Impact de l’augmentation des prélèvements sur le comportement hydrodynamique et hydrochimique de la nappe infrabasaltique de Dakar
La zone d’étude, avec une superficie d’environ 63 Km2, est située au niveau de la tête de la presqu’ile du Cap-Vert de Dakar. Elle abrite la nappe infrabasaltique qui contribue à l’alimentation en eau potable de Dakar à travers un réseau de 21 forages. La nappe est constituée de sables quaternaires et son toit est formé par les coulées basaltiques qui la rendent captive. Dakar, capitale administratif et économique du Sénégal, abrite une bonne partie de la population du pays ainsi que l’essentiel des industries. Une partie de l’Approvisionnement en eau potable (à hauteur de 4%) est assurée par la nappe infrabasaltique. Dakar connait depuis ces dernières années un déficit d’accès à l’eau potable. Pour pallier à ce déficit, la SONES a initié depuis 2015 des programmes d’urgence consistant à l’exécution de nouveaux forages. L’exploitation intensive au niveau de certains ouvrages captant la nappe infrabasaltique peut provoquer une dégradation de la qualité pouvant ainsi aboutir à l’abandon de certains forages. Ainsi un contrôle doit être mis en place afin de prévenir les risques d’intrusions et préserver la qualité de la nappe. C’est dans ce contexte que le sujet intitulé « Impact des prélèvements sur le comportement hydrodynamique et hydrochimique de la nappe infrabasaltique de Dakar » nous a été proposé par la SONES. L’objectif de ce mémoire est de comprendre le comportement hydrodynamique et hydro chimique de la nappe infrabasaltique dans un contexte de forte exploitation. Les objectifs spécifiques consistent à déterminer l’impact de l’augmentation des prélèvements sur la piézométrie et de suivre l’évolution spatio-temporelle de la salinisation de la nappe. Ce présent mémoire est structuré en trois chapitres. Dans le premier chapitre nous présentons la zone d’étude dans son contexte physique, climatologique, géologique et hydrogéologique. Le deuxième chapitre présente les matériels et les méthodes utilisés pour réaliser cette étude. Il décrit les types de données nécessaires, leur acquisition, la démarche méthodologique et à la présentation des différents outils utilisés pour atteindre les objectifs visés. Le troisième chapitre est consacré à l’analyse et à l’interprétation des résultats obtenus. Cette partie étudie l’évolution quantitative et qualitative de la nappe infrabasaltique. Pour terminer une conclusion générale de ce travail ainsi que quelques recommandations sont dégagées.
Cadre physique Situation géographique
La région de Dakar occupe une place importante dans l’économie du Sénégal. Une situation géographique particulière, des installations portuaires et aéroportuaires et un réseau de communication très dense, ont fait de la région une ville de convergence politique, économique et culturelle. Elle détient 55% du PIB avec 83% des entreprises modernes et concentre aussi 94% des entreprises nationales soit en 2000, environ 1196 entreprises des 1272 que comptait le pays (PDU, 2003). La région de Dakar occupe une place importante dans l’économie sénégalaise. Sa population ne cesse de s’accroitre du fait de nombreuses activités socio-économiques qui s’y déroulent. L’augmentation de la population dakaroise est favorisée par le développement industriel qu’a connu la région et par l’exode rural du à la sécheresse des années 1970. La population de la ville qui était de 132 000 habitants en 1946 est passée à 214 000 habitants en 1955. L’accroissement démographique s’est poursuivi et la population atteint 374 000 habitants en 1961 ; 583 000 habitants en 1971 ; 650 000 habitants en 1972 ; 799 000 habitants en 1976 et 1 488 941 habitants en 1988. En 2006, elle atteint 2 496 244 habitants. D’après le recensement de 2013, la population de la région de Dakar est de 2956023 habitants. La projection du PDU estime que la région aura plus de 5 millions d’habitants en 2025. (PDU, 2003) Cette population est inégalement répartie. La population est plus concentrée dans le département de Dakar avec une population de 1 001 468 habitants (PDU, 2003). Cette croissance démographique et l’industrialisme rapide ont occasionné une forte demande en eau.
Cadre climatique
La position avancée de Dakar dans l’Atlantique lui confère un microclimat particulier. Celui- ci est fortement influencé par les alizés maritimes (de Novembre à Juin) et la mousson (de Juillet à Octobre) suivant les directions N-NW et S-SE (Le Borgne, 1988 ; Olivry, 1989). Ce microclimat bien individualisé est caractérisé par une longue saison sèche de Novembre à Mai, relativement fraiche, et une courte saison des pluies, humide et chaude de Juin à Octobre. Les données climatiques portant sur la pluviométrie, la température, l’humidité relative, l’insolation et la vitesse des vents ont été recueillies à l’Agence National de l’Aviation Civil et de la Météorologie (ANACIM) et concernent la Station de Dakar-Yoff pour la période 1989- 2019. La variabilité interannuelle de la pluviométrie est très importante. Les quantités de pluies enregistrées annuellement varient en moyenne entre 161mm (en 2014) à 663mm (en 2005). L’évolution de la pluviométrie inter-annuelle de 1989 à 2019 au niveau de la station de Dakar-Yoff montre un cumul moyen de 401 mm. La dynamique de la fluctuation de la pluviométrie par rapport à la moyenne met en évidence une forte variabilité inter-annuelle avec des années excédentaires (1989, 1995, 1996, 1999, 2000, 2005, 2008, 2009, 2010, 2012, 2013, 2015 et 2019) et déficitaires (1990, 1991, 1992, 1993, 1994, 1997, 1998, 2001, 2002, 2004, 2007, 2011, 2014, 2017 et 2018). (Figure 2)