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Épidémiologie de l’insomnie
L’étude du sommeil en médecine est un domaine relativement jeune en comparaison avec d’autres branches médicales, c’est pourquoi il existe encore de nombreuses zones d’incertitudes concernant l’épidémiologie. De plus, l’hétérogénéité des méthodes d’enquêtes ainsi que les différentes définitions de l’insomnie ont amené à la description de prévalences très variables. Toutes les études montrent que les plaintes de l’insomnie concernent plus majoritairement les femmes que les hommes : les femmes ont 1,5 fois plus de risque de souffrir d’insomnie que les hommes. On pense que l’origine de ces troubles est principalement hormonale (en lien avec les cycles menstruels, puis la ménopause). Les enquêtes montrent aussi que la survenue de l’insomnie augmente avec l’âge (44% des personnes de plus de 75 ans contre 22% des 16-24 ans souffrent d’insomnie) ; effectivement avec l’âge, le sommeil et sa répartition changent, il serait de moins bonne qualité que celui des jeunes adultes. Chez les séniors on note une diminution du sommeil lent profond et une augmentation du nombre d’éveils. C’est pourquoi dans la majorité des insomnies des personnes âgées, elles se plaignent d’éveils nocturnes et prolongés alors que les jeunes adultes souffrant d’insomnie se plaignent majoritairement de difficultés d’endormissement. Cependant, l’insomnie chez la personne âgée pourrait être attribuée à d’autres facteurs que la modification du sommeil comme le développement de pathologies liées à l’âge [8 ; 36]. La notion d’insomnie repose sur la plainte et la description du patient, ce qui nécessite une classification afin d’identifier le type d’insomnie décrit par le patient
Classification des insomnies
Insomnies de l’enfant
– Cause médicale ou psychiatrique :
Des pathologies telles que l’épilepsie, l’asthme, les épisodes infectieux, les affections du côlon peuvent notamment perturber le sommeil de l’enfant. Sur le plan psychiatrique, les troubles anxieux et dépressifs sont comme chez l’adulte à l’origine d’insomnies. L’autisme ou un retard mental peuvent aussi perturber le sommeil.
– Du nourrisson au jeune enfant :
– Trouble des associations à l’endormissement : 15 à 20 % des moins de 3 ans ont besoin d’une présence parentale pour s’endormir or l’intervention active des parents ne permet pas à l’enfant d’apprendre à gérer lui-même son sommeil.
– Syndrome d’alimentation nocturne : 5 % des enfants entre 6 mois et 3 ans se réveillant dans la nuit ne peuvent se rendormir sans prise alimentaire.
– Insuffisance de limites, éducation inappropriée : 5 à 10 % des 2 à 4 ans ne veulent tout simplement pas aller se coucher. Il est important de faire assimiler la chambre de l’enfant à un espace de repos.
– Du jeune enfant scolarisé à l’adolescent : Les troubles sont souvent liés aux modifications physiologiques et sociales.
Insomnies de l’adulte
La troisième édition de la classification internationale des troubles du sommeil (ICSD-3, International Classification of Sleep Disorders) fait référence en médecine du sommeil ; d’autres systèmes de classification des troubles du sommeil sont proposés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à partir de la Classification Internationale des Maladies (CIM) et par l’American Psychiatric Association dans le Diagnostic and Statistical Manual of Sleep Disorder cinquième édition (DSM-V) [38].
Insomnies aiguës
-Insomnie aiguë (situationnelle) : cette insomnie ne dure que quelques nuits. Elle se manifeste par des problèmes d’endormissements, des réveils nocturnes ou un réveil précoce dû à un souci sur lequel l’attention est focalisée. Le facteur responsable de cette insomnie est généralement facile à identifier et peut correspondre à une douleur aiguë ou encore à un facteur de l’environnement (bruit, lumière, température excessive…) [8].
– Insomnie subaiguë (à court terme) : elle est la conséquence d’un évènement de vie marquant un stress physique ou psychologique important. Cette insomnie peut faire suite au décès d’un proche, à un divorce ou encore à une maladie. Elle est d’une durée généralement plus longue (entre 2 et 4 semaines) et il existe alors un véritable risque d’évolution vers l’insomnie chronique [8].
Insomnies chroniques
Le critère de durée de l’ICSD-3 pour l’insomnie chronique est de trois mois avec au moins trois insomnies par semaine. Cette classification distingue deux types d’insomnie chronique. D’une part l’insomnie primaire qui inclut l’insomnie psychophysiologique, les troubles de la perception du sommeil et l’insomnie idiopathique. Et d’autre part, l’insomnie secondaire qui sera associée à des maladies psychiatriques et neurologiques [46].
