Etude de la répartition bathymétrique du poulpe (Octopus vulgaris) dans la région du Cap-Blanc (Mauritanie)

Milieu physique

De l’embouchure du fleuve Sénégal à la pointe du Cap Blanc, le littoral mauritanien s’étend sur une façade maritime de 720 km. La Mauritanie dispose d’une Zone Economique Exclusive (ZEE) de 200 miles nautiques, dont la superficie s’étend sur 234 000 km². Le plateau continental est étendu sur une superficie de 39 000 km² . Selon Domain (1976), la topographie du littoral se présente comme suit : les rebords du plateau continental sont entaillés par de nombreux petits canyons qui ne facilitent pas le chalutage au niveau de la pente continentale. En plus, il décrit la morphologie des côtes selon un schéma qui dit qu’à partir du Cap Blanc la côte change d’orientation et prend une direction sud nord. Elle limite à l’ouest la baie du Lévrier. Ensuite, le littoral contourne la zone du Banc d’Arguin d’un arc de cercle ouvert vers le sud ouest. La partie sud vers le Cap Timiris est basse et marécageuse formée de plusieurs îles où l’on trouve une relique de mangrove (Avicenia africana) (Dia,1988). On notera de plus que toutes les zones de pêche, de la Gambie à Dakhla, sont caractérisées par des bancs rocheux très côtiers qui seraient des abris sûrs pour les jeunes poulpes (Garcia Cabrera, 1968 ; Hatanaka, 1979). Notons que cette succincte description a été réalisée par Dia en 1988. Ces bancs rocheux sont plus ou moins développés et semblent être peu importants devant le Cap Blanc. Aussi, le Banc d’ Arguin, couvert d’herbiers de phanérogame et constitué par une série de bancs de sable et de vase, doit être également un abri.

Description de l’espèce

Le poulpe (Octopus vulgaris) est un mollusque appartenant à la famille des céphalopodes qui en grec se compose de khephale (tête) et de podos (pied). Ce sont des animaux marins dont le corps est composé de deux parties : le cephalopodium (le bras et la tête) et le complexe palleovisceral (le manteau renfermant les viscères). Les céphalopodes sont répartis dans tous les océans du monde. L’Ordre des Octopodes est décrit (Grasse et al. 1961) comme des dibranchiaux à huit bras, coquille rudimentaire ou absente, un entonnoir sans bouton-pression et des ventouses sessiles. Ils ne possèdent ni glandes nidamentaires ni nageoires. Les espèces de cet ordre sont généralement sédentaires. L’espèce Octopus vulgaris est la seule du genre débarquée en Atlantique Centre-Est (Worms in Caddy, 1983). Le poulpe commun (Octopus vulgaris) est largement distribué dans les eaux côtières intertropicales et tempérées des trois océans (Caverivière et Touré, 1986). La distribution de cette espèce a été étudiée par de nombreux auteurs cités par Mangold (1963). En Atlantique, elle se répartit entre 36° N et 12° S. Au niveau de 1’Atlantique Centre-Est les aires de concentrations du poulpe englobent quatre principaux lieux de pêche entre le Cap Bojador et la c6te sud du Sénégal.
Au niveau des côtes mauritaniennes les poulpes sont rarement pêchés au-delà de 200 m de profondeur. Par contre, ils sont rencontrés près de la côte à moins de 10 m.

Cycle de vie

Détermination des saisons de ponte : L’évolution des effectifs des stades sexuels sur une année moyenne montre les pics des stades de ponte (IV) et de post-ponte (V) si situent en Octobre. Un autre pic de stade de ponte d’importance moindre est repéré en Juin. Les stades 1, 2 et 3 sont plus nombreux en Juillet-Août.
Analyse Factorielle des Correspondances appliquée sur la maturité sexuelle : Notons également que les dates sont projetées sur le graphique et que chaque date occupe une position barycentrique suivant la strate selon la métrique de l’AFC. La contribution du facteur1 tourne autour de 47,20% tandis que celle du facteur 2 serait de 16,66% de l’inertie totale Le facteur 1 ne semble pas donner une opposition entre les extrémités de la maturité sexuelle c’est-à-dire entre les stades 1 et 2 et les stades 4 et 5. Par contre, cette opposition se clarifie à travers le facteur 2 qui dispose les stades 1 et 2 d’un côté et les stades 4 et 5 de l’autre ; le stade 3 étant considéré comme une étape intermédiaire.
En plus, la proximité des femelles en ponte et post-ponte (F4-5) aux mois d’Octobre (2009 et 2010) et Novembre 2009 d’une part, Juin (2009 et 2010) et Mai 2010 d’autre part donnerait une idée sur les saisons de ponte.
Également, on note une concentration de points autour de l’origine des axes ce qui correspondrait à profil biologique moyen.

