Choc septique Incidence, mortalité et taux de réhospitalisation dans les réanimations Françaises, une étude de cohorte nationale
Le choc septique est à l’origine d’une importante morbi-mortalité et son incidence est en hausse dans le monde entier.1,2 Dans une récente méta-analyse récoltant les données de plus de 150 000 patients, le taux de mortalité du choc septique a atteint environ 38%.3 Bien qu’il reste élevé, ce taux de mortalité semble avoir diminué ces dernières années comme l’ont montré l’Europe, l’Australie et l’Amérique du Nord.3-5 Lorsque les informations sont extraites de grandes bases de données, les résultats peuvent dépendre des éléments utilisés pour saisir les admissions en réanimation pour choc septique.2 Un rapport épidémiologique utilisant la banque de données administratives françaises (PMSI) a fait état de différents taux de mortalité selon les codes utilisés pour inclure les patients. De plus, dans cette étude les facteurs de risque de mortalité n’ont pas été explorés. L’objectif de notre étude était de déterminer les taux d’incidence et de mortalité (à court et long terme) des patients adultes hospitalisés pour choc septique dans les réanimations françaises de 2014 à 2018. Nous avons également déterminé les taux de réadmission après la sortie de l’hôpital et les facteurs de mortalité associés.
Construction de l’étude et sélection des données
Il s’agit d’une étude de cohorte en population générale portant sur l’ensemble des patients adultes présentant un choc septique dans les réanimations françaises entre le 1e janvier 2014 et le 31 décembre 2018, à partir du Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information (PMSI), base de données nationale française où sont collectées les informations administratives et médicales (diagnostics et actes chirurgicaux). Le PMSI est basé sur des groupes de diagnostic et tous les diagnostics de sortie des patients admis à l’hôpital sont codés selon la Classification Internationale des Maladies, 10e révision (CIM10). Sont aussi codés quotidiennement des actes techniques et médicaux réalisés tout au long du séjour selon la Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM). La base de données du PMSI est utilisée pour déterminer les ressources financières et fait l’objet de vérifications fréquentes et approfondies tant par son producteur que par le payeur, avec d’éventuelles conséquences financières et juridiques.6 Les données issues du PMSI sont anonymisées et peuvent être réutilisées à des fins de recherche.7 Grâce à sa précision et à la collecte exhaustive des données, aucun patient ne fut perdu de vue pendant la période de l’étude. Cette étude suit les lignes directrices STROBE (Strengthening the Reporting of Observational Studies in Epidemiology).
Nous avons défini les séjours en réanimation de patients ayant présenté un choc septique par deux méthodes : soit directement avec un code CIM-10 « choc septique » soit indirectement par une combinaison de codes correspondant à une infection sévère (sepsis ou bactériémie) associée à l’utilisation de vasopresseurs (cf Annexe). L’étude a été limitée aux patients adultes. Afin d’exclure les patients ne présentant aucun critère de gravité, suggérant un surcodage de choc septique, les séjours en réanimation étaient inclus seulement s’ils duraient au moins 48 heures, à l’exception des patients décédés dans les 48 premières heures. de plus d’un jour au cours des 12 derniers mois, les comorbidités du patient selon le score de Charlson10 et les comorbidités principales, score de sévérité (IGS II à l’admission en réanimation), la présence d’une défaillance d’organe (défaillances d’organe présentes dans le score SOFA), la notion d’une chirurgie avant l’admission, les patients traumatisés, les caractéristiques de l’infection (site et germes les plus fréquemment identifiés), les actes marqueurs en réanimation (réanimation cardio- pulmonaire, ventilation mécanique invasive, épuration extra rénale, transfusion), les caractéristiques du séjour (type d’admission, via les urgences, délai d’admission en réanimation, durée de séjour en réanimation, durée de séjour à l’hôpital, la sortie du patient au domicile).Les caractéristiques de l’hôpital ont également été enregistrées (hôpital universitaire, hôpital public général, structure privée).
Les variables quantitatives ont été décrites avec la moyenne et l’écart-type et les variables qualitatives en pourcentage (%). L’incidence du choc septique pour 100 000 personnes-années a été calculée à partir du nombre d’habitants en France pour chaque année, sur la base des statistiques de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE)11. La proportion de patients en choc septique dans les réanimations a été calculée pour l’ensemble de l’échantillon et pour chaque année. La mortalité durant le séjour et à 30, 90 et 365 jours après l’admission en réanimation a été calculée en utilisant comme dénominateur le nombre de patients en choc septique. Les taux d’incidence du choc septique ont été ajustés sur l’âge et le sexe selon la méthode de standardisation directe (avec la population globale de 2014-2018 comme population de référence) en utilisant le PROC STDRATE du logiciel SAS®. Afin d’évaluer si la mortalité et les réadmissions à l’hôpital ont varié dans le temps entre 2014 et 2018, un terme pour l’année fiscale (de 2014 à 2018) a été inclus dans un modèle de régression de Poisson modifié, ajusté pour l’âge et le sexe. L’incidence, la mortalité et les réhospitalisations ont été présentées pour chaque année après ajustement sur l’âge et le sexe. Les tendances des patients ont été évaluées par le test du chi-2 pour les variables qualitatives et les données linéaires en utilisant la régression linéaire avec l’année en facteur pour les variables quantitatives.