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Réguler des comportements
l’époque moderne, le rôle de l’ambassadeur est double : il doit non seulement représenter son souverain à l’étranger, mais également recueillir autant d’informations que possible concernant les royaumes rivaux ou alliés, et ce afin que son maître puisse agir er communiquer de façon adéquate avec les puissances qui l’entourent95. Ce rôle est d’autant plus crucial que la politique internationale au XVIe siècle a subi de nombreux bouleversements, notamment dus à la volonté des puissances cathoiques de lutter contre le luthérianisme et le calvinisme mais aussi à la nécessité de créer et de conserver des sphères d’influence pour prévenir des alliances dangereuses. C’est notamment ce qui est en jeu lorsque Charles Quint envahit Rome en 152796. En effet, durant les années 1520, le pape Clément VII voit le pouvoir de Charles Quint se renforcer, notamment à partir de son couronnement en tant qu’empereur du Saint-Empire Romain Germanique, le 23 octobre 1520. Cette influence grandissante, jugée menaçante par le pape qui a pu y voir une volonté de dominer l’Italie et l’Eglise catholique, est le point de départ d’une alliance entre le Pape et François Ier – malheureux perdant de l’élection la tête du Saint-Empire et grand rival de Charles Quint. En 1527, après une victoire contre les Français, les 34 000 soldats des troupes impériales marchent sur Rome et mettent la ville à sac, vainquant avec facilité les 5 000 hommes et 189 gardes suisses en charge de la sécurité de la ville. Assiégé au Château Saint Ange, Clément VII se rend le 6 juin et sa reddition est accompagnée du paiement d’un lourd tribut territorial et financier : il doit céder Parme, Plaisance, Civitavecchia, et Modène au Saint-Empire et négocier sa vie à hauteur de 400 000 florins. Dès lors, le pape n’est plus en position de s’opposer aux ambitions de Charles Quint et adopte une posture conciliante à son égard, ce qui sert grandement la politique italienne de l’Empereur et a un fort impact sur les politiques extérieures des royaumes voisins, notamment la France et l’Angleterre97. Dans ce contexte de rapports fragiles et changeants, le rôle des ambassadeurs, et notamment des ambassadeurs résidents dont la présence même valide l’existence d’un dialogue politique entre deux puissances, est d’autant plus crucial.
Sur ce point, voir l’introduction à Jean-Louis Fournel et Matteo Residori éds., Ambassades et ambassadeurs en Europe (XVe-XVIIe siècles), op. cit.
Voir E.R. Chamberlin, The Sack of Rome, New York : Dorset, 1979.
Pour une analyse plus détaillée de la situation anglaise, voir Richard Rex, Henry VIII and the English Reformation, op. cit., p. 5 et passim. Rex suggère que l’influence de Charles Quint sur le pape a fortement impacté les négociations concernant le divorce qu’Henri VIII avait engagé avec la papauté : en effet, Charles Quint étant le neveu de Catherine d’Aragon et un fervent catholique, il n’était pas favorable à ce qu’Henri obtienne gain de cause.
En termes de communication, l’ambassadeur résident joue sur deux tableaux simultanément : il communique avec la cour étrangère, son monarque et ses conseillers – comme Eustache Chapuys le fait avec Cromwell de façon régulière, que ce soit à travers des lettres ou des rencontres en personne – mais également avec la cour, le monarque et les conseillers de son propre royaume, avec lesquels il est en correspondance permanente afin de relayer l’information dont il est témoin en territoire étranger. Ainsi, la parole est véritablement constitutive de l’activité de diplomate, au point que Fournel et Residori parlent d’un « devoir de parole et d’écriture régulières 98. » Cela signifie que le rôle de l’ambassadeur ne se limite pas à la représentation auprès des puissances étrangères : il s’agit avant tout de communiquer et de transmettre des informations. Ainsi, le nombre de lettres permet au roi et à ses conseillers de mesurer l’efficacité de l’ambassadeur, ce que l’on peut notamment voir au travers des nombreuses lettres dans lesquelles Cromwell tance les ambassadeurs à propos du peu d’informations qu’ils font parvenir à l’Angleterre ou les remercie pour leur diligence épistolaire. Cela est particulièrement vrai dans le cas de Thomas Wyatt, dépêché par Henri VIII auprès de Charles Quint : sur un total de 24 lettres répertoriées par Merriman comme étant envoyées par Cromwell, dix remercient l’ambassadeur pour ses lettres précédentes ou indiquent qu’elles ont bien été reçues, quatre rappellent plus ou moins sèchement à Wyatt qu’il est de son devoir d’écrire davantage au roi ou à Cromwell et dix ne font aucune mention de la correspondance entre les deux hommes dans le corps de la lettre99. On remarque qu’en moyenne toutes les six lettres, Cromwell rappelle Wyatt à l’ordre, ce qui tend à montrer que Wyatt n’est pas aussi assidu dans sa correspondance qu’il devrait