GENE TP53 CHEZ DES PATIENTS PRESENTANT UN
CARCINOME HEPATOCELLULAIRE
Généralités sur le carcinome hépatocellulaire
Epidémiologie Le cancer du foie représente le sixième cancer et la quatrième cause de mortalité (700 000 décès par année) liée au cancer d’après GLOBOCAN 2018 [1] (figure 1). Il est le cinquième cancer le plus fréquent chez les hommes (554 000 cas, 7,5%) et le neuvième chez les femmes (228 000 cas, 3.4%), avec des ratios hommes : femmes entre 2/1 et 4/1. Les raisons des taux plus élevés de cancer du foie chez les hommes peuvent s’expliquer par des différences d’exposition aux facteurs de risque selon le sexe. Mais des facteurs endogènes pourraient aussi contribuer à cette disparité, tels que les facteurs hormonaux (androgènes et œstrogènes) [1,2]. Au Sénégal la prévalence nationale du CHC était de 15,27% chez les hommes entre 2010 et 2015 [3]. Le dernier rapport de l’OMS en 2014 sur l’incidence du cancer au Sénégal, retrouvait le cancer du foie au deuxième rang des cancers chez l’homme et au troisième rang chez la femme avec un taux de mortalité respectif de 21,5% et de 9,5% [4]. La survie globale des malades atteints de CHC reste actuellement très médiocre, La médiane de survie étant généralement de l’ordre de quelques mois, expliquant la similitude des données d’incidence et de mortalité de ce cancer. Cela tient probablement au fait que la majorité des malades ont encore une tumeur volumineuse, souvent associée à une extension vasculaire ou métastatique, au moment du diagnostic. Devant une telle situation le traitement ne peut être que palliatif. Par ailleurs, il est à noter que le CHC est très habituellement associé à une cirrhose, et que cette deuxième affection ajoute sa mortalité propre, par insuffisance hépatocellulaire (IHC) notamment, à celle du CHC. 6 | P a g e Figure 1: Répartition de l’incidence et de la mortalité des cancers dans le monde.
Rappels anatomo-histologique du foie
Anatomie du foie
Le foie est un organe situé sur le quadrant supérieur droit de l’abdomen, sous la coupole diaphragmatique. C’est le plus volumineux viscère de l’organisme (pesant 1500 g chez l’adulte). Il est de teinte brunâtre, à surface lisse entourée d’une fine capsule conjonctive : la capsule de Glisson. Il est formé de deux lobes principaux séparés en surface par le ligament falciforme : le lobe droit, le plus volumineux et le lobe gauche, auxquels sont annexés le lobe caudé et le lobe carré. La vésicule biliaire est accolée à la surface inférieure du lobe droit. Figure 2: Anatomie du foie
Vascularisation et innervation
Le foie reçoit un double apport sanguin : par la veine porte et par l’artère hépatique qui nait dans la majorité des cas du tronc cœliaque. Si l’apport artériel représente 20 à 25 % de l’apport sanguin total du foie, il assure environ 50% de son oxygénation. L’artère hépatique et la veine porte abordent le foie par sa face inferieure, au niveau du hile hépatique ; elles s’y divisent chacune en deux branches principales droite et gauche, puis donnent naissance, à l’intérieur du parenchyme, à des ramifications successives qui cheminent conjointement, associées à une branche de division de l’arbre biliaire et à des vaisseaux lymphatiques. L’ensemble de ces structures vasculaires, biliaires et du tissu de soutien fibroconjonctif, qui les accompagnent, constituent les espaces portes. Le drainage sanguin du foie se fait par les veines sus hépatiques droite, gauche et moyenne, qui se déversent à la partie supérieure et postérieure du foie la veine cave inferieure, après son acheminement le long de la face postérieure du foie. La vascularisation artérielle des canaux biliaires dépend d’un important plexus péri-biliaire, facilement lésé lors d’interventions chirurgicales intéressant le hile. Les lymphatiques hépatiques se drainent principalement dans les ganglions lymphatiques situés le long de la veine porte et le long du tronc cœliaque. Le plexus nerveux hépatique dépend des nerfs vague et phrénique et du ganglion sympathique thoracique. L’atteinte de ce pédicule hépatique est déterminante dans l’évaluation du pronostic des hépatopathies malignes. Il s’agit essentiellement de la thrombose du tronc porte qui est de mauvais pronostic dans le carcinome hépatocellulaire (CHC). Cette organisation du parenchyme hépatique en territoire plus ou moins indépendant, caractérisés par des pédicules vasculaires d’apport (artériel, veineux) de drainage (veineux, lymphatique et biliaire) est à la base de la segmentation fonctionnelle du foie. Cette segmentation fonctionnelle détermine les possibilités de chirurgie partielle (segmentectomie). Le foie comprend ainsi huit segments : les segments II et III correspondent au lobe gauche, le I au lobe caudé, le IV au lobe médian (ou carré), les segments V, VI, VII et VIII au lobe droit (Voir figure 3) .
