L’organisation temporelle des activités dans l’espace domestique

L’organisation temporelle des activités dans l’espace domestique

 Caractéristiques générales de la famille, du foyer et des usages TICs

Membres de la famille Christine RAF (C.R.) et Albert RAF (A.R.) sont mariés ; elle a 44 ans et lui 47. Ils ont deux enfants et habitent le Nord-Ouest de Paris. Christine est bibliothécaire (spécialisée en littérature jeunesse) dans un établissement éducatif de la banlieue parisienne. Albert est informaticien et syndicaliste surtout ; il fait également partie du collectif des parents d’élèves. La famille RAF est proche de la famille PR, les deux fillettes (Maguelone et Chloé) étant camarades de classe et amies. Thomas, le fils aîné a 12 ans et est collégien (dans le quartier) ; Maguelone, 6 ans, est élève de CP et son école se situe dans le même pâté de maisons que le foyer familial. 5.3.1.2 Description des responsabilités des membres vis-à-vis des principales « tâches » domestiques et familiales L’organisation générale de la vie domestique et familiale est repartie, disent-ils, de manière plutôt équilibrée entre Christine et Albert : on n’a pas confronté, on n’a pas regardé… mais comme y a quand même une notion de répartition de tâches, ce serait rigolo de comparer les deux, pour voir si la vision est la même (rires) Albert R., entretien du 28/12/04 Outre ce retour réflexif sur la notion de répartition des tâches et sur le caractère plus ou moins homogène des versions des deux conjoints, Albert s’exprime également sur ses 195 propres pratiques organisationnelles282. En ce qui concerne la responsabilité des activités, soulignons que Christine dit se charger principalement de préparer les repas (dîner et petitdéjeuner), de faire les lits, d’entretenir les vêtements, de raconter l’histoire du soir aux enfants, ou encore d’arroser les plantes. Les tâches que Christine et Albert partagent sont : faire les courses, passer l’aspirateur, repasser les vêtements, nettoyer les chambres, faire le ménage, faire la vaisselle, sortir les poubelles. Albert se charge de payer les factures. Ce partage n’implique pratiquement jamais un partage d’activité entre les conjoints, qui prennent en charge alternativement, et individuellement, les différentes tâches. Le ménager, comme l’explique Albert, « ça prend du temps », en particulier à cause des enfants qui ont des habitudes de confort (vestimentaires). Il souligne qu’il réalise beaucoup de repassage, beaucoup de lavage, etc. (ainsi que sa femme) et remarque le fait ne pouvoir y échapper, car c’est « une tenue complète tous les jours pour chacun ». Les deux membres du couple s’occupent de récupérer Maguelone à l’école, alors que c’est principalement la mère qui l’emmène le matin. Christine et Albert identifient tous deux Christine comme la responsable de la préparation des repas et des achats alimentaires283. Les deux enfants sont encouragés par les parents à participer à certaines activités, telles que la préparation de la table ou le débarrassage. Aussi, Thomas prend parfois les devants pour s’initier à de nouvelles activités, telles que le repassage.

Architecture et principaux aspects fonctionnels dans le foyer RAF

L’appartement compte, en plus de la salle de bain, des toilettes, de la cuisine (petite, pas de place pour une table) et de deux long couloirs, avec une pièce pour chaque enfant, une pièce pour les parents et un salon-salle à manger. Les choses « traînent mais pas trop » selon Christine, car les pièces sont petites et l’appartement se sature rapidement. Comme pour la famille PR, dans les pages suivantes nous aborderons certaines activités liées à des usages techniques, technologiques et communicationnels. 282 Certains éléments d’une de ces pratiques, « planifier », émerge dans l’entretien suite à deux séries de questions des chercheurs sur les outils de planification, notamment à propos des agendas : « planifier c’est pas forcément lié à la mémorisation. Planifier quelque chose, c’est pas forcément le formaliser par écrit ». (Albert utilise un agenda papier), et les « extensions techniques » de type agenda électronique, agenda Outlook, etc. 283 Dans l’entretien avec Christine, elle affirme qu’Albert n’aime pas trop manipuler la nourriture, contrairement à elle, et que c’est là une des raisons de cette répartition. Nos observations montrent qu’Albert est certes moins enclin à l’exploration culinaire que sa femme mais aussi qu’au petit-déjeuner, il prend systématiquement en charge le grillage/découpage du pain pour les autres membres (notamment les enfants) et qu’il s’occupe parfois de la préparation du dîner (ou de certains plats particuliers). 

