VIOLENCES FAITES AUX MINEURES
Epidémiologie des violences chez les mineures
Epidémiologie descriptive
Dans le monde D’après une étude réalisée en 2016 par Hillis portant sur 96 pays sur la prévalence des violences sur les mineures, il a été démontré qu’au minimum 50% des enfants d’Asie, d’Afrique, et d’Amérique du nord ont subi des 9 violences dans l’année antérieure à l’étude, et que globalement, plus de la moitié des enfants et un milliard d’enfants âgés de 2 à 17 ans ont subi de telles violences [14]. A l’instar des pays comme la Suède, malgré le fait que ce pays soit un modèle d’équité, commence à avoir un taux de violence contre les filles et les femmes plus élevé que la moyenne européenne [15]. Au Brésil sur une étude entre 2011 à 2015 a fait état de 31611 cas de grossesse chez des filles de 13 ans avec 1273 cas répertoriés de viols [16]. Les violences sur les mineures s’observent dans presque tous les milieux de la société : à la maison, à l’école, au travail et même dans les espaces sociaux créés et dédiés aux les nouvelles technologies avec l’avènement d’internet. Cette violence survient souvent dans l’environnement de l’enfant, d’après Dassa sur une étude colombienne, 49 % des femmes violentées ont déclaré que leurs enfants aussi ont été battus [17]. La violence en milieux scolaires est très fréquente , selon une étude prospective réalisée en France pendant l’année 2013-2014 environ 54 000 actes de violences dites « graves », en milieux scolaires ont été déclarés[18]. Parmi les violences concernant les mineures, les violences sexuelles sont les plus abordées dans la littérature. L’OMS citée par le Plan international estimait en 2002 que 150 millions de filles et 73 millions de garçons avaient été victimes d’abus sexuels dans le monde [19]. D’après Finkelhor, la prévalence des violences sexuelles aux Etats unis d’Amérique est de 5,7% avec une incidence variant entre 7–37 % pour les filles et de 3–29 % pour les garçons [20]. Toujours aux Etats Unis Briere et Elliot ont signalé que 32,5 % de filles et 14,2 % de garçons ont reconnu au moins un épisode d’abus sexuel au cours de leur enfance sur un échantillon de 935 adultes [21]. 10 Au Royaume-Uni, May-Chahal et Cawson ont montré que sur un total 289 personnes âgées de 18–24 ans, 10 % d’entre elles ont reconnu avoir été victimes de violences sexuelles dont 15 % de filles et 6 % de garçons [22]. En Chine, Chen et Al ont noté que 16,7 % des filles en étaient victimes avant l’âge de 17 ans contre 10,5 % de garçons avant l’âge de 16 ans sur une population de 2300 élèves des lycées [23]. En Belgique , selon une étude réalisée à Anvers par Gallo et publiée en 2016, portant sur 140 cas d’inceste, 37,5% des victimes ont moins de dix ans, dont 16,7% moins de cinq ans [24]. Lors d’une étude réalisée entre 2011 et 2015 dans la ville de Nancy en France dans les unités médicales de justice (UMJ), 404 cas d’enfants victimes d’agressions sexuelles ont été notifiés [25]. En Irlande, Mc Gee et al. ont évalué les violences sur les mineures à 20,4 % pour les garçons et 16, 2 % pour les filles avant l’âge de, 17 ans sur un échantillon national de 3118 adultes [26]. II.1.b en Afrique En Afrique, l’étude sur les violences rencontre de nombreux obstacles socioculturels et sont souvent tabous ; cela explique que même certaines violences sur les mineures et les autres couches vulnérables de la société sont parfois étouffées. En effet certaines formes de violences sur les mineures sont acceptées de façon tacite, en raison du lien de parenté entre les auteurs et les victimes, voire ses conséquences minimisées. Le souvenir ou le signalement de la violence peut être enfoui à cause de la honte ou de la peur des représailles. Malgré ces obstacles, on dispose de quelques chiffres qui traitent essentiellement des violences sexuelles. En Afrique du sud , une étude de Jewkes montre que les premières expériences sexuelles des filles sont souvent imposées ou non désirées [27]. Madu indique des prévalences allant de 23,7 % pour les filles et 21,7 % pour les garçons sur un échantillon de 649 étudiants d’universités avant l’âge de 17 ans [28]. En 11 Ethiopie, Worku et Al. ont signalé un taux de 68,7 % sur un échantillon de 323 filles de lycées et collèges [29]. Au Togo, la prévalence varie entre 2–6,4 % selon Dassa[30]. Au Cameroun, pour une étude de 10874 participants , 1164 ont été victimes de violences sexuelles (soit une prévalence de 10,7 %)[31]. Dans cet échantillon, l’auteur a trouvé 1056 filles contre 108 garçons, sex-ratio 9,8 en faveur des filles. Parmi les victimes, 917 cas de violences sexuelles extrafamiliales et 194 cas de violences sexuelles intrafamiliales équivalent à une prévalence d’inceste de [31]. Ces violences surtout sexuelles sont retrouvées majoritairement chez des filles [32]. Concernant les violences physiques, elles paraissent moins étudiées si on les compare aux violences sexuelles. Néanmoins on dispose de quelques chiffres, selon Leguay, sur une étude rétrospective des certificats médicaux de 638 mineures victimes de violence de tous types, 23,4 % avaient été victimes de violences physiques répétées, 3,5 % du syndrome du bébé secoué[9]. D’après Andrea, sur une étude menée à Antananarivo à Madagascar en 2017, parmi les 1809 cas retenus, 27,58% ont été victimes de coups et blessures volontaires
