Eco-biologie des poissons du lac Mandrozo et analyse de l’efficacité du noyau dur

Eco-biologie des poissons du lac Mandrozo et analyse de l’efficacité du noyau dur

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METHODOLOGIE

La présente étude s’est déroulée du 19 août au 23 septembre 2017. Des méthodes standards d’échantillonnages ont été appliquées afin d’avoir des informations fiables et solides sur les poissons et le lac Mandrozo.

Milieu d’étude

La présente étude a été menée dans l’Aire Protégée (AP) Mandrozo. C’est une AP de statut « Paysage Harmonieux Protégé » selon la loi code de gestion des aires protégées et appartenant à la catégorie V selon la classification de l’UICN. Il s’agit d’une AP où les interactions entre l’Homme et la Nature contribuent au maintien de la biodiversité et des valeurs esthétiques, culturelles et cultuelles et au développement économique et social (UICN, 2008).
Elle s’étale sur une superficie de 15 145 ha. La zone est constituée par des mosaïques d’écosystèmes : lacs, marécages, savanes, forêts denses sèches caducifoliées et forêts de palmiers (The Peregrine Fund, 2013 ; Association RENIALA, 2015).
L’AP se situe dans la partie Ouest de Madagascar, Région Melaky, District de Maintirano (Figure 1). Elle se trouve à 60 km au nord de la ville de Maintirano. Elle est administrativement rattachée aux trois communes rurales : Tambohorano à l’Ouest, Andranovao au Sud et Veromanga à l’Est. Elle est limitée entre les coordonnées géographiques : 17°29’ et 17°36’ S ; 44°00’ et 44°11’ E (Razafimanjato et al., 2012).

Sol

Le milieu d’étude se trouve sur des couches de sols sédimentaires constitués de sables, sols ferrugineux tropicaux et alluvions (Association RENIALA, 2015).

Climat

Suivant la carte bioclimatique de Madagascar, le milieu d’étude se trouve dans l’étage sec, sous étage 2b avec un déficit hydrique compris entre 400 et 700 mm et une moyenne des minimums du mois le plus froid compris entre 16 et 18°C (Cornet, 1974).

Température et précipitation

La température moyenne annuelle est environ 26°C. Le mois de juillet correspond au mois où la température est la plus basse (environ 23°C). Puis, elle augmente progressivement et atteint une valeur maximale au mois de décembre (environ 28°C).
La précipitation moyenne annuelle est de l’ordre de 1430 mm. Le mois de janvier enregistre la valeur la plus élevée (environ 475 mm). (Source : Service météorologique d’Ampandrianomby, 2017). La saison de pluie correspond au mois de décembre jusqu’au mois d’avril. Pour la saison sèche, elle s’étale entre le mois de mai et le mois de novembre. Ainsi, la période d’étude s’est coïncidée avec la saison sèche.

Flore

Deux cent soixante espèces végétales existent au sein de l’AP. Elles sont reparties dans 195 genres et 66 familles (Association RENIALA, 2015) dont celles comportant le plus de genres sont: FABACEAE (19 genres et 23 espèces), EUPHORBIACEAE (13 genres et 14 espèces), RUBIACEAE (13 genres et 13 espèces), APOCYNACEAE (12 genres et 14 espèces), et POACEAE (9 genres et 10 espèces). Les ARECACEAE, dominées par Bismarckia nobilis « Mokoty », occupent les deux tiers de la superficie de l’AP (The Peregrine Fund, 2013).
Deux espèces sont inscrites dans la liste rouge de l’UICN (2016) comme espèces menacées d’extinction : Dalbergia bathiei (EN) et Dalbergia purpurescens (VU).

Faune

L’AP Mandrozo possède une diversité spécifique élevée du fait de l’existence des différents types d’écosystèmes qui offrent des habitats favorables pour la faune de la région.

