Le ministère ayant l’enseignement primaire dans ses attributions a les missions et les objectifs suivants10: – épanouir l’écolier par des connaissances fondamentales susceptibles de l’aider à participer à l’effort collectif pour l’épanouissement de ses possibilités; – assurer l’acquisition d’une éducation de base solide préparant à une formation post-primaire capable de fournir au pays des cadres moyens et des ouvriers qualifiés répondant aux besoins de développement du pays; – assurer aux jeunes scolarisés une formation civique, morale et intellectuelle propre à favoriser une conscience aiguë des réalités nationales et à les amener à œuvrer pour le développement socio-économique du pays et pour la promotion de la culture nationale; – assurer la scolarisation universelle et l’éducation de base pour tous sans aucune discrimination; – assurer une évaluation régulière de l’action de formation et d’éducation pour permettre une prise de décision adéquate au bon moment dans l’intérêt du développement du système; – édifier l’école communautaire. L’enseignement primaire au Burundi s’étend sur six ans. Depuis 1982, l’âge officiel d’admission est fixé à sept ans, alors qu’il était de six ans avant. A partir de 1982, l’enseignement primaire est devenu « obligatoire ». Une scolarisation normale devrait se terminer à douze ans. A la fin du cycle primaire est organisé un concours national pour l’accès à la première année de scolarisation du premier cycle du secondaire. 10 MEN, 2000. b3). Niveau secondaire On accède à ce niveau d’enseignement suite à une réussite à un concours national organisé au terme du cycle primaire. Situé entre le niveau du primaire et celui du supérieur, l’enseignement secondaire comprend : – l’enseignement secondaire général et pédagogique; – l’enseignement secondaire technique et professionnel.
Enseignement secondaire général et pédagogique
Les options et les objectifs assignés à l’enseignement secondaire général et pédagogique sont précisés par le décret-loi n°1/ 025 du 13 juillet 1998 portant réorganisation du Ministère de l’éducation nationale en son article 32 : « l’enseignement secondaire a pour but de former des cadres moyens et les ouvriers qualifiés, répondant aux besoins du pays. Il doit assurer aux cadres nationaux une formation civique, morale et intellectuelle propre à favoriser une conscience aiguë des réalités nationales. L’enseignement secondaire assure également une préparation adéquate aux études supérieures et universitaires» (MEN, 2003a : 90). Ce niveau d’éducation est composé de deux cycles. Le premier comprend le collège public (quatre ans), et le collège communal11 (quatre ans). Le second cycle offre les sections suivantes: Lettres modernes (trois ans), Scientifique (trois ans), Normale (4 ans), et Pédagogique (deux ans). La section pédagogique a pour mission de former les enseignants de l’école primaire, alors que les lauréats des écoles normales sont appelés à servir aussi bien dans l’enseignement primaire que dans l’enseignement secondaire, avec une possibilité de poursuivre des études supérieures. L’accès à l’une ou l’autre section est conditionné par la réussite à un test organisé après le collège. L’enseignement secondaire général et pédagogique occupe une place prépondérante par rapport à l’enseignement technique et professionnel. L’enseignement supérieur est la seule issue possible pour les lauréats de l’enseignement secondaire général. 11 Afin de pallier aux déperditions scolaires enregistrées à la fin de 6ème primaire suite à l’étroitesse de la capacité d’accueil des établissements secondaires, il a été crée dès 1992 des collèges dits « communaux » ou «municipaux». Echappant au travail du planificateur, ces collèges ont été ouverts de façon anarchique sur toute l’étendue du pays. De 5 en 1992, ces collèges atteignaient 369 au mois de septembre 2005 (MEN, 2007). Aujourd’hui, il n’est pas rare de trouver une commune avec 4 collèges communaux, alors que l’ordonnance portant création de ces établissements stipulait clairement que chaque commune devait au plus avoir un seul collège d’enseignement général et une école professionnel ou technique (M E N, 2003). Les collèges communaux quant à eux accueillent des enfants aux faibles scores pédagogiques au Concours National organisé à la fin du primaire, comparativement à ceux qui sont admis dans les collèges publics. A titre d’exemple, le pourcentage des notes d’évaluations au concours national retenu pour avoir accès au collège public était de 50% contre 30% au sein des collèges communaux en 2000 (Rapport de la commission chargée d’organiser le concours national, 1999-2000). Implantés de manière anarchique, ces collèges communaux souffrent de beaucoup de maux, dont le principal est relatif au manque d’enseignants (quantitativement et qualitativement).
Enseignement technique et professionnel
La mission assignée à l’enseignement technique et professionnel est définie en ces termes12: – l’enseignement technique a pour but de donner aux élèves en même temps une formation générale de base et une préparation pratique suffisante permettant d’accéder aux emplois qualifiés dans tous les domaines de la vie socio-économique du pays ou de s’installer comme artisans. Il peut également préparer à l’enseignement supérieur; – l’enseignement secondaire professionnel est un enseignement à finalité, qui a pour but de former des agents qualifiés dans tous les secteurs, pour répondre aux besoins de l’économie nationale. Organisé dans des filières peu diversifiées, l’enseignement technique et professionnel délivre trois diplômes : le diplôme professionnel A4 (diplôme délivré par l’école professionnelle après quatre ans d’études post primaire), et les diplômes techniques A3 et A2. Seuls les détenteurs du diplôme A2 ont le droit de se faire inscrire aux institutions d’enseignement supérieur. Les problèmes spécifiques à ce type d’enseignement sont surtout le manque de matériel didactique13, le vieillissement des équipements, l’incapacité de s’adapter aux nouvelles technologies faute de ressources et le manque d’emploi. b4) Niveau supérieur 12 M.E.N, 2000. 13 A titre d’exemple, à l’école secondaire technique de Kamenge, 300 élèves de la section informatique partagent un seul ordinateur et la section informatique de Kiryama ne dispose d’aucun ordinateur (http://www.africatime.com/burundi/index.asp. Page consultée le 18 février, 2006, 16h30). L’enseignement supérieur et universitaire a pour mission centrale de dispenser la formation des cadres supérieurs et de promouvoir la recherche scientifique. L’enseignement supérieur et universitaire est ouvert aux lauréats de l’enseignement général et technique. A l’exception des autres établissements d’enseignement universitaire, l’Université du Burundi recrute les lauréats ayant «réussi» à l’Examen d’Etat14. L’enseignement supérieur et universitaire comprend des cycles longs qui varient de quatre ans (licence) à sept ans (études de médecine) en passant par les études d’ingénieur de cinq ans. Le cycle court varie de deux ans (par exemple l’institut supérieur de commerce, ISCO) à trois ans (par exemple l’Ecole Normale Supérieur, ENS). Dans sa mission, l’Université du Burundi, est épaulée par quelques établissements privés, qui de nos jours ouvrent les portes en grand nombre et sont beaucoup sollicitées par les lauréats des écoles secondaires. Réservées hier aux enfants des familles aisées, les universités privées accueillent aujourd’hui même les enfants des fonctionnaires moyens. En effet, tout étudiant ayant réussi à l’Examen d’État bénéficie d’une bourse de la part du gouvernement indépendamment de l’université qu’il fréquente (publique ou privée). La somme perçue équivaut à peu près à 360.000 FBu, alors que les frais d’inscription s’élèvent en moyenne à 230.000 FBU. Dans ces conditions, même les enfants des fonctionnaires moyens parviennent à fréquenter ces institutions privées, qui par ailleurs sont moins perturbées par rapport à la seule Université publique dont dispose le Burundi et qui, de surcroît, enregistrent de bons résultats.
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