l’être. Deux de ces lettres qualifient la lenteur de Wyatt dans la communication des informations de négligence : « ye have ben hitherto somwhat slak and negligent to write vnto me and aduertise me from tyme to tyme of your occurrences100 » mais également « moche his Maiestie dothe mervil that you Maister Wiat is not more spedye in your aduertisementes considering the tyme and thimportaune of affaires nowe in treatie amonges christien princes, It shal be good that you redubbe that negligence101. » Le terme de « negligence » est particulièrement intéressant car il indique un manque par rapport une norme, celle d’une communication régulière et fournie. En outre, si la lettre 189 date du 6 juin 1537 et peut donc passer pour un rappel des règles à l’ambassadeur nouvellement en fonction, la lettre 257 qui date du 4 mai 1538 ne peut pas être justifiée par un manque d’expérience de la part de Wyatt, alors auprès de l’empereur depuis plus d’un an et donc déjà expérimenté en matière de diplomatie. Dans la lettre 189, le rappel reste évasif grâce à des termes comme « somwhat » ou « from tyme to tyme » qui ne donnent pas d’échéance stricte. Au contraire, dans la lettre 257, le rappel est incisif et sec, au travers d’expressions sarcastiques comme « moche his Maiestie dothe mervil », qui semblent suggérer que Wyatt n’est pas conscient de l’importance de son rôle (« considering the tyme and thimportaune of affaires nowe in treatie amonges christien princes » ) ou qui sont teintées de menace, notamment grâce au modal « shall » qui prend ici une valeur impérative dans « It shal be good that you redubbe that negligence ». De plus, si dans la lettre 189 Cromwell rappelle lui-même Wyatt à l’ordre, il en appelle au roi dans la lettre 257 en affirmant que celui-ci s’étonne du peu de nouvelles communiquées par l’ambassadeur, ce qui indique une intensification du rappel, qui devient plus officiel, et de ce fait, plus menaçant. La lettre diplomatique est donc cruciale en ce qu’elle est le lien entre les deux royaumes, au-delà du discours oral de l’ambassadeur en pays étranger.
L’importance de la forme épistolaire ne correspond pas seulement à la transmission des informations dont dépend l’action politique ; elle trouve aussi son utilité dans l’acte qui précède la parole diplomatique de l’ambassadeur : l’ordre. En effet, la parole officielle de l’ambassadeur est un acte extrêmement encadré, fruit d’une série de directives communiquées par le royaume d’origine de l’ambassadeur, que ces ordres soient donnés par le monarque ou par ses conseillers, ici, Cromwell. L’ambassadeur n’est donc pas libre de ses mouvements et de ses mots, il doit suivre une ligne qui lui est clairement indiquée dans les nombreuses lettres qu’il reçoit102. Ainsi, les lettres de Cromwell aux ambassadeurs résidents indiquent pour la plupart une conduite à suivre : sur les 22 lettres envoyées par Cromwell à Gardiner entre le 19 novembre 1535 et le 24 avril 1538, 10 ont explicitement pour but de donner des directives relatives à la conduite à tenir vis-à-vis de la France et de François Ier. La lettre du 17 novembre 1536, par exemple, indique à Gardiner qu’il lui faut se montrer indifférent au souverain français lors de ses entrevues car l’ambassadeur français à la cour d’Henri VIII s’est montré peu enthousiaste (« slendre », dans les termes de Cromwell) à l’idée d’une alliance entre les deux pays qui passerait par le mariage de la princesse Marie : Voir Stéphane Péquignot, Marie-Karine Schaub, Jean-Claude Waquet, et Christian Windler, Paroles de négociateurs : l’entretien dans la pratique diplomatique de la fin du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle, Rome : École française de Rome, 2010. Cet ouvrage composé de dix-huit études s’intéresse plus particulièrement aux formes des pratiques diplomatiques du XVe au XIXe et aux dynamiques de ces pratiques, notamment dans des contextes de fractures politiques, sociales et religieuses, et met en évidence l’importance de cette parole multiforme soumise aux aléas diplomatiques autant qu’aux normes officielles et discursives et aux consignes reçues. his grace desireth you in your conferences with the French king to kepe yourself in such indifferent termes, as if he seme to note any slacknes on this side youe may rather turne it to him, and yet to pryck him nothing more forwarde in the acceleration of thende therof, thenne of himself he woll nedes vse103. »
Dans cet extrait, Cromwell indique à Gardiner quelle conduite a été tenue par les ambassadeurs français afin que Gardiner puisse agir de la même façon en France. La lettre suggère que cette froideur française vis-à-vis de l’alliance serait le fait de François Ier, qui aurait communiqué ses directives, et qu’ainsi tant que celles-ci ne seraient pas plus favorables à l’Angleterre, l’Angleterre ne lui serait pas favorable, ce que l’on voit apparaître dans l’expression « of himself he woll nedes vse ».
