La recherche dans son aspect sémantique la relation entre le verbe et la préposition

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La recherche dans son aspect formel (syntaxique)

Le groupe prépositionnel (GP) qui suit le verbe peut être un ajout ou un complément (Leeman (2008 : 5­19) : le premier correspond à un statut de relative autonomie en ceci qu’il est supprimable, déplaçable au sein du GV et éventuellement de la phrase elle­ même, la nature du procès n’en dépend pas (c’est le cas de dans le jardin dans lire un livre dans le jardin, boire un café dans le jardin). Le complément, en revanche, correspond à un rapport d’intrication6 entre le verbe et le GP, lequel prend le statut d’argument relevant de la rection verbale comme dans tirer sur les rideaux (sur les rideaux n’est ni supprimable ni déplaçable et tirer sur les rideaux constitue un procès différent de tirer). Dans ce cas, la préposition est décrite comme relevant d’un emploi fonctionnel, ce qui ne veut pas dire qu’elle perde son identité sémantique. Ainsi, J.­J. Franckel et D. Paillard montrent­ils que la sémantique de sur par exemple joue tout autant dans les exemples un livre sur la table et tirer de l’argent sur son compte malgré la variété des valeurs et des emplois. Cette valeur sera déterminée par le co­texte puisque « les traits que l’on est conduit à attribuer en propre à une préposition sont le produit de diverses interactions susceptibles de s’établir entre cette préposition et les termes qu’elle met en relation » (Paillard et Franckel, op.cit.: 11).
A priori, on peut émettre l’hypothèse selon laquelle l’analyse du complément prépositionnel est plus pertinente pour notre projet que celle de l’ajout, le complément étant un argument, donc sous­catégorisé et sélectionné par le verbe lui­ même. Cependant, les frontières entre ces deux compléments restent floues puisqu’il est parfois difficile de distinguer entre un complément d’objet indirect et un ajout (traditionnellement : complément circonstanciel)7 . En effet, le complément est conçu comme un constituant étroitement lié à la construction de l’identité du verbe dans l’emploi considéré, or il se trouve que certains « compléments d’objet » sont supprimables (la grammaire parle alors d’ « emploi absolu » pour le verbe), ce qui contredit le classement du complément d’objet dans les compléments « essentiels » (terminologie adoptée par la grammaire de R.­L. Wagner & J. Pinchon8 et reprise en particulier dans les manuels scolaires). Un autre critère qui permet d’opposer l’ajout et le complément serait que seul le premier est susceptible d’être déplacé. Cependant, les ajouts ne sont pas tous déplaçables en tête de phrase, comme le montre au sein dans supprimable, non déplaçable, pronominalisable (à ses vacances dans Ali rêve à ses vacances).
Supprimable, non déplaçable, non pronominalisable (sur ses doigts dans Ali compte sur ses doigts au sens de « il fait ses calculs à l’aide de ses doigts »).
Supprimable, déplaçable, non pronominalisable (au printemps dans Ali épouse Léa au printemps).
Supprimable, déplaçable, pronominalisable (à sa mère dans Ali dira tout à sa mère).
Non supprimable, non déplaçable, non pronominalisable (avec sa mauvaise foi dans On doit compter avec sa mauvaise foi).
Non supprimable, déplaçable, non pronominalisable (du regard dans Il embrasse du regard le vaste paysage).
Non supprimable, déplaçable, pronominalisable (dans ce tiroir dans Il ne met que ses gants dans ce tiroir).
Non supprimable, non déplaçable, pronominalisable (ta bienveillance dans Ali compte sur ta bienveillance)
On peut considérer qu’un constituant non supprimable est forcément un argument du verbe, puisque ce dernier ne peut s’employer sans lui – appelons­le « complément ». Il s’ensuit divers types de compléments selon que le constituant est ou non déplaçable et ou non pronominalisable, ce pour quoi il nous faut forger de nouvelles dénominations pour la suite du travail.
Une fois l’objet syntaxique à étudier précisément délimité (ainsi qu’esquissé supra), notre travail consiste à observer, dans un premier temps, quelle(s) préposition(s) s’agglutine(nt) aux verbes (en partant d’un corpus de verbes susceptibles de se construire avec à) et, dans un deuxième temps, quelle(s) variation(s) sémantique(s) se produi(sen)t – ce qui sera au centre de la problématique de notre recherche.

