LES RISQUES DE LA GRIPPE A H1N1 LIES A L’ENVIRONNEMENT DES POPULATIONS
Le virus
Généralités sur le virus de la grippe Le virus de la grippe dit Myxovirus Influenzae, appartient à la famille des Orthomyxoviridae et au genre Influenza virus. Les virus grippaux sont des virus enveloppés à ARN segmenté simple brin se présentant sous la forme de petites particules, appelées virions mesurant 80 à 100 nm de diamètre. Leur surface est couverte de spicules, visibles en microscopie électronique. Ils ont la caractéristique d’avoir une grande variabilité antigénique. Il existe 3 types majeurs de virus grippaux : A, B et C, classés selon leur caractère antigénique. Les virus de type A sont les plus pathogènes et responsables des grandes pandémies. Ils peuvent toucher l’Homme, ainsi que d’autres espèces animales, dont les oiseaux aquatiques qui constituent le réservoir naturel. Le virus de type A possède la plus grande variabilité, permettant de distinguer des sous types selon la nature de l’hémagglutinine (HA) et de la neuraminidase (NA). Ainsi, 15 sous-types de HA (H1 à H15) et 9 sous-types de NA (N1 à N9) ont été identifiés [48]. Les virus de type B sont faiblement épidémiques. On les retrouve chez l’Homme uniquement. Sur le plan clinique, les virus des grippes A et B donnent des tableaux similaires, généralement moins sévères pour le type B. Enfin les virus de type C ont un caractère plus bénin et se manifestent sous forme sporadique. Ils sont plus rarement observés et peuvent toucher les humains et les porcs
Constitution de la particule virale
La particule virale est sphérique, entourée d’une membrane lipidique dérivant de la membrane plasmique de la cellule infectée. Cette membrane est hérissée de spicules, formée par les glycoprotéines de surface, l’hémagglutinine (HA) et la neuraminidase (NA). La figure 2 présente le virus de la grippe en microscopie électronique. Les virus de la grippe A et B sont constitués de 8 fragments d’ARN codant 8 protéines différentes. Le virus de la grippe C n’en comporte que 7. Le génome viral est présent sous la forme de nucléocapside, résultant de l’association entre l’ARN et les nucléoprotéines. Ces fragments sont porteurs de l’information génétique du virus. 16 L’ARN est de polarité négative, c’est-à-dire que chaque fragment doit d’abord être transcrit en ARN complémentaire avant de pouvoir jouer le rôle de messager pour la synthèse de protéines [24, 26,27]. Parmi les protéines constitutives du virus, on distingue [25]: Les protéines d’enveloppe l’hémagglutinine (HA ou H) est formée par l’association de 2 sous-unités (HA1 et HA2). Elle est responsable de la fixation du virus sur les récepteurs cellulaires spécifiques et de l’agglutination des hématies. Elle est la cible majeure des anticorps de l’hôte. la neuraminidase (NA ou N) est une sialidase. Elle permet la libération et la dissémination de la particule virale dans l’épithélium respiratoire en rompant la liaison entre les hémagglutinines et l’acide sialique présent à la surface de la cellule hôte. Les protéines de matrice : la protéine M1 (Matrice 1) assure la cohésion de la particule virale en reliant la protéine NP, solidaire des segments d’ARN, aux protéines de surface. la protéine M2 (Membrane 2), fixée sur la membrane lipidique, joue le rôle de canal ionique pour les virus de type A et contribue à la régulation du pH à l’intérieur de la particule virale. Les protéines internes : les ribonucléoprotéines : o 3 protéines de haut poids moléculaire PB1, PB2 (protéines basiques 1 et 2) et PA (protéine acide) sont assemblées en un complexe et 17 jouent le rôle de polymérases et permettent la synthèse de nouveaux brins d’ARN. La protéine PB1 est une ARN polymérase ARN dépendante. La protéine PB2 permet le décodage de l’information génétique pour la fabrication des protéines. La protéine PA joue un rôle dans la formation de nouveaux brins d’ARN négatifs [28]. o La protéine NP (Nucléoprotéine), entoure et protège chaque segment d’ARN et forme les nucléocapsides. Elle joue un rôle dans l’entrée des nucléocapsides dans le noyau de la cellule infectée. Elle détermine le sous type du virus A, B ou C. Au total la particule virale renferme 8 ribonucléoprotéines. o Les protéines non structurales 1 et 2 : les protéines NS1 et NS2 ou NEP apparaissent au cours de la réplication du virus et jouent un rôle dans la régulation de la réplication virale. La protéine NS1 empêche l’apoptose de la cellule infectée. La protéine NS2 ou NEP aide le transfert des nucléocapsides nouvellement formés du noyau vers le cytoplasme. 18 Figure 2: Virus de la grippe
Nomenclature
Chaque souche de virus est identifiée par une désignation officielle. La nomenclature des souches de virus grippaux comporte : Le type antigénique, L’hôte d’origine s’il n’est pas l’homme, L’origine géographique, Le numéro de la souche, L’année d’isolement, Pour les souches A, la nature des antigènes de surface (hémagglutinine et neuraminidase) Exemple : A/California/04/2009 (H1N1) ou A/Hong Kong/01/1968 (H3N2)
Le cycle de réplication virale
Le cycle de réplication virale est composé de plusieurs étapes [26,29] : Fixation et pénétration : Le virus grippal se fixe, via l’hémagglutinine au niveau de l’épithélium respiratoire sur ses récepteurs spécifiques comportant de l’acide sialique. Le virus pénètre ensuite dans la cellule par endocytose à l’intérieur d’une vacuole. Se produit alors une acidification du contenu de la vésicule d’endocytose grâce au canal à protons M2. L’ARN viral, libéré dans le cytoplasme après fusion entre la membrane endosomale et l’enveloppe lipidique virale, pénètre ensuite dans le noyau. Réplication : Les 8 segments d’ARN sont alors transcrits en ARN complémentaire grâce à l’action d’une ARN polymérase ARN-dépendante d’origine virale. Deux types de brins sont alors synthétisés. Certains vont jouer le rôle d’ARN messager pour la synthèse des protéines. D’autres brins seront à nouveau transcrits en ARN complémentaire pour retrouver leur polarité négative. Ils seront alors prêts à être intégrés à la nouvelle particule virale. Assemblage et maturation : Les protéines d’enveloppe sont alors synthétisées dans le réticulum endoplasmique puis sont intégrées dans la membrane cellulaire, remplaçant ainsi les protéines normales. Les neuraminidases et les hémagglutinines sont exposées à la surface de la cellule. Les brins d’ARN viraux de polarité négative forment de nouvelles nucléocapsides qui migrent dans le cytoplasme, rejoignent la membrane cellulaire, la poussent et provoquent un phénomène de bourgeonnement. Le nouveau virion se libère de la cellule grâce à la neuraminidase qui détruit les liaisons avec l’acide sialique. Une cellule peut produire plusieurs centaines de virions.
INTRODUCTION |