L’influence de la mycorhization sur le niébé en présence de sols riches en métaux lourds

L’influence de la mycorhization sur le niébé en présence de sols riches en métaux lourds

 Le niébé (Vigna unguiculata)

Origine et distribution Le niébé (Vigna unguiculata [L.] Walp.) est la plus importante légumineuse à graines dans les zones de savane tropicale d’Afrique. Il est cultivé de longue date en Afrique, considérée comme son aire d’origine (Ndoye et al., 1984 ; Ndoye et Traoré, 1979 ; Thiaw, 1992). Le niébé est une culture secondaire dans beaucoup de pays africains et son introduction au Sénégal serait faite à partir du Mali par le truchement du fleuve Sénégal (Séne, 1996). Le niébé s’est diffusé dans le monde entier, il est cultivé et consommé extensivement en Asie, en Amérique du Sud et du Centre, dans les Caraïbes, aux Etats Unis, dans le Moyen Orient et en Europe Australe (Cissé et Hall, 2003). 

Position taxonomique

Le niébé est une dicotylédone de l’ordre des Fabales, de la famille des Fabaceae, de la sous famille des Faboideae, de la tribu des Phaseoleae, de la sous tribu des Phaseolinae et du genre Vigna et de la section Catiang (Verdcourt, 1970 ; Maréchal et al, 1978 ; Pasquet, 1999). D’après Kouadio et al., 2007, les dernières révisions taxonomiques divisent le niébé en 10 sous-espèces pérennes et une sous-espèce annuelle, subsp. unguiculata. Cette dernière comprend les formes cultivées du niébé (var. unguiculata) et la forme sauvage annuelle, var. spontanea (Schweinf.) Pasquet (Pasquet, 1993a, 1993b, 1997). La sous espèce cultivée unguiculata a été divisée en cinq cultigroupes (cv-gr.) nommés : Unguiculata, Biflora, Melanophthalmus, Sesquipedalis et Textilis (Pasquet, 1998). Les 10 sous-espèces pérennes sauvages sont constituées de 5 sous-espèces contenant uniquement des accessions allogames (subsp. baoulensis (A. Chev.) Pasquet, subsp. burundiensis Pasquet, subsp. Letouzeyi Pasquet, subsp. aduensis Pasquet et subsp. Pawekiae Pasquet) et 5 sous-espèces contenant aussi bien des accessions allogames et autogames (subsp. Dekindtiana (Harms) Verdc. sensu stricto, subsp. Stenophylla (E. Mey.) Verdc., subsp. tenuis (E. Mey.) Maréchal, Mascherpa et Stainier, subsp. alba (G. Don) Pasquet, et subsp. pubescens (R. Wilczeck) Pasquet (Pasquet, 1994 ; 1999). 

Description botanique

Le niébé est une légumineuse herbacée, annuelle, à port couché, semi érigé, érigé ou rampant. L’architecture dépend fortement du génotype et des conditions de température et de photopériode. Généralement les feuilles sont alternes, pétiolées et trifoliées, mais les deux premières feuilles sont opposées, sessiles et entières. Chaque nœud de la tige porte 2 stipules prolongées sous l’insertion, caractéristiques de Vigna unguiculata, et 3 bourgeons axillaires, capables de donner une tige latérale ou une inflorescence. En général, un seul des bourgeons se développe. L’inflorescence est toujours axillaire, composée de racèmes simples et modifiées, issues de pédoncules mesurant 10 à 30 cm. Les fleurs de couleur variable, blanchâtres, quelques fois jaunâtres ou violettes, sont de grande taille et pour la plupart autofécondées. Les gousses longues de 7 à 12 cm contiennent 8 à 20 graines globuleuses, réniformes, lisses ou ridées, de couleur blanche, verte, jaune, brune, noire, tachetée (figure 1). Le niébé est une plante autogame (Fery, 1985). Figure 1 : Variation en couleur et taille de graines de niébé (Cissé et Hall, 2003) Certaines variétés ont un taux d’allogamie moyen de 1,14%, due à l’influence des insectes (Séne et Ndiaye, 1971). La racine pivotante est en général bien développée, permettant ainsi au niébé de s’adapter à la descente des nappes d’eau en culture de décrue. Les racines portent des nodules qui renferment des bactéries fixatrices d’azote. 

Caractéristiques phénologiques

Le niébé a un cycle de développement variant de 55 à plus de 75 jours selon les variétés. Ainsi au Sénégal, nous avons des variétés à cycle court de 55 à 60 jours et des variétés à cycle long de plus de 75 jours (Cissé et al., 1993 et 1996). Après semis, la germination, épigée, 4 s’observe au bout de 2 à 3 jours (Lush et Wien, 1980). Pendant la croissance des jeunes plants, il y a un allongement de l’hypocotyle suivi d’une abscission des cotylédons au bout de 5 jours de levée (Ndunguru et Summerfield, 1975). Les variétés précoces fleurissent en moins de 30 jours après semis et parviennent à maturité 25 jours plus tard alors que les variétés tardives fleurissent à plus de 100 jours après semis et parviennent à la maturité entre 210 et 240 jours après semis (Summerfield et al., 1985). 

