L’exploitation des ressources forestières et hydriques

L’exploitation des ressources forestières et hydriques

La mise en valeur des ressources végétales et hydriques est tributaire de la disponibilité de ces ressources naturelles. Il s’agit ici de montrer la manière dont les populations exploitent ces ressources et leur utilisation.

Exploitation des ressources forestières :

La ZTN dispose de deux formations végétales à savoir la forêt claire dominée par des espèces ligneuses et une savane arbustive composée essentiellement d’arbustes et d’herbacées. La production forestière est assez importante et les ressources végétales sont exploitées pour le bois, leurs fruits, leurs feuilles, leurs écorces et ou leurs racines. Ces dernières sont d’usages multiples au niveau du terroir des Terres Neuves. Elles participent largement à l’alimentation des êtres vivants (hommes et animaux) mais elles servent également de pharmacopée et à la fabrication de matériels utiles aux populations. L’exploitation des ressources végétales constitue un facteur clé pour l’élevage par la production de fourrage pour le bétail. Pour l’alimentation des animaux surtout en hivernage, c’est la strate herbacée qui est essentiellement utilisée par les animaux. Pendant la saison sèche, période de soudure, nous assistons à des coupes de branches des espèces ligneuses pour assurer les besoins alimentaires du bétail. Par contre le bois est utilisé comme bois d’énergie (bois de chauffe et charbon de bois) mais aussi comme bois d’œuvre et de construction.

Le bois pour la cuisine est tiré des forêts des différents terroirs villageois. Ce bois mort est utilisé à l’état brut sous forme de bois de chauffe ou transformé en produit intermédiaire : le charbon de bois. Ce bois de chauffe provient du bois mort ramassé dans les forêts du terroir par les femmes. Si ces dernières se limitent au ramassage du bois mort et ne procèdent pas à de coupes d’arbres, cela ne peut avoir de conséquences néfastes sur la végétation.

L’exploitation forestière en vue d’une production de charbon est une pratique très répandue dans cette partie du Sénégal Oriental. Auparavant, elle était le fait des peuls venus du Fouta Djallon mais actuellement, les autres ethnies s’adonnent à une telle pratique. Plus 94 % des ménages enquêtés ont jugé nécessaire de produire du charbon de bois parce que cette activité joue un rôle primordial dans l’amélioration de leurs revenus familiaux. Cette activité consiste à couper du bois et l’amasser en tas puis l’incinérer pour donner du charbon de bois qui sera vendue en grande partie. En effet, l’exploitation de bois a entrainé des déboisements et des coupes massifs qui ont largement affecté l’état naturel des forêts du terroir. Cependant, si les peuls avaient, jadis, des permis d’exploitation et étaient soumis au contrôle des eaux et forêts, les autres ethnies comme les wolofs et les Socés s’adonnent à une exploitation frauduleuse. Par conséquent, il est très difficile de quantifier la production charbonnière dans la ZTN. Ce produit est utilisé par les populations pour faire le thé ou le café et dans de rares cas pour la préparation des repas.

Le bois d’œuvre et de construction :

L’homme a toujours utilisé la nature pour s’approvisionner en matériels de première nécessité. Il confectionne des mortiers ; des pilons ; des calebasses et tant d’autres outils à partir du bois. Ainsi, dans le terroir les mortiers et les calebasses sont fabriqués à partir du cordylla pinnata et les pilons à partir du Pterocarpus erinaceus. En plus de ces outils traditionnels, d’autres matériels sont produits tels que des lits, des petits abreuvoirs pour les animaux domestiques. En effet, la disponibilité du bois d’œuvre a entrainé le développement de la menuiserie ébéniste locale. Cette activité est soutenue par l’existence de scieries modernes dans les villages de Méréto et de Bamba Ndiayène. Ces forêts fournissent du bois d’œuvre nécessaire pour la fabrication du matériel de mobilier comme les lits modernes, chaises, tables, armoires etc. Cette production immobilière concerne particulièrement les espèces telles que Cordylla pinnata, Pterocarpus erinaceus.

La cueillette concerne surtout les produits forestiers non ligneux comme les fruits, les feuilles et les fleurs qui entrent dans la consommation. Pour Cordylla pinnata, ses fruits peuvent être cueillis prématurés, décortiqués et séchés. Ils sont destinés à la préparation des repas surtout le couscous. Quant au baobab, il est cueilli pour ses feuilles et ses fruits qui entre dans la consommation des populations locales. Les feuilles de baobab sont séché et transformés en poudre et servent de « lalo » pour le couscous, l’aliment de base des sérères. Alors que les fruits, appelés pain de singe servent à la préparation de jus. Avec une exploitation différente à celle du baobab, le sterculia setigera joue le même rôle que ce dernier pour les habitants de la ZTN. En plus de ces espèces cités ci-dessus il existe d’autres qui sont exploitées et consommées par les populations. Il s’agit Tamarindus indica (tamarinier), Detarium microcarpum (ditax), Diospuros mespiliformis (Alom), Ziziphus mauritania (Sidèm) etc.

Les contraintes liées à l’exploitation forestière :

L’exploitation forestière est soumise à un certain nombre de problèmes qui se résument comme suit : la diminution des formations végétales, la fréquence des feux de brousse, l’exploitation excessive des ressources végétales, le déboisement excessif et le manque de moyens de lutte contre les feux de brousse. La faible capacité des collectivités locales à jouer un rôle dans l’exploitation forestière est un réel problème dans la ZTN. Par exemple le conseil rural doit veiller à l’existence d’un plan d’aménagement forestier respecté pour tout massif forestier exploité. Il doit délibérer des permis de coupes à tout exploitant surtout les producteurs de charbon de bois. L’exploitation des eaux de surface se fait naturellement à partir de l’eau de pluie. Pendant la saison des pluies avec environ 56 marigots, le territoire des Terres Neuves dispose d’une quantité importante en eau de pluies. Ces dernières jouent un rôle très important pour les villages dépourvus de puits et de forage. Ils assurent l’abreuvement du bétail et la satisfaction de certains besoins domestiques comme le linge. Les populations affirment même qu’auparavant, le marigot Windy coucouthie était uniquement réservé à l’approvisionnement en eau des personnes. La durée de stockage de ces eaux dépend cependant, de la pluviométrie et des dimensions des mares. Dès la fin de l’hivernage, le niveau des marigots et des mares commence à baisser du fait de l’arrêt des précipitations, de l’évaporation intense mais aussi de leur forte utilisation par les populations. Les eaux de surfaces peuvent être également recueillies par les ménages à partir des toitures des maisons en zinc et conservées parfois jusqu’à la saison sèche. Dans le terroir, il n’existe aucune méthode de gestion et de protection des marigots et mares. Ce qui fait que ces eaux sont toujours soumises à la pollution et au gaspillage.

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