TIC et communication Communication écrite

La communication écrite entre les membres du foyer RAF ne prend pas une place très importante. En ce qui concerne Albert, s’il reçoit un appel pour sa femme, pour ne pas oublier de le lui communiquer, il le notera très vraisemblablement quelque part (une enveloppe, un bout de papier, etc.) et laissera le message sur la table, à coté du courrier qui l’attend (dans le cas où c’est lui qui a récupéré le courrier). Il dit essayer de le lui transmettre oralement aussi, pour s’assurer qu’elle aura le message. Or, il souligne aussi que, lorsqu’un message écrit lui est adressé, il ne s’en aperçoit pas nécessairement284. Albert dit ne faire que peu de penses-bête pour lui-même (à l’occasion de la planification d’une activité de bricolage, par ex.), mais cela reste rare. Communications téléphoniques Les RAF disposent de cinq terminaux et quatre numéros : trois postes de téléphonie fixe, un FT filaire et deux connectés à une Freebox, sans fil (dont les bases se trouvent dans le salon, sous la TV, pour l’une, dans la chambre des parents, pour l’autre)285. La ligne FT sert à recevoir et la ligne Free à passer les appels. Les parents ont aussi un téléphone mobile chacun. – Téléphone fixe : En général les RAF décrochent lorsque le téléphone fixe sonne à la maison, « même pendant les repas, en soupirant mais généralement ouais » (Albert). Dans ces cas-là, les RAF vont développer plus ou moins la conversation en fonction de l’identité de l’appelant : C.R. : si c’est des gens, comme ça arrive assez souvent, heu…qu’on n’a pas souvent au bout du fil ou avec qui on prend plus de gants, comme les parents d’Albert ou des copains qui sont loin, alors on parle et puis on dit aux autres mangez, je reviendrai après…l’assiette en couvercle et puis voilà on se débrouille comme ça. je dirais que c’est quasiment moitié – moitié parce que finalement on a souvent des coups de fil qui émanent de gens qu’on voit pas assez souvent pour les envoyer bouler. 284 Albert raconte, comme anecdote, qu’une fois un post-it laissé par Christine avec un message lui étant destiné était resté collé sur la vitre d’un des meubles du salon pendant deux jours, sans qu’il ne le voie. Surprise par ce fait, Christine avait d’ailleurs certifié, en regardant l’emplacement du post-it, qu’il y était toujours. 285 Christine explique qu’il y avait un autre poste pour la ligne FT dans la chambre de Thomas mais que c’était gênant le soir dû au fait que ça pouvait sonner à des heures relativement tardives (lorsqu’il est « censé dormir »). Au-delà de l’avantage financier de l’offre Free (coût de la communication et offre triple play ) Albert explique avoir fait une manipulation technique (un « report » d’un terminal téléphonique à un autre) pour que « quand on appelle le numéro Free, il bascule sur la ligne numéro France Télécom au bout d’un moment. ça donne un peu de temps, si on n’a pas eu le temps de décrocher ». 197 Christine R., entretien du 28/12/2004 Depuis qu’elle vit en couple, et davantage depuis la naissance des enfants, les pratiques téléphoniques de Christine ont beaucoup changé, tout particulièrement en ce qui concerne l’entretien des relations par téléphone (à la fois par « manque de temps » et à cause du besoin, pour le couple, de se retrouver le soir). Les RAF ne prennent pas souvent l’initiative d’appeler amis ou membres du reste de la famille ; par conséquence, dans la mesure où certaines personnes « font l’effort » de les contacter, ils font l’effort de répondre au téléphone et de s’engager dans une communication relativement longue : C.R. : (…) donc quand eux ils se manifestent, on se dit « bon, la moindre des choses, c’est quand même d’être… » (rire)… donc même si c’est au milieu d’une émission géniale ou d’un truc