L’antibio résistance des salmonelles isolées chez les poules pondeuses
Caractères généraux
Les caractères généraux des salmonelles sont ceux de la famille des Enterobacteriaceae mais présentent également des caractères différentiels intrinsèques.
Morphologie des salmonelles
Les salmonelles sont des entérobactéries, bacilles à Gram négatif, intracellulaires facultatives, non sporulées, de dimensions moyennes variables (0,8 µm de large sur 3,5 µm de long). Elles sont mobiles avec une ciliature péritriche (Figure 1, page 8) ou immobiles tels que les sérovars S. GallinarumPullorum ainsi que certains mutants (Le Minor, 1992). Comme toutes les bactéries à coloration Gram-négative, l’enveloppe des salmonelles est constituée de 3 éléments : la membrane cytoplasmique et la membrane externe séparées par un espace périplasmique fait de peptidoglycane. 8 Figure 1 : Salmonelles vues au microscope électronique (Source A.D.A.M, 2000)
Propriétés biologiques
Structure antigénique des salmonelles
L’étude antigénique permet de classer les genres des bactéries en types sérologiques ou sérotypes. Ces antigènes principaux sont de trois types qui sont recherchés à l’aide d’immuns-sérums de lapin (GRIMONT et al., 2007) : L’antigène H ou flagellaire qui est inactivé par une température supérieure à 60°C et aussi par l’alcool et les acides. Ces antigènes H contiennent des constituants immunologiques et permettent la variation des phases (de la phase1 à la phase 2). Leurs anticorps sont surtout des globulines 7 S. Cet antigène contribue aux moyens d’échappement de défense à l’hôte. Les antigènes O ou somatiques sont situés au niveau de la paroi. Ils sont thermostables (2h à 100°C), alcoolo-stables et constituent l’endotoxine des salmonelles. Les anticorps des antigènes O sont des globulines 19S. Certains antigènes somatiques O sont des lipopolysaccharides libres de protéines. Leur intérêt est mineur étant donné qu’ils sont souvent communs à de nombreux groupes (O:12 est commun aux groupes O:2, O:4, O:9, O:9, 46 et O:9, 46, 27). Leur présence est due à la modification 9 de la structure du LPS par une enzyme, par un bactériophage ou par un plasmide. L’antigène Vi présent à l’extrême périphérie du corps bactérien, est détruit par caléfaction à 60°C pendant 1h et par l’acide et le phénol. Les cultures qui possèdent l’antigène Vi sont plus virulentes. 2.2.2. Caractères culturaux Les milieux sélectifs les plus souvent utilisés pour l’isolement des salmonelles sont le milieu Salmonella- Shigella (SS), le milieu Hecktoën et la gélose au vert brillant. Sur le milieu SS, les colonies de Salmonella apparaissent incolores, à centre noir, car elles ne fermentent pas le lactose et produisent du sulfure d’hydrogène (H2S). Leurs colonies caractéristiques peuvent se confondre à celles du genre Proteus. Les colonies de Salmonella après 18 – 24 heures d’incubation à 37 °C sont lisses et mesurent 2 à 3 mm de diamètre. Des colonies naines s’observent rarement, de même que des colonies rugueuses ou des colonies muqueuses ressemblant à des colonies de Klebsiella (LE MINOR, 1992). L’aptitude à donner des colonies muqueuses est souvent perdue après quelques mois de conservation.
Caractères biochimiques
Les principaux caractères biochimiques permettant l’identification du genre Salmonella (Humbert, 1998) sont : L’absence d’une uréase active, de tryptophane ou de phénylalanine désaminase ; L’absence de fermentation du lactose, du saccharose, de l’inositol, de l’amygdaline, de l’adonitol et du 2-cétogluconate ; L’absence de production d’indole et d’acétoine (test de Voges-Proskauer négatif) ; 10 La production d’hydrogène sulfureux à partir du thiosulfate (présence d’une thiosulfate réductase) ; La décarboxylation fréquente de la lysine et de l’ornithine ; La croissance fréquente sur milieu au citrate de Simmons. 3. Physiopathologie et épidémiologie La salmonellose est une maladie infectieuse qui affecte les humains et les animaux et causée par S. enterica et S. bongori (OIE, Salmonelloses, 2014).
La salmonellose humaine
L’homme se contamine par la consommation d’aliments souillés de salmonelles. La maladie se caractérise par trois types de symptôme :
Les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes
Ces maladies sont provoquées par quatre sérovars de salmonelles, strictement humains, antigéniquement distincts mais de pouvoir pathogène similaire : Salmonella Typhi, Salmonella Paratyphi A, Salmonella Paratyphi B et Salmonella Paratyphi C. Les salmonelles sont ingérées avec une boisson ou un aliment contaminé. Les symptômes apparaissent après une période d’incubation de 10 à 15 jours. Selon l’état physiologique de l’hôte, la durée des symptômes s’étend de 1 à 7 jours. Les signes observés sont : une fièvre continue accompagnée de maux de tête, d’anorexie, d’abattement et des douleurs abdominales avec diarrhée ou constipation. Les salmonelles responsables des fièvres typhoïdes ont pour seul réservoir l’homme, la contamination se faisant par ingestion d’eau ou d’aliments ayant subi une contamination fécale d’origine humaine. Comme toutes les maladies à transmission oro-fécale, ces fièvres surviennent le plus souvent dans des zones 11 où l’hygiène est précaire et, frappent principalement les pays en développement tels que l’Asie, l’Afrique ou l’Amérique Latine (Hu et al., 2003). Les données mondiales les plus récentes font état de plus de 20 millions de cas annuels de fièvre typhoïde, et plus de 200 000 morts. La maladie est toujours présente dans les pays industrialisés (Institut Pasteur, 2013).
