Evaluation des risques toxiques des rejets industriels et urbains sur la santé via un indicateur biologique la moule Africaine Perna perna
Pollution marine
Les polluants marins comprennent une grande diversité d’agents physiques, chimiques et biologiques qui induisent des effets négatifs sur les systèmes écologiques chaque fois que leur ampleur est supérieure à un certain seuil. Il y a plusieurs milliers de ces agents qui ont été ajoutés ou créés par des processus humains, et pour la plupart d’entre eux, les connaissances disponibles sont très rares, en particulier sur leurs impacts environnementaux et écosystémiques (UN, 2016). L’agriculture, le tourisme côtier et les loisirs, les activités portuaires, le développement urbain et industriel, l’exploitation minière, la pêche et l’aquaculture sont autant de sources de pollution marine (Fig.1) qui menacent les habitats côtiers et marins (GESAMP, 2009; UN, 2016). Les polluants, qu’ils soient physiques, chimiques ou biologiques, peuvent être d’origine océanique ou atteindre les écosystèmes marins par le drainage des rivières, des sources ponctuelles et des transferts atmosphériques. Malgré l’origine multiple des polluants, le drainage des bassins fluviaux et les sources ponctuelles directes sont souvent les principales voies de communication des sources terrestres, qui représentent environ 80 % de la pollution marine dans le monde (GESAMP, 2009; UN, 2016). Figure 1. Principales sources de la pollution marine (Garbarino et al., 1995, modifiée). Le terme de pollution marine fait l’objet d’une définition, de la part du GESAMP (1989), comme étant « l’introduction par l’homme, directement ou indirectement, de substances ou d’énergie dans le milieu marin (y compris les estuaires) occasionnant des effets néfastes tels que des nuisances envers les ressources biologiques, des risques pour la santé de l’homme, des entraves aux activités maritimes (y compris la pêche), une altération de la qualité de l’eau de mer du point de vue de son utilisation et une dégradation des valeurs d’agrément ». Les environnements côtiers sont considérés comme des lieux à haut risque écologique en raison des processus biogéochimiques complexes et des activités humaines intensives, qui augmentent considérablement la présence de polluants organiques et inorganiques dans l’environnement (Li et al., 2014). Afin d’estimer l’impact des pressions anthropiques sur les écosystèmes marins côtiers, il est nécessaire de mener des programmes de surveillance continue de la qualité et de l’état de santé de ces habitats d’importance écologique et économique (Cohen et al., 2001; Zulfa et al., 2016) . 1.1 Types de pollutions La plupart du temps, un rejet n’est jamais une source unique et les différents types de pollution sont mélangés et agissent les uns sur les autres (effets de synergie). Ainsi, un égout rejette des déchets organiques, des détergents dont certains s’accompagnent de métaux lourds (pollution chimique), des microorganismes (pollution biologique), le tout dans de l’eau douce (pollution physique) (Gravez et Bernard, 2006). Ainsi, nous distinguons :
Pollution biologique
Il peut s’agir de pollution par des micro-organismes (bactéries, virus, champignons) provenant d’égouts qui peuvent proliférer à leur arrivée dans le milieu récepteur, même s’il est vrai qu’il s’agit d’un milieu qui ne favorise pas la vie de la plupart des agents pathogènes (Gravez et Bernard, 2006). Cette pollution peut résulter du rejet dans les eaux continentales ou littorales d’une grande variété de substances organiques fermentes cibles d’origines diverses (effluents urbains, matières fécales, industries, élevages,…) et se traduit par une forte contamination bactériologique. Elle soulève, dans bien des cas, de redoutables problèmes d’hygiène publique: qualité des eaux potables, salubrité des plages, qui ne sont pas limités aux seuls pays du tiers monde. Cette extension incessante de la pollution microbiologique des eaux continentales et littorales a pour conséquence une recrudescence d’affections pathogènes (colibacilles, hépatites, virus entériques,…) (Vincent, 2006). Il peut également s’agir de l’introduction d’une espèce marine exotique et envahissante (ex : la caulerpe : Caulerpa taxifolia) (Gravez et Bernard, 2006).
Pollution physique
On parle de pollution physique lorsque le milieu marin est modifié dans sa structure physique par divers facteurs. Il peut s’agir d’un rejet d’eau douce qui fera baisser la salinité d’un lieu (par une centrale hydroélectrique), d’un rejet d’eau réchauffée ou refroidie (par une centrale électrique ou une usine de regazéification de gaz liquide), d’un rejet liquide ou solide de substances modifiant la turbidité du milieu (boue, limon, macrodéchets…), d’une source de radioactivité (GIS, 1996; Gravez et Bernard, 2006). Cependant, le rejet de chaleur dans l’environnement constituant de nos jours une forme de pollution physique du milieu naturel capable de provoquer de vrais bouleversements, car d’un point de vue écologique, il existe un paramètre incontournable qui est la température du milieu. Or, dans certains pays industrialisés, l’augmentation de température en aval des centrales électriques peut atteindre 7 à 8 ° C, ce qui engendre une modification totale des communautés aquatiques et de leurs modes de fonctionnement (Vincent, 2006).
Pollution chimique
C’est une pollution due au déversement de substances chimiques telles que les hydrocarbures, les détergents, les biocides, les pesticides (DTT, Lindane,…), les métaux lourds (Pb, Cd, Hg…) (GIS, 1996). De nombreuses substances de synthèse issues du génie humain ont la capacité d’engendrer des sous produits (métabolites) encore plus dangereux comme le DDE, les dioxines. Ainsi, l’Océan mondial est systématiquement pollue par des substances toxiques, même dans ses régions les plus reculées, à titre d’exemple les morues de la mer Baltique présentent des teneurs record en PCB (Vincent, 2006).
Types de polluants
Le polluant, tout agent physique, chimique ou biologique dans un hydrosystème, qui y provoque, par sa concentration dans l’eau, des perturbations préjudiciables au bon équilibre de l’écosystème et en réduit les possibilités d’usages de l’eau. Chapitre I : Généralités 8 Le comportement dans l’environnement d’une substance est difficile à appréhender, car il dépend de ses propriétés et de la nature du milieu récepteur. Par exemple, sa capacité à se retrouver dans l’atmosphère dépend à la fois de son degré de volatilité et de sa solubilité dans l’eau (RNB, 1999). Selon Mouchel et Thévenot (2003) on distingue : • Les macropolluants : Ce sont des molécules naturelles qui se trouvent dans l’environnement à des concentrations différentes de celles habituellement observées, ce qui entraîne une augmentation de la cinétique des réactions biochimiques (Tab. 1). • Les micropolluants : Ce sont des produits actifs minéral ou organique susceptible d’avoir une action toxique à des concentrations infimes (de l’ordre du μg/l ou moins). Les micropolluants sont susceptibles de contaminer les différents compartiments eau/air/sol puisqu’ils sont directement introduits au sein même de l’écosystème. Les mécanismes de transfert de ces polluants, depuis leur émission et les zones de traitement jusqu’aux sols, aux eaux de surface et aux eaux souterraines, font intervenir leur cycle de vie couplé au cycle de l’eau. Par leurs propriétés intrinsèques, les micropolluants sont dangereux. L’intensité et la durée de leur présence dans les eaux (facteurs d’exposition) conditionnent le risque pour les milieux aquatiques et les écosystèmes, ainsi que pour la santé humaine. Ces polluants, en raison même de leur impact sur le milieu, font de plus en plus l’objet d’un suivi régulier. Cependant, leur détection dans les cours d’eau est difficile, en raison de la multiplicité des substances, la variabilité des contaminations et leur très faible concentration (RNB, 1999).
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