Organisation morphologique générale
Le foie apparait, sur une coupe histologique comme un tissu homogène, très richement vascularisé, au sein duquel se répartissent régulièrement les espaces vasculaires. Le parenchyme hépatique est constitué pour 90% par les travées unicellulaires d’hépatocytes. Elles sont séparées les unes des autres par des capillaires sinusoïdes. Les espaces portes comportent un tissu conjonctif de soutien abondant et des structures vasculaires et biliaires : une branche de division de la veine porte, une artériole (issue de l’artère hépatique), un canal biliaire, des vaisseaux lymphatiques et des filets nerveux, mieux visualisés dans les espaces portes les plus volumineux
Unité morpho-fonctionnelle du foie
les différents concepts La description de l’agencement microscopique des hépatocytes, des structures biliaires et du mésenchyme par rapport aux axes vasculaires correspond classiquement au modèle du lobule hépatique de kiernan. Cependant (pour l’histologiste et le physiologiste), l’unité fonctionnelle vasculaire et biliaire du foie paraît mieux représentée par l’acinus de Rapport.
Les hépatocytes
Les hépatocytes sont de volumineuses cellules épithéliales agencées en travées unicellulaires dites travées de Remak. Chaque hépatocyte est en contact avec une capillaire sinusoïde et avec les hépatocytes adjacents de sa travée. Une fonction sécrétoire différente est ainsi assurée à chacun de ses pôles : sécrétion endocrine à visée homéostatique au pôle sinusoïdale, sécrétion exocrine de la bile au pôle biliaire. Les hépatocytes sont de volumineuses cellules polygonales mesurant 30 micromètres de grand axe. Elles sont caractérisées par un vaste cytoplasme éosinophile et finement granulaire (coloration à l’hématéine- éosine- safran) en raison de sa richesse en réticulum endoplasmique et en mitochondries. L’abondance du glycogène intra cytoplasmique peut être mise en évidence par la coloration du PAS ou en microscopie électronique. Il est possible d’observer des vacuoles lipidiques intra cytoplasmiques, quelques dépôts pigmentaires brunâtres pouvant correspondre à de l’hémosidérine, à des lipofuscines ou à du pigment biliaire, surtout au pôle biliaire, et notamment en zone Centro lobulaire. Le noyau des hépatocytes est généralement rond et occupe 5 à 10 % du volume cellulaire, 15 à 20% des cellules sont normalement binucléées. Un ou plusieurs nucléoles proéminents sont présents au sein d’une chromatine homogène et fine. 11 | P a g e La membrane cytoplasmique présente, en fonction de son orientation, des caractères de différenciation visibles en microscopie électronique. La zone en contact avec le capillaire sinusoïde, par l’intermédiaire de l’espace de Disse est caractérisée par la présence de micro-villosités. La membrane sinusoïdale représente 70% de la surface hépatocytaire, à chaque extrémité, elle s’infléchit pour former, avec elle, de l’hépatocyte adjacent, un récessus interhépatocytaire. Voir figure 4.
INTRODUCTION |