La recherche dans son aspect sémantique

L’hypothèse est que, si telle préposition accompagne tel verbe, c’est que leur signification respective le permet : la structure verbe + préposition serait donc une unité soudée dont le sémantisme diffère de celui du verbe employé seul – Gawron9 parle ainsi d’une affinité entre le verbe et la préposition. Cependant, J.­J. Franckel et D. Paillard (op.cit.) considèrent que cette thèse n’est pas toujours soutenable et se demandent par exemple quelle affinité peut exister entre ouvrir et sur dans ouvrir sur de nouvelles pistes.
La divergence des points de vue nous oblige à réfléchir sur la relation de la préposition avec le verbe ; étant donné que la préposition est considérée comme un terme relateur, il s’agit de savoir :
si elle possède une valeur propre, un signifié en langue, provenant de la manière dont elle s’oppose à toutes les autres unités du système linguistique (spécialement au sein du sous­ système que forment les prépositions). Dans cette optique, certains linguistes prennent en compte le fait que l’état de la langue en synchronie est issu d’une histoire, et que la préposition acquiert son sémantisme particulier de sa référence originelle, à l’espace par exemple (c’est l’hypothèse de la théorie dite de « la grammaticalisation »10, qui voit dans la langue un système en évolution partant du « concret » et aboutissant, par abstractions successives, à l’abstrait : les prépositions suivraient ainsi un cheminement partant de l’ (expression de) l’espace, puis du temps, puis de la manière, ensuite des relations logiques, etc.11 (le domaine spatial étant vu comme le plus « concret »), et ce processus d’abstraction atteint la catégorie même, lorsque la préposition cesse d’être autonome et devient un affixe, comme en dans enlever).
Ou si elle constitue sa valeur à partir de son interaction avec les éléments qu’elle met en relation. Selon cette dernière hypothèse (qui est celle de l’école culiolienne12), la préposition ne serait sémantiquement identifiable que dans un co­ texte, c’est­ à­ dire les « unités qui environnent une unité donnée, et de façon plus précise dans le cas d’une préposition, aux termes qu’elle met en relation » (Franckel et Paillard, op. cit. : 13). Dans ce cas, la forme schématique décrivant l’identité de la préposition présente de manière synthétique et abstraite le traitement qu’elle applique à ses divers cotextes, tel qu’on peut le dégager de l’ensemble des emplois observés.
10Il s’agit d’une approche diachronique qui consiste à penser la dimension évolutive de la langue en observant l’évolution du statut lexical vers un statut grammatical, ou d’un statut grammatical vers un statut plus grammatical.
Si l’on reprend l’exemple de dans, on a ainsi Le mouchoir dans le sac (question où?), L’examen dans une semaine (question quand?), Etre dans l’embarras (manière d’être : comment était-elle ? – Embarrassée), Dans sa précipitation, oublier ses clefs (valeur causale : pourquoi? ­ Parce qu’on était précipité)…
La différence avec le signifié saussurien (Saussure, 1916) c’est que ce dernier est conçu comme une valeur que possède le signe dans le système de la langue, de par sa différence avec tous les autres signes de ce système – la signification est alors d’ordre statique : on trouve le même invariant sous tous les emplois effectifs. Selon la théorie culiolienne (cf. J.­J. Franckel (dir.) Le lexique entre identité et variation, Langue française 133), l’identité d’un lexème est à chercher dans le statut qu’elle confère aux éléments de son co­ texte (lequel est variable, d’où la difficulté de la définir en une « forme schématique » couvrant tous les emplois observés). L’actualisation de l’identité du lexème se manifeste différemment selon le co­texte, d’où son caractère dynamique. La forme schématique part toujours de la suite X Prép Y, la préposition mettant en relation le co­texte antérieur X et le co­texte postérieur Y selon des modalités qu’il revient au linguiste de déterminer. Si Y correspond au complément de la préposition, X est plus difficile à déterminer – dans le cas d’une phrase de type No V PrépN, il peut par exemple s’agir du verbe V, du sujet No, de l’ensemble NoV. A moins que l’on ne fasse le choix de la théorie de la grammaticalisation, les deux démarches (saussurienne et culiolienne) ont pour point commun l’observation, dans la synchronie contemporaine, du grand nombre d’emplois diversifiés, afin d’être en mesure d’élaborer une hypothèse sur l’identité fondamentale du verbe (que vient infléchir sa combinaison avec la préposition), et réciproquement sur l’identité fondamentale de la préposition (pour saisir quelle(s) affinité(s) explique(nt) son association avec le verbe, dans cette acception). Cette élaboration se fonde sur la méthode distributionnelle, laquelle consiste à faire varier les différents éléments lexicaux et syntaxiques qui figurent dans l’environnement du verbe et de la préposition, de manière à permettre l’analyse et la comparaison des constructions.
Notre intérêt pour la préposition à (et ses concurrentes les plus fréquentes dans la complémentation verbale) émane du fait que ces prépositions, dites « incolores », selon le terme de Spang­Hanssen (1963), et auxquelles il n’est le plus souvent alloué qu’un rôle fonctionnel (comparable à celui des cas) et non une identité sémantique propre, n’ont pas, de fait, une signification stable directement accessible à l’intuition – d’où les présentations comme « mots vides » (par exemple par L. Tesnière :1959) qui ont pu en être faites (et qui valent encore en matière d’indexation des textes13), justifiées par la relation inversement proportionnelle existant entre la fréquence et l’information : plus un mot est fréquent, moins il est informatif (or, justement, ces prépositions font partie des mots les plus souvent employés pour l’accompagnement du verbe dans son emploi transitif indirect).
L’objectif, ici, est de démontrer que à, de, en ne sont pas vides, conformément à ce que suppose le cadre théorique adopté, selon lequel la langue est un système de signes dont chacun est doté d’une forme et d’un sens : la variété des exemples et la différence sémantique de chacun de leurs emplois sera une preuve non seulement de leur charge sémantique mais aussi de leur rôle dans la construction du sens, lesquels apparaissent d’autant mieux si l’on peut procéder à une comparaison comme dans les occurrences suivantes :
Calme­ toi tu manques de patience.
Elle n’a pas fait ce qu’elle a promis, elle a manqué à sa parole.
La recherche conduite, telle que les grandes lignes viennent d’en être esquissées, repose sur un certain nombre de choix théoriques jusqu’ici simplement signalés et qu’il faudrait justifier explicitement.
Le principe heuristique selon lequel, dans la langue, tout a un sens et que l’appellation « mot vide » est abusive suppose l’hypothèse que le système linguistique fonctionne sur la relation « forme­sens ». Revendiquant le droit des unités qui paraissent le moins significatives, comme les prépositions à et de, à avoir une identité sémantique et étant tenue de le prouver, le cadrage théorique qui nous parait le plus adéquat à la résolution du problème que nous posons est celui du paradigme autonomiste de F. de Saussure, tel que présenté à travers le Cours de Linguistique générale, qui considère que la langue est un système de signes associant chacun une forme à un sens. Etant donné le postulat que la langue est arbitraire, qu’elle ne reflète donc ni le monde objectif ni la représentation mentale que l’on en a, on ne peut pas dire « vide » un morphème qui ne renvoie pas à une réalité objective ou conceptuelle car chaque unité tire en fait son identité de sa relation aux autres parties du tout qu’est la langue.