Les gastro-entérites
Ces gastro-entérites sont provoquées par des Salmonella ubiquistes présentes chez l’homme et les animaux. La durée d’incubation est généralement de 1 à 2 jours et dépend de la dose ingérée, de la santé de l’hôte et des caractéristiques de la souche de Salmonella (Institut Pasteur, 2013). Les principaux symptômes de la salmonellose (infections non typhoïdiques) sont la diarrhée non sanglante, les douleurs abdominales, la fièvre, les nausées et des vomissements qui surviennent généralement 12-36 heures après l’ingestion. Chez des adultes de condition physique normale, cette gastro-entérite disparaît sans traitement après 3 à 5 jours en moyenne. En revanche, une antibiothérapie doit être prescrite chez les personnes âgées, les nourrissons, ou les personnes immunodéprimées chez lesquels l’infection peut être plus sévère, voire mortelle. Le traitement employé repose essentiellement sur la réhydratation.
Toxi-infections alimentaires collectives
C’est la survenue d’au moins deux cas groupés d’une même symptomatologie, le plus souvent digestive, dont on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA, 2012)). Les Toxi-infections Alimentaires Collectives (TIAC) sont des Maladies à Déclaration Obligatoire (MDO). Les micro-organismes mis en cause le plus fréquemment sont : les salmonelles, Staphylococcus aureus, Clostridium perfringens, Bacillus cereus, Escherichia coli, Listeria (AFSSA, 2012). La période d’incubation est de 10 à 18 heures. Les troubles durent en général 2 à 5 jours. Les complications sont rares sauf chez les immunodéprimés. L’aliment responsable est identifié par enquête épidémiologique (enquête cas-témoin). Le diagnostic se fait par recherche de Salmonella dans les selles des malades et dans l’aliment incriminé (s’il est encore accessible). Avec le large spectre d’animaux pouvant être porteurs de salmonelles, une grande variété de produits alimentaires, consommés crus, peu cuits ou ayant fait l’objet d’une contamination post-cuisson, sont en général à l’origine d’une contamination humaine (viande, et particulièrement volaille, produits carnés, œufs et produits laitiers). Plus rarement, la contamination peut avoir pour origine un contact direct avec un animal malade ou porteur sain par l’intermédiaire des mains (Institut Pasteur, 2013). Le traitement est le même que celui des gastro-entérites (Avril et al., 1992). La prévention repose essentiellement sur l’hygiène des cuisines collectives et le lavage des mains (détection des porteurs sains, techniques de préparation, techniques de conservation, bonnes pratiques d’hygiène (BPH) et de fabrication etc.).
La salmonellose chez les animaux d’élevage
La maladie peut toucher toutes les espèces d’animaux domestiques ; les jeunes animaux et les femelles gravides sont les plus sensibles. Les maladies entériques, présentant souvent une diarrhée sanglante ou aqueuse abondante avec pyrexie est la fréquente manifestation clinique. Il existe cependant un large 13 éventail de signes cliniques qui comprennent la septicémie aiguë, l’avortement, l’arthrite, la nécrose des extrémités et les formes respiratoires. Les signes et les lésions ne sont pas pathognomoniques. Beaucoup d’animaux, en particulier les volailles et les porcs, peuvent également être infectés mais ne présentent pas de signe clinique (Wray et al, 2000). Ces animaux peuvent être importants par rapport à la propagation de l’infection entre les troupeaux et les causes d’intoxication alimentaire humaine d’où leur place importante dans la santé publique. Cela peut se produire lorsque ces animaux entrent dans la chaîne alimentaire conduisant ainsi à des produits alimentaires contaminés. Les animaux sauvages tels que les blaireaux et certains types d’oiseaux peuvent transporter des souches spécifiques de Salmonella (Wray et al, 2000). Au cours de l’infection, les signes cliniques, les résultats de l’autopsie et les modèles épidémiologiques varient selon le sérotype et les espèces animales concernées. En effet, la plupart des sérotypes peuvent causer des maladies dans un large éventail d’espèces animales mais certains n’affectent que des hôtes spécifiques (S. Gallinarum chez les volailles et S. Abortus ovis chez les moutons) (Snoeyenbos, 1994). Salmonella Gallinarum et S. Pullorum sont adaptés aux espèces aviaires (Eswarappa et al., 2009) et sont considérés comme un risque zoonotique minime (Shivaprasad, 2000), bien que le génome soit en évolution constante. Et cela pourrait élargir théoriquement la gamme des hôtes dans l’avenir (Liu et al., 2002). Leur prévalence est aussi importante de nos jours (70% selon Combari (2014)).
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