Caractérisation des pêcheries artisanales

Suivi, Contrôle et Surveillance

De nombreux ouvrages ont été écrits sur le SCS et plusieurs définitions et interprétations en ont été données; celles qui sont couramment utilisées par le personnel des pêches sont issues de la Consultation d’experts sur le suivi, le contrôle et la surveillance, tenue à Rome en 1981 et peuvent être résumées comme suit :
suivi – nécessité de mesurer en permanence les paramètres de l’effort de pêche et les rendements; contrôle – dispositions régissant l’exploitation des ressources; surveillance – observations requises, à différents niveaux, pour assurer le respect des règlements sur les activités halieutiques. Plus simplement, le SCS est le système qui permet de mettre en œuvre un plan ou une stratégie. Lorsqu’il s’applique à la gestion des pêches, le SCS consiste à mettre en œuvre les opérations nécessaires pour exécuter une politique et un programme convenus pour la gestion des pêches. Le SCS est souvent négligé dans l’aménagement des pêches, alors qu’il est la clé de la réussite de toute stratégie de planification. Tout programme d’aménagement des pêches qui ne prévoirait pas une stratégie et une méthode pour la mise en œuvre des opérations de suivi, de contrôle et de surveillance, serait incomplet.

Caractérisation des pêcheries artisanales à Mbour

Le secteur de la pêche artisanale à Mbour se caractérise par plusieurs éléments dont la flottille artisanale, les quantités débarquées et l’importance socio-économique qu’elle occupe.

Flottille artisanale

Le parc piroguier de Mbour se caractérise par les pirogues « locales » ou autochtones et les pirogues « saisonnières » ou étrangères à la commune voire au département.
L’ armement piroguier autochtone de Mbour est passé de 800 pirogues en 2013 pour se retrouver à 900 pirogues en 2014 et enfin 2000 pirogues en 2015 (SDPS/Mbour, 2016). Cela représente un immense effort de pêche exercée par la pêche artisanale sur la ressource halieutique. A cela s’ajoute l’armement piroguier saisonnier qui a connu une augmentation exponentielle passant de 80 pirogues en 2013 pour 300 pirogues en 2014 pour atteindre le seuil de 800 pirogues en 2015 (SDPS/Mbour, 2016).
L’armement subit des variations du nombre de pirogues en fonction des saisons de campagne mais le nombre retenu par les services de pêche l’estime à 2800 pirogues dans la commune de Mbour. Corrélativement, le nombre de pêcheurs de Mbour est estimé à 6512 (SDPS/Mbour, 2012), comprend naturellement les pêcheurs locaux et les étrangers qui s’y installent provisoirement le temps d’une campagne de pêche.

Engins de Pêche

Les engins de pêche les plus utilisés dans cette partie de la petite côte sont: la senne tournante: Les sennes sont des filets rectangulaires utilisés en surface pour encercler des bancs de poissons. Les sennes tournantes peuvent dépasser une longueur d’un kilomètre pour une hauteur de 100 à 200 mètres. Des flotteurs sont fixés sur la partie supérieure tandis que la partie inférieure est lestée. Une coulisse permet le boursage de la partie inférieure du filet.
les filets maillants: ce sont des filets constitués d’une nappe rectangulaire déployée verticalement dans l’eau. Des flotteurs sont fixés sur la partie supérieure. La partie inférieure est lestée pour maintenir les filets en position verticale. Le maillage de la nappe est adapté à l’espèce recherchée. En effet, le filet maillant piège le poisson en le retenant dans la maille au niveau des ouïes. Il sélectionne donc une gamme de tailles de poisson, laissant les trop petits s’échapper et repoussant les trop gros.
la ligne simple: c’est une ligne garnie d’un hameçon généralement appâté; la mise à l’eau peut se faire à partir d’une pirogue ancrée, dérivant ou en route aussi bien qu’à partir du rivage. La pêche à la ligne simple revient simplement à tenir une ligne à la main tout en attendant, soit activement soit passivement, qu’un poisson vienne mordre à l’appât.
la palangre: c’est un engin qui comprend une ligne principale sur laquelle sont attachés de place en place des avançons garnis d’hameçons appâtés. Cet engin de pêche peut donc être assimilé à une succession de lignes disposées à intervalles réguliers et mouillées pour quelques heures.
la turlutte: c’est un équipement de pêche composé d’un leurre et d’une couronne d’hameçons (panier).La turlutte est dédiée à la pêche aux céphalopodes, notamment les seiches et calmars. Dans sa forme la plus rustique, la turlutte est simplement composée d’un plomb (ou non), muni d’une couronne de pointes. Les turluttes peuvent imiter la forme de petits poissons ou de crevettes, être phosphorescentes ou lumineuses.
les casiers: ce sont des pièges appâtés pour la pêche de certaines espèces comme les crustacés et les mollusques dont la seiche à Mbour. Ils sont posés sur le fond marin, en zone rocheuse ou à leurs abords. L’animal que l’on veut capturer est attiré par un appât placé à l’intérieur du casier. Pour entrer, il trouve facilement l’ouverture car il y est guidé par l’entonnoir, mais une fois à l’intérieur, il lui est très difficile de retrouver la sortie.

Perception du rôle et de la place de la station côtière auprès des acteurs

Cette partie de notre étude aura pour objet de traiter les interactions existant entre la station côtière de Mbour et les acteurs du secteur de la pêche artisanale regroupés au sein du CLPA.
Il s’agit en effet d’évaluer le niveau de perception de la surveillance participative en analysant les différents contours permettant d’asseoir une véritable politique de surveillance participative, d’expliquer les enjeux, les faiblesses et les menaces de sa mise en œuvre d’une part et les suggestions d’amélioration d’autre part.