Première conséquence méthodologique

L’optique d’une langue vue comme autonome, où toute unité est dotée d’un signifié défini par ses différences avec tous les autres signes au sein du système, engage une certaine démarche méthodologique : l’observation des formes dans leurs diverses combinaisons linguistiques, distributionnelles et syntaxiques, dont l’interprétation doit pouvoir conduire à une hypothèse sur leur identité sémantique. De plus, si la langue est semblable à un système mécanique, où tout se tient, on peut penser que ce n’est pas par hasard que tel verbe est employé avec telle préposition dans telle acception (de la même façon que, dans un moteur, telle pièce s’emboite ou fonctionne avec telle pièce plutôt que telle autre). D’où notre hypothèse qui consiste à dire que la préposition possède une identité fondamentale qui fait qu’elle est choisie par le verbe avec lequel elle se construit, en l’une des acceptions de ce dernier afin de véhiculer un certain sens, et que réciproquement, l’ensemble ainsi formé détermine la distribution du complément syntaxique de la préposition. Le point méthodologique crucial qui découle du postulat saussurien est que la langue doit être décrite à partir d’elle­même, c’est­à­dire à partir du comportement des unités qui la constituent : le recours au monde réel ou à celui de la pensée ne peut pas servir de point de départ pour décrire la langue et rendre compte de son fonctionnement.

Deuxième conséquence méthodologique

La démarche de notre recherche s’appuie également sur le postulat saussurien selon lequel, dans un état de langue, tout repose sur les rapports. En effet, dans le discours, les mots s’enchaînent, les rapports se fondent sur le caractère linéaire et les mots se rangent l’un à la suite de l’autre sur la chaine de la parole. Ces combinaisons forment ce que Saussure appelle le syntagme, formé de deux ou de plusieurs unités consécutives (Il fait beau temps, nous sortirons). « Placé dans un syntagme, le terme n’acquiert sa valeur que parce qu’il est opposé à ce qui précède, ou à ce qui suit, ou à tous les deux » (CLG : 171).C’est dans cette optique saussurienne que nous envisageons d’identifier la valeur de la préposition « in praesentia » avec les éléments qui la précèdent ou qui la suivent, ou plus exactement, en relation avec le verbe qui la précède et le complément qui la suit. Le deuxième type de rapport que Saussure établit entre les signes est un rapport «associatif » qui associe des termes « in absentia » dans une série « mnémonique et virtuelle ». Nous reprenons comme exemple le mot enseignement, cité par Saussure, qui fait surgir inconsciemment, selon ce deuxième rapport de type paradigmatique, les mots enseigner et renseigner. Dans cette perspective, nous envisagerons de tester, ne serait­ ce que par association mentale intuitive ou par l’usage de la langue, les possibilités ou les impossibilités de l’alternance de la préposition à avec d’autres prépositions employées avec le même verbe, pour étudier les valeurs sémantiques de cette variation et ses fonctionnements syntaxiques, en rapprochant les prépositions qui nous semblent avoir quelque chose en commun(en restant dans le paradigme des prépositions).
Cette méthodologie a été illustrée par excellence dans le cadre du structuralisme du 20ème siècle par la théorie distributionnelle de Harris S.Z.14. L’observation consiste en l’observation des formes (lesquelles sont matérialisables tandis que le sens ne l’est pas, sinon à travers les occurrences et combinatoires des formes), en n’utilisant le sens que comme recours incontournable dans l’observation, puisque, par définition, le signe linguistique associe indissociablement un signifié (identité sémantique) et un signifiant (une forme qui véhicule un signifié). Dans ce contexte, le sens est construit par hypothèse, au fur et à mesure que l’on est capable d’interpréter ce que révèle l’observation des formes. Ainsi, l’énoncé ma fortune tient dans quelques sous présente une distribution qui établit une égalité entre deux constituants (ma fortune = quelques sous) qui oblige à reconsidérer la définition de dans comme introduisant la notion d’intériorité ou de contenant.
L’identité d’une occurrence donnée est saisie à partir des contraintes qui atteignent les « co­occurrences », en ce sens que « les éléments sont caractérisés par l’observation de leurs distributions et des relations instituables entre ces distributions »15 , mais les résultats de cette observation sont tributaires de ce que Harris appelle « l’acceptabilité », ou « la probabilité » ou « vraisemblance de co­occurrence ». Le sens est donc présent dans les grammaires harrisiennes non pas comme un principe présidant à l’organisation des formes mais comme son résultat : pour pouvoir parler de sens, dans ce cadre, il faut décrire les distributions des mots, c’est­à­dire les relations (formelles) qui existent entre eux dans une phrase. Ainsi, le mot « abaca » pris au hasard dans une première page de dictionnaire peut ne pas avoir de sens pour nous, mais lorsqu’il figure dans des distributions telles que, « l’abaca pousse aux Philippines» ou « le fruit de l’abaca n’est pas comestible », le contexte permet de deviner que l’abaca est un nom d’arbre. En même temps, l’accès au sens suppose un certain savoir linguistique puisqu’on ne peut pas dire de n’importe quelle personne ou n’importe quelle chose qu’elle est ou pas comestible. C’est ce qui permet de dire que les mots de la langue ne sont pas « équiprobables » et c’est justement cette « non­ équiprobabilité » qui constitue l’identité sémantique d’un mot.
Le sens » (ou l’information) ne peut être appréhendé qu’à travers l’observation des formes. La tâche du linguiste consiste donc à chercher de «l’information » à partir des formes observables et manipulables, à saisir, à partir d’une distribution linguistique particulière, l’acceptabilité ou l’inacceptabilité des énoncés. Notre entreprise consistera au cours de ce travail de recherche à justifier cette corrélation, dans le cas de la préposition figurant dans la complémentation verbale par opposition à d’autres prépositions qui entrent en concurrence avec elle à la suite du même verbe pour donner une « information » différente à partir d’une forme différente. Cette idée a été développée et expliquée par P. Cadiot16 à travers l’analyse d’un corpus varié portant sur l’alternance de la préposition à avec de et avec qui constitue un point de départ pour expliquer l’alternance de la préposition à avec de dans le cas de la complémentation verbale.
Le sens est donc construit (par hypothèse) à partir des formes, c’est­à­dire à partir d’une distribution. Par conséquent, trouver le signifié d’une unité grammaticale comme la préposition à n’est possible qu’à partir de l’observation des possibilités et des contraintes distributionnelles et syntaxiques (les formes).