à suspense, faut vraiment que ce soit des très proches qu’on voit tout le temps pour qu’on dise « bon, je te rappelle parce que, là, c’est le dénouement » (rire)… (…) c’est pas parce que c’est l’objet téléphone, c’est parce que c’est des gens envers qui finalement on se sent des obligations qu’on remplit pas toujours quoi… Christine R., entretien du 28/12/2004 En ce qui concerne la messagerie téléphonique, Christine remarque qu’il peut arriver que les combinés se baladent et restent introuvables quand ils reçoivent certains appels. Les appelants laissent alors des messages. Par ailleurs, concernant les appels téléphoniques réalisés en même temps qu’une autre activité, Christine explique que, selon le moment de la journée ou les périodes de l’année, lorsqu’on appelle sur les téléphones reliés à la ligne Freebox (aujourd’hui les postes sans fil) il lui arrive de prendre l’appel tout en poursuivant le repassage, ou le mélange d’une sauce, par exemple. Dans nos données, les pannes et problèmes techniques concernent essentiellement des problèmes de batteries déchargées (nous n’avons pas observé des problèmes de « qualité du son », évoqués par Christine à propos de la ligne autre que France Télécom). Chez les RAF certains appels peuvent être délégués (« si un d’entre nous est sur un truc un peu chaud et justement délègue la conversation à l’autre », dit Christine), transférés (Thomas parle à un ami puis un de ses parents parle aux parents de l’ami distant), ou même collectifs. C’est le cas en particulier lorsque des proches de la famille, surtout, veulent parler aux enfants ou lorsque le haut parleur est mis en fonctionnement. Dans un cas de délégation, par exemple, où Albert a pris la communication parce que sa femme est occupée, Albert mettra rapidement les haut-parleurs (qu’il appelle « ampli ») s’il s’agit de l’organisation d’une fête de famille, par exemple. Christine répondra à Albert, qui transmet, bien qu’il semble détester 198 faire l’intermédiaire. Parfois les RAF utilisent plusieurs téléphones reliés à la même ligne pour parler à trois, chacun dans une pièce. Thomas, de son coté, utilise souvent la fonction haut-parleur, dans des modalités qui posent problème à Albert. Celui-ci sanctionne l’usage mains libres de Thomas comme moralement incorrect : A.R. : avec ses grands-parents [qui habitent loin de Paris, NdR] il (le) pose et continue à jouer avec son machin pendant qu’il parle. j’essaie de lui expliquer que ça ne se fait pas 286 . Albert R., entretien du 28/12/2004 – Téléphone mobile : Christine a un téléphone portable avec un abonnement, et durant la semaine, elle téléphone environ 15 fois et reçoit une dizaine d’appels. Les fonctions qu’elle utilise le plus souvent sont les appels et le réveil. Elle ne joue jamais sur son portable. Elle n’utilise pas beaucoup le téléphone mobile et a d’ailleurs mis du temps à en faire une pratique (au moment de l’entretien cela ne semblait pas encore aller tout à fait de soi) : mais j’avoue que j’oublie très souvent de l’éteindre [le téléphone mobile], parce que, pendant très longtemps en fait j’avais un mal de chien à l’allumer, à l’avoir avec moi. j’ai mis vraiment longtemps avant de me faire à l’idée d’avoir… et encore maintenant, quand je suis au boulot par exemple, n’ayant pas de poche, (…) je le laisse souvent. par exemple, quand je suis en réunion avec des gens ou dans certaines activités comme les accueils du public, bon, c’est vraiment compliqué à gérer. (…) or, je bouge tout le temps à mon travail, je bouge en permanence. donc, c’est pas du tout simple pour moi…alors, j’essaye d’aller le regarder de temps en temps, de le prendre aux heures des repas pour vérifier qu’il n’y a pas eu de messages ou… et puis il arrive aussi que, ayant laissé ma veste dans un