Enjeux de la surveillance participative locale

A titre de rappel, il est important de souligner que les premiers balbutiements de la surveillance participative datent de 1992 avec l’avènement des stations côtières. Ce concept a tardé à jouer pleinement son rôle du fait d’une insuffisance de cadres de travail adéquats pour le mettre en pratique. Il a fallu attendre la création des Conseils Locaux de Pêche Artisanale (CLPA) et des Comités Locaux de Pêcheurs (CLP) matérialisé par la participation des professionnels à la base à la gestion durable des ressources halieutiques . Cependant, la surveillance participative n’était pas encore effective dans la pratique car manquant de cadres techniques de collaboration avec le service de surveillance. La mise en place des commissions techniques dont la commission SCS au sein des CLPA a permis de mettre en place cette véritable collaboration dans le domaine de la surveillance de pêche artisanale.
De nos jours, la collaboration entre la station côtière et les pêcheurs se manifeste par la présence active des pêcheurs choisis au sein du CLPA lors des missions à terre et en mer.
En effet, à travers la surveillance participative, les acteurs du secteur vont participer à des missions régaliennes qui étaient destinés uniquement à la station côtière de Mbour.

Faiblesses de la surveillance participative locale

Les faiblesses liées à la surveillance participative existent aussi bien au niveau de la station côtière qu’au niveau des commissions SCS du CLPA.
Au niveau de la station côtière : Les principales faiblesses sont l’insuffisance des moyens affectés au fonctionnement de la station côtière. En effet, la station côtière connait un déficit en moyens humains et logistiques. Le personnel de la station côtière comprend :un militaire de la marine nationale, chef de la station et un observateur à bord. Aucun technicien des pêches ni inspecteur n’est affecté dans ce centre de surveillance secondaire qui gère l’activité de près de 2800 pirogues. L’insuffisance de l’effectif des agents des pêches qui accompagnent les surveillants pêcheurs est en nombre insuffisant (DPSP, 2013). Cela représente un handicap majeur pour une surveillance efficace.
A cela s’ajoute d’une part, l’insuffisance des moyens financiers pour effectuer les missions de terrain, la vétusté et l’insuffisance des moyens opérationnels de surveillance d’autre part. Au niveau du CLPA : la commission SCS au niveau des organes du CLPA est l’instance qui traite des questions de suivi, contrôle et surveillance des pêches et par conséquent la surveillance participative.
La faiblesse la plus importante demeure l’insuffisance d’un cadre juridique adapté à la surveillance participative et partant de la problématique du surveillant-pêcheur.

Propositions d’amélioration de la situation du statut du surveillant-pêcheur

Il s’agit d’un certain nombre de scenarii pouvant être envisagé en tenant compte du cadre juridique du Sénégal.
l’autonomisation des actions de surveillance par les pêcheurs artisans : Le principe est d’octroyer à des personnes issues de la communauté des pêcheurs des pouvoir de verbaliser et de dresser des procès-verbaux. En effet, il s’agit plus ou moins de légaliser certaines pratiques qui existent déjà sur le terrain. Le cas simple est celui du comité de vigilance et de sécurité de Fass Boye dissous avec l’arrivée de la station côtière de Fass Boye. « Le Comité de Vigilance et de Sécurité de Fass Boye a été efficace en atteignant ses objectifs qui étaient de maintenir les navires pratiquant la pêche industrielle hors de la zone de pêche artisanale. Cependant, les méthodes utilisées étaient si radicales que les armateurs se sont tournés vers la justice officielle pour se plaindre du harcèlement du comité.
C’est ainsi que ses activités ont été jugées illégales et arrêtées par le gouvernement. » les conséquences de l’arrêt des activités du Comité de Vigilance et de Sécurité n’ont pas tardé puisque: « L’efficacité de ces activités de surveillance contrôlées par le gouvernement a, selon les études de cas, été faible. Le poste de surveillance décentralisé ne fonctionne plus, à cause des problèmes opérationnels. Toujours confrontés à des problèmes d’incursion des navires pratiquant la pêche industrielle dans la zone côtière, quelques pêcheurs de Fass Boye voudraient remettre sur pied le Comité de Vigilance et de Sécurité (Lenselink, 2003) »
Par ailleurs, il va sans dire que cette option d’autoriser la prestation de serment n’est réservée qu’aux agents de l’Etat investi d’une mission de service public. Le code de la pêche maritime ne l’ayant pas prévu pour le surveillant- pêcheur.

Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE I: Synthèse bibliographique 
1.1. Définition des concepts
1.1.1. Suivi, Contrôle et Surveillance
1.1.2. Surveillance participative
1.2. Zone d’étude 
1.2.1. la station côtière de Mbour
1.3. Caractérisation des pêcheries artisanales à Mbour
1.3.1. Flottille artisanale
1.3.2. Engins de Pêche
1.3.3. Débarquements
1.3.4. Importance socio-économique
CHAPITRE II: MATERIEL ET METHODES 
2.1. Matériel
2.2. Méthodes d’étude
2.2.1. Recherche bibliographique
2.2.2. Enquêtes de terrain
2.2.3. Traitement des données
2.2.4. Limites et difficultés rencontrées
CHAPITRE III: RESULTATS 
3.1.Inspection et Contrôle 
3.2.Perception des acteurs par rapport à la station côtière de Mbour
CHAPITRE IV: DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS 
4.1. Discussion 
4.1.1. Inspection et contrôle
4.1.2. Perception du rôle et de la place de la station côtière auprès des acteurs
4.1.3. Propositions d’amélioration de la situation du statut du surveillant-pêcheur
4.2. Recommandations
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES 

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