ANALYSE DU CADRE DE GOUVERNANCE DES RESSOURCES MARINES ET COTIERES
Contribution de Kawawana sur l’environnement de Mangagoulack
Préservation des habitats et des espèces Les bolongs de la commune de Mangagoulack étaient, jadis, une zone de mangrove avec une végétation touffue. On y trouvait plusieurs variétés de palétuviers. Cette forêt luxuriante a subi une forte pression anthropique qui vient s’ajouter aux effets du changement climatique. En effet, la coupe abusive des palétuviers et les mauvaises pratiques de cueillette des huitres constituèrent les principaux facteurs de dégradation causés par l’homme. Toutefois, avec l’avènement de Kawawana en 2009, les mesures prises, ont conduit à la réduction considérable ou même à la disparition des pratiques non durables. La surveillance était devenue stricte. Les coupeurs de bois frais de même que les pratiques pouvant portées atteinte aux habitats et l’écosystème de façon général sont réprimés. L’usage du monofilament, de la senne de plage, et des mailles non règlementaire sont strictement interdits. En plus de l’interdiction des pratiques nuisibles, des actions de réhabilitation, comme les reboisements, la fermeture du bolong de Mitij (zone de reproduction des poissons), ont été menées. La préservation des habitats est une condition fondamentale pour assurer une régénération des espèces animales et végétales. C’est la raison pour laquelle, on peut constater facilement Rapports sociaux Non réponse Stabili sation des popul ati ons Création d’un cadre de discussion Raffermi ssement des liens Planifi cation et harmonisation des activi tés d’expl oitati on dans la commune Prévention et gesti on des conflits entre exploitants Autres Aucune TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 2 2,1% 67 69,8% 56 58,3% 36 37,5% 91 94,8% 80 83,3% 3 3,1% 1 1,0% 96 35 l’abondance et la réapparition de plusieurs espèces d’animaux aquatiques. Il s’agit notamment des poissons, des oiseaux, des mammifères marins, des reptiles etc.
Effets environnementaux apportés par Kawawana dans le milieu aquatique
Sur le plan écologique, des modifications positives pour les uns et ou négatives pour les autres ont été notées. Les aspects positifs sont entre autres, la restauration de la mangrove, le retour des poissons, la protection des frayères, l’abondance des huitres, l’arrêt de la coupe abusive, etc. Les aspects négatifs sont la réduction du rendement, la mauvaise qualité des huitres de Mitij (les populations ont soutenu que la non exploitation provoque l’entassement des huitres et ne favorise guère leur grossissement et ont demandé son ouverture de 15 jours chaque année), la disparition des huitres (cette activité était réservée aux vieilles dames mais aujourd’hui elle intéresse tout le monde. Cette violation des règles traditionnelles serait la cause de la raréfaction), et les effets pervers du barrage d’Affiniam (l’ouverture des vannes du barrage en hivernage serait la cause de la mort des espèces animales vivant aux alentours. Et ceci constitue un problème écologique qui mérite une étude spécifique. Ainsi, les deux groupes sont très apparents dans le graphique ci-dessous Figure 7: Analyse de la qualité de l’environnement aquatique de Mangagoulack Les avantages apportés à la commune de Mangagoulack par Kawawana en termes de restauration des habitats des ressources restent manifestes ; même s’il faut reconnaitre que Axe 1 (100.00%) Axe 2 (0.00%) Retour espèces Abondance poissons Retour poissons Restauration écosystème Gros indi vidus Abondance espèces Restauration mangrove Abondance huitres Effets barrage Préservation habitat Arrêt coupe abusive Disparuti on huitres Effet déversement Pas de bon huitres à Mi tij Protection zones reproduction Réduction rendement Positifs Négatifs 36 tout n’est pas encore effectif. Ces aspects positifs sont même ressentis par les communes environnantes qui manifestent le besoin de suivre l’exemple de Kawawana.