– Les insomnies chroniques sans comorbidité (primaires) :
– Insomnie psychophysiologique : il existe un conditionnement physiologique et mental qui s’oppose au sommeil. Une appréhension exagérée en regard du sommeil, concernant aussi bien le rituel des couchers que des stimuli situationnels tels que la chambre ou le lit. Cette insomnie est généralement la résultante d’une circonstance initiale stressante aboutissant à un conditionnement négatif du sommeil. Ce type d’insomnie à tendance à s’auto-entretenir même après la disparition de la circonstance initiale ayant présidé l’établissement de ce conditionnement.
-Troubles de la perception du sommeil : cette insomnie paradoxale correspond
à des plaintes d’insomnies alors que les résultats d’enregistrements du sommeil sont normaux. Les personnes souffrant de troubles de la perception du sommeil vont surestimer leur temps d’endormissement et sous-estimer leur temps total de sommeil.
– Insomnie idiopathique : elle débute durant l’enfance et perdure de façon stable. Ce trouble est très rare. En l’absence de cause psychiatrique ou organique, elle pourrait être due à une anomalie du contrôle du système veille-sommeil [8].
– Les insomnies chroniques avec comorbidités (secondaires) : Insomnies associées à des maladies psychiatriques et des facteurs psychologiques : tous les troubles de l’humeur ou affectifs sont susceptibles d’altérer l’organisation du sommeil.
L’insomnie fait alors partie de nombreux tableaux psychiatriques [53].
– Troubles de l’humeur : l’insomnie est un des symptômes les plus fréquents de la dépression. Elle est présente de façon assez caractéristique par des réveils anormalement précoces [8]. Chez la personne déprimée, l’endormissement n’est généralement pas retardé, et peut même être plus rapide. Mais le sommeil est fragmenté par beaucoup d’éveils nocturnes et il est surtout écourté. Le réveil précoce laisse le sujet asthénique.
– Troubles anxieux : ils regroupent notamment le stress post-traumatique, le trouble obsessionnel compulsif, le trouble panique, les phobies ainsi que l’anxiété généralisée. L’insomnie des troubles anxieux se caractérise par une difficulté d’endormissement due à des réflexions sur les sujets à l’origine de l’anxiété, et par des éveils nocturnes [8]. L’anxiété stimule les systèmes d’éveils et elle s’oppose ainsi à l’initiation et au maintien du sommeil. L’endormissement est difficile et retardé, et le sommeil est fragmenté et écourté.
– Insomnies associées à des maladies organiques : les facteurs organiques responsables d’insomnies sont très nombreux et le sont pour différentes raisons. Certaines lésions du système nerveux central lors de la maladie de Parkinson ou encore lors de démence, peuvent altérer la régulation du rythme veille-sommeil. De plus certains symptômes propres à ces maladies (douleurs, pollakiurie, dyspnées) auront des répercussions sur le sommeil. Enfin, l’anxiété engendrée par la maladie est un facteur indirect d’insomnie [53].