Poissons

Neuf espèces de poissons ont été identifiées dans le lac Mandrozo. Ces espèces sont Ambassis natalensis, Glossogobius giuris, Megalops cyprinoides, Scatophagus tetracanthus, Spratellomorpha bianalis, Oreochromis niloticus, Tilapia zillii, Tilapia rendalli et Heterotis niloticus (Ravelomanana et Ratsoavina, 2016).

Herpetofaune

Pour l’herpetofaune, l’AP Mandrozo héberge 11 espèces d’Amphibiens et 36 espèces de Reptiles avec un taux d’endémisme élevé (Razafimahatratra, 2008). Parmi ces reptiles, deux sont inscrits dans la liste rouge de l’UICN (2016) : le Podocnemide ou tortue d’eau douce Erymnochelys madagascariensis (CR) « Rere », et le gecko à tête jaune Phelsuma klemmeri (EN). Les crocodiles du Nil Crocodilus niloticus sont aussi recensés dans l’AP Mandrozo (Razafimahatratra, 2008).

Oiseaux

Quatre-vingt-onze espèces d’oiseaux dont 56 forestières et 35 aquatiques ont été recensées dans l’AP Mandrozo. Parmi eux, Trente-trois sont endémiques soit un taux d’endémisme d’environ 36 % (Razafimanjato, 2008). Selon la liste rouge de l’UICN (2016), sept espèces sont menacées d’extinction dont l’aigle pêcheur de Madagascar Haliaeetus vociferoides (CR), le râle d’Olivier Amaurornis olivieri (EN), le héron de Madagascar Ardea humbloti (EN), le héron crabier blanc Ardeola idae (EN), le grèbe Tachybaptus pelzelnii (EN), l’ibis sacré Threskiornis bernieri (EN) et le flamant rose nain Phoeniconaias minor (VU). L’AP constitue aussi un site de reproduction pour certains oiseaux migrateurs comme Phoenicopterus ruber, Phoeniconaias minor et Ardeola idae (Razafimanjato et al., 2015).

Mammifères

L’AP Mandrozo renferme cinq espèces de lémuriens représentées par Eulemur rufus, Propithecus deckenii, Lepilemur ruficaudatus, Hapalemur occidentalis et Microcebus murinus (The Peregrine Fund, 2013). Elle abrite aussi quatre espèces de petits mammifères qui sont : Microgale brevicaudata, Setifer setosus, Tenrec ecaudatus et Rattus rattus (Rakotomalala, 2015). Cette AP héberge également deux espèces de carnivores (The Peregrine Fund, 2013) et sept espèces de chiroptères dont Pteropus rufus, Chaerephon leucogaster, Mops leucostigma, Myzopoda schliemanni, Pipistrellus spp., Scotophilus marovaza, et Scotophilus robustus (Ravelojaona, 2017).

Site d’étude et stations d’échantillonnage

Site d’étude

Le lac Mandrozo, cinquième grand lac à Madagascar, ayant une superficie totale de 1 800 ha (The Peregrine Fund, 2013), constitue le site d’étude. Il est localisé dans la partie centrale de l’AP et se trouve sur une altitude moyenne de 13 m. Il est subdivisé en deux zones bien distinctes : le noyau dur (ND) avec une superficie de 135 ha et la zone tampon (ZT).
Pour le régime hydrique, de nombreuses sources d’eau alimentent le lac durant les périodes sèches et pluvieuses. Ainsi, ce dernier a une profondeur moyenne variant de 2 à 3 m. Cette profondeur peut atteindre jusqu’à 5 m pendant la saison de pluie (Razafimanjato et al., 2012). Selon Kiener (1963), le site d’étude se classe parmi les lacs des plaines.
Concernant la végétation, le lac est bordé presque dans toute sa totalité par des couvertures végétales aquatiques denses. Vingt-huit espèces végétales ont été identifiées (Annexe 2). Parmi ces dernières, Phragmites communis (POACEAE), Typha angustifolia (TYPHACEAE), Nymphaea lotus (NYMPHACEAE), Nymphaea nouchali (NYMPHACEAE) et Elaeocharis plantaginea (CYPERACEAE) constituent les espèces végétales dominantes (Association RENIALA, 2015).