coin, j’ai des collègues qui m’appellent à un autre étage pour me dire (rires) « dis donc y a des voix, des bruits dans ta veste »…c’est vrai que tout ce qui est utilisation, rechargement, tout ça, c’est… c’est une contrainte… enfin, je veux dire, faut vraiment que je me fasse violence pour y penser. Christine R., entretien du 28/12/2004 286 Une des limitations dues au fait de ne pas avoir interviewé les enfants est que l’on obtient peu d’informations sur les usages de ceux-ci, ou, plutôt que l’on en obtient à travers le regard des adultes et de leurs évaluations normatives. Dans les données vidéo, l’usage mains libres a été observé en particulier lors d’appels entre Thomas et Khamel, un ami proche et camarade de classe, l’après-midi (Thomas étant seul chez lui). Au cours d’un de ces échanges, une activité se déploie d’abord autour de la question des devoirs (faits ou encore faire, pour chacun des interlocuteurs) ; puis, un de ces devoirs occasionne un échange à la fois de travail et scénique/ludique : Thomas et Khamel répètent un extrait de l’Acte I, scène première, du Misanthrope de Molière, et ce sur plusieurs appels, à la suite d’arrangements technico-textuels divers (Khamel, qui dans un premier temps ne dispose pas de l’extrait pour lire/réciter ses lignes, suit la suggestion de Thomas et va le chercher sur Internet, par exemple). 199 Le téléphone mobile d’Albert est son téléphone professionnel, dont il en fait un usage « utilitaire » 287 et restreint donc au maximum la durée des communications (s’il envisage qu’un appel – professionnel ou non – sera plutôt long, alors il utilisera son fixe). Aussi, il semble privilégier la modalité vocale directe : donc si je pars une semaine en congrès, j’appellerai… d’abord pas forcément tous les jours, et si j’appelle, c’est pour dire coucou ça va, tout va bien ? ça dure pas vingt minutes. je suis pas du genre à causer très longtemps. ? : mais c’est verbal quoi. enfin c’est… c’est pas un SMS… A.R. : non, c’est pas…on pourrait… effectivement, il faudrait que je fasse ça la prochaine fois. je lui envoie un petit message pour voir ce qu’elle dit sa messagerie (rires) non, c’est un coup de fil dans un sens ou dans l’autre. Albert R., entretien du 28/12/2004 Ayant un seul téléphone Albert rappelle que, bien qu’il reçoit des appels personnels, « l’usage normal est professionnel » ; aussi, mettant en relief son appréhension vis-à-vis d’un trop-plein de communications téléphoniques, il souligne : « si jamais (sur) mon téléphone perso je recevais autant d’appels professionnels, je crois que ça me mettrait en colère ». Visiophonie-partage d’ambiance Interrogé sur la visiophonie et le partage d’ambiance, Albert se dit spontanément et a priori non intéressé. Il pense éventuellement à l’intérêt de communiquer avec ses parents (qu’il a peu vus durant les derniers temps)288, en particulier pour qu’ils voient les enfants, mais, simultanément, sa mère ayant des problèmes de vue, l’intérêt de la visiophonie ou du partage de vidéo s’estompe (« ça nécessiterait du matériel », dit-il encore). Ses parents ne savent pas vraiment utiliser l’ordinateur dont ils disposent, bien qu’ils soient capables de relever un message (des photos leur avaient d’ailleurs été envoyées récemment). Plus généralement, Albert dit ne pas avoir spécialement envie de voir un ami qu’il contacterait par téléphone. Internet L’ordinateur de bureau se trouve dans la chambre des parents, dans une sorte de petite alcôve. Christine se sert d’Internet beaucoup plus à la maison qu’au travail (où elle consulte 287 Il dit utiliser parfois la fonction rappel/réveil, s’il sait qu’il va s’engager dans quelque chose de très prenant, pour ne pas oublier d’aller chercher sa fille à l’école, par ex., mais cela reste rare. 288 Utiliser un tel service avec ses beaux-parents parisiens – qu’ils voient souvent – lui paraîtrait artificiel. 