Troisième conséquence méthodologique

La première intuition qui nous est parvenue au début de notre recherche sur le sens de la préposition, était de recourir à son sens étymologique, non seulement parce que tous les mots de la langue ont une origine et que nous pensions qu’il était important de connaître la genèse d’un mot, surtout lorsque nous nous proposons de faire une recherche sur ce mot, mais aussi parce que la préposition en particulier est un morphème né suite au processus de grammaticalisation, selon les apports de la linguistique diachronique liée à une approche cognitiviste de la langue ; cependant, dans la mesure où celle­ci traduit, à travers les prépositions spatiales notamment, la perception de l’espace par l’homme, ce qui ne correspond pas à notre paradigme autonomiste de référence, qui considère que la langue a un fonctionnement interne et que ce n’est pas en partant du monde objectif ni de la représentation que l’on s’en fait que l’on peut le saisir : Saussure appelle à considérer ce fonctionnement loin de tout facteur externe ou historique et, donc, de le considérer en synchronie du fait que « la langue est un système de pures valeurs que rien ne détermine en dehors de l’état momentané de termes » (CLG : 116) , même si la langue est présentée comme ayant une vie. Nous notons qu’il convient ici de circonscrire le terme «vie » car il ne correspond pas au sens courant du terme (la vie par opposition à la mort). Saussure veut dire en attribuant une vie à la langue qu’elle évolue « sous l’influence de tous les agents qui peuvent atteindre soit les sons soit les sens » (CLG :111). « Cette évolution est fatale, il n’y a pas d’exemple d’une langue qui y résiste ». Dans Les théories du langage : une introduction critique, Jean­Paul Bronckart rappelle que les changements consistent en une répartition nouvelle des unités, ce ne sont pas les sons qui se modifient mais les réseaux d’analogie et d’opposition qui font d’un son une unité significative » (Bronckart : 1977).
L’analyse de la vie de la langue concerne la linguistique diachronique, que nous n’allons pas prendre en considération dans notre analyse puisque le sens et l’identité de la préposition sont approchés dans sa relation avec les éléments qui l’entourent à un moment donné, c’est­à­dire en synchronie. Cela étant, le recours à l’étymologie peut constituer une manière de vérifier si le sens d’origine subsiste dans un emploi actuel, voire apporter un éclairage sur un usage contemporain, sans pour autant relever de l’application de la théorie de la grammaticalisation ni trahir la démarche structuraliste.

Quatrième conséquence méthodologique

Dans sa distinction entre la langue et la parole, Saussure affirme que la première « n’est qu’une fonction du sujet parlant, elle est le produit que l’individu enregistre passivement ». La deuxième est « au contraire un acte individuel de volonté et d’intelligence, dans lequel il convient de distinguer les combinaisons » (CLG : 30).
Cette approche de Saussure qui choisit donc d’écarter le sujet parlant pour délimiter un objet scientifique valable (en l’occurrence celui de la linguistique) pose un problème pour d’autres théories linguistique qui considèrent que le sujet parlant intervient toujours d’une manière ou d’une autre, en particulier la Théorie culiolienne des Opérations Prédicatives et Énonciatives (« TOPE »), sur laquelle nous allons revenir, qui, en même temps qu’elle se rapproche sur certains points de Saussure, conteste l’autonomie de la langue par rapport à la parole. D’un autre côté, l’approche structuraliste, avec ses principes fondamentaux comme l’arbitraire du signe et l’autonomie de la langue par rapport à la pensée, a fortement été contestée et critiquée par la linguistique cognitiviste qui plaide pour un rapport entre la pensée et la langue dans lequel la première précède la deuxième.
De fait, nous allons a priori écarter les théories qui s’appuient sur un postulat d’ordre « cognitiviste », selon lequel la langue reflète des représentations de la communauté humaine qui la parle. Dans l’optique de C. Vandeloise, par exemple, qui travaille sur les prépositions spatiales, ces représentations s’appuient sur une prise en compte de la fonction que nos connaissances et conceptions culturelles attribuent aux entités localisées les unes par rapport aux autres. Par exemple, la préposition dans est définie comme situant un objet (dit « la cible ») par rapport à un autre (appelé « site ») de telle sorte que le site contraint la position de la cible : si l’on peut dire par exemple que La fleur est dans le vase, alors que, objectivement, seule une partie de sa tige s’y trouve, c’est parce que dans instaure un rapport de dépendance de l’ensemble « tige + fleur » relativement au vase qui contient et maintient en même temps la tige, ce qui conditionne la position du tout. Le rapport établi n’est donc pas purement spatial : la préposition y ajoute la fonction du site exercée sur la cible telle que nous pouvons la percevoir ou l’interpréter. Ces propositions sont extrêmement innovantes, stimulantes et convaincantes, mais ne peuvent servir de point d’appui à notre propre recherche dans la mesure où la préposition qui nous intéresse n’y est pas traitée – quoique à soit aussi susceptible, si l’on en croit les dictionnaires, d’indiquer diverses relations spatiales, de même que en ou de.
Par ailleurs, sur le plan plus proprement théorique, il nous semble que, pour démontrer que la langue est l’écho des processus cognitifs qui nous permettent de nous représenter le monde objectif, il faudrait la comparer à ces derniers établis indépendamment. Or c’est le contraire qui se produit : en fait, c’est son analyse des énoncés possibles et impossibles qui conduit Vandeloise à proposer une hypothèse sur une manière de voir les choses » qui, certes, correspond aux faits de langue dont il est parti, mais dont rien n’assure qu’il s’agit bien des modalités de fonctionnement de l’esprit humain, lequel est pourtant posé comme la base de l’organisation linguistique (voir à ce propos D. Leeman 1998 dans Verbum).
Si nous n’adoptons pas cette optique théorique, le travail de C. Vandeloise n’en apporte pas moins beaucoup, empiriquement, en matière de description des possibilités et impossibilités distributionnelles de prépositions spatiales, et constitue par conséquent une source précieuse de données en matière d’analyse sémantique des emplois constituant le corpus.

