APPORT DU GENEXPERT DANS LE DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE A L’HOPITAL PRINCIPAL DE DAKAR BILAN SUR 1 AN
La tuberculose est une maladie infectieuse contagieuse provoquée par une mycobactérie du complexe tuberculosis principalement Mycobacterium tuberculosis ou bacille de koch. A l’échelle mondiale, on estime qu’environ 10 millions de personnes ont contracté la tuberculose en 2018, nombre qui est resté relativement stable au cours des dernières années. La charge de morbidité varie considérablement d’un pays à l’autre, allant de moins de 5 à plus de 500 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an, la moyenne mondiale étant d’environ 130 nouveaux cas (OMS, 2019). On peut distinguer la tuberculose pulmonaire qui est la présentation la plus fréquente (70 à 75% des cas) et la seule forme contagieuse. On peut aussi avoir d’autres formes de tuberculose qui ne sont pas contagieuses appelées tuberculose extrapulmonaire (mal de pott ou tuberculose des os, de l’œil, du cerveau, du péritoine, de la plèvre, du rein, des ganglions etc. …)(OMS, 2019) Le diagnostic de la tuberculose repose sur la mise en évidence de mycobactéries du complexe M. tuberculosis dans une expectoration ou un prélèvement de matériel biologique. Cependant ce diagnostic doit être précoce, rapide et précis. Ainsi la radiographie thoracique est une étape clé du diagnostic mais sa confirmation reste bactériologique. Le diagnostic bactériologique est essentiel pour la prise en charge de la maladie puisqu’il permet d’identifier le bacille, de tester sa sensibilité aux anti-bacillaires et d’adapter ensuite le traitement en fonction des résultats de l’antibiogramme. Cependant, en raison de la lenteur de la croissance des mycobactéries, et du délai d’obtention des résultats qui est assez long, une antibiothérapie systématique est administrée au patient ce qui favoriserait l’émergence de souches résistantes aux antibiotiques et leur propagation dans la population. Entre 2017 et 2018, quelques )progrès ont été réalisés dans le dépistage, la détection et le traitement de la TB-MR/TB-RR. À l’échelle mondiale, en 2018, 51 % des personnes atteintes de tuberculose confirmée bactériologiquement ont subi un test de dépistage de la résistance à la rifampicine, contre 41 % en 2017. La couverture par le dépistage était de 46 % chez les nouveaux patients et de 83 % chez les patients déjà traités. Au total, 186 772 cas de TB-MR/TB-RR ont été détectés et notifiés en 2018, soit une augmentation par rapport aux 160 684 enregistrés en 2017, et 156 071 cas ont été inscrits dans des programmes de traitement, contre 139 114 en 2017 (OMS 2019). De cet état de fait découle l’intérêt d’une méthode de diagnostic efficace et rapide.
Historique de la tuberculose
Au début du XIXe siècle, Laennec individualise la tuberculose. En 1865, Jean Antoine Villemin montre qu’il s’agit d’une maladie inoculable à l’animal et transmissible d’un animal à l’autre. En 1882, Robert Koch annonce la découverte de l’agent pathogène de la tuberculose appelé bacille de Koch. En 1921, Calmette et Guerin obtiennent un vaccin, le bacille de Calmette et Guérin (B.C.G), après 13 ans de subculture d’une souche pathogène de Mycobacterium bovis sur la pomme de terre biliée glycérinée (Chaoui, 2014). Waksman découvre en 1944 la streptomycine, premier antibiotique actif sur le bacille tuberculeux. Puis ce fut la découverte en 1952 de l’isoniazide qui est un antibiotique bactéricide. En 1953, Buhler et Pollak confirment le pouvoir pathogène occasionnel de certaines espèces de mycobactéries. C’est en 1967 que Waksman fait la découverte de la rifampicine, deuxième antibiotique antituberculeux. En 1968, Castets et al. décrivent une variété africaine de bacille tuberculeux, qui est élevée rapidement au titre d’espèce et appelée Mycobacterium africanum (Ossoga, 2015).
Épidémiologie de la tuberculose
La tuberculose est l’une des 10 premières causes de mortalité dans le monde. En 2016, 10,4 millions de personnes ont contracté cette maladie et 1,7 million en sont mortes (dont 0,4 million ayant aussi le VIH) (OMS, 2017). Selon les estimations, 1,2 million de décès dus à la tuberculose (entre 1,1 et 1,3 million) ont été enregistrés chez les VIH-négatifs en 2018 (soit une réduction de 27 % par rapport aux 1,7 million de décès enregistrés en 2000), et 251 000 décès supplémentaires (entre 223 000 et 281 000) chez les VIH-positifs (soit une réduction de 60 % par rapport aux 620 000 décès enregistrés en 2000) (OMS, 2019). La tuberculose multirésistante demeure une préoccupation de santé publique et une menace pour la sécurité sanitaire. L’OMS estime à 600 000 le nombre de nouveaux cas présentant une résistance à la rifampicine (le médicament de première intention le plus efficace), dont 490 000 sont des cas de tuberculose multirésistante (TB-MR) (OMS, 2017).
Dans les pays en développement, la tuberculose est une cause majeure de morbidité et de mortalité. Dans la plupart des pays à forte incidence tuberculeuse, l’outil de diagnostic fondamental reste l’examen microscopique et très peu de centres ont la capacité de faire la culture et des tests de chimiorésistance (OMS, 2019). A cet effet, les données sur les souches multi-résistantes (TB-MR) sont très rares. L’incidence et le nombre de décès diminuent relativement rapidement dans la région africaine de l’OMS (4,1 % et 5,6 %, respectivement, par an), avec des réductions cumulées de 12 % pour l’incidence et de 16 % pour les décès entre 2015 et 2018. Sept (07) pays où la charge de la tuberculose est importante sont en voie d’atteindre les objectifs intermédiaires pour 2020 : Afrique du Sud, Kenya, Lesotho, Myanmar, République-Unie de Tanzanie et Zimbabwe (WHO, 2019). Les populations les plus exposées sont les pauvres des zones urbaines, les migrants et les réfugiés. L’Afrique est aussi le seul continent où les taux de tuberculose augmentent (OMS, 2019).