La parole diplomatique de l’ambassadeur est donc extrêmement encadrée et elle répond des directives précises, à l’image du « droit chemin » que les ambassadeurs se doivent de suivre et de respecter104. La correspondance du roi et de ses conseillers à destination des ambassadeurs en territoire étranger joue un rôle normatif, et cette normativité peut prendre des formes diverses : une lettre peut réagir ponctuellement à un événement passé et donner des consignes afin de fournir une réponse diplomatiquement appropriée à cet événement en particulier – c’est le cas dans la lettre à Gardiner qui recommande de se montrer distant vis-à- vis de François Ier – ou bien donner une ligne de conduite plus générale qui va s’étendre sur une durée plus longue. C’est par exemple le cas dans une lettre adressée par Cromwell à Richard Pate, l’ambassadeur auprès de Charles Quint, le 11 mai 1540, dans laquelle il lui recommande dès le début de son ambassade de rester vigilant, de réunir autant d’informations qu’il le peut et de communiquer celles qui lui semblent pertinentes au roi :
Euen soo youe woll vse at this tyme suche contynuel vigilancy and soo employe your wisedom and dexterite to get good intelligence and sure knowledge of al occurrences as you shall may be hable to signifye suche matyer from tyme to tyme to his Maiestie as shalbe to his contentacion or at the least necessary for his graces knowledge105. »
Les expressions « contynuel vigilancy » et « from tyme to tyme » indiquent très clairement que cette directive est pensée dans le temps et qu’elle constitue donc une ligne de conduite générale, ce qui coïncide par ailleurs avec l’apaisement des relations franco-espagnoles depuis 1537. En effet, François Ier et Charles Quint signent le 18 juin 1538 à Nice un traité de paix mettant fin à la huitième guerre d’Italie et les 14 et 15 juillet suivants, les deux souverains se réconcilient officiellement à Aigues-Mortes, avant de se retrouver à Loches le 12 décembre 1539. Cet apaisement général, s’il met fin à presque cinquante ans de conflits, n’est pas favorable à Henri VIII et au royaume d’Angleterre, puisque le roi peut désormais craindre une alliance des deux souverains contre lui. Dès lors, il devient d’autant plus crucial pour les ambassadeurs résidents d’être à l’affût de tout changement diplomatique et de toute nouvelle information qui pourraient indiquer un revirement contre l’Angleterre106. En effet, dès l’élection de Charles Quint à la tête du Saint-Empire Romain Germanique, ce dernier s’est retrouvé maître d’une grande partie de l’Europe, notamment car le Saint-Empire fait le lien entre les provinces dont Charles Quint avait hérité du droit de ses parents puis en accédant au trône d’Espagne, c’est-à-dire Naples, la Sicile, les Pays Bas, l’Autriche et la Franche-Comté. Ainsi, en faisant la paix avec la France, le royaume de Charles Quint réunifie un bloc catholique européen auparavant divisé sur la question italienne, et apparaît dès lors comme une menace pour l’Angleterre qui se retrouve isolée, comme l’indique la carte ci-dessous107.