Compléments théoriques et méthodologiques pris en compte

Sans être assimilables à notre choix théorique ni, donc, à la démarche méthodologique qui en ressort, d’autres cadres théorico­méthodologiques sont proches de nos propres options et ont produit des descriptions et résultats susceptibles d’être utilisés dans notre recherche.

Le cadre théorique et méthodologique de la « TOPE »

La description d’une langue à considérer comme un système autonome, à décrire à travers ce qu’il révèle lui­même de son fonctionnement, préside également aux travaux initiés par la théorie « TOPE » d’Antoine Culioli (« théorie des opérations prédicatives et énonciatives ») qui, a en quelque sorte, éveillé notre intérêt pour la réflexion sur les prépositions.
A la suite d’A. Culioli, J.­J. Franckel et D. Paillard procèdent à une analyse très minutieuse des énoncés formant leur corpus en glosant le rapport établi dans une distribution donnée (tirer un lapin n’équivaut pas à tirer sur un lapin) à partir de laquelleon peut tirer des hypothèses sur le rôle de sur. Leur méthode consiste à commenter le rôle que la préposition joue dans ses distributions (l’interprétation qu’elle confère à son co­texte), quelle valeur elle assigne aux constituants qui la précèdent et qui la suivent, et d’en tirer un invariant, c’est­à­dire une identité propre que l’on retrouve sous l’ensemble de ses emplois. Cet invariant est sténographié par une « forme schématique », une sorte de formule abstraite qui modélise l’ensemble des observations empiriques.
Nous adopterons de même une analyse distributionnelle puisque la préposition est difficilement analysable en termes de référent, comme cela peut­être le cas pour le nom : D. Leeman17 explique ainsi que la valeur de la préposition (la valeur qu’est la préposition, si l’on suit Saussure), ne peut s’appréhender qu’à travers les relations paradigmatiques et syntagmatiques observables en discours. « Elle se définit par une forme d’objectivité différente de celle du monde physique ou du monde des représentations » (Rastier 1993 : 179). D. Leeman entend par « représentation » le concept en tant qu’image indépendante de la langue. Cette analyse ne repose ni sur une corrélation avec le monde objectif ni par référence à des représentations humaines, mais sur le « co­texte ».
Le co­texte », pour nous, sera établi par les termes que la préposition met en relation. C’est dans ce sens que notre démarche s’accorde avec celle de J.­J. Franckel et D. Paillard, même si le cadre théorique et les modalités d’analyse restent différents. L’hypothèse centrale sur laquelle se fonde notre recherche est que la préposition a une identité, ce qui « signifie que celle­ci est à l’œuvre dans tous les emplois y compris dans les constructions SV prép SN, qui font le plus souvent l’objet d’une étude dissociée »18. Comme les tenants de la TOPE, et contrairement à des analyses qui confèrent à la préposition un rôle purement fonctionnel, c’est­à­dire ayant trait uniquement à la bonne formation syntaxique mais sans incidence sémantique, notre hypothèse dans le cadre saussurien est que la préposition n’est pas désémantisée. Par exemple, selon nous (comme selon les tenants de la TOPE), la sémantique de dans joue, selon des modalités différentes, tout autant dans les fleurs dans le vase et j’arrive dans une heure. Le défi est donc de rechercher une identité qui, pour valoir dans tous les emplois observables, ne peut être appréhendée qu’à travers la variété des valeurs qu’illustrent les interactions des termes que la préposition met en relation, ce qui suppose de dégager la part respective de la préposition et de son « co­texte » (son entourage) dans la production du sens afin d’éviter d’attribuer à l’une ce qui revient à l’autre, le danger étant que « les traits que l’on est aussi conduit à attribuer à une préposition sont en réalité le produit des diverses interactions susceptibles de s’établir entre cette préposition et les termes qu’elle met en relation »19. C’est pourquoi, pour les constructivistes appartenant à l’espace théorique d’A.Culioli, la formulation de l’identité de la préposition implique un travail d’abstraction qui se fonde, d’une part, sur des observations minutieuses et un raisonnement que les auteurs cherchent rendre reproductible, et d’autre part, sur la formulation d’un principe organisateur rendant compte des relations instituées par la préposition avec les autres termes de l’interaction, la « forme schématique ». Dans cette optique, la spatialité ne peut­être tenue comme une valeur propre ou centrale de la préposition, même en ce qui concerne les prépositions reconnues comme renvoyant à l’espace, comme sur. Franckel et Paillard reconnaissent la validité des remarques de Vandeloise en ce qui concerne les emplois spatiaux de cette préposition, mais même dans ce domaine, lorsque N est un nom de ville, la construction avec sur est en concurrence avec la préposition à : il pleut sur Brest, il pleut à Brest, avec une nuance sémantique : avec à, on a une simple localisation du sujet ou de l’évènement par la ville alors qu’avec sur, la relation est plus difficile à définir, variant en fonction du verbe et ne se réduisant pas à une simple localisation du sujet ou de l’évènement. De même faudrait­il expliquer pourquoi dans une autre valeur de sur catégorisée comme spatiale, l’emploi de sur est associé à l’idée de l’agression : marcher sur Rome.
