INFLUENCE DE LA PRODUCTION LAITIERE SUR L’EVOLUTION PONDERALE DES VACHES ET DES VEAUX CHEZ LE ZEBU
FACTEURS DE VARIATION DE LA PRODUCTION LAITIERE
La production laitière varie en fonction de plusieurs facteurs dont la race, la saison, le numéro de lactation, le stade de lactation, les effets de la traite, l’état physiologique, l’état nutritionnel et le type d’élevage. La race C’est un facteur génétique primordial et déterminant pour l’expression du potentiel de production des vaches laitières. On distingue ainsi des races spécialisées dans la production de lait (Holstein, Jersiaise,…) ; celles qui sont à production mixte (Normande, Azawak, Montbéliarde,…) ou bien des races allaitantes (N’Dama, Gobra, Baoulé, Djéli, Charolaise,…). Il y a également les métisses issues des différentes races qui ont des productions intermédiaires entre celles des races parentales. En Afrique, des productions de 588 kg (en 206 jours de lactation) chez la vache N’Dama [16], de 1277 kg (en 257 jours de lactation) chez des croisées ½Jersiais-½N’Dama [9], de 1174 kg (en 254 jours de lactation) chez la vache zébu peul [14] et de 1215 kg (en 305 jours de lactation) chez la vache Azawak [2] ont été observées.
La saison L’influence de la saison de mise bas sur la production laitière dépend de la succession des conditions alimentaires à l’intérieur desquelles se déroule la lactation [4]. A la Station de Loumbila [7] la production en saison humide 4 (3,68±1,60 l) est supérieure à la production en saison sèche (3,35 ± 1,26 l) chez la race Azawak. Des observations similaires ont été faites par ACHARD et CHANONO [2] chez la même race. Le numéro de lactation La production totale de lait croît de la 1ère à la 3ème (ou 4ème) lactation où elle devient maximale. Elle commence à baisser au cours de la cinquième lactation [7, 37]. Cela est lié au fait que le développement mammaire chez la génisse se poursuit au cours de ses premières lactations. Ce développement est maximum vers la 3ème (ou 4ème) lactation. La production commence à diminuer à partir de la 5ème lactation avec le vieillissement du tissu mammaire. Chez la vache Azawak, la production laitière croît de la 1ère lactation (2,90 l/j) à la 4ème lactation (4,87l/j). L’accroissement moyen de la production journalière est de 0,83 l pour la 2ème; 0,34 l pour la 3ème et 0,80 l pour la 4ème lactation..
Le stade de lactation Comme le montre la courbe de lactation décrite plus haut, la production laitière varie selon le stade de lactation. En effet, BOLY et al., [7] ont enregistré des moyennes journalières qui varient de 4,17 ± 0,68 l au premier mois de lactation à 2,72 ± 0,42 l au 8ème mois de lactation chez la race Azawak. Les productions maximales se situant autour du 2ème mois de lactation (4,33 ± 0,84 l). Cette variabilité de la quantité de lait produite selon le stade de lactation introduit la notion de coefficient de persistance. Le coefficient de persistance mensuel est le rapport de deux productions mensuelles consécutives. Les valeurs moyennes d’une bonne persistance sont comprises entre 85 et 95% [37]. Effets de la traite Tout stress produit au cours de la traite aura une incidence négative sur l’éjection du lait (rétention du lait par la vache). Le nombre de traites par jour a également un effet sur les quantités traites. CRAPLET et THIBIER [17] ont rapporté une augmentation de la quantité de lait trait de 40% lorsqu’on passe d’une traite à deux traites par jour et de 15% si on passe de 2 à 3 traites par jour. Dans les conditions sahéliennes, le plus souvent, la traite est amorcée par une première tétée du veau. En l’absence du veau, la vache stressée retient son lait et la quantité traite est limitée. 5 L’état physiologique L’état physiologique d’une vache a un effet sur sa production laitière. En effet, au moment de l’œstrus, la production de lait diminue de 5 à 10%. La gestation a aussi un effet dépressif sur la production de lait [17, 37].