D. M. Loades, Henry VIII : Church, Court and Conflict, op. cit., p. 72-73. Loades indique qu’à partir de l’apaisement des relations entre l’Espagne et la France, Henri VIII aurait développé une méfiance excessive concernant une potentielle alliance qui desservirait son royaume. Cela n’est pas entièrement infondé dans la mesure où les négociations d’Aigues-Mortes s’étaient tenues sans la présence de Wyatt, mettant résolument l’Angleterre à l’écart, et dans la mesure où, à la fin de l’année 1538, l’ambassadeur français en Angleterre, Louis de Perreau, seigneur de Castillon, exaspéré par le comportement du gouvernement anglais, avait écrit au connétable de France Anne de Montmorency une lettre détaillée contenant une proposition d’invasion jointe de l’Angleterre par la France et l’Empire. Dès lors, les consignes de Cromwell qui indiquent à Pate de seulement communiquer au roi les informations importantes peuvent être interprétées comme une tentative de limiter la méfiance du roi en ne la nourrissant pas d’éléments insignifiants. Sur le rafraîchissement des relations internationales de l’Angleterre, voir Carte des puissances européennes en 1520
Si les lettres prescrivant des réactions diplomatiques ponctuelles peuvent être différenciées de celles recommandant un changement durable, il faut toutefois nuancer l’idée selon laquelle il y aurait une distinction stricte entre ces deux types de lettres. En effet, les délais postaux étaient importants, et ce d’autant plus si les lettres aux ambassadeurs résidents étaient destination du continent et de villes particulièrement éloignées de l’Angleterre comme Barcelone108. Ainsi, toute modification de comportement qui interviendrait à la suite d’un événement ponctuel ne pourrait prendre effet qu’après réception de la lettre. De la même façon, cette même modification ne pourrait prendre fin qu’à réception de la lettre suivante, après un délai pouvant varier. Dès lors, il apparaît que toute réaction diplomatique s’inscrit nécessairement dans une durée.
108 Susan Brigden, « “The Shadow That You Know” : Sir Thomas Wyatt and Sir Francis Bryan at Court and in Embassy », The Historical Journal, no 1, 1996, p.15. Bridgen indique que pour Wyatt, la notion d’ambassadeur résident est toute relative dans la mesure où la cour de Charles Quint était extrêmement mobile, résidant parfois en Espagne – à Barcelone ou encore à Grenade – et parfois dans le reste du Saint-Empire. Wyatt pouvait donc se trouver très loin de l’Angleterre et de sa cour. Les lettres, si elles ont un rôle prescriptif, ne remplissent pas cette fonction seules. En effet, il existait de nombreux guides de conseils et de directives que tout bon ambassadeur se devait de suivre et qui recommandaient certains comportements et un vocabulaire particulier qui s’est standardisé au fil du temps109. Il était donc conseillé aux diplomates anglais de tirer de ces guides des arguments formels et rhétoriques afin de constituer les fondements de leur art. D’après Sowerby, ces recommandations étaient surtout destinées à l’usage des ambassadeurs qui n’avaient pas suivi de formation en théologie et n’étaient pas issus du milieu clérical, car ceux-ci se devaient de pouvoir comprendre toutes les nuances en toute occasion, et la complexité du droit canonique comme civil pouvait constituer un obstacle110. En outre, standardiser les comportements est aussi un moyen pour le roi et ses conseiller de se prémunir contre toute déclaration compromettante ou contradictoire avec la politique menée par les ambassadeurs. Dans cette mesure, le cas de Wyatt interroge car, lorsqu’il est nommé ambassadeur auprès de Charles Quint en 1537 – un poste crucial au vu de l’importance de l’empire de ce dernier – il est loin d’être au-dessus de tout soupçon. Poète de cour et proche ami de la reine Anne, il est ravalé au rang de traître en 1536 en même temps que la reine, par association et parce qu’il est suspecté d’avoir entretenu – ou d’entretenir – une relation amoureuse avec la reine111. Soupçonné de collusion avec la reine Anne et emprisonné à la Tour de Londres en mai 1536, il est finalement blanchi, puis libéré avant de se voir confier l’ambassade auprès de l’empereur en mars 1537. On peut alors comprendre la charge d’ambassadeur résident en pays étranger – surtout si ce dernier est aussi distant de l’Angleterre que l’étaient les possessions de Charles Quint – comme une façon de garder les potentiels opposants politiques à distance de la cour anglaise112. Cette surveillance des ambassadeurs a même été documentée par Eustache Chapuys en décembre 1533, lorsqu’il commente dans l’une de ses lettres à Charles Quint la ligne diplomatique choisie par Henry VIII, à savoir que l’Angleterre enverrait du personnel diplomatique dans les royaumes étrangers en fonction des nécessités du pays visé et en choisissant des hommes en fonction de leur rang et de leur capacité répandre et à justifier les idées anglaises113. Cela montre bien que les contemporains eux-mêmes étaient conscients du contrôle exercé par le gouvernement sur ses ambassadeurs.