Prise en charge de la partie terrestre de l’APAC Kawawana
Les aires protégées sont généralement constituées d’une partie maritime et d’une partie terrestre. Ainsi, à Mangagoulack la partie maritime concerne les bolongs et celle terrestre les rizières, la zone d’habitation villageoise et la forêt communale. Dès lors, si la première constitue une préoccupation majeure, il n’en est pas de même pour la partie terrestre. Ainsi, 72% juge que la zone terrestre n’est pas une préoccupation de Kawawana. Ce qui est vrai dans la mesure où il a été évoqué plus haut que Kawawana est assimilé au bolong de Mitij. Mais aussi, il existe des comités villageois de surveillance des forêts. Le village de Tendouck peut être cité en exemple où le comité « Apoye karamba », qui veut dire le surveillant de la forêt est très actif. Un comité très dynamique et indépendant de Kawawana.
Les contraintes liées à la gouvernance et à la gestion de Kawawana
Les populations de la commune de Mangagoulack sont conscientes des difficultés auxquelles l’APAC est confrontée sur sa gouvernance et de sa gestion. A ces manquements des solutions ont été proposées pour y remédier. 37 III.2.4.1 Contraintes liées à la gouvernance de Kawawana Il faut rappeler que la gouvernance s’intéresse aux processus de prise de décisions et de l’assurance des conditions de leur mise en œuvre effective. Dans l’APAC de Kawawana, on a cinq organes principaux de gouvernance que sont le conseil rural de Mangagoulack ; l’Assemblée générale ; le bureau ; le conseil des sages et le conseil scientifique. Tous ces organes fonctionnent en tant que composants d’un système cohérent, permettant de garantir la prise de décisions, l’orientation de l’APAC, l’exécution des activités, ainsi que la prévention et la gestion des conflits éventuels. Par contre, certains aspects ont été décelés comme étant les facteurs qui biaisent la gouvernance de l’APAC Kawawana. Ainsi, 65,6% ont cité le non-respect de certaines règles. Ces règles sont entre autres l’utilisation de la pirogue motorisée par certains pêcheurs, l’utilisation du monofilament et de la pêche de crevettes dans la zone d’Affiniam, etc. Le problème de leadership des nouveaux tenants du pouvoir décisionnaire de Kawawana a été cité également comme une des contraintes avec 43,8%. Pour la population, les premiers dirigeants ont bien assumé leur rôle. Cependant, beaucoup de failles furent notées lorsque cette équipe avait été changée. Il faut aussi signaler que 42,7% soutiennent que les réunions ne sont plus fréquentes. En effet, ce sont les réunions qui permettent de prendre les mesures idoines pour la gestion de l’APAC. Or, sa force de départ demeurait dans le dialogue, la concertation, l’entente et la multiplicité des rencontres. Malheureusement, le constat est qu’aujourd’hui ces cadres d’échanges sont très réduits. Ce qui conduit à des manquements par rapport à la bonne gouvernance. De surcroît, l’intervention de l’Etat dans la fragilisation de la gouvernance de Kawawana n’est pas négligeable. En effet, 35,4% de l’échantillon soutiennent que l’Etat est responsable de la fragilisation des organes de l’APAC. Ceci se justifie par le comportement de ses agents qui manifestent une réticence de l’initiative Kawawana. Selon l’inspecteur départemental des pêches de Bignona D. Gueye « Kawawana est une structure légitime mais pas légale car ses dirigeants n’ont pas la prérogative de faire des saisies ou de verbaliser un contrevenant ». Pourtant Kawawana est légalement reconnue par arrêtés du conseil rural, du conseil régional et de celui du gouverneur de la région de Ziguinchor26. Mais, cette reconnaissance ne lui 26 Délibération du conseil rural (procès verbal n°11/CRM/AT portant acceptation d’une aire du patrimoine communautaire dans la communauté rurale de Mangagoulack) et transmission du dossier avec avis favorable du sous-préfet de Tendouck au conseil régional de Ziguinchor ; 38 confère nullement le pouvoir de verbaliser. Ce qui les oblige à collaborer avec les services étatiques. Cependant, le problème fondamental réside dans le partage des pénalités infligées aux contrevenants. Dans la réglementation de Kawawana, l’agent verbalisateur et l’Etat n’y gagnent absolument rien. En plus de cet aspect, les populations accusent ces agents d’être les complices des contrevenants. En effet, une fois que les surveillants saisissent des filets monofilament ou le matériel des pêcheurs allochtones, les agents des pêches interviennent pour demander de le restituer alors que les autochtones perdent leurs matériels et paient l’amende correspondante à l’infraction. Cela en est une cause des nombreuses frustrations des populations.
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