Choix des stations d’étude

Le choix des stations d’échantillonnage repose sur une répartition assez équitable au sein du lac pour avoir une bonne représentativité de l’ensemble (Figure 3). Tous les points de stations sont disposés et repérés sur une carte en utilisant Google Earth. Ensuite, les coordonnées géographiques ont été relevées à partir de cette carte et vérifiées une fois sur terrain (Annexes 3, 4, 5). Ainsi, deux types de stations ont été établis dans l’ensemble du lac : stations au niveau des berges et stations en eau profonde. Au total, 43 stations géoreférenciées ont été mises en place au cours de cette étude. Un GPS a été aussi utilisé pour connaitre l’étendue exacte du noyau dur du lac.

Stations en eau profonde

Deux lignes de transects parallèles (T1 et T2) de 5 500 m de long ont été établies allant du Noyau Dur (ND) vers la Zone Tampon (ZT) du lac. Les deux stations voisines sont distantes de 500 m. Ce qui fait que chaque ligne de transect possède chacune 12 points de stations. Ces derniers sont numérotés de 1 à 12 suivant chaque ligne de transect. Par exemple, pour le transect T1, les points sont numérotés de T1.1 à T1.12. Le même principe a été procédé pour le transect T2.

Stations au niveau des berges

Tous les points ont été repérés sur table en utilisant Google Earth et vérifiés une fois sur terrain. De ce fait, 19 stations, codées de B1 à B19, ont été mises en place au niveau des berges couvrant l’ensemble du lac. Deux stations consécutives sont distantes d’environ 1 km.
Les stations B1 à B5 se trouvent dans le ND tandis que les autres sont éparpillées dans la ZT.

Collecte de données

Différents types de données ont été collectés au cours de cette étude : les données sur les paramètres abiotiques du lac, les données biologiques sur les poissons, les données sur les produits des pêcheurs et les informations concernant les menaces et les pressions au niveau du lac.

Mesure des paramètres physico-chimiques du lac

Des paramètres physico-chimiques tels que profondeur, turbidité, température, conductivité, pH et nature de substrat, ont été relevés dans chaque station d’échantillonnage pendant la matinée vers 9 heures.

Mesure de la profondeur

La mesure de la profondeur de l’eau a été faite à l’aide d’un disque de Secchi suspendu par une longue corde graduée. La mesure prise correspond à la profondeur à laquelle le disque touche le fond.

Mesure de la turbidité

La turbidité fait référence à la quantité de matières (organiques ou minérales) en suspension contenues dans l’eau. Plus la présence de ces matières est élevée, plus la transparence de l’eau diminue. Pour cette étude, le disque de Secchi a été aussi utilisé pour déterminer la turbidité de l’eau (Annexe 6). Ce disque de 20 cm de diamètre est de couleur noir et blanc, suspendu par une longue corde graduée. La profondeur à laquelle le disque n’est plus visible correspond à la valeur de la turbidité. Ce qui fait que, plus l’eau est trouble plus le disque disparait rapidement ou inversement.

Mesure de la température, de la conductivité et du pH

La température à la surface, la conductivité et le pH du milieu ont été mesurés grâce à l’appareil multifonctionnel « HI 9812-5, Hanna Instruments ». La valeur de chaque paramètre est lue suivant la valeur indiquée sur l’appareil une fois que celle-ci se stabilise, avec une précision de 1°C près pour la température, 10 µS/cm pour la conductivité et 0,1 près pour le pH (Hanna Instruments, 2010).

Détermination de la nature de substrat

La nature du substrat a été identifiée à partir du prélèvement des échantillons d’environ 0,5 dm3 à chaque station de la berge. Après prélèvement, les échantillons sont mis dans des bocaux en verre puis laissés se décanter pendant 24 heures. Apres décantation, il y aura subdivision des particules en différentes couches. L’épaisseur de chaque couche a été également mesurée et leur composition respective a été déterminée à l’aide de la méthode visuelle décrite par Malavoi et Souchon (1989). Ainsi, les particules solides ayant une taille relativement petite, inférieure à 0,0625
mm de diamètre, correspondent au limon et à l’argile. Celles ayant une taille comprise entre 0,0625 et 2 mm sont des sables. Dernièrement, celles ayant une taille située entre 2 et 8 mm correspond au gravier.

