Habiter un territoire, les modalités et les demandes de la population
La notion d’habiter est complexe. Elle évoque d’abord un rapport physique à l’espace mais sedéfinit aussi comme l’essence de l’être chez certains philosophes. Liée notamment à la question de l’échelle, elle touche également d’autres dimensions telles que le temps et le rapport social. De là, nous aborderons la question des aspirations propres à la société d’aujourd’hui et nous verrons comme elles sont marquées par le débat actuel sur l’environnement. Enfin, le changement climatique étant pour partie liée à des phénomènes naturels nouveaux, nous aborderons la notion d’habiter dans les territoires soumis au risque.
Habiter» un territoire
Les deux objets induits par le verbe ‘habiter’ sont l’homme et l’espace et les modalités de leurNous proposerons d’aborder la notion d’«habiter» selon trois thématiques nous paraissant pertinentes pour aborder les dimensions du terme, qui sans être exhaustives nous permettrons ensuite de décliner cette notion d’«habiter» dans des contextes plus spécifiques : les demandes actuelles par rapport à l’«habiter» et l’«habiter» en territoire à risque. couramment employé pour parler du logement et les synonymes sont multiples : logis, maison, abri, demeure… Inversement on peut habiter un pays, un continent voire se considérer comme citoyen du monde, expression souvent entendue aujourd’hui. On comprend que les dimensions auxquelles on fait référence n’induisent pas le même type de rapport au territoire, ne serait-ce que parce que nous habitons avec notre corps et qu’il n’appréhende pas ces différences étendues de la même façon. S. Vassart 3FNéanmoins, la distance n’implique pas les mêmes modalités d’«habiter» et en d’autres termes, l’enracinement précédemment évoqué, comme la notion de centralité, n’impliquent pas le même rapport à l’espace habité, le même rapport au territoire. M. Stock nous éclaire grâce à ce qu’il définit comme le «modèle Heidegger-Moles» c’est-à-dire: « le rapport à l’espace qui valorise la proximité, l’enracinement, l’immobilité, la fixité […] où l’espace des individus serait organisé de façon concentrique selon un gradient de familiarité, de l’espace proche au vaste monde ». Il constate le lien entre ces échelles qui ne serait pas simplement hiérarchique :
Nous pouvons rapprocher ce concept de l’espace vécu, l’espace de l’expérience -par rapport à l’espace extérieur lointain et l’espace de la représentation- qui est aussi l’espace dans lequel nous habitons. Il faut l’entendre alors dans le sens le plus matériel et essentiel du terme : avoir un abri, avec son moyen d’expression : l’acte de bâtir. La distinction qu’opèrent F. Guérin-Pace et E. Filippova entre le sentiment d’«appartenance» et celui d’«appropriation» permet de nuancer encore davantage le propos. L’«appartenance» est le premier degré d’investissement par la socialisation et les connaissances liées à un territoires. L’«appropriation» spatiale indique un attachement plus fort par une plus grande implication dans les lieux et un certain bien-être éprouvé. Enfin, on pourra également parler d’«incorporation» lorsque les lieux font totalement sens pour l’individu. Les auteurs affirment par ailleurs que le sentiment d’appartenance à un lieu est indépendant du territoire qu’on habite.
avons bâti, mais nous bâtissons et avons bâti pour autant que nous habitons, c’est à dire que nous sommes les habitants et sommes comme tels. » et « bâtir est, dans son être, faire habiter. Réaliser l’être du bâtir, c’est édifier des lieux par l’assemblent des espaces. C’est seulement quand nous pouvons habiter que nous pouvons bâtir ». Ainsi, les conditions d’habitabilité seraient un préalable : il faut qu’un site ait ce potentiel d’abri pour bâtir afin d’habiter. Nous pouvons l’interpréter comme une intentionnalité par rapport à un lieu. Nous pouvons émettre l’hypothèse que ce lieu choisi, outre sa qualité d’«habitabilité» (en terme de ressources, de fonctionnalités…), serait un lieu plus subjectivement habitable, un lieu élu, à l’endroit duquel on pressentirait un attachement possible. Apparait alors la notion de processus et d’intentionnalité, un projet d’habiter, qui implique le choix du lieu et l’acte de bâtir. Ici nous pouvons utiliser le «bâtir» de Heidegger comme métaphore de l’expérience d’habiter dans le sens d’une construction des usages au sein du territoire, à la fois matérielle et immatérielle, et inscrite dans la durée.