Etude de la variabilité morphologique et taxonomie des morphotypes chez le Karité

Etude de la variabilité morphologique et taxonomie des morphotypes chez le Karité

Diversité du karité 

Diversité phénotypique 

Au sein de Vitellaria paradoxa subsp. paradoxa, la diversité phénotypique a été signalée par plusieurs auteurs. Environ six (6) morphotypes ont été décrits par les ruraux au Tchad à l‟aide des caractères macromorphologiques comme la forme des fruits qui se révèle comme étant un des meilleurs descripteurs morphologiques (Djekota, 2008). Mbaïguinam et al., (2007) ont analysé les caractéristiques physico chimiques des beurres extraites respectivement de ces morphotypes. 24 Au Tchad, les six (6) morphotypes qui ont été identifiés dans le Mandoul par les ruraux (World Vision Tchad ; 2003) selon la forme des fruits par les ruraux ont fait l‟objet d‟une analyse physico-chimique (Mbaïguinam et al., 2007 ; Mohagir et al., 2011). Cette étude a présenté le poids des fruits de karité de la région du Mandoul variant de 18 à 34 g (Student ttest, p<0.05) similaire à celui des autres provenances étudiées par Ruyssen (1957) et Boffa et al. (1996). Ils ont trouvé en Afrique de l’Ouest de poids des fruits variant respectivement pour le premier de 10 à 45 g et le second de 10 à 57 g. Des marqueurs microsatellites et des traits quantitatifs de l’arbre de karité ont été étudiés par certains auteurs. C‟est le cas de l‟étude de la variation génétique au sein et entre-population sur onze populations qui ont été échantillonnées à travers le Mali et le nord de la Côte d’Ivoire. Les résultats ont montré qu‟il y a de faibles niveaux d’hétérozygotie enregistrée. Cependant, les caractères quantitatifs étudiés sur le même échantillon ont montré une forte variation génétique entre populations et entre les morphotypes au sein des populations (Sanou et al., 2005). Par ailleurs, Gwali et al., (2012) ont utilisé les caractères morphologiques de 176 arbres représentant 44 ethno-variétés de l’Ouganda pour établir la concordance entre la variation morphologique et la classification populaire. Leurs résultats ont montré une bonne concordance avec la classification des précédents auteurs lorsqu‟ils ont combiné aux descripteurs foliaires et promologiques les traits qualitatifs tels que perçus par les agriculteurs. Chez Vitellaria paradoxa subsp. paradoxa C.F. Gaetrn, (Sapotaceae), les caractères foliaires notamment la forme, la base, le sommet, la pubescence, la forme de la marge et la nervure sont fréquemment utilisés dans les flores par (Lebrun & Boutique, 1948 ; Hutchinson, 1958 ; Berhaut, 1967 ; Aubreville, 1950, 1959 ; Berg 1985). Cinq phénotypes de karité ont été également enregistrés en Côte d‟Ivoire (Nafan et al., 2007 ; Lamien et al., 2007). 

Diversité génétique

Guira (1997) a tenté de mettre en évidence la variabilité de certains caractères génotypiques du karité par les outils moléculaires mais sans succès. Lovett & Haq (2000), ont élargi cette recherche en utilisation d‟autres marqueurs moléculaires tels que les isozymes mais sans clairement corréler les génotypes aux morphotypes de karité. Kelly et al., (2004) ; Fontaine et al., (2004) ; Bouvet et al. (2004) dans des institutions différentes ont utilisé les microsatellites pour mieux caractériser les populations de karité. 25 Ainsi, il est à signaler que des résultats considérables ont été obtenus avec les RAPD par Fontaine et al. (2004) qui ont montré 67% de variation intra population. C‟est sur la base de ces résultats que les sous-espèces de karité qui sont : nilotica endémique de l‟Afrique de l‟Est et la sous-espèce paradoxa endémique de l‟Afrique de l‟Ouest jusqu‟en Afrique Centrale ont été distinguées. Aussi, l‟utilisation de SSR chloroplastique puis 3SSR (Fontaine et al., 2004) ont donné 10 allèles mais ne différencient pas les deux (2) sous-espèces endémiques de l‟Est et de l‟Ouest. Par ailleurs, l‟utilisation du SSR nucléaire par Allal (2007) sur des populations malienne a détecté 4 à 26 allèles. Ces auteurs précisent que ces résultats présentent une concordance relativement faible avec la diversité perceptible dans les populations naturelles de karité, ainsi que dans les parcs entretenus par les communautés villageoises. Ils relèvent qu‟il y aurait probablement une forte influence de l‟environnement sur les descripteurs utilisés par ces auteurs. Toutefois, le problème de l‟existence de descripteurs fiables chez le karité demeure. Chez le karité, la diversité génétique est plus faible que chez les autres arbres tropicaux. Cependant, leur degré de différenciation d‟une population à l‟autre est plus important que celui des marqueurs moléculaires, ce qui atteste l‟influence de la sélection sur les valeurs génotypiques : la variation des caractères n‟est pas seulement liée aux variables environnementales. Par conséquent, aucun élément ne prouve clairement l‟adaptation à différents niveaux de précipitations, par exemple. 

