Gestion durable des ressources en eau de surface
PRINCIPALES MENACES SUR LES RESSOURCES ENVIRONNEMENTALES AU NIGER
L’objectif poursuivi au niveau de ce point est de souligner les principaux problèmes que pose la gestion de l’environnement au Niger et de mettre un accent particulier sur les principales menaces qui pèsent sur les ressources en eau. Le Niger a une population de 11 060 291 habitants avec un taux de croissance de 3,3% par an (RGPH, 2001). Sur la base de ce taux d’accroissement, la population nigérienne est estimée à 13 630 703 habitants en 2008 et à 15 807 751 habitants en 2012. Les trois quart (3/4) sont concentrés dans la bande sud à vocation agricole et agro-pastorale. La population nigérienne tire l’essentiel des moyens de sa subsistance à travers l’exploitation des ressources naturelles, particulièrement des ressources biologiques. En effet, 83,8% de la population est rurale ; les activités du secteur rural contribuent à 42% du Produit Intérieur Brut (PIB) et constituent 23% des exportations nationales (SE/CIMP-SDR, 2006). Le développement durable du Niger repose incontestablement sur une bonne exploitation de la biodiversité et une amélioration adéquate des ressources génétiques. Cependant, l’on constate une dégradation des ressources naturelles et de la biodiversité, sous l’effet conjugué des actions anthropiques et des facteurs climatiques fluctuants. Ceci se traduit par une situation d’appauvrissement croissant du capital productif, une diminution de la jachère, une surexploitation des ressources végétales et une intensification du processus de désertification. 1. Menaces sur la diversité biologique La diversité biologique fait l’objet de plusieurs menaces dont les principales sont les diminutions des superficies ou les morcellements des écosystèmes forestiers des zones soudaniennes et sahéliennes ; la dégradation des formations naturelles et des agro systèmes et la déperdition ou la disparition des espèces ou leurs variabilités. Les diminutions des superficies ou les morcellements des écosystèmes forestiers des zones soudaniennes et sahéliennes se traduisent, au plan spécifique, par le rétrécissement et l’appauvrissement de pratiquement toutes les formations naturelles (forêts et savanes) ainsi que les formations montagnardes ou sahariennes. Cela est particulièrement évident pour la composante faune sauvage. En effet, en dehors des aires protégées, la faune sauvage (mammifères, oiseaux, reptiles) est en nette raréfaction voire disparition. Il est important de noter que pour les forêts, la menace est même la disparition pure et simple car la combinaison des diminutions, dégradation et appauvrissement spécifique va inévitablement conduire à leur disparition puisqu’il n’y aura plus de formation qui puisse répondre au critère de formation forestière. La dégradation des formations naturelles et des agro systèmes se traduit par la destruction de la structure du sol, la baisse de la densité et la stratification verticale de la composante ligneuse avec accroissement des espaces vides ou la disparition quasi-totale de la composante ligneuse. Ces dégradations se manifestent aussi par l’envahissement des aires de pâturage et couloirs de passage ainsi que certains plans d’eau par des espèces à faible valeur fourragère. Il s’agit entre autres de Sida cordifolia, Calotropis procera, etc. pour les milieux terrestres ; Typha australis, Polygonum plebeium, pour les milieux aquatiques. Dans les agro systèmes, les dégradations consistent plutôt en la baisse de la fertilité, de lessivage et de la salinisation des sols contribuant à une forte baisse de la productivité et à l’ameublissement du sol favorable à l’érosion éolienne. La déperdition ou la disparition des espèces ou leurs variabilités qui ne peuvent également pas être quantifiées faute de données fiables mais appréciées de façon qualitative du fait de l’évidence de ces menaces. De nos jours, il est très évident que les peuplements de plusieurs espèces végétales et animales ont beaucoup reculé : toute la zone sahélienne aux alentours du 16e parallèle abondait d’espèces animales bien connues des populations mais de nos jours, ces espèces sont plutôt des mythes (autruches, biches, lions, hyènes, etc.). Pour les espèces végétales également, ce sont les mêmes observations qui sont faites. En effet, au plan de la dynamique évolutive des espèces végétales, six (Prosopis africana, Terminalia avicennioides, Bombax costatum, Celtis integrifolia, Diospyros mespiliformis, Hyphaene thebaica) étaient menacées en 1998 du fait de l’importance de l’exploitation par l’homme combinée aux pressions des facteurs climatiques. En outre, depuis 1967, LEBRUN et DE FABREGUES avaient dressé une liste de 58 espèces rares ou menacées de la flore du Niger. Cependant de