Hann Yarakh et ses differents flux migratoires
Le village traditionnel de Hann/Yarakh connait de nos jours une importante communauté d’émigrés basée pour l’essentiel dans les pays comme l’Italie, l’Espagne, la Suisse, la France ou encore l’Angleterre. Cette communauté s’est constituée par vague successive dès le début des années 80 période à laquelle on a noté les premiers flux migratoires quittant la localité en direction des nouveaux pays industrialisés d’Europe.
Les formes de l’émigration à Hann-Yarakh :
L’histoire des peuples n’est pas un long fleuve tranquille. En effet, le Sénégal a été marqué pendant longtemps par des courants migratoires relevant de facteurs économiques, démographiques ou socioculturels.Ainsi, le village de Hann/Yarakh zone d’acceuil pour de nombreux migrants originaires des campagnes a également été et ce depuis la fin des années 80 une zone de départ pour des émigrés qui, dans la recherche d’un meilleur cadre de vie répondant à leurs besoins et aspirations, ont choisi la voie de la migration pour tenter leurs chances vers d’autres horizons. Cette migration a revêtu suivant le temps des formes différentes qui témoignent encore de l’importance de ce phénomène dans cette localité qui à l’instar de la ville de Dakar continue d’accueillir une portion importante de jeunes à la recherche de leur premier emploi dans le marché du travail.
C’est du moins ce que décèle le témoignage de Samba Ba, un vieux de 75ans habitant à Hann Marigot et dont la quasi-totalité des jeunes garçons de sa famille se trouvent en Europe :” j’ai envoyé mes fils en Europe pour pouvoir diversifier mes sources de revenus en vue de sécuriser ma famille, car il y’avait une situation socioéconomique difficile qui semblait confirmer les propos d’un blanc avec qui je travaillais avant les indépendances, et qui avait predit pour les pays afrcicains juste une decennie apres leurs independandances des problèmes économiques interminables » Ainsi durant les années 1980, le contexte économique aidant, d’importants courants migratoires ont marqué cette localité qui jusque là était caracterisée par une stabilité, avec la composition de filière autour de la pêche et de ses activités annexes qui avait permis d’enrôler toutes les categories de la population: hommes, femmes, jeunes; enfants. Ce potentiel économique important était favorisé également par la position géographique du village traditionnel de Hann/Yarakh sur le littoral sénégalais.
Rejoindre les pays d’Europe représentaient ainsi, pour ces jeunes, la solution de tous les problèmes. L’objectif étant bien défini, s’en suivra une course effrénée de ces jeunes à la quête de voies et moyens pour rejoindre les differents pays d’europe, quel que soit le prix à payer et malgré les nombreux risques et interdits que cela supposait. Arriver à bon port tel était le maitre mot, pour ces jeunes qui par la voie maritime vont tenter de rejoindre les îles d’Espagne : ce sera le début de l’émigration clandestine.
L’émigration clandestine :
Devant la forteresse que représentaient les pays occidentaux, dont les politiques en matière de migration sont rythmées de plus en plus par des politiques coercitives visant à maintenir les populations des pays du tiers monde dans leurs milieux d’origine, l’ouverture de la voie maritime a été perçue comme la faille du système, une chance qu’il fallait exploiter, surtout lorsque les médias s’y mêle pour informer de l’arrivée de nouveaux émigrés clandestins, récupérés chaque jour au niveau des côtes espagnoles. Ainsi tenter l’émigration apparaissait comme la seule porte de sortie pour ces émigrés qui semblaient perdre tout espoir de retrouver leur dignité longtemps perdu au sein de leurs familles respectives et de se tailler une place au sein de la hiérarchie sociale.
Ainsi l’essentiel des chefs de ménages interrogés considèrent que les émigrés ont pris la décision de partir puisqu’il n’existe aucune opportunité qui s’offre à eux, alors qu’ils veulent soutenir leurs parents restés aux foyers. C’est ce que semble temoigner ces propos receullis de Mamadou Lamine Diop un emigré clandestin de retour dans la localité pour passer des vacances: “dans ce pays aucun espoir n’est permis surtout pour les jeunes alors que de l’autre coté, c’est à dire en Europe, la situation est difficile certes pour nous les emigrés, mais tu peux te lever chaque jour en te disant qu’aujourd’hui c’est peut être mon jour de chance” Cependant devant les inquiétudes liées à l’ampleur du phénomène de l’émigration clandestine, de nombreuses études ont été engagées pour pouvoir cerner les facteurs explicatifs de ce phénomène dramatique, mais celles-ci ont été entreprises en laissant de coté des acteurs essentiels du processus de cette émigration : les anciens émigrés.