Mais la position principale que nous partageons avec les auteurs est de savoir comment distinguer pour une valeur donnée ce qui est du ressort de la préposition elle­ même et ce qui tient à d’autres éléments de la relation, qu’il s’agisse du verbe ou du N qu’elle introduit » (Franckel & Paillard, op. cit. 73).
En ce qui concerne le « zonage », il s’agit de rendre compte du fait que « chacune de ces prépositions structure et « divise » à sa façon le domaine sur lequel elle configure une zone particulière ». Les prépositions de division associent à Y un domaine qu’elles divisent et configurent. X est mis en relation non pas avec Y mais avec la zone que chaque préposition distingue. Les déterminations que reçoit X à travers cette mise en relation sont fondées sur l’altérité qui caractérise ces zones pour chaque configuration. L’identité de la préposition se donne comme une configuration spécifique de zonage d’un domaine qu’elle associe à Y, sachant que « chaque valeur est le produit d’une interaction de cette préposition avec les termes qu’elle met en relation » (Franckel & Paillard, op. cit. 21).
La forme schématique a donc pour fonction, selon les mêmes auteurs de prposer une « caractérisation de l’identité de l’unité permettant d’engager un travail raisonné de désintrication entre le rôle propre de cette unité et celui des termes qu’elle met en relation (s’agissant d’une préposition), dans l’organisation des variations observables. On découvre que l’interaction de la prépositionavec son co­texte relève, pour une partie de ces variations, de principes réguliers » (op.cit : 13)
Dans la construction « SV Prép SN », la variation repose sur les différents modes d’intrication entre le verbe et le syntagme prépositionnel: il s’agit d’articuler dans cette construction la forme schématique de la préposition d’un côté, et celle du verbe de l’autre, mais en dépassant les distinctions classiques entre les compléments prépositionnels « circonstants » et les autres (compléments d’objet, attributs…) du fait que les critères de distinction n’en sont pas homogènes20. Certains relèvent d’une co­ prédication comme dans l’exemple Les pêcheurs ont tiré la barque sur la plage (pour la mettre au sec), où le syntagme prépositionnel se comporte comme une expansion : il reprend le complément direct du verbe pour en faire l’objet d’une co­prédication effectuée par la préposition. Mais en fait Tirer la barque sur la plage peut faire l’objet d’une double interprétation : ou bien la barque est extraite de l’eau pour être menée au sec (selon l’interprétation précédente), ou bien la barque est déplacée, sur la plage, d’un endroit à un autre (il n’y a pas de passage du mouillé au sec),et il est difficile d’établir, pour séparer les deux interprétations, des critères opératoires entre le complément prépositionnel argumental (le sens est que « la barque n’est pas sur la plage et y arrive » : sur la plage n’est pas supprimable) et l’ajout prépositionnel circonstant (le sens est que « la barque est déplacée, cela se passant sur la plage :la spécification spatiale n’est pas obligatoire, sa suppression ne change pas l’interprétation).
La « FS » met en jeu des paramètres sémantiques abstraits, en ce sens qu’ils se situent en deçà d’une assignation lexicale et sont susceptibles de faire l’objet de multiples spécifications »21. La première difficulté pour nous, qui justifie que la présente recherche ne se situe pas dans ce cadre théorique, se trouve précisément dans cette démarche d’abstraction, qui suppose la capacité, de la part du chercheur, de prendre une distance considérable par rapport aux données qu’il a eu à observer, manipuler, organiser, interpréter22.
Ces unités mises en jeu par la FS ne sont pas stables au niveau de la structuration syntaxique puisque l’unité lexicale instanciant l’un des paramètres de la FS peut avoir des fonctions syntaxiques qui varient selon le cas : les paramètres de la FS ne dépendent pas des arguments et de la structure syntaxique du verbe, en ce sens qu’un même argument peut avoir des statuts différents par rapport à la FS. Mais, si l’on suit le principe qui nous paraît consubstantiel à la théorie saussurienne, qui avance que le système de la langue fonctionne selon un équilibre entre les unités de façon telle que chacune possède une identité qui la distingue de toutes les autres, il paraît difficile d’adopter une démarche (qui semble a priori contradictoire avec notre choix initial) admettant au contraire une indépendance du niveau formel (syntaxique) et du niveau sémantique (tel que défini par la FS). En somme, l’analyse en termes de forme schématique est une tentative de dépasser la distinction traditionnelle établie entre les positions syntaxiques et les rôles sémantiques, en particulier entre les ajouts (circonstants) et les compléments (acteurs fondamentaux de l’identité du verbe), mais la solution consistant à dissocier la fonction syntaxique et la fonction sémantique contredit à nos yeux la logique de la théorie saussurienne dont nous nous réclamons. C’est pourquoi nous n’adopterons pas la théorie de la « TOPE ».
Il n’en reste pas moins que nous nous accordons sur plusieurs principes fondamentaux de la théorie des opérations énonciatives, en particulier celui qui énonce que le sens n’est pas préétabli mais construit à partir des formes linguistiques elles­ mêmes, et à partir de l’interaction des éléments qui se trouvent dans l’environnement de la préposition. Cela implique méthodologiquement que l’observation consiste à prendre en considération le co­texte et donc, dans le cas qui nous concerne, la distribution d’un élément.