Conditions écologiques

Le niébé est une plante qui se développe bien dans les régions sèches du monde comme en atteste l’ampleur des surfaces emblavées (82%) en niébé dans les zones les plus sèches du Sénégal (DISA, 1998). Les besoins en eau de cette légumineuse sont réduits, 300 à 350 mm (Fretaud et Dancette, 1983) et avec une pluviométrie de 200 mm, certaines variétés peuvent avoir des rendements de 1 tonne par hectare (Cissé et al., 1996). Bien que pouvant se développer sur une grande diversité de sols, le niébé est particulièrement adapté aux sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés appelés Dior ou Dior-Deck (Thiaw, 1992 ; Valenzuela et Smith, 2002). Les processus physiologiques permettant l’amélioration de la production et de la qualité du niébé sont sensibles aux températures, surtout celles nocturnes ainsi qu’à la longueur du jour (Ndiaye, 1997). En effet, les hautes températures affectent la production de fleurs et le développement des gousses (Ndiaye, 1997 ; Diouf, 1987 ; Thiaw, 1992 ; Lush et Wien, 1980 ; Ndoye et al., 1984 ; Dow el Madina et Hall, 1986 ; Warrag et Hall, 1984). La température optimale pendant toute la durée du cycle est d’environ 28°C (Craufurd et al., 1997). Le niébé fait partie des plantes sensibles à la variation de la longueur du jour en fonction des saisons. Ainsi, nous trouvons des variétés sensibles à cette photopériode appelées variétés de jour court car ne fleurissent que lorsque la longueur des jours est inférieure à un certain nombre d’heures d’éclairement (11h30) et des variétés insensibles à la photopériode qui fleurissent indépendamment de la longueur du jour (Thiaw, 1992 ; Ndoye et al., 1984).

Place du niébé dans l’alimentation africaine

A l’instar d’autres cultures vivrières, le niébé Vigna unguiculata [L.] Walp occupe une place importante dans le régime alimentaire de nombreuses régions de l’Afrique. Au Sénégal, il est cultivé dans toute l’étendue du territoire national et constitue une culture secondaire de grande productivité et de bonne qualité nutritionnelle. Ses besoins limités en engrais azotés, sa tolérance à la sécheresse et son aptitude à produire dans un contexte 5 défavorable lui confèrent une place de plus en plus importante en tant qu’aliment d’appoint et, de sécurité que de culture de rente au Sénégal. Cette légumineuse joue un rôle capital dans la subsistance de beaucoup de familles rurales en Afrique en procurant les éléments nutritifs déficients chez les céréales. La graine mûre contient 23-25 % de protéine, 50-67 % d’amidon, des vitamines B tel que l’acide folique qui est important dans la prévention de malformation chez le nouveau-né. La graine est également riche en micro-éléments essentiels, tels que le fer, le calcium et le zinc. Ainsi, quand une part de niébé (sur la base du poids sec) est combinée à 3 parts d’une céréale, ils constituent un aliment presque complet et équilibré en éléments nutritifs (Cissé et Hall, 2003). Les gousses sont consommées aussi comme du « haricot vert » et les feuilles utilisées en guise de salade et dans des sauces surtout en pays toucouleur. Du fait de leur forte teneur en protéines, les fanes constituent un fourrage de premier choix pour le bétail (Cissé et Hall, 2003). Ceci est confirmé par les travaux de Diouf, (1998) qui suite à une détermination de la valeur bromatologique de la fane de différentes variétés de niébé, a pu montrer la valeur nutritive de ce fourrage par sa richesse en énergie (UF) et en azote digestible (MAD) après la récolte des gousses (Tableau 1).

Table des matières

Introduction
1 Synthèse bibliographique
1.1 Le niébé (Vigna unguiculata)
1.1.1 Origine et distribution
1.1.2 Position taxonomique
1.1.3 Description botanique
1.1.4 Caractéristiques phénologiques
1.1.5 Conditions écologiques
1.1.6 Place du niébé dans l’alimentation africaine
1.2 Les métaux lourds
1.2.1 Définition des métaux lourds
1.2.2 Toxicité des métaux lourds
1.2.3 Les métaux lourds et les plantes
1.3 Les mycorhizes
1.3.1 Notion de mycorhizes
1.3.2 Mode de vie et fonctionnement des mycorhizes
1.3.3 Avantages et bénéfices des mycorhizes en agriculture
1.3.4 Mycorhizes et absorption des métaux lourds
1.4 Présentation des sites pollués
1.4.1 Le site de Mbeubeuss
1.4.2 Le site de Sococim
2 Matériel et méthodes
2.1 Préparation des sols
2.1.1 Prélèvements des sols
2.1.2 Analyse des sols
2.2 Matériel végétal
2.3 Matériel fongique
2.3.1 Production d’inoculum
2.3.2 Dispositif expérimental et traitements
2.3.3 Coloration des fragments de racines
2.4 Paramètres mesurés
2.4.1 Croissance en hauteur
2.4.2 Biomasse aérienne
2.4.3 Taux de mycorhization
3 Résultats
3.1.1 Résultats des analyses des sols
3.1.2 Effet de la mycorhization sur la croissance en hauteur
3.1.3 Effet de la mycorhization sur la biomasse aérienne
3.1.4 Taux de mycorhization
4 Discussion
4.1 Taux de mycorhization
4.2 Impact de l’inoculation sur le développement végétatif
5 Conclusion
Références

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