Table des matières
AVANT-PROPOS
DEDICACES ET REMERCIEMENTS
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LE SOMMEIL ET SON PRINCIPAL TROUBLE L’INSOMNIE
I. HISTORIQUE
II. LE SOMMEIL NORMAL
II.1. Définition
II.2. Architecture du sommeil
II.2.1.L’enregistrement des états de veille et de sommeil
II.2.2. L’examen polysomnographique
II.2.2.1. L’électro-encéphalogramme
II.2.2.2. L’électro-oculogramme
II.2.2.3. L’électro-myogramme
II.2.3. Hiérarchie des états de vigilance
II.2.3.1. La veille
II.2.3.2. Le sommeil non-paradoxal (NREM) ou le sommeil lent
II.2.3.3. Le sommeil paradoxal
II.3. Le sommeil au fil de l’âge
II.4. Les mécanismes du sommeil
II.5. Les fonctions du sommeil
II.6. Neurobiologie du sommeil et de l’éveil
II.6.1. Réseaux de l’éveil
II.6.2. Réseaux de l’endormissent et du sommeil non-paradoxal
II.6.3. La balance (ou le « commutateur ») veille-sommeil
II.6.4. Réseaux du sommeil paradoxal
II.6.5. Réseaux du contrôle de l’atonie musculaire pendant le sommeil paradoxal
II.6.6. Régulation homéostatique et circadienne de la balance veille-sommeil
III. L’INSOMNIE
III.1. Définition
III.2. Épidémiologie de l’insomnie
III.3. Classification des insomnies
III.3.1. Insomnies de l’enfant
III.3.2. Insomnies de l’adulte
III.3.2.1. Insomnies aiguës
III.3.2.2. Insomnies chroniques
III.4. Diagnostic
III.4.1.Observations de certains troubles du sommeil
III.4.2. Observation de conséquences sur la vie journalière
III.4.3. Interrogatoire et examen clinique du patient par le médecin
III.4.4. L’agenda du sommeil
III.4.5. Utilisation de questionnaires pour évaluer l’insomnie du patient
III.4.6.Utilisation des tests pour évaluer l’insomnie du patient
III.4.7.Outils utilisés par les spécialistes du sommeil
III.4.7.1. L’actimétrie
III.4.7.2. La polysomnographie : « voir II.2.2. L’examen polysomnographique
III.5. Conséquences
DEUXIEME PARTIE : LE TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE L’INSOMNIE
I. LES BARBITURIQUES
II. LES BENZODIAZEPINES HYPNOTIQUES ET APPARENTES
II.1. Benzodiazépines hypnotiques
II.1.1. Propriétés
II.1.2. Molécules
II.1.3. Mécanisme d’action des benzodiazépines
II.1.4. Modification de l’architecture du sommeil
II.1.5. Pharmacocinétique des benzodiazépines
II.1.5.1. Absorption
II.1.5.2. Distribution
II.1.5.3. Métabolisme et élimination
II.1.6. Effets indésirables
II.2. Hypnotiques apparentés aux benzodiazépines
II.2.1. Zopiclone – IMOVANE®
II.2.2. Zolpidem – STILNOX®
II.3. Sevrage des hypnotiques
III. LES ANTIHISTAMINIQUES
III.1. Définition
III.2. Mécanisme d’action
III.3. Efficacité et tolérance
III.3.1. Les risques liés aux effets indésirables
III.3.2. Le cas du Phénergan®
IV. LES ANTIDEPRESSEURS
IV.1. Définition
IV.2. Mécanisme d’action
IV.3.Molécules utilisées
IV.4. Efficacité et tolérance
V. LES NEUROLEPTIQUES
V.1. Définition
V.2. Mécanisme d’action et rôle sur le sommeil
V.3. Efficacité et tolérance
VI. LA MELATONINE
VI.1. Définition
VI.2. Mécanisme d’action
VI.3. Le Circadin®
VI.4. Efficacité et tolérance
VII. LES NOUVEAUTES THERAPEUTIQUES : ANTAGONISTES DE L’OREXINE
VII.1. Définition
VII.2. Des molécules en cours d’étude
TROISIEME PARTIE : LES TRAITEMENTS NON PHARMACOLOGIQUES DE L’INSOMNIE
I. HOMEOPATHIE
I.1. Définition
I.2. Souches homéopathiques
II. L’AROMATHERAPIE
II.1. Définition
II.2. Précautions d’emploi
II.3. HE dans l’insomnie
II.3.1. Par voie orale
II.3.2. Autres voies utilisées
III. PHYTOTHERAPIE
III.1. Méthodes d’utilisation
III.1.1. Tisanes
III.1.2. Gélules
III.1.3. Extraits
III.1.3.1. Extraits secs
III.1.3.2. Extraits concentrés secs
III.1.3.3. Extrait fluide
III.2. Précaution d’emploi
III.3. Plantes utilisées
III.3.1. Passiflore
III.3.2. Valériane
III.3.3. Aubépine
IV. OLIGOTHERAPIE
QUATRIEME PARTIE : LE ROLE DU PHARMACIEN
I. UN ROLE DANS LA PREVENTION
I.1. Eliminer les signes de gravité.
I.2. Rechercher l’origine : l’interrogatoire
I.3. Rappeler les règles de bon usage des benzodiazépines
I.4. Apporter une aide à l’arrêt
II. UN ROLE DE CONSEIL DANS LES REGLES HYGIENO-DIETETIQUES
II.1. Connaître ses besoins et les respecter
II.2. Améliorer les habitudes de vie
II.3. Favoriser un environnement propice
II.4. Conseils chez la femme enceinte et allaitante
III. UN ROLE DANS LES STRATEGIES THERAPEUTIQUES
III.1. Chez l’adulte
III.2. Chez l’enfant
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES