INTOXICATIONS AIGUES CHEZ LES ENFANTS ADMIS ENTRE 2009 ET 2015
CLASSIFICATION DES INTOXICATIONS
Les intoxications peuvent être classées de diverses façons selon le contexte d’une étude. Nous limiterons pour notre étude à la classification des intoxications selon l’origine, selon le délai de survenue et selon les produits incriminés.
Selon l’origine
Intoxication endogène
Lorsque les substances toxiques sont élaborées par l’organisme lui-même et non assimilées ou éliminées, on parle d’intoxication endogène. C’est l’exemple de l’urée qui s’accumule dans le sang (Müller, 1995).
Intoxication exogène
Lorsque les substances toxiques proviennent de l’extérieur, on parle d’intoxication exogène. Les troubles sont souvent dus à de nombreuses substances toxiques de nature chimique d’origine synthétique, animale ou végétale encore appelés xénobiotiques. C’est l’exemple des intoxications dues aux médicaments, à l’alcool ou au venin de certains animaux. Généralement, en médecine d’urgence, on rencontre le plus souvent les intoxications d’origine exogène (Müller, 1995).
Selon le délai de survenue
Selon la dose et la durée de l’exposition nous pouvons distinguer trois types d’intoxication.
Intoxication aiguë
Elle résulte d’une exposition de courte durée à dose unique et suffisante ou à des doses répétées d’une substance toxique sur une période ne dépassant pas 24h. Cette intoxication aiguë se traduit par des symptômes spectaculaires, immédiats ou retardés pouvant aboutir à la mort de l’intoxiquer si la prise en charge n’est pas bien menée (Aial et coll, 1998).
Intoxication subaiguë
C’est une exposition fréquente ou répétée à une substance chimique sur une période de plusieurs jours ou semaines, avec un maximum de 28 jours (Lauwerys, 2003).
Intoxication chronique
Il s’agit d’une intoxication qui résulte de l’absorption longtemps répétée de très faibles doses de toxique qui, individuellement ne sont pas mortelles. L’intoxication chronique est liée plus particulièrement aux activités professionnelles, surtout dans le secteur de l’industrie, et à la pollution de l’environnement (Lauwerys et coll, 2007). Les signes cliniques d’intoxication se manifestent : – soit parce que le poison s’accumule dans l’organisme c’est-à-dire qu’à chaque exposition la quantité éliminée est inférieure à la quantité absorbée. Ainsi, la concentration du toxique dans l’organisme peut augmenter progressivement pour atteindre une concentration susceptible d’engendrer des manifestations toxiques. C’est le cas d’une intoxication chronique au plomb. 9 – soit parce que les effets engendrés par les expositions répétées s’additionnent sans que le toxique ne s’accumule dans l’organisme. C’est le cas des insecticides organophosphorés et carbamates qui entrainent une baisse progressive de l’activité cholinestérasique (Lauwerys et coll, 2007).
Selon le produit en cause
Nous pouvons distinguer selon le produit mis en cause les intoxications médicamenteuses, les intoxications aux produits d’entretien ménager, les intoxications par les plantes, les intoxications par les champignons et les autres intoxications.
Intoxication médicamenteuse
Les intoxications médicamenteuses résultent de l’absorption accidentelle ou volontaire de quantités importantes de médicaments. Elles sont une source importante de morbidité particulièrement dans la population jeune, tant dans les pays industrialisés que ceux en voie de développement (Lheureux et Jaerger, 1999). La quantité requise pour provoquer une intoxication médicamenteuse dépend de la substance prise (certains médicaments sont plus toxiques que d’autres) et du poids de la personne ; les jeunes enfants peuvent par exemple être intoxiqués en absorbant quelques comprimés seulement d’un produit dosé pour les adultes. Les intoxications médicamenteuses sont très souvent accidentelles avant l’âge de 10 ans et volontaires chez l’adolescent et le jeune adulte (Hami et coll, 2007). On rencontre aussi une exposition accidentelle due à la prescription souvent longue de médicaments chez les personnes âgées. En Suisse, en l’an 2008, 36,2% des intoxications ont été dues aux spécialités pharmaceutiques (Danel et Mégarbane, 2008). L’intoxication médicamenteuse justifiait 49,9% des appels reçus au Centre Antipoison Belge (CAPB, 2014). 10 Selon Bédi (2011) les intoxications médicamenteuses en Côte d’Ivoire représentaient 26,45% dans sa série. D’après l’étude de Diop (2005) au Sénégal les intoxications médicamenteuses aiguës étaient de 62,3%.