nos jours, il est difficile de dire si oui ou non des espèces ont disparu du fait du nombre très réduit, et rarement diachronique sur des sites permanents, d’études (limitées dans l’espace) conduites sur la flore et la végétation. Par contre, parmi les quelques études localisées et presque ponctuelles, des disparitions d’espèces sont signalées ainsi que la régression de leurs peuplements. C’est ainsi que dans leur étude WEZEL et HAIGIS (2000), indique que plus de 35 espèces (spontanées) ont reculé ou disparu dans les villages de Liboré, Sounga-Dossado, Chikal, Dan Indo et Sarkin Hatchi. Ils ont signalé la disparition des espèces comme Diheteropogon hagerupii et Pennisetum pedicellatum dans ces terroirs ; DANJIMO et al., (2003) ont enquêté sur l’évolution des cultivars et espèces spontanées dans 18 villages autour de Kouré, de la vallée du fleuve au Dallol Bosso. Ils ont relevé 29 espèces végétales spontanées (22 espèces ligneuses et 7 espèces herbacées) en voie de disparition et signalé 30 espèces (26 ligneuses et 4 herbacées) disparues ; BARMO (2008) a identifié 14 espèces végétales réparties dans 11 familles menacées de disparition à des degrés différents dans la zone de Tamou. En outre, de nombreuses espèces fourragères vivaces comme Cyperus conglomeratus, Cymbopogon giganteus et C. proximus, Sclerocarya birrea, Commiphora africana, Cyperus jeminicus,Aristida pallida sont rares ou en voie de disparition dans certaines parties du pays. Les causes des menaces sur la diversité biologique incluent les changements et variabilités climatiques et surtout les actions anthropiques qui sont multiformes et multiples (extension des superficies cultivées, déboisement anarchique, chasse et braconnage, feux de brousse, surpâturage, exploitation minière, mise en valeur de périmètres agricoles, …). En effet, on constate de nos jours que l’agriculture constitue la principale cause en ce sens que par exemple dans la bande sud du pays, certains terroirs sont cultivés à plus de 95% ; certaines régions du pays sont déficitaires au plan énergétique (le bois produit naturellement est en deçà des besoins des populations) sans compter les autres prélèvements abusifs comme les récoltes de foins et les bois de service. Mais des facteurs naturels interviennent aussi dans la dégradation des ressources biologiques du Niger. On peut citer entre autres les sécheresses, l’érosion éolienne et hydrique, les vents violents et desséchants. Mais la diversité biologique n’est pas la seule composante de l’environnement qui est menacée au Niger, les sols subissent aussi des effets négatifs provenant à la fois des phénomènes naturels et anthropiques. 2. Dégradation des sols La tendance observée au cours de ces dernières décennies a été une réduction des superficies de terres effectivement cultivables, due essentiellement aux dégradations érosives des sols. S’y est superposé une tendance à l’augmentation des surfaces mises en culture, ce besoin croissant en terres résultant de l’accroissement de la population (particulièrement dense dans le 1/4 sud du pays), mais aussi et surtout d’un phénomène général de réduction de la fertilité des sols, occasionné lui-même par la combinaison de la diminution des restitutions organiques (exportation des résidus de cultures) avec la chute de la pluviométrie et la réduction des temps de jachère. En outre, puisque les sols cultivés sont de moins en moins fertiles, leur exploitation accélère encore leur dégradation. Le tableau ci-dessous donne un aperçu quantitatif de la dégradation des terres et les opérations entreprises pour les régénérer. Tableau 1 : Aperçu quantitatif de la dégradation des terres et des opérations de régénération Processus de dégradation des terres Cumul sur la période 1990-2003 Opérations de récupération des terres Cumul sur la période 1990-2002 Types de dégradation Surface concernée Types de travaux Surface concernée Erosion éolienne et/ou hydrique 12.600 km2 CES/DRS Fixation de dunes 3670 km2 160 km2 Déforestation 14 000 km2 Plantation forestière 918 km2 Feux de brousse > 13 120 km2 Ce tableau montre que les principales causes de la dégradation des sols au Niger sont l’érosion (éolienne et hydrique), la déforestation et les feux de brousse. Les actions de récupération ne concernent qu’une faible proportion de ces terres dégradées (moins de 12% de terres dégradées au cours de la période considérée sont récupérées). Les activités minières sont non seulement source de dégradation des sols mais aussi occasionnent de nombreuses externalités négatives sur les populations, la faune et la flore. 