Caractérisation des conduites addictives chez des
étudiants du privé et du public
Pharmacologie des substances toxicomanogènes
Opium et opiacés Figure 1 : Principaux flux d’héroïne en provenance d’Asie Source : Rapport mondial sur les drogues 2010, ONUDC Le groupe des opiacés comprend l’opium et ses dérivés synthétiques et semi synthétiques. Ils se fixent sur les récepteurs des opiacés et possèdent des propriétés communes aux enképhalines et aux endorphines retrouvés dans le système nerveux de tous les vertèbres. Sept siècles avant Jésus Christ, il apparaît sur une tablette sumérienne retrouvée à Nippur sous forme de deux idéogrammes, représentant l’une la plante et l’autre la joie. L’opium était le symbole de la plante du bonheur, il fait partie de la pharmacopée antique, dans la mythologie grecque ce sont les pavots que secoue Morphée pour endormir les mortels [48]. 19 L’opium est un produit de sécrétion d’une plante ressemblant à un gros coquelicot : le pavot (Papaver somniferum). Il est cueilli après incision des capsules sous forme d’un latex blanc qui coagule, séché et bruni au soleil. A partir de l’opium sont obtenus une vingtaine d’alcaloïdes dont les plus utilisés représentent le quart de l’opium brut ; les principaux dérivés sont : – Dérivé du phénanthrène : La morphine (10 % de l’opium brut), La méthylmorphine ou codéine (0,5 %) et Thébaine (0,2 %), la diacétylmorphine (héroïne) obtenue artificiellement ; la Dihydrocodéine (eubine) et d’autres dérivés antitussifs. Il faut mentionner la codéthyline (éther méthylique de la morphine) et la pholcodine (Morphonyléthylmorphine) substance elle aussi toxicomanogène. – Dérivés de l’iso-quinoléine. Les principaux sont la papavérine (1 %) spasmolytique et la narcotine bronchodilatatrice. – Dérivés de pipéridine : Péthidine (DOLOSAL*), et fentanyl (FENTANYL*), utilisés en anesthésie. – Dérivés du diphénylméthane : Chlorhydrate de méthadone, utilisé comme thérapeutique de substitution du fait d’une pharmacocinétique particulière. L’acétyle méthadone utilisé comme la méthadone mais avec une demi-vie beaucoup plus longue permettant une prise tous les trois jours environs. Le dextromoramide (PALFIUM*) antalgique puissant d’action brève. Le dextropropoxyphène antalgique parfois utilisé dans un but toxicomanogène. – Dérivés du morphinane. – Dromoran et déxtrométhorphane (ROMILAR*) antitussifs moins puissants que la codéine. 20 L’ensemble de ces produits, morphine, codéine héroïne, dérivés synthétiques ou semi-synthétiques de l’opium, possède en commun un pouvoir à la fois analgésique, dépresseur respiratoire et spasmolytique. Ils induisent une dépendance physique et psychique.
Structure chimique (agoniste antagoniste)
Le tableau 2 présente les opioïdes selon leurs classes chimiques et leurs propriétés agonistes forts, agonistes mineurs ou modérés, agonistes-antagonistes mixtes ou antagonistes sur les récepteurs opioïdes. Tableau III : Classification chimique et pharmacologique de certains opioïdes utilisés en thérapeutique ou en toxicomanie. [59]
Mode d’action
Il existe quatre sous-types de récepteurs aux opiacés [34] : récepteurs MU (µ) : µ1 et µ2 récepteurs KAPPA (K) récepteurs DELTA récepteurs SIGMA Les récepteurs µ1 présentent une haute affinité pour la morphine et leur stimulation est responsable de l’action analgésique des morphiniques. Les récepteurs µ2 présentent une affinité pour la morphine et ce sous-type de récepteur est associé à l’action dépressive respiratoire de la morphine. La stimulation des récepteurs µ1 recrute une protéine Gi et la sous unité alpha1 de la protéine G va inhiber l’adénylate cyclase et ceci se traduit par une baisse de la production d’AMP cyclique (adénosine mono phosphate cyclique) dans la cellule et donc une baisse de l’activité des canaux calciques. Le couple bêta gamma de la protéine Gi va se lier au canal potassique de rectification entrante et celui-ci va changer de conformation et favoriser la sortie de potassium (k+) hors de la cellule. Tous ces effets cellulaires qui accompagnent la stimulation des sous-types de récepteurs µ1et µ2 traduisent une hyperpolarisation (inhibition). C’est grâce à ce mécanisme que les morphiniques bloquent la transmission nociceptive vers les centres supérieurs de la douleur. L’action sur les récepteurs SIGMA est responsable des activités psychodysleptiques et dépressives respiratoires
Métabolisme : * La résorption
Les morphiniques sont bien résorbés et diffusent dans la circulation générale. Pour une même dose les effets analgésiques varient selon la voie d’administration. 22 • Voie orale : La résorption se fait au niveau du duodénum et de l’intestin grêle (80 % de la morphine). La Péthidine et la méthadone sont résorbées plus rapidement que la morphine. • Voie parentérale et inhalation. La résorption est rapide et pratiquement totale. Les latences d’action sont plus ou moins courtes pour la voie intraveineuse et pulmonaire que par voie intramusculaire. Le flash recherché par les toxicomanes répond sur le plan pharmacocinétique à une variation de concentration augmentant les effets pharmacologiques d’une drogue. L’effet d’une dose orale de morphine est sept fois moins puissant que celui observé après injection par voie intraveineuse. Cette différence d’intensité s’explique par l’existence d’un effet de premier passage où une grande partie de la dose ingérée passant dans la circulation et dégradée par le foie, par hydrolyse et conjugaison. Ce phénomène n’a pas lieu par voie intraveineuse. La dégradation de la codéine lors du premier passage hépatique est plus importante que celle de la morphine. Une dose de cette substance possède la particularité d’avoir un effet équivalent à deux tiers de celui d’une dose intraveineuse de morphine. Cette propriété contribue à expliquer leur utilisation par les toxicomanes comme succédané de l’héroïne. Une partie de la morphine est éliminée par voie biliaire dans l’intestin où le dérivé glucuronoconjugué est hydrolysé puis résorbé constituant le cycle entérohépatique. * La distribution : Les morphiniques sont liés aux protéines plasmatiques (albumine) dans des proportions de 35 à 60 %. La méthadone présente une liaison plus stable ce qui explique son effet prolongé. La forme liée est diminuée en cas d’insuffisance hépatique ou rénale grave. La forme libre diffuse rapidement en particulier au niveau du cerveau où sa répartition n’est pas homogène, la fixation tissulaire est 23 importante dans le foie, les reins, le cœur, les poumons, les muscles striés et le tissu adipeux. Tous les morphiniques traversent la barrière placentaire. * Transformation et élimination Les morphiniques sont transformés au niveau du foie en dérivés actifs et inactifs. Les catabolites sont éliminés dans le lait, les urines, les fesses, sous forme de traces dans la salive .
Introduction |