L’hypothèse de M. Prandi

Notre hypothèse préalable selon laquelle la préposition, tête du complément verbal, est à la fois tributaire du verbe qu’elle complète, avec lequel elle doit être en affinité sémantique, et le SN qui la suit, avec lequel en retour elle agit sur l’interprétation du verbe, s’appuie sur cette observation de Michele Prandi, qui parle à ce propos de « mouvement oscillatoire » : « Ce mouvement oscillatoire de la préposition entre la sphère du verbe et la sphère du nom peut aller jusqu’à produire une véritable ambigüité fonctionnelle : l’accessibilité d’une même expression prépositionnelle à deux lectures concurrentes : sa lecture comme complément ou comme circonstanciel »23. Nous trouvons ainsi, le problème de la limite entre les deux types de constituants prépositionnels (le complément, argumental, et le circonstant, ajout accessoire). En effet, la question de savoir si le GP est argumental ou circonstanciel relève aussi de sa distribution en ce sens que celle­ci impose une corrélation entre le sens et la forme.
L’hypothèse de M. Prandi est que « même si le verbe n’impose pas la spécification syntaxique de tous ses compléments, il en contrôle, s’ils sont spécifiés, la forme, c’est­à­ dire la préposition introductrice » (Prandi, op. cit. : 57) » . Autrement dit, le choix de la préposition est déterminé par le verbe, que le GP soit complément ou ajout. En en effet, les circonstants d’ordre temporel, par exemple, dépendent en partie de l’aspect du verbe. Ainsi, travailler étant « imperfectif », s’accommode d’une précision introduite par pendant mais non par en24 : Il a travaillé pendant deux heures / * Il a travaillé en deux heures.
Pour rendre compte de la relation privilégiée entre le verbe et la préposition tête du GP, Prandi recourt à la notion de « contrôle », qui provient de la grammaire générative, où elle est employée habituellement dans l’analyse syntaxique pour décrire notamment le sujet zéro de l’infinitif : on peut décrire le contrôle comme une relation de coréférence entre deux actants, qui permet d’utiliser l’infinitif au niveau syntagmatique sans 1er actant de celui­ci, son interprétation étant assurée grâce au contrôle, ce dernier faisant partie de la structure prédicative et des contraintes syntaxiques associées au verbe »25.
Dans l’énoncé Claire sait le jouer, le sujet pronominal sous­entendu de jouer exige un antécédent pour être interprété. C’est ici le sujet du verbe principal (Claire) qui constitue cet antécédent, et qui contrôle le sujet zéro de l’infinitif jouer.
La notion de contrôle est également employée dans la perspective macro­ syntaxique pour désigner la co­référence entre deux signes linguistiques placés dans deux clauses différentes, dans le cadre notamment d’une relation anaphorique. Ainsi, dans Caroline ne joue pas en mesure, elle retarde la répétition, le nom Caroline introduit dans l’énoncé un référent contrôlé par le pronom elle, c’est­à­dire qu’il en est référentiellement dépendant »26.C’est selon le même processus que le sens et le choix de la préposition sont, pour cet auteur, sous la contrainte du verbe, c’est­ à ­dire que, de même que l’infinitif et le pronom (il, elle…) contiennent, dans leur définition syntactico­sémantique, un trait de dépendance relativement à un co­texte (le sujet de l’infinitif s’interprète comme le même que celui du verbe conjugué / le référent du pronom s’interprète comme le même que celui d’un nom antécédent), de même l’occurrence de telle préposition comme tête d’un complément verbal implique le verbe : c’est le verbe qui détermine son choix et qui permet d’interpréter son sens. Autrement dit, un parallélisme est établi entre la situation classique du « contrôle » et celle de l’association du verbe aux prépositions introduisant ses compléments : ainsi, l’interprétation du sujet de l’infinitif dépend du verbe introducteur, c’est­ à ­dire que, dans Caroline sait le jouer, l’interprétation est que le sujet de sait est aussi celui de jouer, alors que dans Caroline l’entend jouer, l’interprétation est que le sujet de entend n’est pas celui de jouer. Par conséquent, c’est le verbe introducteur (savoir ou entendre) qui conditionne l’interprétation du sujet de l’infinitif. On peut établir un parallélisme avec le complément prépositionnel en ceci que, dans ce cas aussi, c’est le verbe qui conditionne (1) le type de complément (GN ou GP par exemple : imaginer quelque chose mais penser à quelque chose), et (2) la préposition introduisant ce(s) complément(s) indirect(s) : aller à mais provenir de, et non * aller de ni * provenir à).