3. Menaces dues à l’exploitation des ressources minières Les principaux produits miniers exploités au Niger sont l’uranium, l’or, le charbon minéral, le pétrole, le calcaire et le gypse pour la production du ciment, l’étain, le phosphate, le sel et le natron. Leurs exploitations sont sources de divers problèmes environnementaux. Dans le domaine de l’exploitation de l’uranium au Niger, deux sociétés interviennent à savoir la SOMAÏR (dont le site est à ciel ouvert) et la COMINAK (sites souterrains). Les mines elles-mêmes et les deux usines associées constituent un environnement sensible (risques de contamination) dans lequel la sécurité des personnes repose sur l’emploi de protections spécifiques et le respect de procédures élaborées. Les résidus d’extraction et de traitement nécessitent des stockages sécurisés (risques de pollution des sols, de dissémination par le vent, ou d’infiltration dans la nappe) ; en outre, c’est une caractéristique des déchets radioactifs, on ne sait pas aujourd’hui comment seront gérés ces volumes sur le long terme. Les villes minières d’Arlit et d’Akokan abritent quelques 80 000 personnes. La proximité des sites d’exploitation les expose de diverses façons : poussières provenant des mines et des abords ; dissémination d’équipements contaminés ; risques accrus de pollution des eaux superficielles et de la nappe. En outre, les techniques utilisées pour l’extraction du minerai nécessitent le pompage industriel de la nappe fossile, et cette contrainte risque de perturber considérablement l’approvisionnement en eau urbaine. L’essentiel de l’uranium est exporté sous forme de « yellow cake », après une première concentration sur place. Il quitte le Nord du Niger en fûts sécurisés acheminés par voie terrestre jusqu’aux installations portuaires béninoises. Au total les aspects sensibles du point de vue environnemental sont donc nombreux. Les sociétés minières, dont le référentiel technique repose sur l’expertise de la compagnie générale des matières nucléaires (COGEMA), ont répondu à ces défis environnementaux par un système de management environnemental (SME) formulé en 1999, et une certification ISO 14001 acquise en 2002/2003. De nombreuses mesures de suivi sont effectuées dans ce cadre : dosimètres fixes ; analyse de l’air ; prélèvements de sols ; prélèvements d’eau ; prélèvements de végétaux des jardins. Des craintes de dégradation de la situation sanitaire à Arlit sont remontées de la base via une ONG en 2002, et une mission de la CRIIRAD, organisme français indépendant de recherche et d’information sur la radioactivité, organisée en 2003. Les services publics nigériens concernés par ces questions ne disposaient pas jusqu’à présent des moyens de contrôle radiologique adaptés. A l’échelle de la sous-région l’orpaillage traditionnel est l’activité minière la plus répandue dans le bassin du Niger, avec une concentration en rive droite au Burkina Faso et au Niger. L’exploitation d’or dans le Liptako nigérien a démarré comme une véritable ruée vers l’or en 1984. Le site le plus important est celui de Koma Bangou (dans le département de Tera), avec une production maximale connue de 314 kg en 1996. Il y aurait au total 36 sites dans la région, avec une population dépassant sans doute 40 000 personnes (au moins 25 000 à Koma Bangou). Il y a notamment un afflux de travailleurs saisonniers, après les travaux champêtres. Les observateurs rapportent des conditions de vie particulièrement difficiles : travail très pénible, travail des enfants, désordres sociaux et accidents multiples (effondrement de puits et de galeries), conditions sanitaires très insuffisantes. Une première exploitation industrielle a débuté en 2004, également au Liptako, dans un cadre international (SML/Samira Hill), avec un objectif de production annuelle de 4200 kg. En sus de ces aspects sociaux, les mines d’or artisanales ont des impacts environnementaux importants : les excavations constituent des foyers d’érosion active et la pression de mise en exploitation est très forte, et les réglementations de protection, là où elles existent, sont généralement mises à mal. Quant à l’exploitation industrielle, les techniques les plus souvent employées pour le pré traitement entraînent de graves pollutions des eaux dans le bassin récepteur dès lors que le mercure est utilisé pour la concentration du minerai. Le charbon minéral est exploité industriellement depuis 1978 par la SONICHAR dans le gisement d’Anou Araren (Tchirozérine). La production annuelle se situe autour de 160 milles tonnes, avec un volume total estimé à 9 millions de tonnes. La justification initiale de la mise en exploitation était de fournir l’énergie électrique nécessaire à la production d’uranium à Arlit. La centrale thermique installée d’une capacité de 36 MW a permis également la fourniture d’électricité aux centres urbains de Tchirozérine, d’Agadez et d’Arlit. Les mines de charbon ne sont pas sans problèmes, notamment par la production de gros