Au Sénégal
Au Sénégal, la situation est beaucoup plus complexe et les violences sur les mineures sont étudiées de façon disparate et non exhaustive De ce fait, les chiffres disponibles ne reflètent pas l’état réel de la situation. La plupart du temps ces violences sont rapportées sous formes de fait divers et d’anecdotes sans réel impact dans la lutte contre ce fléau. Rien que pour la région de Dakar une étude réalisée par Cissé en 2014 pour une période de 4 ans, 252 mineures victimes d’abus sexuels ont été pris en charge au niveau de quatre structures sanitaires, sur un total de 272 abus sexuels tous âges confondus, soit une fréquence de 92,64 %[34]. 12 Sy sur une étude réalisée entre 2000 et 2008 a recueilli 59 cas dans le service de pédopsychiatrie de l’hôpital Fann de Dakar [12]. Dans la région de Kolda sur une étude réalisée par Leye 162 cas de violences sexuelles ont été recensés pour une période allant de 1992 à 2011[35]. Dans la région de Tambacounda une étude sur les violences physiques faites aux femmes a notifié sur la période de 2014 à 2015, 113 cas avec une plus grande fréquence[36] de la survenue de viol chez les mineures. Dans la banlieue dakaroise au district sanitaire de Roi Baudouin 140 victimes d’agressions sexuelles ont été notifiées sur l’année 2012, toute de sexe féminin avec un âge moyen de 12 ans[37]. II.2 Epidémiologie analytique Facteurs associés à la survenue de violence chez les mineures Les violences sur les mineures sont dues aux à plusieurs facteurs avec comme dénominateur commun la pauvreté: ainsi on distingue au Sénégal d’après le plan national de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG)[38] : des facteurs économiques, des facteurs socioculturels ou religieux et autres ont été identifiés.
facteurs économiques
Ils résultent, selon la collecte régionale de : la Pauvreté dans les ménages ; l’absence de prise en charge de l’épouse par son époux (paiement d’ordonnance, etc.) ; du traitement inégalitaire des épouses par l’époux polygame (Discrimination entre les épouses pour les charges du mariage, etc.) ; la faiblesse des revenus de la femme ; des difficultés d’accès à la terre pour les femmes ; des difficultés d’accès aux financements pour certaines femmes ; 13 du chômage des hommes (souvent marié) la promiscuité dans les maisons (favorisant l’inceste et autres abus) ; L’étroitesse de l’espace familial… ; A l’égard des filles et des garçons (enfants), ces violences sont souvent dues : à la cupidité des parents et leur volonté de s’enrichir en sacrifiant l’éducation de leur enfant ; l’exploitation de l’enfant par la personne à qui il est confié qui le soumet à des tâches ménagères pesantes et l’exploite financièrement
Facteurs socioculturels ou religieux
Les facteurs socioculturels et/ou religieux tels que : l’existence de Stéréotypes sexistes la Persistance des croyances mystiques ; les Pratiques liées à une certaine interprétation de la religion (cause des mariages d’enfants – Excision et autres…) ; l’analphabétisme et l’ignorance par les femmes de leurs droits; la faible scolarisation des filles et des garçons ; la Persistance de certaines tares sociales (problème de castes sociales influant sur les mariages : cas de Louga…) la polygamie et ses conséquences familiales.
Autres facteurs
D’autres facteurs peuvent être cité comme : l’éloignement des maisons par rapport à l’école et autres nécessités ce qui crée d’énormes problèmes de sécurité pour les filles et les garçons exposés aux risques de kidnapping et autres violences à caractère sexuel (Fatick, Matam, Richard-Toll) ; la fréquentation de la rue par les enfants à des heures tardives (Kolda) ; 14 la proximité des frontières (position géographique du milieu) ; les comportements individuels hors normes (perversion) ; «l’habillement indécent » des filles ; l’absence d’occupations et de cadres d’épanouissements pour les jeunes ; l’émigration des époux pour de longues années (Saint-Louis, Matam, Louga, Kédougou, Tambacounda) ; la promiscuité dans les maisons (favorisant l’inceste) l’étroitesse de l’espace familiale la mauvaise application de la loi la démission des parents le manque de formation et de préparation des parents à la vie famille .
INTRODUCTION |
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