INTOXICATION AIGUË PAR INHALATION DE VAPEUR DE MERCURE METALLIQUE

INTOXICATION AIGUË PAR INHALATION DE VAPEUR DE MERCURE METALLIQUE

USAGES ET SOURCES D’EXPOSITION

: L’apport total de mercure par l’alimentation a été estimé à 3 µg/j (en moyenne 0,6µg de Hg inorganique dont 0,06µg sont absorbés et 2,4µg de Hg organique, essentiellement du méthylmercure, dont 2,16µg sont absorbés). L’apport de mercure inorganique par l’eau s’élève à 0,5µg/j et celui des vapeurs de mercure par l’air à 0,04µg/j, dont 0,032µg sont absorbés .

USAGES INDUSTRIELS

MERCURE MÉTALLIQUE

Les principaux domaines d’utilisation industrielle de mercure se trouvent dans l’industrie chimique où il est utilisé comme cathode liquide dans l’électrolyse du chlorure de sodium ou de chlorure de potassium (production de chlore et NaOH ou KOH) ; dans l’industrie électrique comme constituant de piles, tubes fluorescents, contacteurs, redresseurs de courant, lampes à vapeur de mercure, enseignes lumineuses ; dans la fabrication d’instruments de mesure de précision et de laboratoire (thermomètre, baromètre, manomètre, densimètre, pompe à vide…). 16 16 La récupération du mercure des piles peut aussi constituer une source d’exposition professionnelle. Il y a également un risque d’exposition lors de la séparation de l’or et de l’argent de leurs minéraux dans la joaillerie (12). L’emploi domestique de ce processus peut contaminer l’environnement local et entraîner l’inhalation de la vapeur mercurielle (13). Les incidents concernent le chauffage du mercure dans un espace fermé.

MERCURES INORGANIQUES

Dans le passé, l’utilisation du Calomel (Hg2Cl2) dans la fabrication de chapeaux feutres (Nitrate de mercure Hg(NO3)) fut responsable d’expositions particulièrement importantes (15). Le chlorure mercurique (HgCl2) et l’iodure mercurique (HgI2) servent de catalyseurs pour la fabrication de certaines matières plastiques. L’oxyde rouge de mercure (HgO) est utilisé pour la fabrication de cellules galvaniques (batteries de montres digitales, appareils auditifs, calculatrices de poche…) et entre dans la composition de peintures protectrices pour les coques de navires. Cette utilisation est toutefois actuellement limitée. Le fulminate de mercure (Hg(CNO)2) se retrouve dans la composition des poudres détonantes. Le sulfure de mercure est un pigment connu depuis l’antiquité et entre dans la composition des matières plastiques, de la cire, du papier. Des crèmes et savons à base de mercure sont parfois utilisés pour éclaircir la peau. Ces savons contiennent jusqu’à 3% d’iodure de mercure et les crèmes de 2 à 3%, voire jusqu’à 10% de mercure ammoniacal. Divers dérivés inorganiques sont également utilisés comme fongicides, pesticides… (16)

MERCURES ORGANIQUES

Les composés organo-mercuriels, utilisés en agriculture comme fongicides pour la conservation des graines, ont vu leur utilisation souvent déviée de son but. Ce qui a donné lieu à de très graves intoxications alimentaires par consommation de semences traitées. La pollution progressive de certaines zones marines par des sols mercuriels aboutit lors de la pullulation de bactéries méthylantes à la formation de dimethylmercure hautement toxique pour l’être humain. Il en est ainsi de la maladie de Minamata-bay au Japon, provoquée par l’accumulation de methyl-mercurique dans les poissons et fruits de mer, et qui a entraîné une maladie neurologique grave pour les consommateurs et la population tout entière. Les dérivés organiques sont assez largement employés comme fongicides, algicides et insecticides (7). ΦExemples de fongicide : Mono-methyl-mercure (sels) : toluène sulfonate, chlorure, dicyanodiamide (Panogène), hydroxyde, propanol dimercaptide, propanediol mercaptide, oxyquinoléate. 18 18 Mono-ethyl-mercure (sels) : toluène sulfonate, phosphate (Samesan), chlorure (Ceresan, Granosan), toluène sulfanilide (Cresan M), diaprodiamide. Mono-phenyl-mercure (sels) : chlorure, nitrate, acétates, catécholate,…