volumes d’eaux usées. Les usines de carbonisation sont également polluantes, surtout par leurs rejets gazeux. Toutefois, les principales contraintes environnementales liées au charbon se situent au niveau de son utilisation : il s’agit d’une ressource fossile, non renouvelable, et la pollution atmosphérique est maximale avec cette forme d’énergie. La production du pétrole vient de commencer au Niger, c’est aussi une activité minière qui a des répercussions sur l’environnement mais il est très tôt pour se prononcer sur l’ampleur des externalités négatives que cette activité peut avoir sur l’environnement car elle a démarré en fin 2011. Cependant, il est important que les intervenants dans la filière puissent prendre des mesures adéquates permettant d’atténuer les effets néfastes sur l’environnement de cette activité. Les autres ressources minières mises en exploitation au Niger sont entre autres le calcaire et le gypse pour la production du ciment, l’étain, le phosphate, le sel, le natron, etc. L’exploitation de ces différentes ressources occasionne des externalités négatives sur l’environnement. La production de l’étain se fait de façon artisanale et informelle avec des incidences indéniables sur l’environnement qui ne sont pas maîtrisées. La fabrication du ciment consomme beaucoup d’énergie ; les principales émissions polluantes sont les poussières (pathogènes dans certaines situations). La gestion des incidences environnementales du secteur minier est difficile à mettre en place. D’un côté, le sous-secteur industriel dispose de beaucoup de moyens et peut prendre en charge ces aspects. Mais le contrôle externe n’est pas aisé ; les services publics (direction des mines au ministère des mines et de l’énergie) ont des capacités insuffisantes à ce niveau, et il n’existe pas de structures indépendantes à l’échelle nationale. Dans le sous-secteur artisanal, les activités, en grande partie informelles, sont dispersées sur le territoire et ne sont guère facile à superviser. Les concepts d’étude d’impact et de gestion environnementale paraissent encore bien lointains. Au total, face à ce secteur pourtant particulièrement générateur d’impacts et en outre consommateur de ressources non renouvelables, l’État se trouve relativement démuni. Les ménages dans le cadre de leurs activités quotidiennes produisent d’importantes quantités de déchets qui s’ajoutent aux rejets des unités industrielles et contribuent ainsi à la dégradation de la qualité de l’environnement.
Problèmes des déchets industriels et ménagers
Les eaux usées et autres rejets non maîtrisés contaminent le voisinage immédiat de l’habitat, mais souvent aussi l’aval de la zone, et même dans certains cas les nappes souterraines. Cette situation a des incidences importantes sur la santé des populations. A cet effet, les maladies diarrhéiques viennent en 3e position après le paludisme et les affections broncho-pulmonaires ; le choléra n’est pas présent en permanence, mais il réapparaît de façon récurrente ; la bilharziose est très présente (même si un programme spécial de santé est conçu pour lutter contre cette maladie). Les rejets d’assainissement ne sont pas les seuls à polluer l’eau de consommation en milieu rural. Des cas de pollution chimique par les nitrites et les nitrates ont été signalés dans les aquifères des régions de Tahoua et de Maradi, et dans les aquifères discontinus de la vallée du fleuve Niger. Elles ont des causes agro-pastorales, résultant soit de l’emploi excessif d’engrais azotés dans certaines cultures (maraîchage ou périmètres irrigués), soit de concentrations de bétail près des points d’eau. Les pollutions d’origine agricoles ont toutes les chances d’augmenter là où se développe le système d’intensification de l’agriculture. La ville d’Arlit (située à côté des sites d’exploitation de l’uranium) est confrontée à des problèmes de pollution particuliers du fait que l’eau potable est prélevée dans des aquifères situés dans les couches d’où l’on extrait le minerai d’uranium. Ailleurs, quelques cas d’autres pollutions, dues selon toute vraisemblance à des causes naturelles, ont également été signalés (fluor et soufre). Une partie des populations rurales est en outre exposée localement aux effets d’activités artisanales nocives (tannerie, mécanique auto), d’autant plus difficile à encadrer que beaucoup de ces activités se situent dans le secteur informel. Les déchets solides des petites villes constituent un problème qui atteint localement des proportions impressionnantes. Pourtant a priori la question devrait être bien plus facile à régler en milieu rural que dans les grandes agglomérations (espace disponible et chaînes de recyclage développées). La mise en place de services de collecte se heurte à de nombreuses difficultés, notamment