L’état nutritionnel La quantité de lait produite est hautement liée au statut nutritionnel des animaux. Le coefficient de persistance permet de faire un contrôle immédiat de l’état alimentaire des animaux, ce qui constitue une garantie de réussite économique de la production laitière. Une persistance inférieure à 85% est généralement attribuée à un problème de conduite de l’élevage ou d’alimentation surtout chez les hautes productrices [37]. Le type d’élevage Chez le zébu Azawak, plusieurs auteurs ont avancé des valeurs très différentes selon le type d’élevage. A Toukounous (élevage extensif amélioré en zone aride sahélienne), la production moyenne annuelle est de 1215 l [2] chez les animaux d’origine. Ailleurs, à la Station de Loumbila (élevage intensif en zone humide), BOLY et al. [7] ont estimé la production moyenne annuelle à 456,70 ± 326,79 l par vache. Des productions de 518 kg en 270 jours de lactation [15], de 700 litres en 305 jours de lactation [28] et de 995,74 l en 281 jours de lactation [32] ont été enregistrées chez la race Azawak à Toukounous et dans d’autres types d’élevages. Pour la vache, en particulier, outre les facteurs de variation de la production laitière, la lactation (caractérisée par 3 phases) constitue une fonction très éprouvante pour l’organisme.
IMPACT DE LA PRODUCTION DE LAIT SUR LA VACHE ET LE VEAU
EVOLUTION DE LA CAPACITE D’INGESTION
L’ingestion des aliments par les animaux a pour but de couvrir d’abord leurs besoins d’entretien puis ceux de production (croissance, gestation, lactation,…). Au cours du cycle lactation-gestation, la capacité d’ingestion varie d’une façon générale en même temps que les dépenses énergétiques. Cependant, les variations de la capacité d’ingestion sont beaucoup moins importantes et moins rapides que celles des besoins énergétiques [26, 49]. Ce décalage entre l’adaptation de l’ingestion alimentaire et l’évolution des dépenses énergétiques s’explique par le fait que la capacité d’ingestion est fondamentalement limitée par la capacité du rumen lorsque la ration de base est constituée de fourrage. La capacité du rumen est étroitement liée à la taille de l’animal et au volume disponible dans la cavité abdominale. Cette dernière est comprimée (de même que le rumen) par le développement de l’utérus et des réserves adipeuses abdominales en fin de gestation [19, 29, 49]. Elle ne retrouve sa capacité normale qu’après la mise bas, avec la fonte des tissus adipeux abdominaux. Au moment du vêlage, la capacité d’ingestion est minimale (70 à 85 % de sa valeur maximale) et augmente plus lentement que la production laitière et les dépenses énergétiques. A la fin du premier mois de lactation, elle est de 95 % [26]. Elle atteint son maximum autour des troisième et quatrième mois de lactation, puis diminue régulièrement pour atteindre 80 à 85% au moment du tarissement (dixième mois de lactation). Ce décalage entre les apports et les besoins énergétiques fait que la vache mobilise ses réserves adipeuses pour combler le déficit.