USAGES MÉDICAUX

MERCURE MÉTALLIQUE

Pendant plus de 3000 ans, le mercure et ses dérivés ont été souvent employés en médecine. Dans l’histoire de la médecine, il n’y eut aucune drogue aussi largement utilisée en thérapeutique que le mercure (vermifuge, diurétique, antiphlogistique, antiparasitaire etc.) (16). L’utilisation du mercure dans la médecine a fortement diminué depuis fort longtemps. Actuellement on ne l’utilise plus que dans certains domaines comme la stomatologie par exemple. Il y a un risque d’exposition aux vapeurs de mercure au cours de la préparation d’amalgames dentaires dont le taux de mercure peut atteindre 45 à 50%. Ces amalgames dentaires représentent une source d’exposition particulière de la population générale ainsi qu’une source de pollution de l’environnement (17). Des pics d’exposition évalués à 5-10 µg/m3 pourraient se produire lors des traitements dentaires (retrait d’amalgames avec fraiseuse ou polissage d’amalgames). L’exposition chronique résulte, pour sa part, de la corrosion, de la mastication, de la consommation de chewing-gum, du bruxisme (18). 19 19 De nombreuses études montrent que des vapeurs de mercure métallique sont continuellement relarguées des amalgames dentaires et que cette exposition donne lieu à une augmentation de la concentration urinaire et sanguine de mercure (19-20-21). Des taux s’élevant à plus de 50µg/j de créatinine et 20µg/l de sang ont été exceptionnellement observés (22). Selon l’O.M.S., l’apport quotidien moyen de vapeur de mercure attribuable à la présence d’amalgames dentaires varie de 3,8 à 21µg avec une rétention de 3 à 17µg. D’autres estimations rapportent toutefois des chiffres nettement inférieurs (23). Actuellement, à l’exception de certains cas isolés d’allergie, les données sont cependant insuffisantes pour établir un lien de causalité entre le nombre d’amalgames et l’augmentation de la prévalence de plaintes diverses(24-25-26). On l’utilise beaucoup dans la fabrication de certains instruments médicaux : thermomètre, sphygmomanomètre, couveuse pour prématurés, sonde digestive lestée au mercure, …

MERCURES INORGANIQUES 

Des crèmes et savons à base de mercures inorganiques sont parfois utilisés pour éclaircir la peau. Ces savons contiennent jusqu’a 3 % d’iodure de mercure et les crèmes de 2 à 3 %, voire jusqu’a 10 % de mercure ammoniacal. Le (HgCl2) chlorure mercurique est présent dans divers colorants et fixateurs pour examens anatomopathologiques (12). 20 20 8.-2.-3. MERCURES ORGANIQUES : Parmi les composés organo-mercuriels, beaucoup d’aryl-mercures sont utilisés en thérapeutique comme antiseptiques : (mercuro-chrome*) mercuri-dibromofluoresceïne, (mercryl*), chloro-mercuri-pseudo-butyl-phénol, (merphène*), borate de phényl-mercure (merseptyl*), ethyl mercuri-thiosalicylate sodique. Les utilisations de sels mercuriels antisyphilitiques et diurétiques sont maintenant abandonnées. Ces composés sont en effet assez toxiques et ont été à l’origine de nombreuses intoxications médicamenteuses (7). . En outre les dérivés organiques sont aussi employés comme antiseptiques et désinfectants .

MODES D’INTOXICATION:

MERCURE MÉTALLIQUE

INHALATION DE VAPEUR DE MERCURE

La pénétration du mercure dans l’organisme résulte de différentes façons, mais la plus fréquente et la plus grave est l’inhalation de vapeur mercurielle ; que ce soit d’origine industrielle, professionnelle ou à domicile par accident (28) . Le mercure ainsi inhalé peut se présenter à température ambiante ou chauffé lors d’une amalgamation de minerais d’or, lors d’une tentative d’expérience personnelle à domicile, pour ne citer que ces deux exemples (29). 21 21 L’inhalation de vapeur de mercure non chauffé est possible, bien qu’extrêmement rare. En effet à 20°C, la concentration en vapeur désaturante est de 13,18mg/m3 alors qu’elle est de 62,44 mg/m3 à 40°C. Mais le mercure chauffé reste le plus dangereux, voire mortel (29). 

INHALATION DE MERCURE MÉTALLIQUE LIQUIDE

Elle est initialement bien tolérée. Elle n’est généralement pas responsable d’une intoxication systématique (30). . Dans la littérature, on n’en a vu que deux cas: Le premier est accidentel : en prenant sa température par voie buccale, le malade a brisé accidentellement le thermomètre dans sa bouche et a inhalé le mercure qui y est contenu. La dissémination dans les poumons est probablement secondaire à un effort de toux. Le second cas est le suivant. Dans un but suicidaire, le malade a ingéré 30ml de mercure, et l’inhalation était due à cette ingestion. Les particularités du mercure métal fluide et son caractère lourd, expliquent la voie préférentielle de pénétration vers l’élément le plus antérieur de l’axe aéro-digestif, c’est-à-dire l’arbre trachéo-bronchique (31). Mais l’étiologie la plus fréquente de l’inhalation est représentée par la rupture dans le pharynx d’une sonde digestive lestée au mercure .