200 des sites de critiques littéraires, de littérature jeunesse ou des informations sur des formations professionnelles). Elle fait ensuite circuler l’information en version papier289 . Chez elle, Christine consulte le web pour faire des recherche d’informations pratiques (itinéraires, préparation des vacances, etc.) et, en ce qui concerne les mails, lit et écrit des messages électroniques mais n’y dédie pas beaucoup de temps. De manière générale, le volume de choses à faire est si important que le temps, dit-elle, vient rapidement à manquer : Christine souligne que des activités liées à l’utilisation d’Internet, concernant aussi bien l’écriture de courriers électroniques290 que la recherche d’informations, par exemple, malgré un intérêt réel, ou plutôt à cause justement de cet intérêt et de l’engagement qu’il peut comporter, posent problème vis-à-vis de « tout ce qu’il y a à faire », provoquant une conséquente frustration face au conflit entre différentes activités (et à l’impératif des choix/priorisations): C.R. : (…) je me suis rendue compte que, par exemple, si un lundi où j’avais du temps et que je mettais à écrire ou [XX] courrier électronique, que j’allais chercher les infos, je restais facilement bloquée deux, trois heures et donc du coup… j’ai aussi plein d’autres choses à faire, donc c’est vrai que c’est toujours un peu frustrant… Christine R., entretien du 28/12/2004 Pendant très longtemps, et contrairement à son mari, Christine n’a pratiquement pas utilisé le courrier électronique, le consultant très aléatoirement. Le fait qu’elle soit de plus en plus sollicitée par mail dans la sphère professionnelle (envoi ou demande d’informations, prise ou communication de rendez-vous, etc.), l’oblige désormais à être « assez réactive », bien qu’elle ne soit toujours pas « une surfeuse de choc » 291. Cette banalisation des usages professionnels semble poser problème : malgré l’indéniable dimension pratique des mails, Christine explique que, à son travail, ils n’avaient pas « vraiment de boîte et que personne est très habile sur ce genre de choses », au moment de notre enquête. Par conséquent, elle 289 Christine imprime un certain nombre d’informations et, pour leur diffusion/dispatche, utilise des navettes (municipales) qui relient quotidiennement les trois sites (bibliothèque centrale et deux annexes) appartenant à la ville où elle travaille. 290 A moins qu’il s’agisse d’informations purement pratiques, Christine consacre à l’écriture des e-mails autant de temps qu’à celle des lettres manuscrites (qu’elle écrit encore souvent) : « je ne sais pas écrire une lettre à quelqu’un qui compte sans y mettre un peu d’enrobage, sans essayer que ce soit un peu marrant ». 291 Depuis qu’Albert a installé Outlook chez eux l’utilisation de la correspondance électronique a été notablement simplifiée, selon Christine, en particulier concernant l’interface. 201 donnait son adresse personnelle (qu’elle consultait chez elle, mais pas tous les jours), ce qui n’est pas sans poser des problèmes292 . En ce qui concerne les usages mail d’Albert, en revanche, la communication professionnelle passait, au moment du terrain, en grande mesure par les courriers électroniques : les deux adresses (privée et professionnelle) sont très compartimentées, et il ne reçoit que très peu de messages professionnels sur l’adresse personnelle (et rien en sens inverse). Les messageries étant consultables indépendamment du lieu de connexion, cette compartimentation ne pose aucun problème. Une fois tous les quinze jours, ou une fois par semaine maximum, il consulte sa boite personnelle au travail (s’il se doute de quelque chose). Aussi, il semble préférer la