AROMATHÉRAPIE
Ce terme a été créé en 1928 par le chimiste et parfumeur français, René-Maurice GATTEFOSSE (1881-1950). Une anecdote célèbre raconte qu’en 1910, lors d’une explosion dans son laboratoire, ce père de l’aromathérapie se brûla la main et la plongea, par reflexe, dans un récipient rempli d’HE de Lavande vraie. Le soulagement fut alors immédiat, la guérison rapide et sans infections ni cicatrices. Stupéfait de ce constat, il prit alors conscience des vertus cicatrisantes de cette HE et décida de consacrer la suite de ses recherches à l’étude des propriétés thérapeutiques des HE. Il publiera par la suite son ouvrage intitulé Aromathérapie, dans lequel il y décrit ses expériences et ses découvertes (26). – L’école française, qui porte un regard axé sur l’identité botanique et la biochimie précise des HE (3). L’aromathérapie s’y définit comme une « biochimio-thérapie » naturelle reposant sur la relation existant entre les composants chimiques des HE et les activités thérapeutiques qui en découlent (47). Il s’agit de l’aromathérapie scientifique et médicale que l’on connait aujourd’hui en France où les HE présentent des activités pharmacologiques et cliniques comparables à celles d’un médicament allopathique (3). Plusieurs voies d’administration sont possibles : orale, rectale, nasale, cutanée, olfactive. Les applications peuvent être plus ou moins pures et on peut utiliser des formes galéniques plus ou moins complexes (onction, suppositoire, talc aromatique, cérat, etc.). Les dosages sont relativement élevés.
Engouement des Français pour les médecines naturelles
Le recours aux médecines naturelles au sein de l’Union Européenne est de l’ordre de 20 à 50% et n’a cessé de croitre ces dernières années. En France, 4 Français sur 10 ont recours aux médecines naturelles pour satisfaire des besoins en soin de santé primaires (48) d’après une étude de Consumer Science & Analytics (CSA) menée en 2020 (49). En 2016, selon CSA, 20% des Français ont eu recours à ce type de médecines dans le cadre d’une automédication et près de 2 Français sur 3 les utilisaient « avant tout pour leur innocuité » et le besoin d’un « retour au naturel » (50). Dans ce contexte, le Ministère des Solidarité et de la Santé (MSS) rappelle que les médecines naturelles sont souvent considérées, à tort, comme dépourvues d’effets indésirables. D’après le Syndicat National des Compléments Alimentaires (Synadiet) si ce type de médecines suscite autant l’intérêt des Français, c’est avant tout parce qu’ils sont de plus en plus à l’écoute de leur santé. En effet, 82% d’entre eux déclarent avoir fait évoluer leurs habitudes afin d’entretenir leur santé et celle de leurs proches, notamment depuis la crise sanitaire de Covid- 19 (51). Un Français sur deux indique utiliser davantage de compléments alimentaires et de produits de santé naturels.
Place de l’aromathérapie dans les thérapies complémentaires
L’aromathérapie fait partie des pratiques de soins dites « non conventionnelles » (PSNC) aussi retrouvées sous les termes médecines naturelles, médecines traditionnelles ou encore médecines douces (52). L’Académie Nationale de Médecine utilise le terme de Thérapies Complémentaires (ThC) et le Conseil de l’Ordre des Médecins emploie l’expression Médecines Alternatives et Complémentaires (MAC) pour désigner ces pratiques de santé intervenant en complément de la médecine conventionnelle (ou allopathique) et qui « ne doivent en aucun cas se comparer, ni se substituer, à elle » selon le MSS (53). L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recense plus de 400 MAC dans un ensemble très hétérogène ce qui rend, selon le MSS, la « connaissance incomplète et insuffisante sur ces pratiques ». Sont considérées comme MAC – les méthodes fondées sur des produits naturels telles que la phytothérapie et l’aromathérapie – les techniques axées sur la manipulation, telles que l’ostéopathie ou la chiropraxie – les thérapies du corps et de l’esprit, comme l’hypnose et la sophrologie, ou encore – les systèmes complets, telles que l’acupuncture et l’homéopathie (51).
Bien que de nombreux Français aient de plus en plus recours aux MAC, la place de ces thérapies n’est toujours pas clairement établie en France. Selon une enquête Harris Interactive menée en 2019, 57% des Français se montrent partagés concernant le caractère scientifique de ces disciplines qu’ils considèrent moins encadrées par les instances professionnelles (54) et cet avis se fait également ressentir du côté des professionnels de santé, notamment des médecins prescripteurs (55). Cependant, les propriétés thérapeutiques des HE sont une réalité : l’intégration de l’aromathérapie dans certains protocoles hospitaliers commence à se développer notamment dans les services de gériatrie et d’oncologie et la multiplication des recherches et des publications sur l’activité pharmacologique et clinique des HE incitent de plus en plus de médecins, praticiens et patients à se tourner vers l’aromathérapie pour compléter un traitement allopathique, notamment lors d’affections chroniques, ou en tant que traitement principal de certaines affections bénignes. (1,10,42,54,57)