MOBILISATION DES RESERVES CORPORELLES
Au cours du cycle lactation-gestation, le métabolisme des lipides dans le tissu adipeux subit des modifications quant à son orientation vers la lipogenèse (reconstitution des réserves corporelles) ou la lipolyse (mobilisation du gras pour combler le déficit énergétique). Ces modifications trouvent leur origine 7 dans l’établissement des équilibres endocriniens spécifiques qui apparaissent et dont l’expression est modulée par le statut énergétique de l’animal (importance et qualité de l’alimentation). LAFONTAN [33] a distingué 3 phases dans le métabolisme lipidique au cours du cycle lactation-gestation : une phase d’accumulation des réserves en début de gestation qui s’inverse à la fin de cette période et une phase de mobilisation nette des réserves lipidiques du tissu adipeux en début de lactation. CHILLIARD et al. [13] estiment que l’exportation des nutriments vers la glande mammaire en début de lactation représente 2 à 3 fois les besoins d’entretien de l’animal (en terme d’énergie nette) pour une production de 25 à 35 kg de lait par jour. Selon WILDMAN et al. cités par GALLO et al. [22], il existe une corrélation négative entre la note d’état corporel et le niveau de production laitière. Après la mise bas, le faible niveau de la capacité d’ingestion conduit à un déficit énergétique que la femelle laitière (surtout les hautes productrices) doit combler en utilisant ses réserves corporelles accumulées pendant la deuxième moitié de la gestation [6, 12, 22]. Le tissu adipeux fournit donc l’énergie qui sera utilisée par la mamelle lorsque l’alimentation n’apporte pas des quantités suffisantes de nutriments [36, 46]. Selon GALLO et al. [22], les primipares sont moins sensibles que les multipares à la diminution de la note d’état corporel. Chez les vaches Pie Noire, les réserves potentiellement mobilisables sont d’environ 90 kg de lipides [13]. Cette valeur varie selon le niveau alimentaire (quantité et qualité) et le potentiel de production laitier moyen. Cependant, l’utilisation de ces réserves semble être limitée par la capacité de l’animal à les reconstituer en période favorable. Le bilan énergétique obligatoirement négatif durant les premières semaines de lactation devient largement positif dans la deuxième moitié de lactation [26].
Un apport alimentaire insuffisant pour combler le déficit énergétique en début de lactation peut se traduire par une accumulation de corps cétoniques dans le sang et le foie entraînant ainsi des risques pathologiques (stéatose hépatique, cétose de lactation). Chez les bovins, la mise en réserve de quantités importantes de lipides pendant la deuxième partie de la gestation est nécessaire pour assurer une fin de gestation et surtout une lactation sans troubles métaboliques graves liés au déficit énergétique. Une sous-alimentation énergétique provoque non seulement une mobilisation accrue des lipides, mais elle réduit également la production 8 laitière. Ces phénomènes de sous nutrition en début de lactation ont des répercussions sur la reproduction, en particulier dans la reprise de l’activité sexuelle post-partum. 2.3. PERTES DE POIDS ET IMPLICATIONS POUR LA REPRODUCTION L’amélioration de la reproduction est une voie efficace pour augmenter la productivité d’un troupeau. Par ailleurs, la maîtrise de la reproduction (maîtrise des cycles, insémination artificielle, transfert d’embryons) est, chez les bovins, l’outil privilégié de l’amélioration et de la conservation génétique. La fonction de reproduction est fragile et est dépendante de la variation de l’offre alimentaire et des manifestations physiologiques qui se déroulent. La maîtrise du déficit énergétique en début de lactation est essentielle pour la prévention de la cétose et de l’infertilité tout en conditionnant à plus ou moins long terme la productivité [49]. Un bon état général à la mise à la reproduction et un niveau alimentaire satisfaisant au moment de la mise en place de la gestation permettent une amélioration du taux d’ovulation, du taux d’œstrus, du taux de fécondation et une baisse du taux de mortalité embryonnaire. Certains auteurs ont introduit la notion de note d’état critique et de poids seuil en dessous desquels toute activité de reproduction cesse : arrêt de la cyclicité, avortement… (HARESIGN et HOLNESS, cités par CHICOTEAU [11]). Cette limite varie selon les races. Elle atteint une perte de poids de 19% pour les vaches Afrikander et 32,5% pour les vaches Mashona. Chez les races africaines, en élevage extensif, on admet généralement qu’une baisse de poids de la mère de 15% ne perturbe pas le rythme de reproduction. En élevage intensif par contre, le poids de l’animal en début de lactation doit être équivalent au poids moyen avant la mise bas pour permettre un taux de vêlage élevé [34]. Le résultat de la productivité des troupeaux bovins tropicaux, peut être interprété comme une adaptation à un milieu difficile orienté vers la survie de la mère et du petit, et le maintien de l’équilibre avec ce milieu (JÖCHLE cité par CHICOTEAU [.
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