Intoxication aux produits d’entretien ménager
Après les médicaments, les produits ménagers sont la cause la plus fréquente d’accidents car ils sont utilisés de manière quotidienne et généralisée. Chez l’adulte comme chez l’enfant, la plupart des expositions aux produits ménagers sont accidentelles. Chez l’adulte, il s’agit souvent d’accidents dus à une erreur de manipulation. Les enfants sont plus fréquemment victimes d’ingestion accidentelle ou de projections dans l’œil ou sur la peau lorsqu’ils s’emparent d’un produit à leur portée (CAPB, 2014). En 2013, le Centre Antipoison Belge a enregistré 281 cas d’accidents impliquant des lessives liquides dont une grande majorité concernait de jeunes enfants (CAPB, 2014). En Suisse, les produits ménagers ont été la première cause d’intoxications de l’enfant avec 1/3 des cas recensés en 2008 (CSIT, 2008). Au Maroc l’eau de javel est à l’origine de 69% des cas d’intoxication aux produits ménagers en raison de sa grande diffusion et de son utilisation régulière même dans les familles les plus défavorisées (Jalal et coll, 2008). Selon une étude menée en Côte d’Ivoire les intoxications aux produits ménagers représenteraient 21,7% (Bédi, 2011). Au Burkina Faso les produits domestiques venaient au premier rang des intoxications avec 44,7 % des cas (Konaté et coll, 2009). Au Sénégal, une étude menée par Diop (2005) montrait que les produits ménagers étaient le deuxième type de produit le plus fréquemment rencontré soit 19 % des cas.
Intoxications par les plantes
Les plantes toxiques sont des plantes qui peuvent occasionner des lésions, internes ou externes, à l’organisme humain ou animal en cas de contact ou d’ingestion d’une quantité relativement faible de graines, de racines, de feuilles, de fruits ou de sève. Le degré de toxicité d’une plante dépend de différents facteurs : il arrive que toutes les parties d’une plante ne soient pas aussi dangereuses c’est l’exemple de Aphania senegalensis dont les graines sont toxiques alors que la pulpe est comestible (Fall et coll, 2011). Parmi l’ensemble des plantes réputées toxiques, certaines présentent un danger réel en cas d’ingestion alors que d’autres ne provoquent que des troubles mineurs, principalement digestifs (Krencker et coll, 2007). En France les végétaux sont en cause dans 5 % des intoxications recensées par le Centres Antipoison. Les intoxications par les plantes étaient de 3,3% au Maroc (Ouammi, 2009). Pour Diallo (2012), au Mali, les intoxications par les plantes médicinales représenteraient 3,5%. Selon l’étude de Bédi (2011) en côte d’ivoire les plantes étaient responsables de 2,29% des cas d’intoxications alors qu’au Sénégal elle représentait 10,52% des intoxications aigues (Okono, 1999).
Intoxications par les champignons
Les intoxications par ingestion de champignons résultent dans 90% des cas de confusions entre espèces comestibles et toxiques. Quand l’espèce est réputée comestible, les troubles digestifs sont expliqués par une possible contamination de champignons lors de son transport dans des sacs plastiques, lors de sa préparation ou par l’existence d’un facteur individuel comme l’idiosyncrasie (Saviuc et coll, 2005). Différents types de champignons sont classés d’après les syndromes d’identification du champignon vénéneux.
INTRODUCTION. |