Ainsi, les lettres de Cromwell visaient autant à prévenir en amont qu’à réagir après un événement et la régulation des comportements diplomatiques constitue une grande partie de ses lettres aux ambassadeurs résidents. Certaines lettres donnent ouvertement des consignes et une ligne à suivre, comme la lettre à Edmund Bonner, datant du 1er mars 1539 qui demande à l’ambassadeur en France de rassurer François Ier sur le fait que les bateaux français qui ont été arrêtés dans les ports anglais seront relâchés sans dommage car ils n’étaient pas la cible de l’opération, qui était une réponse diplomatique aux bateaux anglais arrêtés à Anvers114. D’autres lettres en revanche sont davantage informatives, comme la lettre que Cromwell envoie Wyatt le 12 octobre 1537, dans laquelle il informe l’ambassadeur de la naissance d’un héritier mâle, Édouard115. Pour autant, ce second type de lettre garde une dimension normative : prévenir un ambassadeur de la situation intérieure du royaume lui permet à la fois d’en informer son tour à l’étranger mais également de ne pas contrevenir par ses paroles ou ses actes aux actions ou aux discours en cours en Angleterre et ainsi d’adapter son discours. Cela est manifeste dans la lettre annonçant la naissance du prince Édouard : la phrase « I have writen this lettere having thoportunite of this present Currour To thintent that ye shal aduertise Themperour Therof. » Chaque nouvelle partagée avec les ambassadeurs doit avoir une utilité directe dans sa communication.
L’ambassadeur ayant pour devoir d’écrire le plus souvent possible, la parole est constitutive de son activité, et à ce titre, il n’est pas étonnant que la correspondance soit si fournie : les lettres sont un moyen de mesurer l’efficacité des individus. Toutefois, on rappelle que cette parole est extrêmement encadrée et est le fruit de séries de directives, souvent du fait de Cromwell. L’écriture de Cromwell est donc autant une écriture de réaction que d’anticipation.
Table des matières
INTRODUCTION
1 – L’acte performatif épistolaire : entre dit et non-dit
I – LOCUTOIRE, ILLOCUTOIRE, PERLOCUTOIRE
1 – Le discours comme langage et représentation
2 – Réguler des comportements
3 – Ambassadeurs et secrétaires : des interprètes ?
II – ENTRE IMPÉRATIF ET PERFORMATIF, DE L’ORDRE À LA DISCUSSION
1 – Performativité tacite et discours souverain
2 – L’autorité du savoir : une influence humaniste ?
3 – Au-delà de la discussion épistolaire
2 – Le je épistolaire comme jeu diplomatique
I – LA POLITIQUE DE L’ÉPISTOLAIRE
1 – Un art du calcul
2 – Langage et étiquette
3 – La manoeuvre linguistique de la politesse
II – LA DIPLOMATIE DE L’AMICITIA
1 – Un outil de contrôle diplomatique
2 – Neutraliser le danger
3 – L’amitié politique
3 – La correspondance comme mise en scène du je et de l’Autre
I – UN RITUEL DE L’AUTRE
1 – La cérémonie du dialogue
2 – Un processus d’intersubjectification
3 – La mise en scène d’une relation
II – INDIVIDU ET INSTANCE ÉPISTOLAIRE
1 – La lettre comme art de la représentation
2 – Entre vérité et dissimulation
CONCLUSION
ANNEXES
1 – Lettre holographe de la main de Thomas Cromwell, datant de 1529, translittération personnelle
2 – Traduction personnelle inédite de la lettre envoyée par Cromwell à Chapuys le 10 septembre
1535
3 – Traduction personnelle inédite de la lettre envoyée par Cromwell à Chapuys le 30 septembre
1535
4 – Frise chronologique de la situation diplomatique sous le règne d’Henri VIII
5 – Blason de Thomas Cromwell
6 – Carte des principales résidences de la cour et de Thomas Cromwell
7 – Carte de la situation politique européenne dans les années 1530
8 – Les Ambassadeurs, Hans Holbein, 1533, The National Gallery
9 – Continuum de la politesse
11 – Tableau des formules de signature des lettres de Cromwell aux ambassadeurs résidents
BIBLIOGRAPHIE
Sources primaires
Sources secondaires
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