Caractéristiques physico chimique du beurre de karité

La composition d‟une amande de karité se fait en général selon les proportions moyennes, susceptibles de varier selon l‟origine du produit et surtout la manière dont il est traité (annexe 3). Selon le Secrétariat de la CNUCED, cette composition est partiellement estimée à : Triglycérides 50 % ; Acides gras libres 5 % dont : Acides palmitiques : 3 to 7 % ; Acides stéariques : 35 to 45 % ; Acides oléiques : 40 to 55 % ; Acides linoléiques : 3 to 8 % ; Esther de cire 7 % ; Protéines 0,7 à 1,3 g (pour 100 gr) ; Densité de 0,92 à 40°C ; Point de fusion 22°C ; Insaponifiables entre 8% et 10% :  Alcools tri terpéniques (environ 75 %) ;  Hydrocarbures dont Karitène (environ 20 %) ;  Stérols (environ 3 %) ;  Tocophérols (0,1 %). 26 Kapseu et al., (2002) ont montré que les propriétés physico-chimiques variaient en fonction des origines de la variété et du procédé d‟extraction. Il en ressort que la teneur en insaponifiables est particulièrement élevée pour l‟échantillon en provenance du Cameroun (pays voisin du Tchad). Par ailleurs, Mbaiguinam et al., (2007) dans l‟étude physico chimique des amandes de six (6) variétés de karité en provenance de la région du Mandoul ont révèlé que la teneur en humidité des pulpes (79% en moyenne) chez les six (6) variétés n’est pas significativement différent. Cependant la pulpe des variétés appelées localement Mbabete, Komane et Ngoïtokoto contiennent plus de glucides (9.35 à 8.96%) que les 3 autres. Leur pulpe très douce et bien sucrée explique sans doute cette préférence des indigènes qui la consomment. Cette étude conclut que la teneur en protéines de la pulpe sèche du karité Mandoul est la plus proche de l’Ouganda. Le Ngoïtokoro contient plus de matières grasses extraites par le solvant comparativement aux 5 autres morphotypes. Les sucres totaux contenus dans la pulpe, les protéines ainsi que les minéraux analysés ont varié d‟un morphotype à un autre. La teneur totale en graisses des grains et les profils d’acides gras dans le beurre de karité extrait des six (6) morphotypes de karité du Mandoul comparée à ceux des autres provenances étudiés successivement par Marchand (1988); Schrechkenberg (1996); Wiesman et Maranz (2001) n‟est pas significativement différent. Cependant, il y a une dominante proportion d’acide oléique dans ces beurres. En outre, dans ces beurres, le point de fusion de l’acide oléique est moins de 9 °C et celui de l’acide stéarique est de 69,6 °C. C’est ce qui explique leur aspect d’huile à température ambiante du beurre extrait des amandes de V. paradoxa subsp paradoxa en provenance de l‟Afrique Centrale. Cette variabilité constatée au niveau des caractéristiques physico-chimiques serait liée probablement à la diversité des méthodes utilisées. Ces résultats montrent que le profil des beurres des six (6) morphotypes de karité du Mandoul se situe entre celui du Cameroun et de l’Ouganda. En résumé, les résultats de ces différents travaux ont permis mettre en évidence la variabilité physico-chimique infra spécifique de la sous-espèce paradoxa qui est pourtant la même qui pousse au Tchad. En revanche, l‟expression de ces caractéristiques physico-chimiques qui aurait probablement des indices phénotypes n‟a pas été clairement repérée ou illustrée et décrite dans le domaine de la description botanique de l‟espèce. 27 6. Intérêts alimentaire et économique Le karité est une espèce dont le rôle économique est considérable dans certaines régions, en raison du beurre extrait des amandes fermentées (beurre de karité). Ce beurre est souvent commercialisé en boule ou en pain dans les marchés. Pour cette raison, l‟arbre est généralement protégé. La pulpe du fruit, épaisse de 4 à 8 mm, au goût sucré et très parfumé, est comestible, mais d‟un goût inégalement agréable selon les arbres. Le beurre de karité émollient et cicatrisant est fréquemment utilisé dans la fabrication des pommades et les cuisines traditionnelles. Les racines sont utilisées pour les soins de la gastrite, le cancer du foie, la stérilité féminine. L‟écorce soigne la dysenterie, l‟hémorroïde, la bilharziose, la toux. Les feuilles soignent l‟ictère, les nausées, la diarrhée, la constipation, la céphalée, la fièvre, la conjonctivite et trachome, la convulsion. Les graines sont des antivenimeux. Elles soignent la diarrhée et sont employées également dans la magie (Arbonnier, 2000). Le beurre de mauvaise qualité est utilisé pour l‟éclairage (lampe à huile) et le savon artisanal. A durée égale, une lampe à beurre est environ deux fois plus économique qu‟une lampe à pétrole ou le savon artisanal est bon marché (Arbonnier, 2000). Le karité possède de réelles vertus pour la peau: il hydrate, adoucit, protège et embellit grâce à sa composition exceptionnellement riche en insaponifiables, en vitamines (A, D, E, F) et en latex. Il est utilisé dans les pays africains par les mères qui enduisent leurs bébés de beurre de karité pour prévenir ou guérir les endroits irrités. L‟usage quotidien du beurre de karité permet de bénéficier de ces trois vertus : i) une meilleure élasticité de la peau ; ii) l‟hydratation des couches supérieures de l‟épiderme ; iii) la protection contre le vent, le froid et le soleil. L‟utilisation du karité est particulièrement recommandée en hiver pour lutter contre le dessèchement et le vieillissement accéléré de la peau (Arbonnier, 2000). Dans le reste du monde et plus précisément en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, le beurre de karité est presque exclusivement réservé à l’industrie agroalimentaire, seuls 5% sont réservés à la cosmétologie et à l’industrie pharmaceutique. Il est utilisé en margarinerie après transformation, ainsi qu’en pâtisserie pour la confection des pâtes légère telles que la pâte feuilletée. Il y est très apprécié car la présence du latex dans l’insaponifiable permet un excellent mélange de la farine et de la matière grasse. Cela permet aussi à la pâte de ne pas adhérer aux parois des machines et aux doigts des pétrisseurs. Notons cependant que la plus grande partie du beurre de karité importé est utilisé en chocolaterie et en confiserie. Il se révèle un bon substitut au beurre de cacao car leurs structures physique et chimique sont très 28 proches. Pourtant la plage de fusion du beurre de karité, plus haute que celle du beurre de cacao, lui confère un avantage certain, surtout pour l’enrobage. Le seul inconvénient du beurre de karité est sa saveur, moins agréable que celle du cacao, bien que la différence soit indécelable s’il est raisonnablement dosé et convenablement raffiné. La fabrication du savon, les crèmes pour les cheveux et la peau, le shampoing, le remplacement du beurre de cacao dans la fabrication de chocolat sont entre autres les intérêts économiques du beurre de karité (Arbonnier, 2000). 