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Revue de la littérature
1. HISTORIQUE DE L’INTOXICATION PAR INHALATION DE VAPEUR DE MERCURE DANS LE MONDE
2. DÉFINITION DU MERCURE
3. LES DÉRIVÉS DU MERCURE
4. SYNONYMES ET TRADUCTIONS
5. CLASSIFICATION DES QUELQUES CARACTÉRISTIQUES DU MERCURE ET
PRINCIPAUX DÉRIVÉS
6. ORIGINES DU MERCURE
6.1 MERCURE MÉTALLIQUE
6.2 MERCURES INORGANIQUES
6.3 MERCURES ORGANIQUES
6.4 LE MERCURE À MADAGASCAR
7. PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES
7.1 CARACTÈRES CHIMIQUES DU MERCURE ÉLÉMENTAIRE
7.2 FORMULES CHIMIQUES DES COMPOSÉS
7.3 PROPRIÉTÉS PHYSIQUES
8. USAGES ET SOURCES D’EXPOSITION
8.1 USAGES INDUSTRIELS
8.2 USAGES MÉDICAUX
9. MODES D’INTOXICATION
9.1 MERCURE MÉTALLIQUE
9.2 MERCURES INORGANIQUES
9.3 MERCURES ORGANIQUES
10. PHYSIOPATHOLOGIE
10.1 MÉCANISME DE L’INTOXICATION
10.2 LA TOXICITÉ DU MERCURE
10.3 TERATOGÉNICITÉ.
10.4 CANCERIGÉNICITÉ
10.5 CHEZ L’ENFANT
11. PRÉSENTATION CLINIQUE
11.1 MERCURE ÉLÉMENTAIRE
11.2 MERCURES INORGANIQUES
11.3 MERCURES ORGANIQUES
12. DESCRIPTION DES EFFETS CLINIQUES
12.1 INTOXICATION AIGUË
12.2 INTOXICATION CHRONIQUE
13. SIGNES BIOLOGIQUES
13.1 MERCUREMIE
13.2 MERCURIURIE
13.3 MERCURE DANS LES CHEVEUX
13.4 EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
14. PRISE EN CHARGE ET CONDUITE THÉRAPEUTIQUE
14.1 GÉNÉRALITÉS ET PRINCIPES GÉNÉRAU
14.2 TRAITEMENT SPÉCIFIQUE
14.3 LAVAGE GASTRIQUE
14.4 LAVAGE ALVÉOLAIRE
14.5 TRAITEMENT ÉPURATEUR
14.6 DÉCONTAMINATION DES LOCAUX
15. DÉPOSITIONS LÉGALES EN FRANCE .
15.1 TABLEAU 2 DU RÉGIME GÉNÉRAL
15.2 TABLEAU 12 DU RÉGIME AGRICOLE
DEUXIEME PARTIE : Notre travail
1 INTRODUCTION
2 BUTS ET OBJECTIFS
3 CADRE D’ÉTUDE
4 MATÉRIELS D’ÉTUDE
5 RECRUTEMENT DES DOSSIERS
6 EXCLUSION .
7 OBSERVATIONS DETAILLEES
7.1 – OBSERVATION DU 1ER CAS
7.1.1. Date et Motif d’entrée à l’hôpital de Soavinandriana
7.1.2 Histoire de la maladie
7.1.3 Antécédents
7.1.4 Examen clinique
7.1.5 Examens para cliniques
○ Radiologie cardio-pulmonaire
○ Recherche de BAAR
○ Numérotation de la formule sanguine
○ Bilan sanguin
○ Bilan urinaire
7.1.6 Traitement reçu
7.2 – OBSERVATION DU 2ÈME CAS
Circonstance de l’intoxication
Histoire de la maladie
Antécédents
Signes fonctionnels
Signes généraux .
examen physique
examens para cliniques
Conclusion
8. COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
8.1 SELON LA FREQUENCE
8.11 Nombre de cas à l’étranger
8.1.2 A Madagascar
SELON LA FORME CLINIQUE DU PREMIER CAS
Discussions et commentaires sur les signes cliniques
A propos des examens para cliniques
SELON LA FORME CLINIQUE DU DEUXIEME CAS
A propos des signes cliniques
A propos des examens para cliniques
A propos du dosage du mercure dans les urines
9. DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS
TROISIEME PARTIE : Suggestions et Recommandations
1 L’ÉTAT ACTUEL DES CONNAISSANCES DU PERSONNEL MÉDICAL
2 LA DISPONIBILITÉ DES MÉDICAMENTS ADÉQUATS DANS LES SERVICES SPÉCIALISÉS
3 LA NÉCESSITÉ DE DOTER LES LABORATOIRES DES HÔPITAUX D’UNE UNITÉ DE DOSAGE DE MERCURE DANS LE SANG ET LES URINES
4 LA DÉCONTAMINATION DES LOCAUX ATTEINTS
5 LA MANIPULATION PAR LE PUBLI
6 LA MANIPULATION MÉDICALE .
CONCLUSION
ANNEXES

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