le recouvrement des taxes et la gestion des matériels, et il est clair également que la sensibilisation des populations est un facteur à ne pas négliger. Malgré les objectifs définis en 1999 dans le schéma directeur des ressources en eau (SDRE) et l’intervention de très nombreux projets (notamment des ONG) dans le secteur eau et assainissement, la réponse des pouvoirs publics en termes d’assainissement rural reste très insuffisante. La SRP souligne le déficit en assainissement ; quant à la SDR, si elle affiche des objectifs ambitieux en matière de réalisation de latrines (porter le taux d’accès à 50%), elle ne prend en compte les autres questions relatives aux eaux pluviales, aux eaux grises, aux déchets solides, que d’une façon très marginale. Il a été demandé aux promoteurs de projets de traiter systématiquement aussi de l’assainissement dès lors qu’ils interviennent dans le domaine de l’eau ; dans le meilleur des cas les projets installent des latrines, mais la prise en compte des eaux grises est tout à fait exceptionnelle. Une série d’établissements urbains (grands et moyens) présentent de grandes potentialités de pollution : les établissements industriels (à Maradi et Niamey), et certains établissements de services comme les hôpitaux, les grands hôtels, ou les centres de recherche. Ainsi à Niamey, plus de 430 établissements sont classés, parmi lesquels 300 sont des ateliers et des garages. Les unités industrielles les plus importantes sont les suivantes : 3 unités dans l’agroalimentaire (dont 2 sont particulièrement polluantes : abattoir et brasserie) ; 3 unités dans la chimie (dont 1 polluante : SPCN) ; 2 unités dans l’énergie (peu polluantes) ; 2 unités dans le textile (très polluantes : ENITEX et tannerie). Il s’agit de pollutions soit physico-chimiques, soit bactériologiques. Les rejets contiennent en proportions variables des matières organiques dissoutes et en suspension, et des métaux. Quelques établissements gèrent convenablement leurs effluents parce qu’ils disposent de matériels adéquats (décanteur, station à boues activées, incinérateur), mais ils constituent l’exception : l’hôpital de Niamey et la Société laitière du Niger (SOLANI) sont parmi ceux-là. D’autres responsables d’établissement se sont d’ores et déjà préoccupés du traitement des eaux usées, mais une partie importante du chemin reste à parcourir. Les déchets solides urbains (ordures ménagères) constituent une autre préoccupation commune aux agglomérations nigériennes. A la différence des eaux usées, ils sont clairement perçus comme un obstacle à la salubrité publique par les populations. A Niamey, les autorités locales se sont limitées pendant longtemps à mettre à la disposition de la population des espaces ouverts dits points de collecte, à partir desquels une évacuation hors de la ville était organisée, parvenant à traiter ainsi environ 50% des volumes. Depuis quelques années, diverses initiatives collectives ou privées (micro-entreprises) se sont développées dans le secteur, au niveau de la collecte primaire. Une dynamique de coopération est en cours avec la communauté urbaine de Niamey (CUN). La destination de ces volumes de matières diverses semble avoir gardé un caractère partiellement informel : une partie des ordures ménagères est CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE DE LA GESTION DES RESSOURCES EN EAU DU FLEUVE NIGER THESE Ph.D ECONOMIE DU NPTCI PRESENTEE ET SOUTENUE PAR MANI ABDOU 27 recyclée comme amendement agricole (ce qui pose problème notamment au niveau des plastiques), tandis qu’une autre partie serait utilisée pour des remblais, spécialement au bord du fleuve, posant également un problème de dissémination des plastiques (PRI-U, 2001). Cette forte proportion de plastiques dispersées sur le domaine public dans les déchets urbains a entraîné une réaction qui s’est traduite techniquement par la mise au point d’un procédé local de recyclage particulièrement inventif (confection de briquettes de pavement). Enfin, et toujours à Niamey, la pollution de l’air n’est pas en reste (effet local, effet global). C’est le parc automobile vétuste qui détient l’essentiel de la responsabilité, même si les foyers de cuisson des aliments dans une ville de plus de 800 milles habitants ne sont pas en reste. La circulation automobile dans certains secteurs gagnerait à être rendue rapidement plus fluide. Les industries introduisent aussi dans les basses couches atmosphériques plusieurs produits polluants ou nocifs. La dégradation des ressources environnementales au Niger n’a pas épargnée les ressources en eau. En effet, des facteurs naturels et anthropiques ont beaucoup contribué à la perte de la qualité et/ ou de la quantité disponible des ressources en eau.
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