Variabilité des rendements

La répartition spatio-temporelle du poulpe dans la région du Cap Blanc a été étudiée par plusieurs auteurs notamment Hatanaka (1979), Dia (1988), Jouffre (1998), Jouffre et al. (2000), Inejih et Jouffre (1996), Inejih (2000) et Inejih et Dedah (2002) et Cuningam et al. (2010). Selon Jouffre (1998) le poulpe dispose d’une grande tolérance écologique ce qui explique sa large distribution au niveau du plateau continental mauritanien. Dans la région du Cap Blanc, la distribution du poulpe semble hétérogène. Ce résultat est en accord avec celui d’Inejih (2002). En effet, le maximum de rendements par saison (180 kg par demi-heure) a été observé pour le présent travail en saison chaude au niveau de la strate profonde.
Par contre, Inejih (2002) a remarqué que les abondances maximales ont lieu en saison froide dans la zone côtière. Dans le même ordre d’idée, une étude du poulpe faite dans les eaux côtières du Sénégal et de la Gambie (Caverivière et Touré, 1986) aurait montré que le plus fort rendement (1,5 tonnes/h) serait obtenu en juillet par un chalutier de puissance 100 cv.
D’autre part, des rendements de cette grandeur (soit 1,2 tonnes par heure) auraient été trouvés au large du Cap Blanc en aout 1967 en début d’une pêche de poulpe. Par ailleurs, l’étude de la variabilité des rendements par strate bathymétrique a montré une tendance à l’augmentation de ces rendements de la strate côtière à la strate profonde c’est-à-dire de la côte au large. Ce résultat est en accord avec les résultats de Dia (1988), Hatanaka (1979), Inejih et Jouffre (1996) dans ce qui est couramment appelé la dynamique côte-large. Ainsi, les fluctuations temporelles et spatiales du poulpe sont-elles liées aux migrations ? Toutes les études conduites depuis la fin des années quatre-vingt-dix (Jouffre et al. 2000, Caverivière et al. 2000) s’accordent à dire qu’il n’y a pas de migrations nord-sud du poulpe dans la région ouest-africaine contrairement à l’hypothèse émise par certains auteurs dans leurs travaux précédents (Hatanaka, 1979, Caverivière, 1994). Le poulpe, contrairement aux calmars est une espèce sédentaire qui n’effectue pas de migration de grande envergure. En plus, des observations ponctuelles dans cette zone révèlent également que l’hypothèse des migrations génésiques liées à la reproduction semble limitée à des migrations bathymétriques soient inexistantes soit d’ampleur très limitées (Caverivière et al. 2000, 2002; Jouffre et al. 2000). Ce résultat est en accord avec les observations antérieures de Dia (1988) qui rejoignent celles de Hatanaka (1979 a et b) sur l’ensemble de la côte nord-ouest de l’Afrique.

Table des matières

INTRODUCTION 
I. MATERIEL ET METHODES
I.1. Milieu physique
I.2. Description de l’espèce
I.3. Source de données
I.4. Méthodes de traitement des données
II. RESULTATS 
II.1. Variabilité des rendements du poulpe
II.1.1. Variations mensuelles des rendements
II.1.1.1. Rendements en poids
II.1.1.2. Rendements en nombre
II.1.2. Variation cyclique des rendements moyens en poids et en nombre
II.1.3. Variations saisonnières des rendements
II.1.4. Evolution mensuelle des rendements par strate bathymétrique
II.1.4.1. Rendement en poids
II.1.4.1.1. Strate côtière
II.1.4.1.2. Strate intermédiaire
II.1.4.1.3. Strate profonde (large)
II.I.4.2. Rendement en nombre
II.I.4.2.1. Strate côtière
II.I.4.2.2. Strate intermédiaire
II.1.4.2.3. Strate profonde
II.1.5. Evolution moyenne des rendements par strate bathymétrique
II.1.5.1. Rendements moyens en poids
II.1.5.2. Rendements moyens en nombre
II.1.6. Rendements moyens par radiale (Latitude)
II.1.6.1. Rendements moyens en poids
II.1.6.2. Rendements moyens en nombre
II.2. Cycle de vie
II.2.1. Détermination des saisons de ponte
II.2.2. Analyse Factorielle des Correspondances appliquée sur la maturité sexuelle
II.2.3. Analyse Factorielle des Correspondances appliquée aux catégories de tailles
II.2.3. Recrutement du poulpe
II.2.3.1. Evolution temporelle du poids moyen individuel
II.2.3.1.1. En zone côtière
II.2.3.1.2. En zone intermédiaire
II.2.3.1.3. En zone profonde
II.2.3.2. Evolution temporelle moyenne des poids moyens individuels
II.2.3.2.1. Par strate de profondeur
II.2.3.2.2. Toutes strates confondues
II.2.3.3. Evolution temporelle des indices de recrutements
II.2.3.4. Evolution moyenne de l’indice de recrutement
II.2.3.5. Détermination de la zone de reproduction
II.2.3.6. Fréquence des stades de maturité sexuelle par classe de taille
II.2.3.7. Evolution temporelle des catégories de tailles
III. DISCUSSION 
III.1. Variabilité des rendements
III.2. Cycle de vie
IV. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 
ANNEXES 

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