messagerie instantanée aux mails : (le) système de communication en décalé, ça, ça me branche pas non. C’est MSN oui. le dialogue en direct. mais la messagerie, heu ça semble pas, y a pas cet aspect temps réel qui est nécessaire… tant que les copains ont déjà la Web Cam et j’aimerais bien en avoir une aussi, donc on se cause, on se voit, c’est vivant. Albert R., entretien du 28/12/2004 Enfin, bien que cette information soit issue des observations et non pas des entretiens, soulignons que Thomas surfe régulièrement sur Internet ; cette activité reste normativement et spatialement sous contrôle strict des parents (l’ordinateur étant placé dans la chambre à coucher parentale), notamment du père. Thomas demande pratiquement tous les jours la permission (à son père surtout) de « se connecter » ou, plus elliptiquement, « d’y aller »293 . Télévision Christine n’allume que rarement la télévision et dit regarder assez peu : (…) souvent j’ai pas le temps, (j’ai des choses à lire, ou suis fatiguée), toutes sortes de raisons font que la plupart des choses que j’ai envie de voir finalement passent à l’as. donc Albert allume, je suis là ou il m’appelle parce qu’il y a un truc intéressant (…) mais c’est presque jamais une activité unique. il faut vraiment que je sois 292 Christine illustre le problème du manque d’harmonisation vis-à-vis de l’équipement ainsi que des pratiques professionnelles liées à celui-ci, en nous racontant qu’un jour, en ouvrant nonchalamment, chez elle, sa messagerie de courriers électroniques « crac ! je trouve l’inspecteur d’Académie qui me dit « on se retrouve tel jour » ». Un rendez-vous important de travail était donné par un media, et uniquement par celui-ci, media qu’elle – ainsi que la plupart de ses collègues à l’époque – ne considérait qu’optionnel (ou complémentaires des canaux de communication institutionnels traditionnels). 293 Nous analyserons des extraits vidéo qui illustrerons cette routine, au chapitre 7. Nous verrons que la navigation web devient possible pour le garçon seulement une fois les tâches obligatoires terminées (en particulier les devoirs), mais aussi que Albert lui demande de fournir des motifs qui justifient d’utiliser Internet. 202 dans un état de décomposition totale pour me mettre dans le canapé à regarder sans rien faire. Ces activités en parallèle sont, comme chez Albert, essentiellement liées au linge et au repassage (souvent cela sert d’alibi, dit-elle) et moins fréquemment à la préparation de choses pour son travail. Sur un plan plus technique, Christine et Albert soulignent chacun l’existence de quelques pannes liées aux interférences entre appels téléphoniques et flux télévisuel, avec la connexion Freebox (offre triple play Internet, télévision et téléphonie fixe illimitée)294. Albert est un spectateur assidu de télévision, bien que, comme vu précédemment, il la regarde, la plupart du temps, en faisant autre chose (les séances familiales de grand cinéma étant une exception). 

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I
CHAPITRE 1. FONDEMENTS THEORICO-METHODOLOGIQUES ET TERRAIN D’ENQUETE .
1 .1 . L’ETH NOM ETHODO LOG I E : UN E SOC IO LOGI E PRAGMAT IQ UE DE LA COMMUN ICAT ION ET DE L’ACT ION
1 .2 . L’ANA LYSE V I DEO DANS LES A PPROCHES PRAXEOLOGIQUES
1 .3 . CONS T I TUT ION D U TERRA I N ET D U COR PUS : UN PROCESSUS COM POS I TE
1 .4 . RESSO URCES E T C ONTRA I NTES D U PROTOCO LE ET D U D IS POS IT I F
CONC LUS ION
CHAPITRE 2 . LA TEMPORA L ITE : ELEMENT CONST ITUT IF DE L’ INTERPRETAB IL ITE
DE L’EXPER IENCE . ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED
2 .1 . TRA I TEME NTS L I N GU IST IQ UES DE LA D IMENS ION TEM PORE L LE
2 .2 . LE T EM PS : U NE REPRES ENTA T ION CO L LEC T IVE
2 .3 . CO URANTS PH ENOMENO LOG IQ UES E T PRA GMAT ISTES .
2 .4 . LA TEMPORA L I TE E N ETH NOME THODO LOG I E ET E N ANA LYS E CONVERSAT IONNE L L E
2 .5 . LES NO UVE L L ES T EM PORA L I TES DE LA FAM I L LE
CONC LUS ION
CHAPITRE 3 . LE FOYER : ARENE DES PRAT IQUES DOMEST IQUES ET FAM IL IALE
3 .1 . LA PH ENOM ENO LO G I E DE L’HAB I T ER
3 .2 . ES PACE DOM EST IQ UE ET PRAT IQ UES FAM I L IA LES
CONC LUS ION
CHAPITRE 4 . LA PLACE DES TECHNOLOG IES DANS L’ORGAN ISAT ION DES ACT IV ITES QUOT ID IENNES
4 .1 . SC I ENCES SOC IA LES ET T ECHNO LOG I E
4 .2 . DE LA MA ISON D U F UTUR AUX ANA LYSES D’ACT IV I TES ORD I NA IRES
CONC LUS ION
PARTIE II CHA P I TRE 5 . LES E NTR ET I ENS COMM E SO URCE I N FORMAT IONNE L LE
5 .1 . LES EN TRET I ENS : UN « D ISCO URS SUR » LES ACT IV I TES Q UOT I D I ENNES
5 .2 . FAM I L LE PR
5 .3 . FAM I L LE RAF
5 .4 . SIM I LAR I TES ET V AR IAT IONS ENTRE LES DEUX FOYERS
CONC LUS ION
CHAPITRE 6 . LES ENTRET IENS COMME ACT IV ITE DESCR IPT IVE TYPIF IANTE
6 .1 . LE PA T TER N COMM E MODE L E DE COMPOR T EM ENT E T COMM E SCHEMA
D’EXP ER I ENCE
6 .2 . CARACT ER IST IQ UES GENERA LES DES ENTR ET I ENS
6 .3 . QUE LQ UES RETO URS REF LEX I FS SUR LA S I TUAT ION D’ENQ UET E
6 .4 . DE LA RO UT I NE COMME NORM E ED UCAT IVE ET COMME D IS POS IT I F TEM PORE L :UNE PREM I ERE A P PROCH E
CONC LUS ION
PARTIE III
CHAPITRE 7 . IMPULS ION DE L’ACTION ET ENCHA INEMENTS ACT IONNELS
IMMED IATS . LE ROLE DES VERBA L ISAT IONS D’ACT ION , DES PART ICULES
D ISCURS IVES ET DES ANNONCES
7 .1 . LE D I LEMME DES DEBUTS ET DES F I NS D’ACT IV I TE
7 .2 . RE P ERES, D URE ES ET PRO J ECT IONS DANS LA PARO LE-EN-I NT ERACT ION
7 .3 . SCANDER E T RENDRE I NTE L L I G IB LE L E F LUX DE L’ACT ION
7 .4 . IMPU LSER L’ACT ION EN PAR LAN T TO UT(E) SEU L(E) : UN PAV E DANS LA MARE
DE L’AT TE NT ION MUTU E L LE ?
CONC LUS ION
CHAPITRE 8 . SYNCHRON ISAT IONS , TRANS ITIONS , REPERES , DUREES . LES DONNEURS DE TEMPS CONVERSAT IONNELS ET ECOLOG IQUES
8 .1 . LES TRANS I T IONS. UN AR T PAREN TA L DE L’AN T IC I PAT ION ET DE LA PROGRESS IV I TE
8 .2 . MESURER LE TEMPS DE L’ACT ION : RE PER ES STANDARD ISES ET ECO LOG IQ UES
8 .3 . UN E TEMPORA L I T E D ISTR IBUEE
CONC LUS ION
CHAPITRE 9 . SOLL IC ITAT IONS ET SOLL ICITUDE : STRATEGIES INTERACT IONNELLES
9 .1 . L’ IMBR ICAT ION DU TRAVA I L PARENTA L E T D U TRAVA I L DOMESTIQUE
9 .2 . SE RENDRE I ND ISPON IB LE FACE AUX SO L L IC I TAT IONS DES EN FANTS. UN TEMPS
PRESERVE
CONC LUS ION
CHAPITRE . LA COORD INAT ION DU SO IR : DES APPELS TELEPHONIQUES
COMME EVENEMENTS-POUR-L’ORGAN ISAT ION
.1 . LES A P PE LS TE LE PHON IQ UES ET LEUR CONTEX TE E N AC E T DANS LES WORKPLACE STUD I ES
.2 . LES A P PE LS DE COORD I NAT ION D U SO IR ENTRE PARENTS
.3 . TENS IONS ET CO N F L I TS PARENT-EN FANT AUTOUR DU TELEPHON E. QU I REPOND ? E T SUR TO UT, QUAND ?
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE . ERRO R! BOOKMARK NOT DEFINED
ANNEXES

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