Pêche expérimentale

Pour l’échantillonnage des poissons, deux types d’engin de pêche ont été utilisés. Il s’agit de filets maillants et d’un filet senne muni d’une poche.

Filet maillant et installation

Pour cette étude, deux types de filets de pêche à maille respectivement 20 mm et 40 mm ont été employés. Ce sont des engins de pêche de type passif, c’est-à-dire, il ne sert qu’à piéger les poissons circulant uniquement aux environs. Chaque filet possède une longueur de 100 m et 1,5 m de hauteur. Ces derniers sont munis de flotteurs et de plombs fixés à intervalles réguliers, respectivement sur la ralingue supérieure et sur la ralingue inférieure (Figure 5). Il est à noter que les filets maillants ont été utilisés au niveau des stations en eau profonde seulement. Dix filets maillants, dont cinq sont à maille de 20 mm et cinq autres à maille de 40 mm, ont été installés à chaque station d’échantillonnage entre 6 h du matin et 12 h, soit un effort de 6 h de temps de pêche.

Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
II. METHODOLOGIE
II.1. Milieu d’étude
II.1.1. Sol
II.1.2. Climat
II.1.3. Température et précipitation
II.1.4. Flore
II.1.5. Faune
II.2. Site d’étude et stations d’échantillonnage
II.2.1. Site d’étude
II.2.2. Choix des stations d’étude
II.3. Collecte de données
II.3.1. Mesure des paramètres physico-chimiques du lac
II.3.2. Pêche expérimentale
II.3.3. Identification et mensuration des poissons
II.3.4. Evaluation de stock
II.3.5. Enquête auprès des pêcheurs
II.3.6. Identification des menaces et pressions au niveau du lac
II.4. Analyse des données
II.4.1. Subdivision du lac en quatre zones d’échantillonnage
II.4.2. Evaluation de la diversité piscicole du lac Mandrozo
II.4.3. Analyse de la structure des populations piscicoles
II.4.4. Evaluation du stock de poissons
II.4.5. Détermination de l’influence des paramètres abiotiques sur l’abondance piscicole
II.4.6. Analyse de l’efficacité du noyau dur
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Caractères physico-chimiques du lac
III.1.1. Profondeur du lac
III.1.2. Turbidité du lac
III.1.3. Conductivité, température et pH du lac
III.1.4. Nature du substrat
III.2. Communauté ichtyofaunique du lac Mandrozo
III.2.1. Richesse spécifique
III.2.2. Abondance relative des poissons
III.2.3. Indice de diversité de Shannon (H’) et équitabilité (E)
III.3. Structure des populations de poissons
III.4. Influence des paramètres abiotiques sur l’abondance piscicole
III.5. Densité, stock et biomasse des poissons du lac Mandrozo
III.6. Rendement de la pêche
III.7. Pressions et menaces au niveau du lac
III.8. Efficacité du noyau dur du lac
III.8.1. Richesse spécifique au niveau du noyau dur
III.8.2. Abondance de poissons en s’éloignant du noyau dur
III.8.3. Densité au niveau des différentes zones du lac
III.8.4. Répartition de la taille des individus de chaque espèce dans le noyau dur et dans la zone tampon.
III.8.5. Niveau de menaces et de pressions au niveau du noyau dur
IV. DISCUSSION
Paramètres physico-chimiques de l’eau
Richesse spécifique des poissons
Abondance relative des espèces
Composition de la communauté ichtyque du lac Mandrozo
Structure des populations des espèces de poissons
Abondance des poissons et variations des paramètres abiotiques
Stock de poissons à Mandrozo
Tendance de la production annuelle des pêcheurs
Efficacité du noyau dur
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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