Table des matières

SIGLES ET ACRONYMES
DEDICACE
REMERCIEMENTS
Résumé.
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Origine et position systématique
2. Répartition géographique
3. Biologie et productivité du karité
4. Ecologie du karité
4.1. Contrainte à la production
4.2. Influence des facteurs écologiques
5. Diversité du karité
5.1. Diversité phénotypique
5.2. Diversité génétique
5.3. Caractéristiques physico chimique du beurre de karité
6. Intérêts alimentaire et économique
7. Commercialisation du beurre de karité et ses dérivés
8. Technologie de transformation des amandes de karité
CHAPITRE 2 : MATERIEL ET METHODES
1. Zone d‟étude
1.1. Présentation de la zone d‟étude
1.2. Localisation et présentation des sites
2. Etude des caractères macro morphologiques
2.1. Plante adulte
2.1.1. Echantillonnage du matériel végétal
2.2. Variables macro morphologiques
2.3. Méthode d‟analyse des données macro morphologiques
2.2. Caractères de la jeune plante
3. Etude des caractères micro morphologiques
3.1. Matériel végétal
3.2. Méthodes
CHAPITRE 3 : CARACTERISATION MACRO MORPHOLOGIQUE DES MORPHOTYPES
Introduction
RESULTATS
1. Etude de la pertinence des caractères
2. Caractérisation macromorphologique des morphotypes .
2.1. Plante adulte
2.2. Jeune plante
3. Corrélations des caractères et affinités taxonomiques entre les morphotypes
3.1. Corrélations des caractères dans chaque site
3.2. Corrélations des caractères dans l‟ensemble des sites
3.2. Affinités taxonomiques entre les morphotypes dans chaque site
CHAPITRE 4 : CARACTERISATION MICRO MORPHOLOGIQUE DES MORPHOTYPES
Introduction
RESULTATS
1. Caractères des poils des bourgeons apicaux
2. Types stomatiques
3. Proposition d‟une clé partielle avec des caractères micro morphologiques
CHAPITRE 5 : AFFINITES INTRA SPECIFIQUES
Introduction
RESULTATS
1. Répertoire des caractères étudiés
2. Interprétation des facteurs
3. Contribution des caractères à l‟AFC
4. Affinités entre les morphotypes
5. Proposition des clés de détermination
CHAPITRE 6 : DISCUSSION GENERALE
1. Caractérisation macromorphologique
2. Caractères des poils apicaux et les types stomatiques
3. Affinités entre les morphotypes
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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