Table des matières

INTRODUCTION: Problématique, hypothèse, cadre théorique, démarche méthodologique 
1. Situation de la problématique
2. Hypothèse de résolution
2.1. La recherche dans son aspect formel (syntaxique)
2.2. La recherche dans son aspect sémantique
3. Justification du choix du cadre théorique : implications méthodologiques
3.1. Première conséquence méthodologique
3.2. Deuxième conséquence méthodologique
3.3.Troisième conséquence méthodologique
3.4. Quatrième conséquence méthodologique
4. Compléments théoriques et méthodologiques pris en compte
4.1. Le cadre théorique et méthodologique de la « TOPE »
4.2. L’hypothèse de M. Prandi
Synthèse
PREMIERE PARTIE La recherche dans son aspect formel (syntaxique) 
Introduction
Chapitre I : Etat des lieux des théories classiques et mise au point d’une stratégie de recherche
I.1. Des frontières floues
I.1.1. La grammaire classique
I.1.2. L’apport du structuralisme
I.1.3. Une question qui cependant reste irrésolue
I.1.4. La propriété « suppression »
I.1.5. La propriété « déplacement »
I.1.6. La propriété « pronominalisation »
I.2. Conséquences méthodologiques de ces difficultés
I.3. La démarche adoptée pour la recherche
Chapitre II : L’état contemporain de l’analyse : constituants (complément, ajout) et incidents
Introduction
II.1. Première opposition : argument vs ajout (complément vs modifieur)
II.1.1. L’argument /complément
II.1.2.L’ajout / modifieur
II.1.3.Les propriétés des constituants de la phrase
II.2. Deuxième opposition : incident vs constituant.
II.3. Les propriétés des arguments compléments de verbe (C.O.D / C.O.I)
II.3.1. Les difficultés soulevées
a. La suppression
b. La pronominalisation
c. Le déplacement
II.3.2. Les résultats des tests présentés par B. Lavieu
Chapitre III : Les différents types syntaxiques des GP régis
III.1. La complémentation en à dans une structure simple
III.1.1. SN1 Verbe à SN2
III.1.1.1.Le lien entre le verbe et le complément est très fort
III.1.1.2. Le complément ne fait qu’actualiser un trait déjà présent dans le sens du verbe ou dans le cotexte
III.1.1.3. GP dont la suppression aboutit à un emploi différent du verbe
III.1.1.4. GP compléments de verbes connaissant l’emploi dit « absolu »
III.1.1.5.Le bilan des tests appliqués sur la structure simple
III.1.1.6. « Les actants circonstants »
III.1.2. SN1 Verbe à infinitif
III.1.2.1.L’infinitif combiné avec un semiauxiliaire
III.1.2.2.L’infinitif complément du verbe
III.1.2.3. Synthèse (infinitif en à)
III.2.Structures à double complémentation
III.2.1. SN1 verbe SN2 à SN3
III.2.1.1. à SN3 datif
III.2.1.2.La structure SN1 V SN2 à SN3 n’introduisant pas un datif
III.2.1.3.Bilan des tests
III.2.2. La structure SN1 V SN2 à Infinitif
a. La suppression
b. La pronominalisation
c. La mobilité
III.2.3. L’alternance de à et de dans la structure contenant un infinitif
III.2.3.1. Le Classement syntaxique des GP alternant à et de et le degré du lien avec le verbe.
III.2.3.2.Le classement syntaxique des verbes alternant à et de
III.2.3.3.L’application des tests et le rapport du verbe avec le complément.
III.2.3.4. Bilan des tests et évaluation critique
Conclusion
Chapitre IV : Constitution d’un corpus pour tester nos propositions
Introduction
IV. 1.Notre corpus est extrait du dictionnaire Les Verbes français
IV.1.1. Justification du choix du corpus
IV.1.2. Le classement des verbes par opérateurs
IV.1.3. Notre utilisation de cette base de données
IV.1.3.1. L’opérateur dat (donner qc, qn à)
IV.1.3.2. Opérateur dic (communiquer qc, que)
IV.1.3.3. Opérateur ger (diriger qc ou qn)
IV.1.3.4. Opérateur ger mens (diriger qc ou qn)
IV.1.3.5. Opérateur ict (donner un coup)
IV.1.3.6. Opérateur f. ire (faire aller qp)
IV.1.3.7. Opérateur mand (indique une demande)
IV.2. Mise au point du corpus faisant l’objet du test de nos hypothèses et vérification de ces hypothèses sur les opérateurs sélectionnés
Conclusion
IV.2.2.Le corpus retenu pour la vérification de l’hypothèse sémantique
Deuxième Partie La recherche dans son aspect sémantique : la relation entre le verbe et la préposition .
Chapitre I : L’identité sémantique de la préposition à : état des lieux
Introduction
I.1 Le point de vue de la grammaire classique sur l’identité sémantique de la préposition
I.2.Le point de vue des linguistes
I.2.1 L’apport du structuralisme
I.2.2 Le point de vue de G. Guillaume
I.2.3. Pottier B. (1992a) Sémantique générale, Paris, PUF & (1992b)
Théorie et analyse en linguistique, Paris, Hachette – deuxième édition revue et corrigée.
I.2.4. La perspective cognitiviste contemporaine
I.24.1. L’hypothèse de P. Cadiot (1993) sur l’alternance des deux prépositions devant un infinitif : une orientation vers le sujet (à) vs une orientation neutre (de).
I.2..4 2. Le chapitre 3 dans l’ouvrage de 1997 : « Dix thèses sur l’alternance à vs de en contexte verbal »
I.2.4.3. « Le datif de pertinence » : construction dative (à) / construction possessive (de)
Chapitre II : Le GP est un infinitif introduit par à
Introduction
II.1. Passage d’une situation A à une situation B
II.1.1. Le mouvement d’approche ou mouvement prospectif
II.1.2. La volonté du sujet
II.1.3. La destination
II.1.4. L’expression de l’intensité
II. 1.5. Le mouvement d’approche n’est pas explicite dans le sens du verbe
II.2. Le recours à l’outil distributionnel : la nominalisation
II.2.1. Le test de nominalisation
II.2.1.1. L’hypothèse que cherche à vérifier la nominalisation.
II.2.1.2. Le test du corpus où le GP = à+infinitif
II.2.2. Le test de télicité
II.3.Conclusion sur le corpus rassemblant les compléments de verbes de la forme à + infinitif
Chapitre III : Le GP est un datif
III.1. Rappel des paramètres définitoires du datif
III.1.1. Le datif défini par Christian Leclère : le datif lexical / le datif étendu
III.2. Le datif dans LVF.
III.2.1. La sélection des opérateurs contenant un datif.
III.2.2. Datif lexical et datif étendu dans LVF
III.2.3. Conclusion sur le datif lexical vs datif étendu
Chapitre IV : Limites de la recherche précédente et remédiation apportée à l’insuffisance des paramètres définitoires antérieurement pris en compte.
Introduction : rappel des chapitres précédents et problèmes posés
IV. 2. Justification de l’intégration au datif par d’autres tests
IV.2.1. Le test proposé par Boons
IV.2.1.1. L’application du test de Boons sur les emplois reconnus en tant que datifs
IV.2.1.2.Application du test de Boons sur quelques exemples extraits de LVF, employés par MarquePucheu
IV.2.1.3. L’application du test de Boons sur des exemples contenant des verbes appartenant à d’autres classes et l’hypothèse du daif.
IV.2.2. Le test d’Anscombre et Ducrot
IV.2.2.1. Présentation du test.
IV.2.2.2. Application sur les exemples de LVF retenus en tant que datifs.
IV.2.2.3. Application du test d’Anscombre et Ducrot aux exemples extraits de LVF cités par MarquePucheu ( op.cit)
IV.3. Conclusion des tests
Conclusion générale 
I. Apport de la partie formelle
I.1 Les structures à un complément indirect
I.2. Les constructions à deux compléments
II. L’identité sémantique de la préposition à
III. L’apport de la partie sémantique de la thèse
IV. Les limites de la recherche
Glossaire
Références bibliographiques
OUVRAGES
ARTICLES
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